Gustave Flaubert (1821 – 1880) | |
TROISIÈME PARTIE.III - I | Tercera parteIII- CAPÍTULO I |
Monsieur Léon, tout en étudiant son droit, avait passablement fréquenté la Chaumière, où il obtint même de forts jolis succès près des grisettes, qui lui trouvaient l’air distingué. C’était le plus convenable des étudiants : il ne portait les cheveux ni trop longs ni trop courts, ne mangeait pas le Ier du mois l’argent de son trimestre, et se maintenait en de bons termes avec ses professeurs. Quant à faire des excès, il s’en était toujours abstenu, autant par pusillanimité que par délicatesse. | El señor León, mientras estudiaba Derecho, había frecuentado bastante la «Chaumière», donde llegó a obtener muy buenos éxitos con las modistillas, que le encontraban «un aire distinguido». Era el más decente de los estudiantes: no llevaba el pelo ni muy largo ni demasiado corto, no se gastaba el primero de mes el dinero de su trimestre, y mantenía buenas relaciones con sus profesores. En cuanto a hacer excesos, siempre se había abstenido, tanto por pusilanimidad como por delicadeza. |
Souvent, lorsqu’il restait à lire dans sa chambre, ou bien assis le soir sous les tilleuls du Luxembourg, il laissait tomber son Code par terre, et le souvenir d’Emma lui revenait. Mais peu à peu ce sentiment s’affaiblit et d’autres convoitises s’accumulèrent par-dessus, bien qu’il persistât cependant à travers elles ; car Léon ne perdait pas toute espérance, et il y avait pour lui comme une promesse incertaine qui se balançait dans l’avenir, tel qu’un fruit d’or suspendu à quelque feuillage fantastique. | A menudo, cuando se quedaba leyendo en su habitación, o bien sentado por la tarde bajo los tilos del Luxemburgo dejaba caer el Código en el suelo, y le asaltaba el recuerdo de Emma. Pero poco a poco este sentimiento se debilitó, y otras ansias se acumularon encima, aunque persistía, a pesar de todo, a través de ellas, pues León no perdía las esperanzas y había para él como una promesa incierta que se hacía en el porvenir, como una fruta dorada colgada de algún follaje fantástico. |
Puis, en la revoyant après trois années d’absence, sa passion se réveilla. Il fallait, pensait-il, se résoudre enfin à la vouloir posséder. D’ailleurs, sa timidité s’était usée au contact des compagnies folâtres, et il revenait en province, méprisant tout ce qui ne foulait pas d’un pied verni l’asphalte du boulevard. Auprès d’une Parisienne en dentelles, dans le salon de quelque docteur illustre, personnage à décorations et à voiture, le pauvre clerc, sans doute, eût tremblé comme un enfant ; mais ici, à Rouen, sur le port, devant la femme de ce petit médecin, il se sentait à l’aise, sûr d’avance qu’il éblouirait. L’aplomb dépend des milieux où il se pose : on ne parle pas à l’entresol comme au quatrième étage, et la femme riche semble avoir autour d’elle, pour garder sa vertu, tous ses billets de banque, comme une cuirasse dans la doublure de son corset. | Después, al verla de nuevo al cabo de tres años de ausencia, su pasión se despertó. Había que decidirse, por fin, pensó, a querer poseerla. Por otra parte, su timidez se había gastado al contacto con compañías alocadas y volvía a provincias, despreciando todo to que no pisaba con un pie charolado el asfalto del bulevar. Al lado de una parisina con encajes, en el salón de algún doctor ilustre, personaje condecorado y con coehe, el pobre pasante, sin duda, hubiese temblado como un niño; pero aquí, en Rouen, en el puerto, ante la mujer de aquel medicucho, se sentía cómodo, seguro por anticipado de deslumbrarla. El aplomo depende de los ambientes en que uno está; no se habla en el entresuelo como en el cuarto piso, y la mujer rica parece tener a su alrededor, para guardar su virtud, todos sus billetes de banco como una coraza en el forro de su corsé. |
En quittant, la veille au soir, M. et Mme Bovary, Léon, de loin, les avait suivis dans la rue ; puis les ayant vus s’arrêter à la Croix-Rouge, il avait tourné les talons et passé toute la nuit à méditer un plan. | Al dejar la víspera por la noche al señor y a la señora Bovary, León los había seguido de lejos en la calle; después, habiéndolos visto pararse en la «Croix Rouge», dio media vuelta y pasó toda la noche meditando un plan. |
Le lendemain donc, vers cinq heures, il entra dans la cuisine de Vauberge, la gorge serrée, les joues pâles, et avec cette résolution des poltrons que rien n’arrête. | Al día siguiente, a las cinco, entró en la cocina de la posada, con un nudo en la garganta, las mejillas pálidas, y con esa resolución de los cobardes a los que nada detiene. |
— Monsieur n’y est point, répondit un domestique. | El señor no está respondió un criado. |
Cela lui parut de bon augure. Il monta. | Esto le pareció de buen augurio. Subió. |
Elle ne fut pas troublée à son abord ; elle lui fit, au contraire, des excuses pour avoir oublié de lui dire où ils étaient descendus. | Ella no se alteró a primera vista; al contrario, se disculpó por haberse olvidado de decirle dónde se alojaban. |
— Oh ! je l’ai deviné, reprit Léon. | ¡Oh!, lo he adivinado replicó León. |
— Comment ? | ¿:Cómo? |
Il prétendit avoir été guidé vers elle, au hasard, par un instinct. Elle se mit à sourire, et aussitôt, pour réparer sa sottise, Léon raconta qu’il avait passé sa matinée à la chercher successivement dans tous les hôtels de la ville. | Él pretendió haber sido guiado hacia ella al azar, por un instinto. Ella empezó a sonreír, y pronto, para reparar aquella tontería, León contó que se había pasado la mañana buscando por todos los hoteles de la ciudad. |
— Vous vous êtes donc décidée à rester ? ajouta-t-il. | ¿:Se ha decidido a quedarse? añadió él. |
— Oui, dit-elle, et j’ai eu tort. Il ne faut pas s’accoutumer à des plaisirs impraticables, quand on a autour de soi mille exigences… | Sí dijo ella , y me he equivocado. No hay que acostumbrarse a placeres que no podemos permitirnos cuando tenemos a nuestro alrededor mil exigencias... |
— Oh ! je m’imagine… | ¡Oh!, me imagino... |
— Eh ! non, car vous n’êtes pas une femme, vous. | Pues usted no puede imaginárselo porque no es una mujer. |
Mais les hommes avaient aussi leurs chagrins, et la conversation s’engagea par quelques réflexions philosophiques. Emma s’étendit beaucoup sur la misère des affections terrestres et l’éternel isolement où le cœur reste enseveli. | Pero los hombres tenían también sus preocupaciones y la conversación se encaminó a algunas reflexiones filosóficas. Emma se extendió largamente sobre la miseria de los afectos terrestres y el eterno aislamiento en que el corazón permanece encerrado. |
Pour se faire valoir, ou par une imitation naïve de cette mélancolie qui provoquait la sienne, le jeune homme déclara s’être ennuyé prodigieusement tout le temps de ses études. La procédure l’irritait, d’autres vocations l’attiraient, et sa mère ne cessait, dans chaque lettre, de le tourmenter. Car ils précisaient de plus en plus les motifs de leur douleur, chacun, à mesure qu’il parlait, s’exaltant un peu dans cette confidence progressive. Mais ils s’arrêtaient quelquefois devant l’exposition complète de leur idée, et cherchaient alors à imaginer une phrase qui pût la traduire cependant. Elle ne confessa point sa passion pour un autre ; il ne dit pas qu’il l’avait oubliée. | Para hacerse valer, o por una imitación ingenua de aquella melancolía que provocaba la suya, el joven declaró que se había aburrido prodigiosamente durante todo el tiempo de sus estudios. El Derecho procesal le irritaba, le atraían otras vocaciones, y su madre no dejaba de atormentarle a todas horas. Ellos precisaban cada vez más los motivos de su dolor, y cada uno, a medida que hablaba, se exaltaba un poco en esta confidencia progresiva. Pero a veces se paraban a exponer completamente su idea, y entonces trataban de imaginar una frase que, sin embargo, pudiese traducirla. Emma no confesó su pasión por otro; León no dijo que la había olvidado. |
Peut-être ne se rappelait-il plus ses soupers après le bal, avec des débardeuses ; et elle ne se souvenait pas sans doute des rendez-vous d’autrefois, quand elle courait le matin dans les herbes, vers le château de son amant. Les bruits de la ville arrivaient à peine jusqu’à eux ; et la chambre semblait petite, tout exprès pour resserrer davantage leur solitude. Emma, vêtue d’un peignoir en basin, appuyait son chignon contre le dossier du vieux fauteuil ; le papier jaune de la muraille faisait comme un fond d’or derrière elle ; et sa tête nue se répétait dans la glace avec la raie blanche au milieu, et le bout de ses oreilles dépassant sous ses bandeaux. | Quizás él ya no se acordaba de sus cenas después del baile con mujeres vulgares, y ella no se acordaba, sin duda, de las citas de antaño, cuando corría por la mañana entre la hierba hacia el castillo de su amante. Los ruidos de la ciudad apenas llegaban hasta ellos; y la habitación parecía pequeña, muy a propósito para estrechar más su intimidad. Emma, vestida con una bata de bombasí(1), apoyaba su moño en el respaldo del viejo sillón; el papel amarillo de la pared hacía como un fondo de oro detrás de ella; y su cabeza descubierta se reflejaba en el espejo con la raya Blanca al medio y la punta de sus orejas que sobresalían bajo sus bandós. |
— Mais pardon, dit-elle, j’ai tort ! je vous ennuie avec mes éternelles plaintes ! | Pero, perdón dijo ella , hago mal, ¡le estoy aburriendo con mis eternas quejas! |
— Non, jamais ! jamais ! | No, ¡nunca!, ¡nunca! |
— Si vous saviez, reprit-elle, en levant au plafond ses beaux yeux qui roulaient une larme, tout ce que j’avais rêvé ! | ¡Si usted supiera replicó Emma, levantando hacia él sus ojos de los que se desprendía una lágrima todo lo que yo he soñado! |
— Et moi, donc ! Oh ! j’ai bien souffert ! souvent je sortais, je m’en allais, je me traînais le long des quais, m’étourdissant au bruit de la foule sans pouvoir bannir l’obsession qui me poursuivait. Il y a sur le boulevard, chez un marchand d’estampes, une gravure italienne qui représente une Muse. Elle est drapée d’une tunique et elle regarde la lune, avec des myosotis sur sa chevelure dénouée. Quelque chose incessamment me poussait là ; j’y suis resté des heures entières. | Y yo, ¡oh!, yo he sufrido mucho. Muchas veces salía, me iba, me paseaba por las avenidas, paseos, muelles, aturdiéndome con el ruido de la muchedumbre sin poder desterrar la obsesión que me perseguía. Hay en el bulevar, en una tienda de estampas, un grabado italiano que representa una Musa. Viste una túnica, y está mirando la luna, con miosotis en su pelo suelto. Algo me empujaba hacia a11í incesantemente; allí permanecía horas enteras. |
Puis, d’une voix tremblante : | Después, con una voz temblorosa: |
— Elle vous ressemblait un peu. | Se le parecía un poco. |
Mme Bovary détourna la tête, pour qu’il ne vît pas sur ses lèvres l’irrésistible sourire qu’elle y sentait monter. | Madame Bovary volvió la cabeza para que él no viese la irresistible sonrisa que sentía asomársele. |
— Souvent, reprit-il, je vous écrivais des lettres qu’ensuite je déchirais. | Frecuentemente replicó él le escribía cartas que luego rompía. |
Elle ne répondait pas. Il continua : | Ella no respondía. Él continuó: |
— Je m’imaginais quelquefois qu’un hasard vous amènerait. J’ai cru vous reconnaître au coin des rues ; et je courais après tous les fiacres où flottait à la portière un châle, un voile pareil au vôtre… | A veces me imaginaba que una casualidad la traería a usted aquí. Creía reconocerla en la esquina de las calles, y corría detrás de todos los coches en cuya portezuela flotaba un chal, un velo parecido al suyo... |
Elle semblait déterminée à le laisser parler sans l’interrompre. Croisant les bras et baissant la figure, elle considérait la rosette de ses pantoufles, et elle faisait dans leur satin de petits mouvements, par intervalles, avec les doigts de son pied. | Ella parecía decidida a dejarle hablar sin interrumpirle. Cruzando los brazos y bajando la cara, contemplaba la lazada de sus zapatillas y hacía en su raso pequeños movimientos a intervalos con los dedos de su pie. |
Cependant elle soupira : | Sin embargo, suspiró: |
— Ce qu’il y a de plus lamentable, n’est-ce pas ? c’est de traîner, comme moi, une existence inutile. Si nos douleurs pouvaient servir à quelqu’un, on se consolerait dans la pensée du sacrifice ! | Lo que es más lamentable, verdad es arrastrar como yo una vida inútil. Si nuestros dolores pudieran servir a alguien nos consolaríamos en la idea del sacrificio. |
ll se mit à vanter la vertu, le devoir et les immolations silencieuses, ayant lui-même un incroyable besoin de dévouement qu’il ne pouvait assouvir. | León se puso a alabar la virtud, el deber y las inmolaciones silenciosas pues él mismo tenía un increíble deseo de entrega que no podía saciar. |
— J’aimerais beaucoup, dit-elle, à être une religieuse d’hôpital. | Me gustaría mucho dijo ella ser una religiosa de hospital. |
— Hélas ! répliqua-t-il, les hommes n’ont point de ces missions saintes, et je ne vois nulle part aucun métier…, à moins peut-être que celui de médecin… Avec un haussement léger de ses épaules, Emma l’interrompit pour se plaindre de sa maladie où elle avait manqué mourir ; quel dommage ! elle ne souffrirait plus maintenant. Léon tout de suite envia le calme du tombeau, et même, un soir, il avait écrit son testament en recommandant qu’on l’ensevelît dans ce beau couvre-pied, à bandes de velours, qu’il tenait d’elle ; car c’est ainsi qu’ils auraient voulu avoir été, l’un et l’autre se faisant un idéal sur lequel ils ajustaient à présent leur vie passée. D’ailleurs, la parole est un laminoir qui allonge toujours les sentiments. | ¡Ay! replicó él , los hombres no tienen esas misiones santas, yo no veo en ninguna parte ningún oficio..., a no ser quizás el de médico... Con un encogimiento ligero de hombros, Emma le interrumpió para quejarse de su enfermedad en la que había estado a la muerte; ¡qué lástima!, ahora ya no sufriría más. León enseguida envidió la «paz de la tumba», a incluso una noche escribió su testamento recomendando que le enterrasen con aquel cubrepiés con franjas de terciopelo que ella le había regalado, pues es así como hubieran querido estar uno y otro, haciéndose un ideal al cual ajustaban ahora su vida pasada. Además, la palabra es un laminador que prolonga todos los sentimientos. |
Mais à cette invention du couvre-pied : | Pero ante aquel invento de la colcha, dijo ella: |
— Pourquoi donc ? demanda-t-elle. | ¿:Por qué? |
— Pourquoi ? | ¿:Por qué? |
Il hésitait. | Él vacilaba. |
— Parce que je vous ai bien aimée ! | ¡Pórque yo a usted la he querido mucho! |
Et, s’applaudissant d’avoir franchi la difficulté, Léon, du coin de l’œil, épia sa physionomie. | Y felicitándose por haber vencido la dificultad, León, con el rabillo del ojo, miraba la cara que ponía Emma. |
Ce fut comme le ciel, quand un coup de vent chasse les nuages. L’amas des pensées tristes qui les assombrissaient parut se retirer de ses yeux bleus ; tout son visage rayonna. | Fue como el cielo, cuando una ráfaga de viento barre las nubes. El montón de pensamientos tristes que los ensombrecía pareció retirarse de sus ojos azules; toda su cara resplandeció de felicidad. |
Il attendait. Enfin elle répondit : | León esperaba. Por fin Emma respondió: |
— Je m’en étais toujours doutée… | Siempre lo habia sospechado... |
Alors, ils se racontèrent les petits événements de cette existence lointaine, dont ils venaient de résumer, par un seul mot, les plaisirs et les mélancolies. Il se rappelait le berceau de clématite, les robes qu’elle avait portées, les meubles de sa chambre, toute sa maison. | Entonces se contaron los pequeños sucesos de aquella existencia lejana, de la que acababan de resumir, en una sola palabra, los placeres y las melancolías. Recordaba la cuna de clemátides, los vestidos que había llevado, los muebles de su habitación, toda su casa. |
— Et nos pauvres cactus, où sont-ils ? | ¿:Y nuestros pobres cactus, dónde están? |
— Le froid les a tués cet hiver. | El frío los ha matado este invierno. |
— Ah ! que j’ai pensé à eux, savez-vous ? Souvent je les revoyais comme autrefois, quand, par les matins d’été, le soleil frappait sur les jalousies… et j’apercevais vos deux bras nus qui passaient entre les fleurs. | ¡Ah!, ¡cuánto he pensado en ellos, si supiera!, muchas veces los volvía a ver como antes, cuando, en las mañanas de verano, el sol pegaba en las celosías... y veía sus dos brazos desnudos que pasaban entre las flores. |
— Pauvre ami ! fit-elle en lui tendant la main. | ¡Pobre amigo! dijo ella tendiéndole la mano. |
Léon, bien vite, y colla ses lèvres. Puis, quand il eut largement respiré : | León muy pronto pegó en ella sus labios. Luego, después de haber respirado profundamente: |
— Vous étiez, dans ce temps-là, pour moi, je ne sais quelle force incompréhensible qui captivait ma vie. Une fois, par exemple, je suis venu chez vous ; mais vous ne vous en souvenez pas, sans doute ? | Usted en aquel tiempo era para mí no sé que fuerza incomprensible que cautivaba mi vida. Una vez, por ejemplo, fui a su casa; pero usted no se acuerda de esto, sin duda. |
— Si, dit-elle. Continuez. | Sí dijo ella . Continúe. |
— Vous étiez en bas, dans l’antichambre, prête à sortir, sur la marche ; — vous aviez même un chapeau à petites fleurs bleues ; et, sans nulle invitation de votre part, malgré moi, je vous ai accompagnée. À chaque minute, cependant, j’avais de plus en plus conscience de ma sottise, et je continuais à marcher près de vous, n’osant vous suivre tout à fait, et ne voulant pas vous quitter. Quand vous entriez dans une boutique, je restais dans la rue, je vous regardais par le carreau défaire vos gants et compter la monnaie sur le comptoir. Ensuite vous avez sonné chez Mme Tuvache, on vous a ouvert, et je suis resté comme un idiot devant la grande porte lourde, qui était retombée sur vous. | Usted estaba abajo, en la antesala, preparada para salir, en el último escalón; por cierto, llevaba un sombrero con pequeñas flores azules; y sin que usted me invitara, yo, a pesar mío, la acompañé. Cada minuto tenía cada vez más conciencia de mi tontería, y seguía caminando a su lado, sin atreverme a seguirla por completo y sin querer dejarla. Cuando usted entraba en una tienda, yo quedaba en la calle, la miraba por el cristal quitarse los guantes y contar el dinero en el mostrador. Después llamó en casa de la señora Tuvache, le abrieron, y yo me quedé como un idiota delante de la gran puerta pesada que se había vuelto a cerrar detrás de usted. |
Mme Bovary, en l’écoutant, s’étonnait d’être si vieille ; toutes ces choses qui réapparaissaient lui semblaient élargir son existence ; cela faisait comme des immensités sentimentales où elle se reportait ; et elle disait de temps à autre, à voix basse et les paupières à demi fermées : | Madame Bovary, escuchándole, se asombraba de ser tan vieja; todas aquellas cosas que reaparecían le parecían ensanchar su existencia; aquello constituía como unas inmensidades sentimentales a las que ella se transportaba; y de vez en cuando decía en voz baja y con lós párpados medio cerrados: |
— Oui, c’est vrai !… c’est vrai !… c’est vrai… | ¡Sí, es cierto!..., ¡es cierto!..., ¡es cierto!... |
lls entendirent huit heures sonner aux différentes horloges du quartier Beauvoisine, qui est plein de pensionnats, d’églises et de grands hôtels abandonnés. Ils ne se parlaient plus ; mais ils sentaient, en se regardant, un bruissement dans leurs têtes, comme si quelque chose de sonore se fût réciproquement échappé de leurs prunelles fixes. Ils venaient de se joindre les mains ; et le passé, l’avenir, les réminiscences et les rêves, tout se trouvait confondu dans la douceur de cette extase. La nuit s’épaississait sur les murs, où brillaient encore, à demi perdues dans l’ombre, les grosses couleurs de quatre estampes représentant quatre scènes de la tour de Nesle, avec une légende au bas, en espagnol et en français. Par la fenêtre à guillotine, on voyait un coin de ciel noir, entre des, toits pointus. | Oyeron dar las ocho en los diferentes relojes del barrio Beauvoisine, que está lleno de internados, de iglesias y de grandes palacetes abandonados. Ya no se hablaban; pero sentían, al mirarse, un rumor en sus cabezas, como si algo sonoro se hubiera recíprocamente escapado de sus pupilas fijas. Acababan de unirse sus manos; y el pasado, el porvenir, las reminiscencias y los sueños, todo se encontraba confundido en la suavidad de aquel éxtasis. La noche se hacía más oscura en las paredes, donde aún brillaban, medio perdidas en la sombra, los fuertes colores de cuatro estampas que representaban cuatro escenas de La Tour de Nesle, con una leyenda al pie en español y en francés. Por la ventana de guillotina se veía un rincón de cielo negro entre tejados puntiagudos. |
Elle se leva pour allumer deux bougies sur la commode, puis elle vint se rasseoir. | Ella se levantó para encender dos velas sobre la cómoda, después volvió a sentarse. |
— Eh bien ?… fit Léon. | Pues bien... dijo León. |
— Eh bien ? répondit-elle. | Pues bien... respondió ella. |
Et il cherchait comment renouer le dialogue interrompu, quand elle lui dit : | Y él buscaba el modo de reanudar el diálogo interrumpido, cuando ella le dijo: |
— D’où vient que personne, jusqu’à présent, ne m’a jamais exprimé des sentiments pareils ? | ¿:Por qué nadie hasta ahora me ha expresado sentimientos semejantes? |
Le clerc se récria que les natures idéales étaient difficiles à comprendre. Lui, du premier coup d’œil, il l’avait aimée ; et il se désespérait en pensant au bonheur qu’ils auraient eu si, par une grâce du hasard, se rencontrant plus tôt, ils se fussent attachés l’un à l’autre d’une manière indissoluble. | El pasante exclamó que las naturalezas ideales eran difíciles de comprender. Él, desde que la había visto por primera vez, la había amado; y se desesperaba pensando en la felicidad que habrían tenido si, por una gracia del azar, encontrándose antes, se hubiesen únido uno a otro de una manera indisoluble. |
— J’y ai songé quelquefois, reprit-elle. — Quel rêve ! murmura Léon. | A veces he pensado en ello replicó Emma. ¡Qué sueño! murmuró León. |
Et, maniant délicatement le liséré bleu de sa longue ceinture blanche, il ajouta : | Y jugueteando con el ribete azul de su largo cinturón blanco, añadió: |
— Qui nous empêche donc de recommencer ?… | ¿:Quién nos impide volver a empezar? |
— Non, mon ami, répondit-elle. Je suis trop vieille… vous êtes trop jeune…, oubliez-moi ! D’autres vous aimeront…, vous les aimerez. | No, amigo mío respondió ella . Soy demasiado vieja, usted es demasiado joven..., ¡olvídeme! Otras le amarán..., usted las amará. |
— Pas comme vous ! s’écria-t-il. | ¡No como a usted! exclamó él. |
— Enfant que vous êtes ! Allons, soyons sage ! je le veux ! | ¡Qué niño es! ¡Vamos, sea juicioso! ¡Se to exijo! |
Elle lui représenta les impossibilités de leur amour, et qu’ils devaient se tenir, comme autrefois, dans les simples termes d’une amitié fraternelle. | Ella le hizo ver las imposibilidades de su amor, y que debían mantenerse como antes, en los límites de una amistad fraterna. |
Était-ce sérieusement qu’elle parlait ainsi ? Sans doute qu’Emma n’en savait rien elle-même, tout occupée par le charme de la séduction et la nécessité de s’en défendre ; et, contemplant le jeune homme d’un regard attendri, elle repoussait doucement les timides caresses que ses mains frémissantes essayaient. | ¿:Hablaba en serio al hablar así? Sin duda, Emma no sabía nada ella misma, totalmente absorbida por el encanto de la seducción y la necesidad de defenderse de él; y contemplando al joven con una mirada tierna, rechazaba suavemente las tímidas caricias que sus manos temblorosas intentaban. |
— Ah ! pardon, dit-il en se reculant. | ¡Ah, perdón! dijo él echándose hacia atrás. |
Et Emma fut prise d’un vague effroi, devant cette timidité, plus dangereuse pour elle que la hardiesse de Rodolphe quand il s’avançait les bras ouverts. Jamais aucun homme ne lui avait paru si beau. Une exquise candeur s’échappait de son maintien. Il baissait ses longs cils fins qui se recourbaient. Sa joue à l’épiderme suave rougissait — pensait-elle — du désir de sa personne, et Emma sentait une invincible envie d’y porter ses lèvres. Alors se penchant vers la pendule comme pour regarder l’heure : — Qu’il est tard, mon Dieu ! dit-elle ; que nous bavardons ! | Y Emma fue presa de un vago terror ante aquella timidez, más peligrosa para ella que la audacia de Rodolfo cuando se adelantaba con los brazos abiertos. Jamás ningún hombre le había parecido tan guapo. Sus modales desprendían un exquisito candor. Bajaba sus largas pestañas finas que se encontraban. Sus mejillas de suave cutis enrojecían, pensaba ella, del deseo de su persona, y Emma sentía un invencible deseo de poner en ellas sus labios. Entonces, acercándose al reloj como para mirar la hora, dijo: ¡Qué tarde es, Dios mío!, ¡cuánto charlamos! |
Il comprit l’allusion et chercha son chapeau. | ÉI comprendió la alusión y buscó su sombrero. |
— J’en ai même oublié le spectacle ! Ce pauvre Bovary qui m’avait laissée tout exprès ! M. Lormeaux, de la rue Grand-Pont, devait m’y conduire avec sa Femme. | ¡Hasta me he olvidado del espectáculo! ¡Este pobre Bovary que me había dejado expresamente para eso! El señor Lormeaux, de la calle Grand Pont, debía llevarme allí con su mujer. |
Et l’occasion était perdue, car elle partait dès le lendemain. | Y había perdido la ocasión, pues ella marchaba al día siguiente. |
— Vrai ? fit Léon. | ¿:De veras? dijo León. |
— Oui. | Sí. |
— Il faut pourtant que je vous voie encore, reprit-il ; j’avais à vous dire… | Sin embargo, tengo que volver a verla replicó él ; tenía que decirle... |
— Quoi ? | ¿:Qué? |
— Une chose… grave, sérieuse. Eh ! non, d’ailleurs, vous ne partirez pas, c’est impossible ! Si vous saviez… Écoutez-moi… Vous ne m’avez donc pas compris ? vous n’avez donc pas deviné ?… | ¡Una cosa... grave, seria! ¡Pero no! Además, ¡usted no marchárá, es imposible! Si usted supiera... Escúcheme... ¿:Entonces no me ha comprendido?, ¿:no ha adivinado?... |
— Cependant vous parlez bien, dit Emma. | Sin embargo, habla usted bien dijo Emma. |
— Ah ! des plaisanteries ! Assez, assez ! Faites, par pitié, que je vous revoie…, une fois…, une seule. | ¡Ah!, ¡son bromas! ¡Basta, basta! Permítame, por compasión, que vuelva a verla..., una vez..., una sola. |
— Eh bien !… | Bueno... |
Elle s’arrêta ; puis, comme se ravisant : | Ella se detuvo; después como cambiando de parecer: |
— Oh ! pas ici ! | ¡Oh!, ¡aquí no! |
— Où vous voudrez. | Donde usted quiera. |
— Voulez-vous… | Quiere usted... |
Elle parut réfléchir, et, d’un ton bref. | Ella pareció reflexionar, y en un tono breve: |
— Demain, à onze heures, dans la cathédrale. | Mañana, a las once en la catedral. |
— J’y serai ! s’écria-t-il en saisissant ses mains, qu’elle dégagea. | ¡Allí estaré! exclamó cogiéndole las manos que ella retiró. |
Et, comme ils se trouvaient debout tous les deux, lui placé derrière elle et Emma baissant la tête, il se pencha vers son cou et la baisa longuement à la nuque. | Y como ambos estaban de pie, él situado detrás de ella, se inclinó hacia su cuello y la besó largamente en la nuca. |
— Mais vous êtes fou ! ah ! vous êtes fou ! disait-elle avec de petits rires sonores, tandis que les baisers se multipliaient. | ¡Pero usted está loco!, ¡ah!, ¡usted está loco! decía ella con pequeñas risas sonoras, mientras que los besos se multiplicaban. |
Alors, avançant la tête par-dessus son épaule, il sembla chercher le consentement de ses yeux. Ils tombèrent sur lui, pleins d’une majesté glaciale. | Entonces, adelantando la cabeza por encima de su hombro, él pareció buscar el consentimiento de sus ojos. Cayeron sobre él, llenos de una majestad glacial. |
Léon fit trois pas en arrière, pour sortir. Il resta sur le seuil. Puis il chuchota d’une voix tremblante : | León dio tres pasos atrás para salir. Se quedó en el umbral. Después musitó con una voz temblorosa: |
— À demain. | Hasta mañana. |
Elle répondit par un signe de tête, et disparut comme un oiseau dans la pièce à côté. | Ella respondió con una señal de cabeza, y desapareció como un pájaro en la habitación contigua. |
Emma, le soir, écrivit au clerc une interminable lettre où elle se dégageait du rendez-vous : tout maintenant était fini, et ils ne devaient plus, pour leur bonheur, se rencontrer. Mais, quand la lettre fut close, comme elle ne savait pas l’adresse de Léon, elle se trouva fort embarrassée. | Emma, de noche, escribió al pasante una interminable carta en la que se liberaba de la cita: ahora todo había terminado, y por su mutua felicidad no debían volver a verse. Pero ya cerrada la carta, como no sabía la dirección de León, se encontró en un apuro. |
— Je la lui donnerai moi-même, se dit-elle ; il viendra. | Se la daré yo misma se dijo ; él acudirá. |
Léon, le lendemain, fenêtre ouverte et chantonnant sur son balcon, vernit lui-même ses escarpins, et à plusieurs couches. Il passa un pantalon blanc, des chaussettes fines, un habit vert, répandit dans son mouchoir tout ce qu’il possédait de senteurs, puis, s’étant fait friser, se défrisa, pour donner à sa chevelure plus d’élégance naturelle. | Al día siguiente, León, con la ventana abierta y canturreando en su balcón, lustró él mismo sus zapatos con mucho esmero. Se puso un pantalón blanco, calcetines finos, una levita verde, extendió en su pañuelo todos los perfumes que tenía, y después, habiéndose hecho rizar el pelo, se lo desrizó para darle más elegancia natural. |
— Il est encore trop tôt ! pensa-t-il en regardant le coucou du perruquier, qui marquait neuf heures. | Aún es demasiado pronto pensó, mirando el cucú del peluquero que marcaba las nueve. |
Il lut un vieux journal de modes, sortit, fuma un cigare, remonta trois rues, songea qu’il était temps et se dirigea lestement vers le parvis Notre-Dame. | Leyó una revista de modas atrasada, salió, fumó un cigarro, subió tres calles, pensó que era hora y se dirigió al atrio de Nuestra Señora. |
C’était par un beau matin d’été. Des argenteries reluisaient aux boutiques des orfèvres, et la lumière qui arrivait obliquement sur la cathédrale posait des miroitements à la cassure des pierres grises ; une compagnie d’oiseaux tourbillonnaient dans le ciel bleu, autour des clochetons à trèfles ; la place, retentissante de cris, sentait des fleurs qui bordaient son pavé, roses, jasmins, œillets, narcisses et tubéreuses, espacés inégalement par des verdures humides, de l’herbe-au-chat et du mouron pour les oiseaux ; la fontaine, au milieu, gargouillait, et sous de larges parapluies, parmi des cantaloups s’étageant en pyramides, des marchandes, nu-tête, tournaient dans du papier des bouquets de violettes. | Era una bella mañana de verano. La plata relucía en las tiendas de los orfebres, y la luz que llegaba oblicuamente a la catedral ponía reflejos en las aristas de las piedras grises; una bandada de pájaros revoloteaba en el cielo azul alrededor de los campaniles trilobulados; la plaza que resonaba de pregones de los vendedores olía a las flores que bordeaban su pavimento: rosas, jazmines, claveles, narcisos y nardos, alternando de manera desigual con el césped húmedo, hierba de gato y álsine para los pájaros; en medio hacía gorgoteos la fuente, y bajo amplios paraguas, entre puestos de melones en pirámides, vendedoras con la cabeza descubierta envolvían en papel ramilletes de violetas. |
Le jeune homme en prit un. C’était la première fois qu’il achetait des fleurs pour une femme ; et sa poitrine, en les respirant, se gonfla d’orgueil, comme si cet hommage qu’il destinait à une autre se fût retourné vers lui. | El joven compró uno. Era la primera vez que compraba flores para una mujer; y al olerlas, su pecho se llenó de orgullo, como si este homenaje que dedicaba a otra persona se hubiese vuelto hacia él. |
Cependant il avait peur d’être aperçu ; il entra résolument dans l’église. | Sin embargo, tenía miedo de ser visto. Entró resueltamente en la iglesia. |
Le suisse, alors, se tenait sur le seuil, au milieu du portail à gauche, au-dessous de la Marianne dansant, plumet en tête, rapière au mollet, canne au poing, plus majestueux qu’un cardinal et reluisant comme un saint ciboire. | El guarda entonces estaba de pie en medio del pórtico de la izquierda, por debajo de la Marianne dansante, con penacho de plumas en la cabeza, estoque en la pantorrilla, bastón en la mano, más majestuoso que un cardenal y reluciente como un copón. |
Il s’avança vers Léon, et, avec ce sourire de bénignité pateline que prennent les ecclésiastiques lorsqu’ils interrogent les enfants : | Se adelantó hacia León, y con esa sonrisa de benignidad meliflua que adoptan los eclesiásticos cuando preguntan a los niños: |
— Monsieur, sans doute, n’est pas d’ici ? Monsieur désire voir les curiosités de l’église ? — Non, dit l’autre. | ¿:El señor, sin duda, no es de aquí? ¿:EI señor desea ver las curiosidades de la iglesia? No dijo León. |
Et il fit d’abord le tour des bas-côtés. Puis il vint regarder sur la place. Emma n’arrivait pas. Il remonta jusqu’au chœur. | Y primeramente dio una vuelta por las naves laterales. Después fue a mirar a la plaza. Emma no llegaba. Volvió de nuevo hasta el coro. |
La nef se mirait dans les bénitiers pleins, avec le commencement des ogives et quelques portions de vitrail. Mais le reflet des peintures, se brisant au bord du marbre, continuait plus loin, sur les dalles, comme un tapis bariolé. Le grand jour du dehors s’allongeait dans l’église en trois rayons énormes, par les trois portails ouverts. De temps à autre, au fond, un sacristain passait en faisant devant l’autel l’oblique génullexion des dévôts pressés. Les lustres de cristal pendaient immobiles. Dans le chœur, une lampe d’argent brûlait ; et, des chapelles latérales, des parties sombres de l’église, il s’échappait quelquefois comme des exhalaisons de soupirs, avec le son d’une grille qui retombait, en répercutant son écho sous les hautes voûtes. | La nave se reflejaba en las pilas llenas de agua bendita, con el arranque de las ojivas y algunas porciones de vidriera. Pero el reflejo de las pinturas, quebrándose al borde del mármol, continuaba más lejos, sobre las losas, como una alfombra abigarrada. La claridad del exterior se prolongaba en la iglesia, en tres rayos enormes, por los tres pórticos abiertos. De vez en cuando, al fondo pasaba un sacristán haciendo ante el altar la oblicua genuflexión de los devotos apresurados. Las arañas de cristal colgaban inmóviles. En el coro lucía una lámpara de plata; y de las capillas laterales, de las partes oscuras de la iglesia, salían a veces como exhalaciones de suspiros, con el sonido de una verja que volvía a cerrarse, repercutiendo su eco bajo las altas bóvedas. |
Léon, à pas sérieux, marchait auprès des murs. Jamais la vie ne lui avait paru si bonne. Elle allait venir tout à l’heure, charmante, agitée, épiant derrière elle les regards qui la suivaient, – et avec sa robe à volants, son lorgnon d’or, ses bottines minces, dans toute sorte d’élégances dont il n’avait pas goûté, et dans l’ineffable séduction de la vertu qui succombe. L’église, comme un boudoir gigantesque, se disposait autour d’elle ; les voûtes s’inclinaient pour recueillir dans l’ombre la confession de son amour : les vitraux resplendissaient pour illuminer son visage, et les encensoirs allaient brûler pour qu’elle apparût comme un ange, dans la fumée des parfums. | León, con paso grave, caminaba cerca de las paredes. Jamás la vida le había parecido tan buena. Ella iba a venir enseguida, encantadora, agitada, espiando detrás las miradas que le seguían, y con su vestido de volantes, sus impertinentes de oro, sus finísimos botines, con toda clase de elegancias de las que él no había gustado y en la inefable seducción de la virtud que sucumbe. La iglesia, como un camarín gigantesco, se preparaba para ella; las bóvedas se inclinaban para recoger en la sombra la confesión de su amor; las vidrieras resplandecían para iluminar su cara, y los incensarios iban a arder para que ella apareciese como un ángel entre el humo de los perfumes. |
Cependant elle ne venait pas. Il se plaça sur une chaise et ses yeux rencontrèrent un vitrage bleu où l’on voit des bateliers qui portent des corbeilles. Il le regarda longtemps, attentivement, et il comptait les écailles des poissons et les boutonnières des pourpoints, tandis que sa pensée vagabondait à la recherche d’Emma. | Sin embargo, no aparecía. León se acomodó en una silla y sus ojos se fijaron en una vidriera azul donde se veían unos barqueros que llevaban canastas. Estuvo mirándola mucho tiempo atentamente, y contó las escamas de los pescados y los ojales de los jubones, mientras que su pensamiento andaba errante en busca de Emma. |
Le suisse, à l’écart, s’indignait intérieurement contre cet individu, qui se permettait d’admirer seul la cathédrale. Il lui semblait se conduire d’une façon monstrueuse, le voler en quelque sorte, et presque commettre un sacrilège. | El guarda, un poco apartado, se indignaba interiormente contra ese individuo, que se permitía admirar solo la catedral. Le parecía que se comportaba de una manera monstruosa, que le robaba en cierto modo, y que casi cometía un sacrilegio. |
Mais un frou-frou de soie sur les dalles, la bordure d’un chapeau, un camail noir… C’était elle ! Léon se leva et courut à sa rencontre. | Pero un frufrú de seda sobre las losas, el borde de un sombrero, una esclavina negra... ¡Era ella! León se levantó y corrió a su encuentro. |
Emma était pâle. Elle marchait vite. | Emma estaba pálida, caminaba de prisa. |
— Lisez ! dit-elle en lui tendant un papier… Oh non ! | ¡Lea! le dijo tendiéndole un papel ... ¡Oh no! |
Et brusquement elle retira sa main, pour entrer dans la chapelle de la Vierge, où, s’agenouillant contre une chaise, elle se mit en prière. | Y bruscamente retiró la mano, para entrar en la capilla de la Virgen donde, arrodillándose ante una silla, se puso a rezar. |
Le jeune homme fut irrité de cette fantaisie bigote ; puis il éprouva pourtant un certain charme à la voir, au milieu du rendez-vous, ainsi perdue dans les oraisons comme une marquise andalouse ; puis il ne tarda pas à s’ennuyer, car elle n’en finissait. | El joven se irritó por esta fantasía beata; después experimentó, sin embargo, un cierto encanto viéndola, en medio de la cita, así, absorta en las oraciones, como una marquesa andaluza; pero no tardó en aburrirse porque ella no acababa. |
Emma priait, ou plutôt s’efforçait de prier, espérant qu’il allait lui descendre du ciel quelque résolution subite ; et, pour attirer le secours divin, elle s’emplissait les yeux des splendeurs du tabernacle, elle aspirait le parfum des juliennes blanches épanouies dans les grands vases, et prêtait l’oreille au silence de l’église, qui ne faisait qu’accroître le tumulte de son cœur. Elle se relevait, et ils allaient partir, quand le suisse s’approcha vivement, en disant : | Emma rezaba, o más bien se esforzaba por orar, esperando que bajara del cielo alguna súbita resolución; y para atraer el auxilio divino se llenaba los ojos con los esplendores del tabernáculo, aspiraba el perfume de las julianas blancas abiertas en los grandes jarrones, y prestaba oído al silencio de la iglesia, que no hacía más que aumentar el tumulto de su corazón. Ya se levantaba y se iban a marchar cuando el guardia se acercó decidido, diciendo: |
— Madame, sans doute, n’est pas d’ici ? Madame désire voir les curiosités de l’église ? | ¿:La señora, sin duda, no es de aqui? ¿:La señora desea ver las curiosidades de la iglesia? |
— Eh non ! s’écria le clerc. | ¡Pues no! dijo el pasante. |
— Pourquoi pas ? reprit-elle. | ¿:Por qué no? replicó ella. |
Car elle se raccrochait de sa vertu chancelante à la Vierge, aux sculptures, aux tombeaux, à toutes les occasions. | Pues ella se agarraba con virtud vacilante a la Virgen, a las esculturas, a las tumbas, a todos los pretextos. |
Alors, afin de procéder dans l’ordre, le suisse les conduisit jusqu’à l’entrée, près de la place, où leur montrant avec sa canne un grand cercle de pavés noirs, sans inscriptions ni ciselures : | Entonces, para seguir un orden, al guardián les llevó hasta la entrada, cerca de la plaza, donde, mostrándoles con su bastón un gran círculo de adoquines negros, sin inscripciones ni cincelados, dijo majestuosamente. |
— Voilà, fit-il majestueusement, la circonférence de la belle cloche d’Amboise. Elle pesait quarante mille livres. Il n’y avait pas sa pareille dans toute l’Europe. L’ouvrier qui l’a fondue en est mort de joie… | Aquí tienen la circunferencia de la gran campana de Amboise. Pesaba cuarenta mil libras. No había otra igual en toda Europa. El obrero que la fundió murió de gozo... |
— Partons, dit Léon. | Vámonos dijo León. |
Le bonhomme se remit en marche ; puis, revenu à la chapelle de la Vierge, il étendit les bras dans un geste synthétique de démonstration, et, plus orgueilleux qu’un propriétaire campagnard vous montrant ses espaliers : — Cette simple dalle recouvre Pierre de Brézé, seigneur de la Varenne et de Brissac, grand maréchal de Poitou et gouverneur de Normandie, mort à la bataille de Montlhéry, le 16 juillet 1465. | El buen hombre siguió caminando; después, volviendo a la capilla de la Virgen, extendió los brazos en un gesto sintético de demostración, y más orgulloso que un propietario campesino enseñando sus árboles en espalderas: Esta sencilla losa cubre a Pedro de Brézé, señor de la Varenne y de Brissae, gran mariscal de Poitou y gobernador de Normandía, muerto en la batalla de Montlhéry el 16 de julio de 1465. |
Léon, se mordant les lèvres, trépignait. | León, mordiéndose los labios, pataleaba. |
— Et, à droite, ce gentilhomme tout bardé de fer, sur un cheval qui se cabre, est son petit-fils Louis de Brézé, seigneur de Breval et de Montchauvet, comte de Maulevrier, baron de Mauny, chambellan du roi, chevalier de l’Ordre et pareillement gouverneur de Normandie, mort le 23 juillet 1531, un dimanche, comme l’inscription porte ; et, au-dessous, cet homme prêt à descendre au tombeau vous figure exactement le même. Il n’est point possible, n’est-ce pas, de voir une plus parfaite représentation du néant ? | Y a la derecha, ese gentilhombre cubierto con esa armadura de hierro, montado en un caballo que se encabrita, es su nieto Luis de Brézé, señor de Breval y de Montchauvet, conde de Maulevrer, barón de Mauny, chambelán del rey, caballero de la Orden a igualmente gobernador de Normandía, muerto el 23 de julio de 1531, un domingo, como reza la inscripción; y, por debajo, ese hombre que se dispone a bajar a la tumba, figura exactamente el mismo. ¿:Verdad que no es posible ver una más perfecta representación de la nada? |
Mme Bovary prit son lorgnon. Léon, immobile, la regardait, n’essayant même plus de dire un seul mot, de faire un seul geste, tant il se sentait découragé devant ce double parti pris de bavardage et d’indifférence. | Madame Bovary tomó sus impertinentes. León, inmóvil, la miraba sin intentar siquiera decirle una sola palabra, hacer un solo gesto, tan desilusionado se sentía ante esta doble actitud de charlatanería y de indiferencia. |
L’éternel guide continuait : | El inagotable guía continuaba: |
— Près de lui, cette femme à genoux qui pleure est son épouse, Diane de Poitiers, comtesse de Brézé, duchesse de Valentinois, née en 1499, morte en 1566 ; et, à gauche, celle qui porte un enfant, la sainte Vierge. Maintenant, tournez-vous de ce côté : voici les tombeaux d’Amboise. Ils ont été tous les deux cardinaux et archevêques de Rouen. Celui-là était ministre du roi Louis XII. ll a fait beaucoup de bien à la cathédrale. On a trouvé dans son testament trente mille écus d’or pour les pauvres. | Al lado de él, esa mujer arrodillada que llora es su esposa Diana de Poitiers, condesa de Brézé, duquesa de Valentinois, nacida en 1499, muerta en 1566; y a la izquierda, la que lleva un niño en brazos, la Santísima Virgen. Ahora miren a este lado: estos son los sepulcros de los Amboise. Los dos fueron cardenales y arzobispos de Rouen. Aquél era ministro del rey Luis XII. Hizo mucho por la catedral. En su testamento dejó treinta mil escudos de oro para los pobres. |
Et, sans s’arrêter, tout en parlant, il les poussa dans une chapelle encombrée par des balustrades, en dérangea quelques-unes, et découvrit une sorte de bloc, qui pouvait bien avoir été une statue mal faite. | Y sin detenerse, sin dejar de hablar, les llevó a una capilla llena de barandillas: separó algunas y descubrió una especie de bloque, que bien pudiera haber sido una estatua mal hecha. |
— Elle décorait autrefois, dit-il avec un long gémissement, la tombe de Richard Cœur de lion, roi d’Angleterre et duc de Normandie. Ce sont les calvinistes, monsieur, qui vous l’ont réduite en cet état. Ils l’avaient, par méchanceté, ensevelie dans de la terre, sous le siège épiscopal de Monseigneur. Tenez, voici la porte par où il se rend à son habitation, Monseigneur. Passons voir les vitraux de la Gargouille. | Antaño decoraba dijo con una larga lamentación la tumba de Ricardo Corazón de León, rey de Inglaterra y duque de Normandía. Fueron los calvinistas los que la redujeron a este estado. La habían enterrado con mala intención bajo el trono episcopal de monseñor. Miren, aquí está la puerta por donde monseñor entra a su habitación. Vamos a ver la vidriera de la Gárgola. |
Mais Léon tira vivement une pièce blanche de sa poche et saisit Emma par le bras. Le suisse demeura tout stupéfait, ne comprenant point cette munificence intempestive, lorsqu’il restait encore à l’étranger tant de choses à voir. Aussi, le rappelant : | Pero León sacó rápidamente una moneda blanca de su bolsillo y cogió a Emma por el brazo. El guardián se quedó estupefacto, no comprendiendo en absoluto esta generosidad intempestiva cuando le quedaban todavía al forastero tantas cosas que ver. Por eso, llamándole de nuevo. |
— Eh ! monsieur. La flèche ! la flèche !… | ¡Eh! ¡señor! ¡La flecha, la flecha! |
— Merci, fit Léon. | Gracias dijo León. |
— Monsieur a tort ! Elle aura quatre cent quarante pieds, neuf de moins que la grande pyramide d’Égypte. Elle est toute en fonte, elle… | … |
Léon fuyait ; car il lui semblait que son amour, qui, depuis deux heures bientôt, s’était immobilisé dans l’église comme les pierres, allait maintenant s’évaporer telle qu’une fumée, par cette espèce de tuyau tronqué de cage oblongue, de cheminée à jour, qui se hasarde si grotesquement sur la cathédrale, comme la tentative extravagante de quelque chaudronnier fantaisiste. | León huía; porque le parecía que su amor, que desde hacía casi dos horas se había quedado inmóvil en la iglesia como las piedras, iba ahora a evaporarse, como un humo, por aquella especie de tubo truncado, de jaula oblonga, de chimenea calada que se eleva tan grotescamente sobre la catedral como la tentativa extravagante de algún calderero caprichoso. |
— Où allons-nous donc ? disait-elle. | ¿:Adónde vamos? decía ella. |
Sans répondre, il continuait à marcher d’un pas rapide, et déjà Mme Bovary trempait son doigt dans l’eau bénite, quand ils entendirent derrière eux un grand souffle haletant, entrecoupé régulièrement par le rebondissement d’une canne. Léon se détourna. | Sin contestar, él seguía caminando con paso rápido, y ya Madame Bovary mojaba su dedo en el agua bendita cuando oyeron detrás de ellos una fuerte respiración jadeante, entrecortada regularmente por el rebote de un bastón. León volvió la vista atrás. |
— Monsieur ! | ¡Señor! |
— Quoi ? | ¿:Qué? |
Et il reconnut le suisse, portant sous son bras et maintenant en équilibre contre son ventre une vingtaine environ de forts volumes brochés. C’étaient les ouvrages qui traitaient de la cathédrale. | Y reconoció al guardián, que llevaba bajo el brazo y manteniendo contra su vientre unos veinte grandes volúmenes en rústica. Eran las obras que trataban de la catedral. |
— Imbécile ! grommela Léon s’élançant hors de l’église. | ¡Imbécil! refunfuñó León lanzándose fuera de la iglesia. |
Un gamin polissonnait sur le parvis : | En el atrio había un niño jugueteando. |
— Va me chercher un fiacre ! | ¡Vete a buscarme un coche! |
L’enfant partit comme une balle, par la rue des Quatre-Vents ; alors ils restèrent seuls quelques minutes, face à face et un peu embarrassés. | El niño salió disparado por la calle de los Quatre Vents; entonces quedaron solos unos minutos, frente a frente y un poco confusos. |
— Ah ! Léon !… Vraiment…, je ne sais… si je dois… ! | iAh! ¡León!... Verdaderamente..., no sé... si debo... |
Elle minaudait. Puis, d’un air sérieux : | Ella estaba melindrosa. Después, en un tono serio: |
— C’est très inconvenant, savez-vous ? | No es nada conveniente, ¿:sabe usted? |
— En quoi ? répliqua le clerc. Cela se fait à Paris ! | ¿:Por qué? replicó el pasante . ¡Esto se hace en París! |
Et cette parole, comme un irrésistible argument, la détermina. | Y estas palabras, como un irresistible argumento, la hicieron decidirse. |
Cependant le fiacre n’arrivait pas. Léon avait peur qu’elle ne rentrât dans l’église. Enfin le fiacre parut. | Entretanto el coche no acababa de llegar. León temía que ella volviese a entrar en la iglesia. Por fin apareció el coche. |
— Sortez du moins par le portail du nord ! leur cria le Suisse, qui était resté sur le seuil, pour voir la Résurrection, le Jugement dernier, le Paradis, le Roi David, et les Réprouvés dans les flammes d’enfer. | ¡Salgan al menos pór el pórtico del norte! les gritó el guardián, que se había,quedado en el umbral, y verán la Resurrección, el Juicio Final, el Paraíso, el Rey David y los Réprobos en las llamas del infierno. |
— Où Monsieur va-t-il ? demanda le cocher. | ¿:Adónde va el señor? preguntó el cochero. |
— Où vous voudrez ! dit Léon poussant Emma dans la voiture. | ¡Adonde usted quiera! dijo León metiendo a Emma dentro del coche. |
Et la lourde machine se mit en route. | Y la pesada máquina se puso en marcha. |
Elle descendit la rue Grand-Pont, traversa la place des Arts, le quai Napoléon, le pont Neuf et s’arrêta court devant la statue de Pierre Corneille. | Bajó por la calle Grand Pont, atravesó la Place des Arts, el Quai Napoleón, el Pont Neuf y se paró ante la estatua de Pierre Corneille. |
— Continuez ! fit une voix qui sortait de l’intérieur. | ¡Siga! dijo una voz que salía del interior. |
La voiture repartit, et, se laissant, dès le carrefour La Fayette, emporter par la descente, elle entra au grand galop dans la gare du chemin de fer. | El coche partió de nuevo, y dejándose llevar por la bajada, desde el cruce de La Fayette, entró a galope tendido en la estación del ferrocarril. |
— Non, tout droit ! cria la même voix. | ¡No, siga recto! exclamó la misma voz. |
Le fiacre sortit des grilles, et bientôt, arrivé sur le Cours, trotta doucement, au milieu des grands ormes. Le cocher s’essuya le front, mit son chapeau de cuir entre ses jambes et poussa la voiture en dehors des contre-allées, au bord de l’eau, près du gazon. | El coche salió de las verjas, y pronto, llegando al Paseo, trotó suavemente entre los grandes olmos. El cochero se enjugó la frente, puso su sombrero de cuero entre las piernas y llevó el coche fuera de los paseos laterales, a orilla del agua, cerca del césped. |
Elle alla le long de la rivière, sur le chemin de halage pavé de cailloux secs, et, longtemps, du côté d’Oyssel, au delà des îles. | Siguió caminando a lo largo del río por el camino de sirga pavimentado de guijarros, y durante mucho tiempo, por el lado de Oyssel, más a11á de las islas. |
Mais tout à coup, elle s’élança d’un bond à travers Quatremares, Sotteville, la Grande-Chaussée, la rue d’Elbeuf, et fit sa troisième halte devant le jardin des plantes. | Pero de pronto echó a correr y atravesó sin parar Quatremares, Sotteville, la Grande Chaussée, la rue d′Elbeuf, a hizo su tercera parada ante el jardín des Plantes. |
— Marchez donc ! s’écria la voix plus furieusement. | ¡Siga caminando! exclamó la voz con más furia. |
Et aussitôt, reprenant sa course, elle passa par Saint-Sever, par le quai des Curandiers, par le quai aux Meules, encore une fois par le pont, par la place du Champ-de-Mars et derrière les jardins de l’hôpital, où des vieillards en veste noire se promènent au soleil, le long d’une terrasse toute verdie par des lierres. Elle remonta le boulevard Bouvreuil, parcourut le boulevard Cauchoise, puis tout le Mont-Riboudet jusqu’à la côte de Deville. Elle revint ; et alors, sans parti pris ni direction, au hasard, elle vagabonda. On la vit à Saint-Pol, à Lescure, au mont Gargan, à la Rouge-Mare, et place du Gaillard-bois ; rue Maladrerie, rue Dinanderie, devant Saint-Romain, Saint-Vivien, Saint-Maclou, Saint-Nicaise, – devant la Douane, – à la basse Vieille-Tour, aux Trois-Pipes et au Cimetière Monumental. De temps à autre, le cocher sur son siège jetait aux cabarets des regards désespérés. Il ne comprenait pas quelle fureur de la locomotion poussait ces individus à ne vouloir point s’arrêter. Il essayait quelquefois, et aussitôt il entendait derrière lui partir des exclamations de colère. Alors il cinglait de plus belle ses deux rosses tout en sueur, mais sans prendre garde aux cahots, accrochant par-ci par-là, ne s’en souciant, démoralisé, et presque pleurant de soif, de fatigue et de tristesse. | Y enseguida, reemprendiendo su carrera, pasó por San Severo, por el Quai des Curandiers, por el Quai Aux Meules, otra vez por el puente, por la Place du Champ de Mars y detrás de los jardines del hospital, donde unos ancianos con levita negra se paseaban al sol a lo largo de una terraza toda verde de hiedra. Volvió a subir el bulevar Cauchoise, después todo el Mont Riboudet hasta la cuesta de Deville. Volvió atrás; y entonces, sin idea preconcebida ni dirección, al azar, se puso a vagabundear. Lo vieron en Saint Pol, en Lescure, en el monte Gargan, en la Rouge Mare, y en la plaza del Gaillard bois; en la calle Maladrerie, en la calle Dinanderie, delante de Saint Romain, Saint Vivien, Saint Maclou, SaintNicaise, delante de la Aduana, en la Basse Vieille Tour, en los Trois Pipes y en el Cementerio Monumental. De vez en cuando, el cochero desde su pescante echaba unas miradas desesperadas a las tabernas. No comprendía qué furia de locomoción impulsaba a aquellos individuos a no querer pararse. A veces lo intentaba a inmediatamente oía detrás de él exclamaciones de cólera. Entonces fustigaba con más fuerza a sus dos rocines bañados en sudor, pero sin fijarse en los baches, tropezando acá y allá, sin preocuparse de nada, desmoralizado y casi llorando de sed, de cansancio y de tristeza. |
Et sur le port, au milieu des camions et des barriques, et dans les rues, au coin des bornes, les bourgeois ouvraient de grands yeux ébahis devant cette chose si extraordinaire en province, une voiture à stores tendus, et qui apparaissait ainsi continuellement, plus close qu’un tombeau et ballottée comme un navire. | Y en el puerto, entre camiones y barricas, y en las calles, en los guardacantones, la gente del pueblo se quedaba pasmada ante aquella cosa tan rara en provincias, un coche con las cortinillas echadas, y que reaparecía así continuamente, más cerrado que un sepulcro y bamboleándose como un navío. |
Une fois, au milieu du jour, en pleine campagne, au moment où le soleil dardait le plus fort contre les vieilles lanternes argentées, une main nue passa sous les petits rideaux de toile jaune et jeta des déchirures de papier, qui se dispersèrent au vent et s’abattirent plus loin, comme des papillons blancs, sur un champ de trèfles rouges tout en fleur. | Una vez, en mitad del día, en pleno campo, en el momento que el sol pegaba más fuerte contra las viejas farolas plateadas, una mano desenguantada se deslizó bajo las cortinillas de tela amarilla y arrojó pedacitos de papel que se dispersaron al viento y fueron a caer más lejos, como mariposas blancas, en un campo de trébol rojo todo florido. |
Puis, vers six heures, la voiture s’arrêta dans une ruelle du quartier Beauvoisine, et une femme en descendit qui marchait le voile baissé, sans détourner la tête. | Después, hacia las seis, el coche se paró en una callejuela del barrio Beauvoisine y se apeó de él una mujer con el velo bajado que echó a andar sin volver la cabeza. |
III - II | III- CAPÍTULO II |
En arrivant à l’auberge, Mme Bovary fut étonnée de ne pas apercevoir la diligence. Hivert, qui l’avait attendue cinquante-trois minutes, avait fini par s’en aller. | Al llegar a la posada, Madame Bovary se extrañó de no ver la diligencia. Hivert, que la había esperado cincuenta y tres minutos, había terminado por marcharse. |
Rien pourtant ne la forçait à partir ; mais elle avait donné sa parole qu’elle reviendrait le soir même. D’ailleurs, Charles l’attendait ; et déjà elle se sentait au cœur cette lâche docilité qui est, pour bien des femmes, comme le châtiment tout à la fois et la rançon de l’adultère. | Sin embargo, nada la obligaba a marchar; pero había dado su palabra de regresar la misma noche. Además, Carlos la esperaba; y ella sentía en su corazón esa cobarde docilidad que es, para muchas mujeres, como el castigo y al mismo tiempo el tributo del adulterio. |
Vivement elle fit sa malle, paya la note, prit dans la cour un cabriolet, et, pressant le palefrenier, l’encourageant, s’informant à toute minute de l’heure et des kilomètres parcourus, parvint à rattraper l’Hirondelle vers les premières maisons de Quincampoix. | Rápidamente hizo el equipaje, pagó la factura, tomó en el patio un cabriolé, y dando prisa al cochero, animándolo, preguntando a cada instante la hora y los kilómetros recorridos, llegó a alcanzar a «La Golondrina» hacia las primeras casas de Quincampoix. |
À peine assise dans son coin, elle ferma les yeux et les rouvrit au bas de la côte, où elle reconnut de loin Félicité, qui se tenait en vedette devant la maison du maréchal. Hivert retint ses chevaux, et la cuisinière, se haussant jusqu’au vasistas, dit mystérieusement : | Apenas sentada en su rincón, cerró los ojos y los volvió a abrir al pie de la cuesta, donde reconoció de lejos a Felicidad que estaba en primer plano delante de la casa del herrador. Hivert frenó los caballos, y la cocinera, alzándose hasta la ventanilla, dijo misteriosamente: |
— Madame il faut que vous alliez tout de suite chez M. Homais. C’est pour quelque chose de pressé. | Señora, tiene que ir inmediatamente a casa del señor Homais. Es algo urgente. |
Le village était silencieux comme d’habitude. Au coin des rues, il y avait de petits tas roses qui fumaient à l’air, c’était le moment des confitures, et tout le monde à Yonville, confectionnait sa provision le même jour. Mais on admirait devant la boutique du pharmacien, un tas beaucoup plus large, et qui dépassait les autres de la supériorité qu’une officine doit avoir sur les fourneaux bourgeois, un besoin général sur des fantaisies individuelles. | El pueblo estaba en silencio como de costumbre. En las esquinas de las calles había montoncitos de color rosa que humeaban al aire, pues era el tiempo de hacer las mermeladas, y todo el mundo en Yonville preparaba su provisión el mismo día. Pero delante de la botica se veía un montón mucho mayor, y que sobrepasaba a los demás con la superioridad que un laboratorio de farmacia debe tener sobre los hornillos familiares, una necesidad general sobre unos caprichos individuales. |
Elle entra. Le grand fauteuil était renversé, et même le Fanal de Rouen gisait par terre, étendu entre les deux pilons. Elle poussa la porte du couloir ; et, au milieu de la cuisine, parmi les jarres brunes pleines de groseilles égrenées, du sucre râpé, du sucre en morceaux, des balances sur la table, des bassines sur le feu, elle aperçut tous les Homais, grands et petits, avec des tabliers qui leur montaient jusqu’au menton et tenant des fourchettes à la main. Justin, debout, baissait la tête, et le pharmacien criait : | Entró. El gran sillón estaba caído, a incluso El Fanal de Rouen yacía en el suelo, extendido entre las dos manos del mortero. Empujó la puerta del pasillo, y en medio de la cocina, entre las tinajas oscuras llenas de grosellas desgranadas, de azúcar en terrones, balanzas sobre la mesa, barreños al fuego, vio a todos los Homais, grandes y pequeños, con delantales que les llegaban a la barbilla y con sendos tenedores en la mano. Justino, de pie, bajaba la cabeza, mientras el farmacéutico gritaba: |
— Qui t’avait dit de l’aller chercher dans le capharnaüm ? | ¿:Quién te dijo que fueras a buscarlo a la leonera? |
— Qu’est-ce donc ? qu’y a-t-il ? | ¿:Qué es? ¿:Qué pasa? |
— Ce qu’il y a ? répondit l’apothicaire. On fait des confitures : elles cuisent ; mais elles allaient déborder à cause du bouillon trop fort, et je commande une autre bassine. Alors, lui, par mollesse, par paresse, a été prendre, suspendue à son clou dans mon laboratoire, la clef du capharnaüm ! | ¿:Que qué pasa? respondió el boticario . Estamos haciendo mermeladas: están cociendo; pero iban a salirse a causa del caldo demasiado fuerte, le pido otro barreño. Entonces él, por pereza, fue a coger la llave del la leonera, que estaba colgada en mi laboratorio. |
L’apothicaire appelait ainsi un cabinet, sous les toits, plein des ustensiles et des marchandises de sa profession. Souvent il y passait seul de longues heures à étiqueter, à transvaser, à reficeler ; et il le considérait non comme un simple magasin, mais comme un véritable sanctuaire, d’où s’échappaient ensuite, élaborées par ses mains, toutes sortes de pilules, bols, tisanes, lotions et potions, qui allaient répandre aux alentours sa célébrité. Personne au monde n’y mettait les pieds ; et il le respectait si fort, qu’il le balayait lui-même. Enfin, si la pharmacie, ouverte à tout venant, était l’endroit où il étalait son orgueil, le capharnaüm était le refuge où, se concentrant égoïstement, Homais se délectait dans l’exercice de ses prédilections ; aussi l’étourderie de Justin lui paraissait-elle monstrueuse d’irrévérence ; et, plus rubicond que les groseilles, il répétait : | El boticario llamaba así a una especie de gabinete, en el desván, lleno de utensilios y mercancías de su profesión. Con frecuencia pasaba allí largas horas, solo, poniendo etiquetas, empaquetando, y lo consideraba no como simple almacén, sino como un verdadero santuario, de donde salían después, elaboradas por sus manos, toda clase de píldoras, bolos, tisanas, lociones y pociones, que iban a extender su celebridad por los alrededores. Nadie en el mundo ponía allí los pies; y él lo respetaba tanto, que lo barría él mismo. En fin, si la farmacia abierta al primero que llegaba, era el lugar donde mostraba su orguIlo, el la leonera era el refugio en donde, concentrándose egoístamente, Homais se recreaba en el ejercicio de sus predilecciones; por eso el atolondramiento de Justino le parecía una monstruosa irreverencia, y más rubicundo que las grosellas, repetía: |
— Oui, du capharnaüm ! La clef qui enferme les acides avec les alcalis caustiques ! Avoir été prendre une bassine de réserve ! une bassine à couvercle ! et dont jamais peut-être je ne me servirai ! Tout a son importance dans les opérations délicates de notre art ! Mais que diable ! il faut établir des distinctions et ne pas employer à des usages presque domestiques ce qui est destiné pour les pharmaceutiques ! C’est comme si on découpait une poularde avec un scalpel, comme si un magistrat… | Sí, de la leonera. ¡La llave que encierra los ácidos y los álcalis cáusticos! ¡Haber ido a coger un barreño de reserva!, ¡un barreño con tapa! y que quizá no usaré ya nunca más. Todo tiene su importancia en las delicadas operaciones de nuestro arte. Pero ¡demonios!, ¡hay que hacer distinciones y no emplear para usos casi domésticos lo que está destinado para los farmacéuticos! Es como si se trinchase un capón con un escalpelo, como si un magistrado... |
— Mais calme-toi ! disait Mme Homais. | ¡Pero cálmate! decía la señora Homais. |
Et Athalie, le tirant par sa redingote : | Y Atalía, tirándole de la levita: |
— Papa ! papa ! | ¡Papá!, ¡papá! repetía. |
— Non, laissez-moi ! reprenait l’apothicaire, laissez-moi ! fichtre ! Autant s’établir épicier, ma parole d’honneur ! Allons, va ! ne respecte rien ! casse ! brise ! lâche les sangsues ! brûle la guimauve ! marine des cornichons dans les bocaux ! lacère les bandages ! | ¡No, dejadme! repetía el boticario , ¡dejadme!, ¡caramba! Es como si esto fuera abrir una tienda de comestibles, ¡palabra de honor! ¡Anda!, ¡no respetes nada!, ¡rompe, haz añicos!, ¡suelta las sanguijuelas!, ¡quema el malvavisco!, ¡escabecha pepinillos en los tarros!, ¡rompe vendas! |
— Vous aviez pourtant…, dit Emma. | Pero usted tenía... dijo Emma. |
— Tout à l’heure ! — Sais-tu à quoi tu t’exposais ?… N’as-tu rien vu, dans le coin, à gauche, sur la troisième tablette ? Parle, réponds, articule quelque chose ! | Perdone un momento. ¿:Sabes a qué te exponías? ¿:No has visto nada, en el rincón, a la izquierda, en el tercer estante? ¡habla, contesta, di algo! |
— Je ne… sais pas, balbutia le jeune garçon. | Yo no... sé balbució el chico. |
— Ah ! tu ne sais pas ! Eh bien, je sais, moi ! Tu as vu une bouteille, en verre bleu, cachetée avec de la cire jaune, qui contient une poudre blanche, sur laquelle même j’avais écrit : Dangereux ! et sais-tu ce qu’il y avait dedans ? De l’arsenic ! et tu vas toucher à cela ! prendre une bassine qui est à côté ! | ¡Ah!, ¡no sabes! ¡Pues bien, yo sí que lo sé! Has visto una botella de cristal azul, lacrada, con cera amarilla, que contiene un polvo blanco, sobre el cual yo había escrito ¡PELIGROSO! ¿:y sabes lo que había dentro?, ¡arsénico!, ¡y tú vas a tocar esto!, ¡a tomar un barreño que estaba al lado! |
— À côté, s’écria Mme Homais en joignant les mains. De l’arsenic ? Tu pouvais nous empoisonner tous ! | ¡Al lado! exclamó la señora Homais juntando las manos . ¡Arsénico! ¡Podías envenenarnos a todos! |
Et les enfants se mirent à pousser des cris, comme s’ils avaient déjà senti dans leurs entrailles d’atroces douleurs. | Y los niños comenzaron a gritar, como si hubiesen ya sentido en sus entrañas atroces dolores. |
— Ou bien empoisonner un malade ! continuait l’apothicaire. Tu voulais donc que j’allasse sur le banc des criminels, en cour d’assises ? me voir traîner à l’échafaud ? Ignores-tu le soin que j’observe dans les manutentions, quoique j’en aie cependant une furieuse habitude. Souvent je m’épouvante moi-même, lorsque je pense à ma responsabilité ! car le gouvernement nous persécute, et l’absurde législation qui nous régit est comme une véritable épée de Damoclès suspendue sur notre tête ! | ¡O bien envenenar a un enfermo! continuó el boticario . ¿:Querías que yo fuese al banquillo de los criminales a la Audiencia? ¿:Verme conducido al patíbulo? Ignoras el cuidado que pongo en las manipulaciones, a pesar de que tengo una habilidad extraordinaria. Frecuentemente me asusto a mí mismo cuando pienso en mi responsabilidad, pues el gobierno nos persigue, y la absurda legislación que nos rige es como una verdadera espada de Damocles que cuelga sobre nuestra cabeza. |
Emma ne songeait plus à demander ce qu’on lui voulait, et le pharmacien poursuivait en phrases haletantes : | Emma no pensaba ya en preguntar para qué la llamaban, y el farmacéutico proseguía en frases entrecortadas: |
— Voilà comme tu reconnais les bontés qu’on a pour toi ! voilà comme tu me récompenses des soins tout paternels que je te prodigue ! Car, sans moi, où serais-tu ? que ferais-tu ? Qui te fournit la nourriture, l’éducation, l’habillement, et tous les moyens de figurer un jour, avec honneur dans les rangs de la société ! Mais il faut pour cela suer ferme sur l’aviron, et acquérir, comme on dit, du cal aux mains. Fabricando fil faber, age quod agis. | ¡Mira cómo agradeces las bondades que se tienen contigo! ¡Mira cómo me pagas los cuidados totalmente paternales que te prodigo! Porque sin mí, ¿:dónde estarías?, ¿:qué harías? Quién te da de comer, educación, vestido y todos los medios para que un día puedas figurar con honor en las filas de la sociedad? Pero para esto hay que remar duro, y hacer lo que se dice callos en las manos. Fabricando fit faber, age guod agis. |
Il citait du latin, tant il était exaspéré. Il eût cité du chinois et du groenlandais, s’il eût connu ces deux langues ; car il se trouvait dans une de ces crises où l’âme entière montre indistinctement ce qu’elle enferme, comme l’Océan, qui, dans les tempêtes, s’entrouvre depuis les fucus de son rivage jusqu’au sable de ses abîmes. | Hacía citas en latín de exasperado que estaba. Lo mismo habría citado chino o groenlandés si hubiese conocido estas dos lenguas, pues se encontraba en una de esas crisis en que el alma entera muestra indistintamente lo que encierra, como el océano que en las tempestades se entreabre desde las algas de su orilla hasta la arena de sus abismos. |
Et il reprit : | Y añadió: |
— Je commence à terriblement me repentir de m’être chargé de ta personne ! J’aurais certes mieux fait de te laisser autrefois croupir dans ta misère et dans la crasse où tu es né ! Tu ne seras jamais bon qu’à être un gardeur de bêtes à cornes ! Tu n’as nulle aptitude pour les sciences ! à peine si tu sais coller une étiquette ! Et tu vis là, chez moi, comme un chanoine, comme un coq en pâte, à te goberger ! | ¡Comienzo a arrepentirme terriblemente de haberme hecho cargo de tu persona! ¡Sin duda habría hecho mejor dejándote pudrir en tu miseria y en la mugre en que naciste! ¡Nunca servirás más que para guardar vacas! ¡No tienes ninguna disposición para el estudio, apenas sabes pegar una etiqueta! Y vives aquí, en mi casa, como un canónigo, a cuerpo de rey, gozando a tus anchas. |
Mais Emma, se tournant vers Mme Homais : | Pero Emma, volviéndose a la señora Homais: |
— On m’avait fait venir… | Me habían llamado... |
— Ah ! mon Dieu ! interrompit d’un air triste la bonne dame, comment vous dirai-je bien ?… C’est un malheur ! | ¡Ah! ¡Dios mío interrumpió con aire triste la buena señora , ¿:cómo se lo diría?... ¡Es una desgracia! |
Elle n’acheva pas. L’apothicaire tonnait : | Y no terminó. El boticario tronaba: |
— Vide-la ! écure-la ! reporte-la ! dépêche-toi donc ! | ¡Vacíala!, ¡límpiala!, ¡vuelve a ponerla en su sitio!, ¡pero date prisa! |
Et, secouant Justin par le collet de son bourgeron, il fit tomber un livre de sa poche. | Y sacudiendo a Justino por el cuello de su blusa, le hizo caer un libro de su bolsillo. |
L’enfant se baissa. Homais fut plus prompt, et, ayant ramassé le volume, il le contemplait, les yeux écarquillés, la mâchoire ouverte. | El chico se bajó. Homais fue más rápido, y habiendo recogido el volumen, lo contempló con los ojos desorbitados y la boca abierta. |
— L’amour… conjugal ! dit-il en séparant lentement ces deux mots. Ah ! très bien ! très bien ! très joli ! Et des gravures !… Ah ! c’est trop fort ! | El amor conyugal(2) dijo separando lentamente estas dos palabras . iAh!, ¡muy bien!, ¡muy bien!, ¡muy bonito!, ¡y grabados!... ¡Ah!, ¡esto es demasiado fuerte! |
Mme Homais s’avança. | La señora Homais se acercó. |
— Non ! n’y touche pas ! | ¡No!, ¡no toques! |
Les enfants voulurent voir les images. | Los niños quisieron ver las imágenes. |
— Sortez ! fit-il impérieusement. | Dijo imperiosamente: ¡Fuera de aquí! |
Et ils sortirent. | Y salieron. |
Il marcha d’abord de long en large, à grands pas, gardant le volume ouvert entre ses doigts, roulant les yeux, suffoqué, tuméfié, apoplectique. Puis il vint droit à son élève, et, se plantant devant lui les bras croisés : | Él se puso a caminar primeramente de un lado para otro a grandes pasos, teniendo el volumen abierto entre sus dedos, haciendo girar sus ojos, sofocado, tumefacto, apoplético. Después se fue derecho a su discípulo, y plantándose delante de él con los brazos cruzados: |
— Mais tu as donc tous les vices, petit malheureux ?… Prends garde, tu es sur une pente !… Tu n’as donc pas réfléchi qu’il pouvait, ce livre infâme, tomber entre les mains de mes enfants, mettre l’étincelle dans leur cerveau, ternir la pureté d’Athalie, corrompre Napoléon ! Il est déjà formé comme un homme. Es-tu bien sûr, au moins, qu’ils ne l’aient pas lu ? peux-tu me certifier… ? | ¡Pero es que tú tienes todos los vicios, pequeño desgraciado. Ten cuidado, estás en una pendiente...! ¡No has pensado que este libro infame podia caer en manos de mis hijos, encender la chispa en su cerebro, empañar la pureza de Atalía, corromper a Napoleón! Ya está hecho un hombre. ¿:Estás seguro, al menos, de que no lo han leído? ¿:Puedes certificármelo?... |
— Mais enfin, monsieur, fit Emma, vous aviez à me dire… ? | Pero bueno, señor dijo Emma , ¿:qué tenía usted que decirme? |
— C’est vrai, madame… Votre beau-père est mort ! En effet, le sieur Bovary père venait de décéder l’avant-veille, tout à coup, d’une attaque d’apoplexie, au sortir de table ; et, par excès de précaution pour la sensibilité d’Emma, Charles avait prié M. Homais de lui apprendre avec ménagement cette horrible nouvelle. | Es verdad, señora... Ha muerto su suegro. En efecto, el señor Bovary padre había fallecido la antevíspera, de repente, de un ataque de apoplejía, al levantarse de la mesa y, por exceso de precaución para la sensibilidad de Emma, Carlos había rogado al señor Homais que le diera con cuidado esta horrible noticia. |
Il avait médité sa phrase, il l’avait arrondie, polie, rythmée ; c’était un chef-d’œuvre de prudence et de transitions, de tournures fines et de délicatesse ; mais la colère avait emporté la rhétorique. | Él había meditado la frase, la había redondeado, pulido, puesto ritmo, era una obra maestra de prudencia y de transiciones, de giros finos y de delicadezas; pero la cólera había vencido a la retórica. |
Emma, renonçant à avoir aucun détail, quitta donc la pharmacie ; car M. Homais avait repris le cours de ses vitupérations. Il se calmait cependant, et, à présent, il grommelait d’un ton paterne, tout en s’éventant avec son bonnet grec : | Emma, sin querer conocer ningún detalle, abandonó la farmacia, pues el señor Homais había reanudado sus vituperios. Sin embargo, se calmaba, y ahora refunfuñaba con aire paternal, al tiempo que se abanicaba con su bonete griego: |
— Ce n’est pas que je désapprouve entièrement l’ouvrage ! L’auteur était médecin. Il y a là-dedans certains côtés scientifiques qu’il n’est pas mal à un homme de connaître et, j’oserais dire, qu’il faut qu’un homme connaisse. Mais plus tard, plus tard ! Attends du moins que tu sois homme toi-même et que ton tempérament soit fait. | No es que desapruebe totalmente la obra. El autor era médico. Hay en e11a algunos aspectos científicos que no está mal que un hombre los conozca, y me atrevería a decir que es preciso que los conozca. Pero ¡más adelante, más adelante! Aguarda al menos a que tú mismo seas un hombre y a que tu carácter esté formado. |
Au coup de marteau d’Emma, Charles, qui l’attendait, s’avança les bras ouverts et lui dit avec des larmes dans la voix : | Al oír el aldabonazo de Emma, Carlos, que la esperaba, se adelantó con los brazos abiertos y le dijo con voz llorosa: |
— Ah ! ma chère amie… | ¡Ah!, ¡mi querida amiga! |
Et il s’inclina doucement pour l’embrasser. Mais, au contact de ses lèvres, le souvenir de l’autre la saisit, et elle se passa la main sur son visage en frissonnant. | … |
Cependant elle répondit : | Entretanto ella respondió: |
— Oui, je sais…, je sais… | Sí, ya sé..., ya sé... |
Il lui montra la lettre où sa mère narrait l’événement, sans aucune hypocrisie sentimentale. Seulement, elle regrettait que son mari n’eût pas reçu les secours de la religion, étant mort à Doudeville, dans la rue, sur le seuil d’un café, après un repas patriotique avec d’anciens officiers. | Le enseñó la carta en la que su madre contaba la noticia, sin ninguna hipocresía sentimental. Únicamente sentía que su marido no hubiese recibido los auxilios de la religión, habiendo muerto en Doudeville, en la calle, a la puerta de un café, después de una comida patriótica con antiguos oficiales. |
Emma rendit la lettre ; puis, au dîner, par savoir-vivre, elle affecta quelque répugnance. Mais comme il la reforçait, elle se mit résolument à manger, tandis que Charles, en face d’elle, demeurait immobile, dans une posture accablée. | Emma le devolvió la carta; luego, en la cena, por quedar bien, fingió alguna repugnancia. Pero como él la animaba, decidió ponerse a cenar, mientras que Carlos, frente a ella, permanecía inmóvil, en una actitud de tristeza. |
De temps à autre, relevant la tête, il lui envoyait un long regard tout plein de détresse. Une fois il soupira : | De vez en cuando, levantando la cabeza, le dirigía una mirada prolongada, toda llena de angustia. Una vez suspiró. |
— J’aurais voulu le revoir encore ! | ¡Hubiera querido volver a verle! |
Elle se taisait. Enfin, comprenant qu’il fallait parler : | Ella se callaba. Por fin, comprendiendo que había que romper el silencio: |
— Quel âge avait-il, ton père ? | ¿:Qué edad tenía to padre? |
— Cinquante-huit ans ! | ¡Cincuenta y ocho años! |
— Ah ! | ¡Ah! |
Et ce fut tout. | Y no dijo nada más. |
Un quart d’heure après, il ajouta : | Un cuarto de hora después, Carlos añadió. |
— Ma pauvre mère ?… que va-t-elle devenir, à présent ? | ¿:Y mi pobre madre?..., ¿:qué va a ser de ella ahora? |
Elle fit un geste d’ignorance. | Emma hizo un gesto de ignorancia. |
À la voir si taciturne, Charles la supposait affligée et il se contraignait à ne rien dire, pour ne pas aviver cette douleur qui l’attendrissait. Cependant, secouant la sienne : | Viéndola tan taciturna, Carlos la suponía afligida y se esforzaba por no decirle nada para no avivar aquel dolor que la conmovía. Sin embargo, olvidándose del suyo propio: |
— T’es-tu bien amusée hier ? demanda-t-il. | ¿:Te divertiste mucho ayer? le preguntó. |
— Oui. | Sí. |
Quand la nappe fut ôtée, Bovary ne se leva pas, Emma non plus ; et, à mesure qu’elle l’envisageait, la monotonie de ce spectacle bannissait peu à peu tout apitoiement de son cœur. Il lui semblait chétif, faible, nul, enfin être un pauvre homme, de toutes les façons. Comment se débarrasser de lui ? Quelle interminable soirée ! Quelque chose de stupéfiant comme une vapeur d’opium l’engourdissait. | Cuando quitaron el mantel, Bovary no se levantó, Emma tampoco; y a medida que ella lo miraba, la monotonía de aquel espectáculo desterraba poco a poco de su corazón todo sentimiento de compasión. Carlos le parecía endeble, flaco, nulo, en fin un pobre hombre en todos los aspectos. ¿:Cómo deshacerse de él? ¡Qué interminable noche! Algo la dejaba estupefacta como si un vapor de opio la abotargara. |
Ils entendirent dans le vestibule le bruit sec d’un bâton sur les planches. C’était Hippolyte qui apportait les bagages de Madame. Pour les déposer, il décrivit péniblement un quart de cercle avec son pilon. | Oyeron en el vestíbulo el ruido seco de un palo sobre las tablas. Era Hipólito que traía el equipaje de la señora. Para descargarlo, describió penosamente un cuarto de círculo con su pierna de madera. |
— Il n’y pense même plus ! se disait-elle en regardant le pauvre diable, dont la grosse chevelure rouge dégouttait de sueur. | ¡Ya ni siquiera piensa! se decía ella mirando al pobre diablo de cuya roja pelambrera chorreaba el sudor. |
Bovary cherchait un patard au fond de sa bourse ; et, sans paraître comprendre tout ce qu’il y avait pour lui d’humiliation dans la seule présence de cet homme qui se tenait là, comme le reproche personnifié de son incurable ineptie : | Bovary buscaba un ochavo en el fondo de su bolsa sin parecer comprender todo lo que había para él de humillación sólo con la presencia de este hombre que permanecía a11í, como el reproche personificado de su incurable ireptitud. |
— Tiens ! tu as un joli bouquet ! dit-il en remarquant sur la cheminée les violettes de Léon. | ¡Vaya!, ¡qué bonito ramillete tienes! dijo al ver en la chimenea las violetas de León. |
— Oui, fit-elle avec indifférence ; c’est un bouquet que j’ai acheté tantôt… à une mendiante. | Sí dijo Emma con indiferencia ; se lo he comprado hace un rato a una mendiga. |
Charles prit les violettes, et, rafraîchissant dessus ses yeux tout rouges de larmes, il les humait délicatement. Elle les retira vite de sa main, et alla les porter dans un verre d’eau. | Carlos cogió las violetas, y refrescando en ellas sus ojos completamente enrojecidos de tanto llorar las olía delicadamente. Ella se las quitó bruscamente de la mano y fue a ponerlas en un vaso de agua. |
Le lendemain, Mme Bovary mère arriva. Elle et son fils pleurèrent beaucoup. Emma, sous prétexte d’ordres à donner, disparut. | A1 día siguiente la señora Bovary madre, ella y su hijo lloraron mucho. Emma, con el pretexto de que tenía que dar órdenes, desapareció. |
Le jour d’après, il fallut aviser ensemble aux affaires de deuil. On alla s’asseoir, avec les boîtes à ouvrage, au bord de l’eau, sous la tonnelle. | Pasado ese día, tuvieron que tratar juntos de los problemas del luto. Se fueron a sentar, con los cestillos de la labor, a oriIla del agua, bajo el cenador. |
Charles pensait à son père, et il s’étonnait de sentir tant d’affection pour cet homme qu’il avait cru jusqu’alors n’aimer que très médiocrement. Mme Bovary mère pensait à son mari. Les pires jours d’autrefois lui réapparaissaient enviables. Tout s’effaçait sous le regret instinctif d’une si longue habitude ; et, de temps à autre, tandis qu’elle poussait son aiguille, une grosse larme descendait le long de son nez et s’y tenait un moment suspendue. Emma pensait qu’il y avait quarante-huit heures à peine, ils étaient ensemble, loin du monde, tout en ivresse, et n’ayant pas assez d’yeux pour se contempler. Elle tâchait de ressaisir les plus imperceptibles détails de cette journée disparue. Mais la présence de la belle-mère et du mari la gênait. Elle aurait voulu ne rien entendre, ne rien voir, afin de ne pas déranger le recueillement de son amour qui allait se perdant, quoi qu’elle fît, sous les sensations extérieures. | Carlos pensaba en su padre, y se extrañaba de sentir tanto afecto por este hombre a quien hasta entonces había creído no querer sino medianamente. La viuda pensaba en su marido. Los peores días de antaño le parecían ahora envidiables. Todo se borraba bajo la instintiva añoranza de una tan larga convivencia; y de vez en cuando, mientras empujaba la aguja, una gruesa lágrima se deslizaba por su nariz y se mantenía suspendida un momento. Emma pensaba que hacía apenas cuarenta y ocho horas estaban juntos, lejos del mundo, completamente ebrios, no teniendo bastantes ojos para contemplarse. Trataba de volver a captar los más imperceptibles detalles de aquella jornada desaparecida. Pero la presencia de la suegra y del marido la molestaba. Habría querido no oír nada, no ver nada, a fin de no perturbar la intimidad de su amor que se iba perdiendo, por más que ella hiciera, bajo las sensaciones exteriores. |
Elle décousait la doublure d’une robe, dont les bribes s’éparpillaient autour d’elle ; la mère Bovary, sans lever les yeux, faisait crier ses ciseaux, et Charles, avec ses pantoufles de lisière et sa vieille redingote brune qui lui servait de robe de chambre, restait les deux mains dans ses poches et ne parlait pas non plus ; près d’eux, Berthe, en petit tablier blanc, raclait avec sa pelle le sable des allées. | Estaba descosiendo el forro de un vestido, cuyos retales se esparcían a su alrededor; la señora Bovary madre, sin levantar los ojos, hacía crujir sus tijeras, y Carlos, con sus zapatillas de orillo y su vieja levita oscura que le servía de bata de casa, permanecía con las dos manos en los bolsillos y tampoco hablaba; al lado de ellos, Berta, con delantal blanco, rastrillaba con su pala la arena de los paseos. |
Tout à coup, ils virent entrer par la barrière M. Lheureux, le marchand d’étoffes. | De pronto vieron entrar por la barrera al señor Lheureux, el comerciante de telas. |
Il venait offrir ses services, eu égard à la fatale circonstance. Emma répondit qu’elle croyait pouvoir s’en passer. Le marchand ne se tint pas pour battu. | Venía a ofrecer sus servicios teniendo en cuenta la fatal circunstancia. Emma respondió que creía no necesitarlos. El comerciante no se dio por vencido. |
— Mille excuses, dit-il ; je désirerais avoir un entretien particulier. | Mil disculpas dijo ; desearía tener una conversación particular, privada. |
Puis, d’une voix basse : | Dcspués en voz baja: |
— C’est relativement à cette affaire…, vous savez ? | Es con relación a aquel asunto..., ¿:sabe? |
Charles devint cramoisi jusqu’aux oreilles. | Carlos enrojeció hasta las orejas. |
— Ah ! oui…, effectivement. | ¡Ah!, sí..., efectivamente. |
Et, dans son trouble, se tournant vers sa femme : | Y en su confusión, volviéndose a su mujer. |
— Ne pourrais-tu pas…, ma chérie… ? | ¿:No podrías..., querida? |
Elle parut le comprendre, car elle se leva, et Charles dit à sa mère : | Ella pareció comprenderle, pues se levantó, y Carlos dijo a su madre: |
— Ce n’est rien ! Sans doute quelque bagatelle de ménage. | ¡No es nada! Alguna menudencia doméstica. |
Il ne voulait point qu’elle connût l’histoire du billet, redoutant ses observations. | No quería de ninguna manera que su madre conociese la historia del pagaré, pues temía sus observaciones. |
Dès qu’ils furent seuls, M. Lheureux se mit, en termes assez nets, à féliciter Emma sur la succession, puis à causer de choses indifférentes, des espaliers, de la récolte et de sa santé à lui, qui allait toujours couci-couci, entre le zist et le zest. En effet, il se donnait un mal de cinq cents diables, bien qu’il ne fît pas, malgré les propos du monde, de quoi avoir seulement du beurre sur son pain. | Cuando estuvieron solos, el señor Lheureux empezó a felicitar, con palabras bastante claras, a Emma por la herencia, después a hablar de cosas indiferentes, de los árboles en espaldera, de la cosecha y de su propia salud, que seguía así así. En efecto, trabajaba como un condenado, aunque no ganaba más que para ir viviendo, a pesar de lo que decía la gente. |
Emma le laissait parler. Elle s’ennuyait si prodigieusement depuis deux jours ! | Emma le dejaba hablar. ¡Le aburría tanto desde hacía dos días! |
— Et vous voilà tout à fait rétablie ? continuait-il. Ma foi, j’ai vu votre pauvre mari dans de beaux états ! C’est un brave garçon, quoique nous ayons eu ensemble des difficultés. | ¿:Y ya está totalmente restablecida? continuaba . Mi palabra, que he visto a su pobre marido muy preocupado. Es un buen chico, aunque los dos hayamos tenido nuestras diferencias. |
Elle demanda lesquelles, car Charles lui avait caché la contestation des fournitures. | Ella preguntó cuáles, pues Carlos le había ocultado la disputa a propósito de las mercancías suministradas. |
— Mais vous le savez bien ! fit Lheureux. C’était pour vos petites fantaisies, les boîtes de voyage. | ¡Pero usted lo sabe bien! dijo Lheureux . Era por aquellos caprichos de usted, los artículos de viaje. |
Il avait baissé son chapeau sur ses yeux, et, les deux mains derrière le dos, souriant et sifflotant, il la regardait en face, d’une manière insupportable. Soupçonnait-il quelque chose ? Elle demeurait perdue dans toutes sortes d’appréhensions. À la fin pourtant, il reprit : | Se había echado el sombrero sobre los ojos, y con las dos manos detrás de la espalda, sonriendo y silbando ligeramente, la miraba de frente, de una manera insoportable. ¿:Sospechaba algo? Ella seguía hundida en un mar de conjeturas. Sin embargo, al final Lheureux continuó. |
— Nous nous sommes rapatriés, et je venais encore lui proposer un arrangement. | Nos hemos reconciliado ahora y venía a proponerle un arreglo. |
C’était de renouveler le billet signé par Bovary. Monsieur, du reste, agirait à sa guise ; il ne devait point se tourmenter, maintenant surtout qu’il allait avoir une foule d’embarras. | Era la renovación del pagaré firmado por Bovary. El señor, por lo demás, iría pagando como pudiera; no debía atormentarse, sobre todo ahora que iba a tener encima una serie de problemas. |
— Et même il ferait mieux de s’en décharger sur quelqu’un, sur vous, par exemple ; avec une procuration, ce serait commode, et alors nous aurions ensemble de petites affaires… | E incluso haría mejor descargando esa preocupación en alguien, en usted, por ejemplo; con un poder sería más cómodo, y entonces usted y yo juntos haríamos pequeños negocios. |
Elle ne comprenait pas. Il se tut. Ensuite, passant à son négoce, Lheureux déclara que Madame ne pouvait se dispenser de lui prendre quelque chose. Il lui enverrait un barège noir, douze mètres, de quoi faire une robe. | Emma no comprendía. Él se calló. Después, pasando a su negocio, Lheureux declaró que la señora no podía dejar de comprarle algo. Le enviaría un barège(3) negro, doce metros, para hacerse un vestido. |
— Celle que vous avez là est bonne pour la maison. Il vous en faut une autre pour les visites. J’ai vu ça, moi, du premier coup en entrant. J’ai l’œil américain. | El que lleva usted ahora está bien para andar por casa. Necesita otro para las visitas. Lo he observado a primera vista al entrar. Tengo mucha vista. |
Il n’envoya point d’étoffe, il l’apporta. Puis il revint pour l’aunage ; il revint sous d’autres prétextes, tâchant chaque fois, de se rendre aimable, serviable, s’inféodant, comme eût dit Homais, et toujours glissant à Emma quelques conseils sur la procuration. Il ne parlait point du billet. Elle n’y songeait pas ; Charles, au début de convalescence, lui en avait bien conté quelque chose ; mais tant d’agitations avaient passé dans sa tête, qu’elle ne s’en souvenait plus. D’ailleurs, elle se garda d’ouvrir aucune discussion d’intérêt ; la mère Bovary en fut surprise, et attribua son changement d’humeur aux sentiments religieux qu’elle avait contractés étant malade. | No envió la tela, la llevó él mismo. Después volvió para ver la que necesitaba; regresó con otros pretextos tratando cada vez de hacerse amable, servicial, enfeudándose, como habría dicho Homais, y siempre insinuando algunos consejos a Emma sobre el poder. No hablaba del pagaré. Emma no pensaba en eso. Carlos, al principio de su convalecencia, le había dicho algo; pero tantas cosas le habían pasado por la cabeza que ella ya no se acordaba. Además, evitó provocar toda discusión de intereses; la señora Bovary madre quedó sorprendida, y atribuyó su cambio de humor a los sentimientos religiosos que se le habían despertado durante su enfermedad. |
Mais, dès qu’elle fut partie, Emma ne tarda pas à émerveiller Bovary par son bon sens pratique. Il allait falloir prendre des informations, vérifier les hypothèques, voir s’il y avait lieu à une licitation ou à une liquidation. Elle citait des termes techniques, au hasard, prononçait les grands mots d’ordre, d’avenir, de prévoyance, et continuellement exagérait les embarras de la succession ; si bien qu’un jour elle lui montra le modèle d’une autorisation générale pour « gérer et administrer ses affaires, faire tous emprunts, signer et endosser tous billets, payer toutes sommes, etc. » Elle avait profité des leçons de Lheureux. | Pero, cuando se marchó la suegra, Emma no tardó en asombrar a su marido por su buen sentido práctico. Habría que informarse, comprobar las hipotecas, ver si había lugar a una subasta o a una liquidación. Citaba términos técnicos, al azar, pronunciaba las grandes palabras de orden, porvenir, previsión, y continuamente exageraba los problemas de la sucesión; de tal modo que un día le mostró el modelo de una autorización general para «regir y administrar sus negocios, hacer préstamos, firmar y endosar todos los pagarés, pagar toda clase de cuentas, etc.». Había aprovechado las lecciones de Lheureux. |
Charles, naïvement, lui demanda d’où venait ce papier. | Carlos, ingenuamente, le preguntó de dónde venía aquel papel. |
— De M. Guillaumin. | Del señor Guillaumin. |
Et, avec le plus grand sang-froid du monde, elle ajouta : | Y con la mayor sangre fría del mundo, añadió: |
— Je ne m’y fie pas trop. Les notaires ont si mauvaise réputation ! Il faudrait peut-être consulter… Nous ne connaissons que… Oh ! personne. | No me fío demasiado. ¡Los notarios tienen tan mala fama! Quizás habría que consultar... No conocemos más que.., ¡Oh!, nadie. |
— À moins que Léon…, répliqua Charles, qui réfléchissait. | A no ser que León... replicó Carlos, que reflexionaba. |
Mais il était difficile de s’entendre par correspondance. Alors elle s’offrit à faire ce voyage. Il la remercia. Elle insista. Ce fut un assaut de prévenances. Enfin, elle s’écria d’un ton de mutinerie factice : | Pero era difícil entenderse por correspondencia. Entonces Emma se ofreció a hacer aquel viaje. Carlos se lo agradeció. Ella insistió. Fue un forcejeo de amabilidades mutuas. Por fin, ella exclamó en un tono de enfado ficticio: |
— Non, je t’en prie, j’irai. | Nó, por favor, yo iré. |
— Comme tu es bonne ! dit-il en la baisant au front. | ¡Qué buena eres! le dijo besándole en la frente. |
Dès le lendemain, elle s’embarqua dans l’Hirondelle pour aller à Rouen consulter M. Léon ; et elle y resta trois jours. | Al día siguiente tomó «La Golondrina» para ir a Rouen a consultar al señor León; y se quedó allí tres días. |
III - III | III- CAPÍTULO III |
Ce furent trois jours pleins, exquis, splendides, une vraie lune de miel. | Fueron tres días llenos, exquisitos, espléndidos, una verdadera luna de miel. |
Ils étaient à l’Hôtel de Boulogne, sur le port. Et ils vivaient là, volets fermés, portes closes, avec des fleurs par terre et des sirops à la glace, qu’on leur apportait dès le matin. | Estaban en el «Hotel de Boulogne», en el puerto. Y a11í vivían, con los postigos y las puertas cerrados, con flores por el suelo y jarabes con hielo que les traían por la mañana temprano. |
Vers le soir, ils prenaient une barque couverte et allaient dîner dans une île. | Al atardecer tomaban una barca cubierta y se iban a cenar a una isla. |
C’était l’heure où l’on entend, au bord des chantiers, retentir le maillet des calfats contre la coque des vaisseaux. La fumée du goudron s’échappait d’entre les arbres, et l’on voyait sur la rivière de larges gouttes grasses, ondulant inégalement sous la couleur pourpre du soleil, comme des plaques de bronze florentin, qui flottaient. | Era la hora en que se oye al lado de los astilleros retumbar el mazo de los calafateadores contra el casco de los barcos. De entre los árboles salía el humo del alquitrán, y sobre el río se veían grandes goterones de grasa que ondulaban desigualmente bajo el color púrpura del sol como placas de bronce florentino que fotaran. |
Ils descendaient au milieu des barques amarrées, dont les longs câbles obliques frôlaient un peu le dessus de la barque. | Pasaba entre barcas amarradas cuyos largos cables oblicuos rozaban un poco la cubierta de la barca. |
Les bruits de la ville insensiblement s’éloignaient, le roulement des charrettes, le tumulte des voix, le jappement des chiens sur le pont des navires. Elle dénouait son chapeau et ils abordaient à leur île. Ils se plaçaient dans la salle basse d’un cabaret, qui avait à sa porte des filets noirs suspendus. Ils mangeaient de la friture d’éperlans, de la crème et des cerises. Ils se couchaient sur l’herbe ; ils s’embrassaient à l’écart sous les peupliers ; et ils auraient voulu, comme deux Robinsons, vivre perpétuellement dans ce petit endroit, qui leur semblait, en leur béatitude, le plus magnifique de la terre. Ce n’était pas la première fois qu’ils apercevaient des arbres, du ciel bleu, du gazon, qu’ils entendaient l’eau couler et la brise soufflant dans le feuillage ; mais ils n’avaient sans doute jamais admiré tout cela, comme si la nature n’existait pas auparavant, ou qu’elle n’eût commencé à être belle que depuis l’assouvissance de leurs désirs. | Insensiblemente se alejaban los ruidos de la audad, el rodar de los carros, el tumulto de las voces, el ladrido de los perros sobre el puente de los navíos. Emma se desataba el sombrero y llegaban a su isla. Se instalaban en la sala baja de una taberna, que tenía a la puerta unas redes negras colgadas. Comían fritura de eperlano, nata y cerezas. Se acostaban en la hierba; se besaban a escondidas bajo los álamos; y habrían querido, como dos Robinsones, vivir perpetuamente en aquel pequeño rincón que les parecía, en su plácida dicha, el más grandioso de la tierra. No era la primera vez que veían árboles, cielo azul, césped, que oían correr el agua y soplar la brisa en el follaje; pero sin duda nunca habían admirado todo esto, como si la naturaleza no existiera antes, o no hubiese comenzado a ser bella hasta que ellos tuvieron colmados sus deseos. |
À la nuit, ils repartaient. La barque suivait le bord des îles. Ils restaient au fond, tous les deux cachés par l’ombre, sans parler. Les avirons carrés sonnaient entre les tolets de fer ; et cela marquait dans le silence comme un battement de métronome, tandis qu’à l’arrière la bauce qui traînait ne discontinuait pas son petit clapotement doux dans l’eau. | Por la noche volvían. La barca bordeaba las islas. Los dos permanecían en el fondo, ocultos en la sombra, sin hablar. Los remos cuadrados sonaban entre los toletes de hierro; y era como si se marcase el compás con un metrónomo, mientras que detrás la cuerda que arrastraba no interrumpía su pequeño chapoteo suave en el agua. |
Une fois, la lune parut ; alors ils ne manquèrent pas à faire des phrases, trouvant l’astre mélancolique et plein de poésie ; même elle se mit à chanter : | Una vez salió la luna; entonces se pusieron a hacer frases, inspiradas en el astro melancólico y lleno de poesía; incluso Emma se puso a cantar: |
Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions, etc. | Un soir, t′en souvient il? Nous voguious, etc.(1) |
Sa voix harmonieuse et faible se perdait sur les flots ; et le vent emportait les roulades que Léon écoutait passer, comme des battements d’ailes, autour de lui. | 1. «Un soir, t′en souvient il? Nous voguions en silence...: Una tarde, ¿:te acuerdas?, bajábamos sin decirnos nada. Es un verso de un poema de Lamartine, titulado «Le Lac». |
Elle se tenait en face, appuyée contre la cloison de la chaloupe, où la lune entrait par un des volets ouverts. Sa robe noire, dont les draperies s’élargissaient en éventail, l’amincissait, la rendait plus grande. Elle avait la tête levée, les mains jointes, et les deux yeux vers le ciel. Parfois l’ombre des saules la cachait en entier, puis elle réapparaissait tout à coup, comme une vision, dans la lumière de la lune. | Su voz armoniosa y suave se perdía sobre las olas; y el viento se llevaba los trinos que León escuchaba pasar como un batir de alas alrededor de él. Emma se mantenía enfrente, apoyada en el tabique de la chalupa, donde entraba la luna por una de las ventanas abiertas. Su vestido negro, cuyos pliegues se ensanchaban en abanico, la hacía más delgada y más alta. Tenía la cabeza erguida, las manos juntas y los ojos mirando al cielo. A veces la sombra de los sauces la ocultaba por completo, luego reaparecía de pronto como una visión a la luz de la luna. |
Léon, par terre, à côté d’elle, rencontra sous sa main un ruban de soie ponceau. | León, en el suelo, al lado de ella, encontró bajo su mano una cinta de seda color rojo vivo. |
Le batelier l’examina et finit par dire : | El barquero la examinó y acabó por decir: |
— Ah ! c’est peut-être à une compagnie que j’ai promenée l’autre jour. Ils sont venus un tas de farceurs, messieurs et dames, avec des gâteaux, du champagne, des cornets à pistons, tout le tremblement ! Il y en avait un surtout, un grand bel homme, à petites moustaches, qui était joliment amusant ! et ils disaient comme ça : « Allons, conte-nous quelque chose…, Adolphe…, Dodolphe…, je crois. » | ¡Ah!, puede que sea de un grupo que paseé el otro día. Vinieron un montón de comediantes, señores y señoras, con pasteles, champán, cornetines, y toda la pesca; había uno sobre todo, un mozo alto y guapo, con bigotito, que era muy divertido, y decían algo así: «Vamos, cuéntanos algo..., Adolfo..., Dodolfo...», me parece. |
Elle frissonna. | Emma se estremeció. |
— Tu souffres ? fit Léon en se rapprochant d’elle. | ¿:Te sientes mal? dijo León acercándose a ella. |
— Oh ! ce n’est rien. Sans doute, la fraîcheur de la nuit. | ¡Ah!, no es nada. Sin duda, el fresco de la noche. |
— Et qui ne doit pas manquer de femmes, non plus, ajouta doucement le vieux matelot, croyant dire une politesse à l’étranger. | Y no deben de faltarle mujeres, tampoco añadió el viejo marinero, creyendo halagar al forastero. |
Puis, crachant dans ses mains, il reprit ses avirons. | Después, escupiendo en las manos, volvió a coger los remos. |
Il fallut pourtant se séparer ! Les adieux furent tristes. C’était chez la mère Rolet qu’il devait envoyer ses lettres ; et elle lui fit des recommandations si précises à propos de la double enveloppe, qu’il admira grandement son astuce amoureuse. | ¡Sin embargo, hubo que separarse! Los adioses fueron tristes. Era a casa de la tía Rolet adonde tenía que enviar las cartas; y le hizo unas recomendaciones tan precisas sobre el doble sobre, que León admiró grandemente su astucia amorosa. |
— Ainsi, tu m’affirmes que tout est bien ? dit-elle dans le dernier baiser. | Entonces, ¿:me dices que todo está bien? le dijo ella en el último beso. |
— Oui certes ! — Mais pourquoi donc, songea-t-il après, en s’en revenant seul par les rues, tient-elle si fort à cette procuration ? | ¡Desde luego que sí! Pero, ¿:por qué, pensó él después, volviendo solo por las calles, tiene tanto interés por el poder? |
III - IV | III- CAPÍTULO IV |
Léon, bientôt, prit devant ses camarades un air de supériorité ; s’abstint de leur compagnie, et négligea complètement les dossiers. Il attendait ses lettres ; il les relisait. Il lui écrivait. Il l’évoquait de toute la force de son désir et de ses souvenirs. Au lieu de diminuer par l’absence, cette envie de la revoir s’accrut, si bien qu’un samedi matin il s’échappa de son étude. | Enseguida León empezó a adoptar un aire de superioridad ante sus camaradas, prescindió de su compañía, y descuidó por completo los legajos. Esperaba las cartas de Emma; las releía. Le contestaba. La evocaba con toda la fuerza de su deseo y de sus recuerdos. En vez de disminuir con la ausencia, aquel deseo de volver a verla se acrecentó de tal modo que un sábado por la mañana se escapó de su despacho. |
Lorsque, du haut de la côte, il aperçut dans la vallée le clocher de l’église avec son drapeau de fer-blanc qui tournait au vent, il sentit cette délectation mêlée de vanité triomphante et d’attendrissement égoïste que doivent avoir les millionnaires, quand ils reviennent visiter leur village. | Cuando desde lo alto de la cuesta divisó en el valle el campanario de la iglesia con su bandera de hojalata que giraba al viento, sintió ese deleite mezcla de vanidad triunfante y de enternecimiento egoísta que deben de experimentar los millonarios cuando vuelven a visitar su pueblo. |
Il alla rôder autour de sa maison. Une lumière brillait dans la cuisine. Il guetta son ombre derrière les rideaux. Rien ne parut. | Fue a rondar alrededor de su casa. En la cocina brillaba una luz. Espió su sombra detrás de las cortinas. No apareció nada. |
La mère Lefrançois, en le voyant, fit de grandes exclamations, et elle le trouva « grandi et minci », tandis qu’Artémise, au contraire, le trouva « forci et bruni ». | La tía Lefrançois al verle hizo grandes exclamaciones, y lo encontró «alto y delgado», mientras que Artemisa, por el contrario, lo encontró «más fuerte y más moreno». |
Il dîna dans la petite salle, comme autrefois, mais seul, sans le percepteur ; car Binet, fatigué d’attendre l’Hirondelle, avait définitivement avancé son repas d’une heure, et, maintenant, il dînait à cinq heures juste, encore prétendait-il le plus souvent que la vieille patraque retardait. | Cenó, como en otro tiempo, en la salita, pero solo, sin el recaudador; pues Binet, «cansado» de esperar «La Golondrina», había decidido cenar una hora antes, y ahora cenaba a las cinco en punto, y aún decía que la vieja carraca se retrasaba. |
Léon pourtant se décida ; il alla frapper à la porte du médecin : Madame était dans sa chambre, d’où elle ne descendit qu’un quart d’heure après. Monsieur parut enchanté de le revoir ; mais il ne bougea de la soirée, ni de tout le jour suivant. | Sin embargo, León se decidió; fue a llamar a casa del médico. La señora estaba en su habitación, de donde no bajó hasta un cuarto de hora después. El señor pareció encantado de volver a verle; pero no se movió de casa en toda la noche ni en todo el día siguiente. |
Il la vit seule, le soir, très tard, derrière le jardin, dans la ruelle ; — dans la ruelle, comme avec l’autre ! Il faisait de l’orage, et ils causaient sous un parapluie à la lueur des éclairs. | León la vio a solas, muy tarde, por la noche, detrás de la huerta, en la callejuela; ¡en la callejuela, como con el otro! Había tormenta y conversaban bajo un paraguas a la luz de los relámpagos. |
Leur séparation devenait intolérable. | La separación se les hacía insoportable. |
— Plutôt mourir ! disait Emma. | ¡Antes morir! decía Emma. |
Elle se tordait sur son bras, tout en pleurant. | Y se retorcía en sus brazos bañada en lágrimas. |
— Adieu !… adieu !… Quand te reverrai-je ? | ¡Adiós!..., ¡adiós!... ¿:Cuándo lo volveré a ver? |
Ils revinrent sur leurs pas pour s’embrasser encore ; et ce fut là qu’elle lui fit la promesse de trouver bientôt, par n’importe quel moyen, l’occasion permanente de se voir en liberté, au moins une fois la semaine. Emma n’en doutait pas. Elle était, d’ailleurs, pleine d’espoir. Il allait lui venir de l’argent. | Volvieron sobre sus pasos para besarse otra vez; y entonces Emma le hizo la promesa de encontrar muy pronto, como fuese, la ocasión permanente para verse en libertad, al menos una vez por semana. Emma no lo dudaba. Estaba, además, llena de esperanza. Iba a recibir dinero. |
Aussi, elle acheta pour sa chambre une paire de rideaux jaunes à larges raies, dont M. Lheureux lui avait vanté le bon marché ; elle rêva un tapis, et Lheureux, affirmant « que ce n’était pas la mer à boire », s’engagea poliment à lui en fournir un. Elle ne pouvait plus se passer de ses services. Vingt fois dans la journée elle l’envoyait chercher, et aussitôt il plantait là ses affaires, sans se permettre un murmure. On ne comprenait point davantage pourquoi la mère Rolet déjeunait chez elle tous les jours, et même lui faisait des visites en particulier. | Y así compró para su habitación un par de cortinas amariIlas de rayas anchas que el señor Lheureux le había ofrecido baratas; pensó en una alfombra, y Lheureux, diciendo que «aquello no era pedir la luna», se comprometió amablemente a proporcionarle una. Emma no podía prescindir de sus servicios. Mandaba a buscarle veinte veces al día, y él se presentaba en el acto con sus artículos sin rechistar una palabra. No acertaba a comprender por qué la tía Rolet almorzaba todos los días en casa de Emma, a incluso le hacía visitas particulares. |
Ce fut vers cette époque, c’est-à-dire vers le commencement de l’hiver, qu’elle parut prise d’une grande ardeur musicale. | Fue por aquella época, es decir hacia comienzos del invierno, cuando le entró una gran fiebre musical. |
Un soir que Charles l’écoutait, elle recommença quatre fois de suite le même morceau, et toujours en se dépitant, tandis que, sans y remarquer de différence, il s’écriait : | Una noche que Carlos la escuchaba volvió a empezar cuatro veces seguidas el mismo trozo, dejándolo siempre con despecho, insatisfecha, mientras que Carlos, sin notar la diferencia, exclamaba: |
— Bravo !…, très bien !… Tu as tort ! va donc ! | ¡Bravo!..., ¡muy bien!... ¿:Por qué te incomodas? ¡Adelante! |
— Eh non ! c’est exécrable ! j’ai les doigts rouillés. | ¡Pues no! ¡Me sale muy mal!, tengo los dedos entumecidos. |
Le lendemain, il la pria de lui jouer encore quelque chose. | Al día siguiente Carlos le pidió que le volviera a tocar algo. |
— Soit, pour te faire plaisir ! | ¡Vaya, para darte gusto! |
Et Charles avoua qu’elle avait un peu perdu. Elle se trompait de portée, barbouillait ; puis, s’arrêtant court : | Y Carlos confesó que había perdido un poco. Se equivocaba de pentagrama, se embarullaba; después, parando en seco: |
— Ah ! c’est fini ! il faudrait que je prisse des leçons ; mais… | ¡Ea, se acabó!, tendría que tomar unas lecciones; pero... |
Elle se mordit les lèvres et ajouta : | Se mordió los labios y añadió: |
— Vingt francs par cachet, c’est trop cher ! | Veinte francos por lección es demasiado caro. |
— Oui, en effet…, un peu…, dit Charles tout en ricanant niaisement. Pourtant, il me semble que l’on pourrait peut-être à moins ; car il y a des artistes sans réputation qui souvent valent mieux que les célébrités. | Sí, en efecto..., un poco... dijo Carlos con una risita boba . Sin embargo, creo que quizás se conseguiría por menos, pues hay artistas desconocidos que muchas veces valen más que celebridades. |
— Cherche-les, dit Emma. | Búscalos dijo Emma. |
Le lendemain, en rentrant, il la contempla d’un œil finaud, et ne put à la fin retenir cette phrase : | Al día siguiente, al regresar a casa, la contempló con una mirada pícara, y por fin no pudo dejar de escapar esta frase: |
— Quel entêtement tu as quelquefois ! J’ai été à Barfeuchères aujourd’hui. Eh bien, Mme Liégeard m’a certifié que ses trois demoiselles, qui sont à la Miséricorde, prenaient des leçons moyennant cinquante sous la séance, et d’une fameuse maîtresse encore ! | ¡Qué tozuda eres a veces! Hoy he estado en Barfeuchères. Bueno, pues la señora Liégeard me ha asegurado que sus tres hijas, que están en la Misericordia, tomaban lecciones por cincuenta sueldos la sesión, y, además, ¡de una famosa profesora! |
Elle haussa les épaules, et ne rouvrit plus son instrument. | Emma se encogió de hombros y no volvió a abrir su instrumento. |
Mais, lorsqu’elle passait auprès (si Bovary se trouvait là), elle soupirait : | Pero cuando pasaba cerca de él, si Bovary estaba allí, suspiraba: |
— Ah ! mon pauvre piano ! | ¡Ah!, ¡pobre piano mío! |
Et quand on venait la voir, elle ne manquait pas de vous apprendre qu’elle avait abandonné la musique et ne pouvait maintenant s’y remettre, pour des raisons majeures. Alors on la plaignait. C’était dommage ! elle qui avait un si beau talent ! On en parla même à Bovary. On lui faisait honte, et surtout le pharmacien : | Y cuando iban a verla no dejaba de explicar que había abandonado la música y que ahora no podía ponerse de nuevo a ella por razones de fuerza mayor. Entonces la compadecían. ¡Qué lástima!, ¡ella que tenía tan buenas disposiciones! Incluso se lo decían a Bovary. Se lo echaban en cara, y sobre todo el farmacéutico. |
— Vous avez tort ! il ne faut jamais laisser en friche les facultés de la nature. D’ailleurs, songez, mon bon ami, qu’en engageant Madame à étudier, vous économisez pour plus tard sur l’éducation musicale de votre enfant ! Moi, je trouve que les mères doivent instruire elles-mêmes leurs enfants. C’est une idée de Rousseau, peut-être un peu neuve encore, mais qui finira par triompher, j’en suis sûr, comme l’allaitement maternel et la vaccination. | ¡Hace usted mal!, nunca se deben dejar a barbecho las dotes naturales. Además, piense, amigo mío, que animando a la señora a estudiar, usted economiza para más adelante en la educación musical de su hija. Yo soy partidario de que las madres eduquen personalmente a sus hijos. Es una idea de Rousseau, quizás todavía un poco nueva, pero que acabará imponiéndose, estoy seguro, como la lactancia materna y la vacuna. |
Charles revint donc encore une fois sur cette question du piano. Emma répondit, avec aigreur qu’il valait mieux le vendre. Ce pauvre piano, qui lui avait causé tant de vaniteuses satisfactions, le voir s’en aller, c’était pour Mme Bovary comme l’indéfinissable suicide d’une partie d’elle-même ! | Carlos volvió a insistir sobre aquella cuestión del piano, Emma respondió con acritud que era mejor venderlo. Ver marchar aquel piano, que le había proporcionado tantas vanidosas satisfacciones, era para Madame Bovary como el indefinible suicidio de una parte de ella misma. |
— Si tu voulais…, disait-il, de temps à autre, une leçon, cela ne serait pas, après tout, extrêmement ruineux. | Si quisieras... decía él , de vez en cuando, una lección no sería, después de todo, extremadamente ruinoso. |
— Mais les leçons, répliquait-elle, ne sont profitables que suivies. | Pero las lecciones replicaba ella sólo resultan provechosas si son seguidas. |
Et voilà comme elle s’y prit pour obtenir de son époux la permission d’aller à la ville, une fois la semaine, voir son amant. On trouva même, au bout d’un mois, qu’elle avait fait des progrès considérables. | Y fue así como se las arregló para conseguir de su esposo el permiso para ir a la ciudad una vez por semana a ver a su amante. Y al cabo de un mes reconocieron incluso que había hecho progresos considerables. |
III - V | III- CAPÍTULO V |
C’était le jeudi. Elle se levait, et elle s’habillait silencieusement pour ne point éveiller Charles qui lui aurait fait des observations sur ce qu’elle s’apprêtait de trop bonne heure. Ensuite elle marchait de long en large ; elle se mettait devant les fenêtres, elle regardait la place. Le petit jour circulait entre les piliers des halles, et la maison du pharmacien, dont les volets étaient fermés, laissait apercevoir dans la couleur pâle de l’aurore les majuscules de son enseigne. | Era los jueves. Emma se levantaba y se vestía en silencio para no despertar a Carlos, quien la hubiera reprendido cariñosamente por arreglarse tan temprano. Después caminaba de un lado para otro; se ponía delante de las ventanas, miraba la plaza. La primera claridad circulaba entre los pilares del mercado, y la casa del farmacéutico, cuyos postigos estaban cerrados, dejaba ver en el color pálido del amanecer las mayúsculas de su rótulo. |
Quand la pendule marquait sept heures et un quart, elle s’en allait au Lion d’or, dont Artémise, en bâillant, venait lui ouvrir la porte. Celle-ci déterrait pour Madame les charbons enfouis sous les cendres. Emma restait seule dans la cuisine. De temps à autre, elle sortait. Hivert attelait sans se dépêcher, et en écoutant d’ailleurs la mère Lefrançois, qui, passant par un guichet sa tête en bonnet de coton, le chargeait de commissions et lui donnait des explications à troubler un tout autre homme. Emma battait la semelle de ses bottines contre les pavés de la cour. Enfin, lorsqu’il avait mangé sa soupe, endossé sa limousine, allumé sa pipe et empoigné son fouet, il s’installait tranquillement sur le siège. | Cuando el reloj marcaba las siete y cuarto se iba al «León de Oro», cuya puerta venía a abrirle Artemisa medio dormida. Removía para la señora las brasas escondidas bajo las cenizas. Emma se quedaba sola en la cocina. De vez en cuando salía. Hivert enganchaba los caballos sin prisa a la vez que escuchaba a la tía Lefrançois que, sacando por una ventanilla la cabeza tocada con gorro de algodón, le hacía muchos encargos y le daba explicaciones como para volver loco a cualquier otro hombre. Emma se calentaba los pies pateando con sus botines los adoquines del patio. Por fin, después de haber tomado la sopa, puesto su capote, encendido la pipa y empuñado la fusta, Hivert se instalaba tranquilamente en el pescante. |
L’Hirondelle partait au petit trot, et, durant trois quarts de lieue, s’arrêtait de place en place pour prendre des voyageurs, qui la guettaient debout, au bord du chemin, devant la barrière des cours. Ceux qui avaient prévenu la veille se faisaient attendre ; quelques-uns même étaient encore au lit dans leur maison ; Hivert appelait, – criait, sacrait, puis il descendait de son siège et allait frapper de grands coups contre les portes. Le vent soufflait par les vasistas fêlés. | «La Golondrina» arrancaba a trote corto, y durante tres cuartos de legua se paraba de trecho en trecho para tomar viajeros que la aguardaban de pie, a orilla del camino, delante de la tapia de los corrales. Los que habían avisado la víspera se hacían esperar; algunos incluso estaban todavía en cama en sus casas; Hivert llamaba, gritaba, juraba, luego se apeaba a iba a golpear fuertemente a las puertas. El viento soplaba por las rendijas de las ventanillas. |
Cependant les quatre banquettes se garnissaient, la voiture roulait, les pommiers à la file se succédaient ; et la route, entre ses deux longs fossés pleins d’eau jaune, allait continuellement se rétrécissant vers l’horizon. | Entretanto, las cuatro banquetas se llenaban, el coche rodaba, los manzanos en fila se sucedían; y la carretera, entre sus dos largas cunetas llenas de agua amarillenta, iba estrechándose continuamente hacia el horizonte. |
Emma la connaissait d’un bout à l’autre ; elle savait qu’après un herbage il y avait un poteau, ensuite un orme, une grange ou une cahute de cantonnier ; quelquefois même, afin de se faire des surprises, elle fermait les yeux. Mais elle ne perdait jamais le sentiment net de la distance à parcourir. | Emma la conocía de punta a cabo, sabía que después de un pastizal había un poste, después un olmo, un granero o una casilla de caminero; a veces, incluso, para darse sorpresas, cerraba los ojos. Pero no perdía nunca el sentido claro de la distancia que faltaba por recorrer. |
Enfin, les maisons de briques se rapprochaient, la terre résonnait sous les roues, l’Hirondelle glissait entre des jardins où l’on apercevait, par une claire-voie, des statues, un vignot, des ifs taillés et une escarpolette. Puis, d’un seul coup d’œil, la ville apparaissait. | Por fin, se acercaban las casas de ladrillos, la tierra resonaba bajo las ruedas. «La Golondrina» se deslizaba entre jardines donde se percibían por una empalizada estatuas, una parra, unos tejos recortados y un columpio. Luego, en un solo golpe de vista, aparecía la ciudad. |
Descendant tout en amphithéâtre et noyée dans le brouillard, elle s’élargissait au delà des ponts, confusément. La pleine campagne remontait ensuite d’un mouvement monotone, jusqu’à toucher au loin la base indécise du ciel pâle. Ainsi vu d’en haut, le paysage tout entier avait l’air immobile comme une peinture ; les navires à l’ancre se tassaient dans un coin ; le fleuve arrondissait sa courbe au pied des collines vertes, et les îles, de forme oblongue, semblaient sur l’eau de grands poissons noirs arrêtés. Les cheminées des usines poussaient d’immenses panaches bruns qui s’envolaient par le bout. On entendait le ronflement des fonderies avec le carillon clair des églises qui se dressaient dans la brume. Les arbres des boulevards, sans feuilles, faisaient des broussailles violettes au milieu des maisons, et les toits, tout reluisants de pluie, miroitaient inégalement, selon la hauteur des quartiers. Parfois un coup de vent emportait les nuages vers la côte Sainte-Catherine, comme des flots aériens qui se brisaient en silence contre une falaise. | Situada por completo en el anfiteatro y envuelta en la niebla, se ensanchaba más a11á de los puentes, confusamente. Luego la campiña volvía a subir con una ondulación monótona, hasta tocar en la lejanía la base indecisa del cielo pálido. Visto así desde arriba, todo el paisaje tenía el aire inmóvil de una pintura; los barcos anclados se amontonaban en un rincón; el río redondeaba su curva al pie de las colinas verdes, y las islas, de forma oblonga, parecían sobre el agua grandes peces negros parados. Las chimeneas de las fábricas lanzaban inmensos penachos oscuros que levantaban el vuelo por su extremo. Se oía el ronquido de las fundiciones con el carillón claro de las iglesias que se alzaban en la bruma. Los árboles de los bulevares, sin hojas, formaban como una maraña color violeta en medio de las casas, y los tejados, todos relucientes de lluvia, reflejaban de modo desigual según la altura de los barrios. A veces un golpe de viento llevaba las nubes hacia la costa de Santa Catalina, como olas aéreas que se rompían en silencio contra un acantilado. |
Quelque chose de vertigineux se dégageait pour elle de ces existences amassées, et son cœur s’en gonflait abondamment, comme si les cent vingt mille âmes qui palpitaient là lui eussent envoyé toutes à la fois la vapeur des passions qu’elle leur supposait. Son amour s’agrandissait devant l’espace, et s’emplissait de tumulte aux bourdonnements vagues qui montaient. Elle le reversait au dehors, sur les places, sur les promenades, sur les rues, et la vieille cité normande s’étalait à ses yeux comme une capitale démesurée, comme une Babylone où elle entrait. Elle se penchait des deux mains par le vasistas, en humant la brise ; les trois chevaux galopaient, les pierres grinçaient dans la boue, la diligence se balançait, et Hivert, de loin, hélait les carrioles sur la route, tandis que les bourgeois qui avaient passé la nuit au bois Guillaume descendaient la côte tranquillement, dans leur petite voiture de famille. | Algo vertiginoso se desprendía para ella de estas existencias amontonadas, y su corazón se ensanchaba ampliamente como si las ciento veinte mil almas que palpitaban a11í le hubiesen enviado todas a la vez el vapor de las pasiones que ella les suponía. Su amor crecía ante el espacio y se llenaba de tumulto con los zumbidos vagos que subían. Ella to volvía a derramar fuera, en las plazas, en los paseos, en las calles, y la vieja ciudad normanda aparecía ante sus ojos como una capital desmesurada, como una Babilonia en la que ella entraba. Se asomaba con las dos manos por la ventanilla, aspirando la brisa; los tres caballos galopaban, las piedras rechinaban en el barro, la diligencia se balanceaba, a Hivert, de lejos, daba voces a los carricoches en la carretera, mientras que los burgueses que habían pasado la noche en el bosque Guillaume bajaban la cuesta tranquilamente en su cochecito familiar. |
On s’arrêtait à la barrière ; Emma débouclait ses socques, mettait d’autres gants, rajustait son châle, et, vingt pas plus loin, elle sortait de l’hirondelle. | Se paraban en la barrera; Emma se desataba los chanclos, cambiaba de guantes, se ponía bien el chal, y veinte pasos más lejos se apeaba de «La Golondrina». |
La ville alors s’éveillait. Des commis, en bonnet grec, frottaient la devanture des boutiques, et des femmes qui tenaient des paniers sur la hanche poussaient par intervalles un cri sonore, au coin des rues. Elle marchait les yeux à terre, frôlant les murs, et souriant de plaisir sous son voile noir baissé. | La ciudad se despertaba entonces. Los dependientes, con gorro griego, frotaban el escaparate de las tiendas, y unas mujeres con cestos apoyados en la cadera lanzaban a intervalos un grito sonoro en las esquinas de las calles. Ella caminaba con los ojos fijos en el suelo, rozando las paredes y sonriendo de placer bajo su velo negro que le cubría la cara. |
Par peur d’être vue, elle ne prenait pas ordinairement le chemin le plus court. Elle s’engouffrait dans les ruelles sombres, et elle arrivait tout en sueur vers le bas de la rue Nationale, près de la fontaine qui est là. C’est le quartier du théâtre, des estaminets et des filles. Souvent une charrette passait près d’elle, portant quelque décor qui tremblait. Des garçons en tablier versaient du sable sur les dalles, entre des arbustes verts. On sentait l’absinthe, le cigare et les huîtres. | Por miedo a que la vieran, no tomaba ordinariamente el camino más corto. Se metía por las calles oscuras y llegaba toda sudorosa hacia la parte baja de la calle Nationale, cerca de la fuente que hay a11í. Es el barrio del teatro, de las tabernas y de las prostitutas. A menudo pasaba al lado de ella una carreta que llevaba algún decorado que se movía. Unos chicos con delantal echaban arena sobre las losas entre arbustos verdes. Olía a ajenjo, a tabaco y a ostras. |
Elle tournait une rue ; elle le reconnaissait à sa chevelure frisée qui s’échappait de son chapeau. | Emma torcía por una calle, reconocía a León por su pelo rizado que se salía de su sombrero. |
Léon, sur le trottoir, continuait à marcher. Elle le suivait jusqu’à l’hôtel ; il montait, il ouvrait la porte, il entrait… Quelle étreinte ! Puis les paroles, après les baisers, se précipitaient. On se racontait les chagrins de la semaine, les pressentiments, les inquiétudes pour les lettres ; mais à présent tout s’oubliait, et ils se regardaient face à face, avec des rires de volupté et des appellations de tendresse. | León continuaba caminando por la acera. Ella le seguía hasta el hotel, él abría la puerta, entraba... ¡Qué apretón, qué abrazo! Después se precipitaban las palabras, los besos. Se contaban las penas de la semana, los presentimientos, las inquietudes por las cartas; pero ahora se olvidaba todo y se miraban frente a frente con risas de voluptuosidad y palabras de ternura. |
Le lit était un grand lit d’acajou en forme de nacelle. Les rideaux de levantine rouge, qui descendaient du plafond, se cintraient trop bas vers le chevet évasé ; — et rien au monde n’était beau comme sa tête brune et sa peau blanche se détachant sur cette couleur pourpre, quand, par un geste de pudeur, elle fermait ses deux bras nus, en se cachant la figure dans les mains. | La cama era un gran lecho de caoba en forma de barquilla. Las cortinas de seda roja lisa, que bajaban del techo, se recogían muy abajo, hacia la cabecera que se ensanchaba; y nada en el mundo era tan bello como su cabeza morena y su piel blanca que se destacaban sobre aquel color púrpura, cuando con un gesto de pudor cerraba los brazos desnudos, tapándose la cara con las manos. |
Le tiède appartement, avec son tapis discret, ses ornements folâtres et sa lumière tranquille, semblait tout commode pour les intimités de la passion. Les bâtons se terminant en flèche, les patères de cuivre et les grosses boules de chenets reluisaient tout à coup, si le soleil entrait. Il y avait sur la cheminée, entre les candélabres, deux de ces grandes coquilles roses où l’on entend le bruit de la mer quand on les applique à son oreille. | El tibio aposento con su alfombra discreta, sus adornos juguetones y su luz tranquila parecía muy a propósito para las intimidades de la pasión. Las barras terminaban en punta de flecha, los alzapaños de cobre y las gruesas bolas de los morillos relucían de pronto cuando entraba el sol. Sobre la chimenea, entre los candelabros, había dos de esas grandes caracolas rosadas en las que se oye el ruido del mar cuando se las acerca al oído. |
Comme ils aimaient cette bonne chambre pleine de gaieté, malgré sa splendeur un peu fanée ! Ils retrouvaient toujours les meubles à leur place, et parfois des épingles à cheveux qu’elle avait oubliées, l’autre jeudi, sous le socle de la pendule. Ils déjeunaient au coin du feu, sur un petit guéridon incrusté de palissandre. Emma découpait, lui mettait les morceaux dans son assiette en débitant toutes sortes de chatteries ; et elle riait d’un rire sonore et libertin quand la mousse du vin de Champagne débordait du verre léger sur les bagues de ses doigts. Ils étaient si complètement perdus en la possession d’eux-mêmes, qu’ils se croyaient là dans leur maison particulière, et devant y vivre jusqu’à la mort, comme deux éternels jeunes époux. Ils disaient notre chambre, notre tapis, nos fauteuils, même elle disait mes pantoufles, un cadeau de Léon, une fantaisie qu’elle avait eue. C’étaient des pantoufles en satin rose, bordées de cygne. Quand elle s’asseyait sur ses genoux, sa jambe, alors trop courte, pendait en l’air ; et la mignarde chaussure, qui n’avait pas de quartier, tenait seulement par les orteils à son pied nu. | ¡Cuánto les gustaba aquel cómodo aposento, lleno de alegría, a pesar de su esplendor un poco marchito! Siempre encontraban los muebles en su sitio, y a veces unas horquillas que Emma había olvidado el jueves anterior bajo el soporte del reloj. Comían al lado del fuego, en un pequeño velador con incrustaciones de palisandro. Emma trinchaba, le ponía los trozos en su plato diciéndole toda clase de zalamerías; y se reía con una risa sonora y libertina cuando la espuma del champán desbordaba el vaso ligero sobre las sortijas de sus dedos. Estaban tan completamente locos en la posesión de sí mismos que se creían allí en su propia casa, y como si fueran a vivir a11í hasta la muerte como dos eternos recién casados. Decían nuestra habitación, nuestra alfombra, nuestras butacas, incluso ella decía mis pantuflas, un regalo de León, un capricho que ella había tenido. Eran unas pantuflas de raso color rosa ribeteadas de plumón de cisne. Cuando se sentaba sobre las rodillas de León, su pierna, entonces demasiado corta, colgaba en el aire, y el gracioso calzado, que no tenía contrafuerte, se sostenía sólo por los dedos de su pie desnudo. |
Il savourait pour la première fois l’inexprimable délicatesse des élégances féminines. Jamais il n’avait rencontré cette grâce de langage, cette réserve du vêtement, ces poses de colombe assoupie. Il admirait l’exaltation de son âme et les dentelles de sa jupe. D’ailleurs, n’était-ce pas une femme du monde, et une femme mariée ! une vraie maîtresse enfin ? | Él saboreaba por primera vez la indecible delicadeza de las elegancias femeninas. Nunca había conocido aquella gracia de lenguaje, aquel pudor en el vestido, aquellas posturas de paloma adormilada. Admiraba la exaltación de su alma y los encajes de su falda. Además, ¿:no era «una mujer de mundo» y una mujer casada, en fin, una verdadera amante? |
Par la diversité de son humeur, tour à tour mystique ou joyeuse, babillarde, taciturne, emportée, nonchalante, elle allait rappelant en lui mille désirs, évoquant des instincts ou des réminiscences. Elle était l’amoureuse de tous les romans, l’héroïne de tous les drames, le vague elle de tous les volumes de vers. Il retrouvait sur ses épaules la couleur ambrée de l’odalisque au bain ; elle avait le corsage long des châtelaines féodales ; elle ressemblait aussi à la femme pâle de Barcelone, mais elle était par-dessus tout Ange ! | Por la diversidad de su humor, alternativamente místico o alegre, charlatán, taciturno, exaltado o indolente, ella iba despertando en él mil deseos evocando instintos o reminiscencias. Era la enamorada de todas las novelas, la heroína de todos los dramas, la vaga «ella» de todos los libros de versos. Encontraba en sus hombros el color ámbar de la Odalisca en el baño; tenía el largo corpiño de bas castellanas feudales; se parecía también a la Mujer pálida de Barcelona, pero por encima de todo era un ángel. |
Souvent, en la regardant, il lui semblait que son âme, s’échappant vers elle, se répandait comme une onde sur le contour de sa tête, et descendait entraînée dans la blancheur de sa poitrine. | A menudo, al mirarla, le parecía a León que su alma, escapándose hacia ella, se esparcía como una onda sobre el contorno de su cabeza y descendía arrastrada hacia la blancura de su seno. |
Il se mettait par terre, devant elle ; et, les deux coudes sur ses genoux, il la considérait avec un sourire, et le front tendu. | Se ponía en el suelo delante de ella, y con los codos sobre las rodillas la contemplaba sonriendo y con la frente tensa. |
Elle se penchait vers lui et murmurait, comme suffoquée d’enivrement : | Ella se inclinaba sobre él y murmuraba como sofocada de embriaguez: |
— Oh ! ne bouge pas ! ne parle pas ! regarde-moi ! Il sort de tes yeux quelque chose de si doux, qui me fait tant de bien ! | iOh!, ¡no te muevas!, ¡no hables!, ¡mírame! ¡De tus ojos sale algo tan dulce, que me hace tanto bien! |
Elle l’appelait enfant : | Le llamaba niño: |
— Enfant, m’aimes-tu ? | Niño, ¿:me quieres? |
Et elle n’entendait guère sa réponse, dans la précipitation de ses lèvres qui lui montaient à la bouche. | Y apenas oía su respuesta, en la precipitación con que aquellos labios subían para dársela en la boca. |
Il y avait sur la pendule un petit Cupidon de bronze, qui minaudait en arrondissant les bras sous une guirlande dorée. Ils en rirent bien des fois ; mais, quand il fallait se séparer, tout leur semblait sérieux. | Había encima del reloj de péndulo un pequeño Cupido de bronce que hacía melindres redondeando los brazos bajo una guirnalda dorada. Muchas veces se rieron de él, pero cuando había que separarse todo les parecía serio. |
Immobiles l’un devant l’autre, ils se répétaient : | Inmóviles el uno frente al otro, se repetían: |
— À jeudi !… à jeudi ! | ¡Hasta el jueves!..., ¡hasta el jueves! |
Tout à coup elle lui prenait la tête dans les deux mains, le baisait vite au front en s’écriant : « Adieu ! » et s’élançait dans l’escalier. | De pronto ella le cogía la cabeza entre las dos manos, le besaba rápido en la frente, exclamando: «¡Adiós!», y se precipitaba por la escalera. |
Elle allait rue de la Comédie, chez un coiffeur, se faire arranger ses bandeaux. La nuit tombait ; on allumait le gaz dans la boutique. | Iba a la calle de la Comedia, a una peluquería, a arreglarse sus bandós. Llegaba la noche; encendían el gas en la tienda. |
Elle entendait la clochette du théâtre qui appelait les cabotins à la représentation ; et elle voyait, en face, passer des hommes à figure blanche et des femmes en toilette fanée, qui entraient par la porte des coulisses. | Oía la campanilla del teatro que llamaba a los cómicos a la representación, y veía, enfrente, pasar hombres con la cara blanca y mujeres con vestidos ajados que entraban por la puerta de los bastidores. |
Il faisait chaud dans ce petit appartement trop bas, où le poêle bourdonnait au milieu des perruques et des pommades. L’odeur des fers, avec ces mains grasses qui lui maniaient la tête, ne tardait pas à l’étourdir, et elle s’endormait un peu sous son peignoir. Souvent le garçon, en la coiffant, lui proposait des billets pour le bal masqué. | Hacía calor en aquella pequeña peluquería demasiado baja, donde la estufa zumbaba en medio de las pelucas y de las pomadas. El olor de las tenacillas, con aquellas manos grasientas que le tocaban la cabeza, no tardaba en dejarla sin sentido y se quedaba un poco dormida bajo el peinador. A veces el chico, mientras la peinaba, le ofrecía entradas para el baile de disfraces. |
Puis elle s’en allait ! Elle remontait les rues ; elle arrivait à la Croix rouge ; elle reprenait ses socques, qu’elle avait cachés le matin sous une banquette, et se tassait à sa place parmi les voyageurs impatientés. Quelques-uns descendaient au bas de la côte. Elle restait seule dans la voiture. | Después se marchaba. Subía de nuevo las calles, llegaba a la «Croix Rouge»; recogía sus zuecos que había escondido por la mañana debajo de un banco y se acomodaba en su sitio entre los viajeros impacientes. Algunos se apeaban al pie de la cuesta. Ella se quedaba sola en la diligencia. |
À chaque tournant, on apercevait de plus en plus tous les éclairages de la ville qui faisaient une large vapeur lumineuse au-dessus des maisons confondues. Emma se mettait à genoux sur les coussins, et elle égarait ses yeux dans cet éblouissement. Elle sanglotait, appelait Léon, et lui envoyait des paroles tendres et des baisers qui se perdaient au vent. | A cada vuelta se veían cada vez mejor todas las luces de la ciudad que formaban un amplio vapor luminoso por encima de bas casas amontonadas. Emma se ponía de rodillas sobre los cojines y se le perdía la mirada en aquel deslumbramiento. Sollozaba, llamaba a León, y le enviaba palabras tiernas y besos que se perdían en el viento. |
Il y avait dans la côte un pauvre diable vagabondant avec son bâton, tout au milieu des diligences. Un amas de guenilles lui recouvrait les épaules, et un vieux castor défoncé, s’arrondissant en cuvette, lui cachait la figure ; mais, quand il le retirait, il découvrait, à la place des paupières, deux orbites béantes tout ensanglantées. La chair s’effiloquait par lambeaux rouges ; et il en coulait des liquides qui se figeaient en gales vertes jusqu’au nez, dont les narines noires reniflaient convulsivement. Pour vous parier, il se renversait la tête avec un rire idiot ; alors ses prunelles bleuâtres, roulant d’un mouvement continu, allaient se cogner, vers les tempes, sur le bord de la plaie vive. | Había en la cuesta un pobre diablo que vagabundeaba con su bastón por en medio de las diligencias. Un montón de harapos cubría sus hombros y un viejo sombrero desfondado que se había redondeado como una palangana le tapaba la cara; pero cuando se lo quitaba descubría, en lugar de párpados, dos órbitas abiertas todas ensangrentadas. La carne se deshilachaba en jirones rojos, y de allí corrían líquidos que se coagulaban en costras verdes hasta la nariz cuyas aletas negras sorbían convulsivamente. Para hablar echaba hacia atrás la cabeza con una risa idiota; entonces sus pupilas azuladas, girando con un movimiento continuo, iban a estrellarse hacia las sienes, al borde de la llaga viva. |
Il chantait une petite chanson en suivant les voitures : | Cantaba una pequeña canción siguiendo los coches: |
Souvent la chaleur d’un beau jour Fait rêver fillette à l’amour. | Souvent la chaleur d′un beau jour Fait rêver fillette á l′amour. |
Et il y avait dans tout le reste des oiseaux, du soleil et du feuillage. | Y en todo lo que seguía se hablaba de pájaros, sol y follaje. |
Quelquefois, il apparaissait tout à coup derrière Emma, tête nue. Elle se retirait avec un cri. Hivert venait le plaisanter. Il l’engageait à prendre une baraque à la foire Saint-Romain, ou bien lui demandait, en riant, comment se portait sa bonne amie. | A veces, aparecía de pronto detrás de Emma, con la cabez descubierta. Ella se apartaba con un grito. Hivert venía a hacerle bromas. Le decía que debía poner una barraca en la feria de San Román, o bien le preguntaba en tono de broma por su amiguita. |
Souvent, on était en marche, lorsque son chapeau, d’un mouvement brusque entrait dans la diligence par le vasistas, tandis qu’il se cramponnait, de l’autre bras, sur le marchepied, entre l’éclaboussure des roues. Sa voix, faible d’abord et vagissante, devenait aiguë. Elle se traînait dans la nuit, comme l’indistincte lamentation d’une vague détresse ; et, à travers la sonnerie des grelots, le murmure des arbres et le ronflement de la boîte creuse, elle avait quelque chose de lointain qui bouleversait Emma. Cela lui descendait au fond de l’âme comme un tourbillon dans un abîme, et l’emportait parmi les espaces d’une mélancolie sans bornes. Mais Hivert, qui s’apercevait d’un contrepoids, allongeait à l’aveugle de grands coups avec son fouet. La mèche le cinglait sur ses plaies, et il tombait dans la boue en poussant un hurlement. | Con frecuencia estaban en marcha cuando su sombrero, con un movimientu brusco, entraba en la diligencia por la ventanilla, mientras él se agarraba con el otro brazo sobre el estribo entre las salpicaduras de las ruedas. Su voz, al principio débil como un vagido, se volvía aguda. Se arrastraba en la noche, como el confuso lamento de una indefinida angustia; y, a través del tintineo de los cascabeles, del murmullo de los árboles y del zumbido de la caja hueca, tenía algo de lejano que trastornaba a Emma. Aquello le llegaba al fondo del alma como un torbellino que se precipita en el abismo y la arrastraba por los espacios de una melancolía sin límites. Pero Hivert, que se daba cuenta de un contrapeso, largaba grandes latigazos a ciegas. La tralla le pegaba en las llagas y él caía en el fango dando un gran alarido. |
Puis les voyageurs de l’hirondelle finissaient par s’endormir, les uns la bouche ouverte, les autres le menton baissé, s’appuyant sur l’épaule de leur voisin, ou bien le bras passé dans la courroie, tout en oscillant régulièrement au branle de la voiture ; et le reflet de la lanterne qui se balançait en dehors, sur la croupe des limoniers, pénétrant dans l’intérieur par les rideaux de calicot chocolat, posait des ombres sanguinolentes sur tous ces individus immobiles. Emma, ivre de tristesse, grelottait sous ses vêtements ; et se sentait de plus en plus froid aux pieds, avec la mort dans l’âme. | Después, los viajeros de «La Golondrina» acababan por dormirse, unos con la boca abierta, otros con la barbilla sobre el pecho, apoyándose en el hombro de su vecino, o bien con el brazo pasado sobre la correa, meciéndose al compás del bamboleo del coche; y el reflejo de la linterna que se balanceaba fuera, sobre la grupa de los caballos de tiro, penetrando en el interior por las cortinas de percal color chocolate, ponía sombras sanguinolentas sobre todos aquellos individuos inmóviles. Emma, transida de tristeza, tiritaba bajo sus vestidos, y sentía cada vez más frío en los pies, con la muerte en el alma. |
Charles, à la maison, l’attendait ; l’Hirondelle était toujours en retard le jeudi. Madame arrivait enfin ! à peine si elle embrassait la petite. Le dîner n’était pas prêt, n’importe ! elle excusait la cuisinière. Tout maintenant semblait permis à cette fille. | Carlos, en casa, la esperaba; «La Golondrina» siempre llegaba tarde los jueves. Por fin, llegaba la señora y apenas besaba a la niña. La cena no estaba preparada, pero no importaba, ella disculpaba a la cocinera. Ahora parecía que todo le estaba permitido a aquella chica. |
Souvent son mari, remarquant sa pâleur, lui demandait si elle ne se trouvait point malade. | A menudo, su marido, viéndola tan pálida, le preguntaba si no se encontraba mal. |
— Non, disait Emma. | No decía Emma. |
— Mais, répliquait-il, tu es toute drôle ce soir ? | Pero replicaba él estás muy rara esta noche. |
— Eh ! ce n’est rien ! ce n’est rien ! | ¡Bah!, no es nada, no es nada. |
Il y avait même des jours où, à peine rentrée, elle montait dans sa chambre ; et Justin, qui se trouvait là, circulait à pas muets, plus ingénieux à la servir qu’une excellente camériste. Il plaçait les allumettes, le bougeoir, un livre, disposait sa camisole, ouvrait les draps. | Había incluso días en que, apenas llegaba a casa, subía a su habitación; y Justino, que se encontraba allí, circulaba silenciosamente, esmerándose en servirla más que una excelente doncella. Colocaba las cerillas, la palmatoria, un libro, disponía su camisón, abría las sábanas. |
— Allons, disait-elle, c’est bien, va-t’en ! | Vamos decía ella , está bien, ¡vete! |
Car il restait debout, les mains pendantes et les yeux ouverts, comme enlacé dans les fils innombrables d’une rêverie soudaine. | Pero él se quedaba de pie, con las manos colgando y los ojos abiertos como prendido entre los hilos innumerables de un súbito ensueño. |
La journée du lendemain était affreuse, et les suivantes étaient plus intolérables encore par l’impatience qu’avait Emma de ressaisir son bonheur, — convoitise âpre, enflammée d’images connues, et qui, le septième jour, éclatait tout à l’aise dans les caresses de Léon. Ses ardeurs, à lui, se cachaient sous des expansions d’émerveillement et de reconnaissance. Emma goûtait cet amour d’une façon discrète et absorbée, l’entretenait par tous les artifices de sa tendresse, et tremblait un peu qu’il ne se perdît plus tard. | La jornada del día siguiente era espantosa, y las que seguían eran más intolerables todavía por la impaciencia que tenía Emma de recobrar su felicidad, codicia áspera, inflamada de imágenes conocidas, y que, al séptimo día, resplandecía sin trabas en las caricias de León. Los ardores de éste se ocultaban bajo expansiones de asombro y de reconocimiento. Emma saboreaba aquel amor de una manera discreta y absorta, lo cuidaba por medio de todos los artificios de su ternura y temblaba un poco ante el miedo de perderlo más adelante. |
Souvent elle lui disait, avec des douceurs de voix mélancolique : | A menudo ella le decía, con dulce voz melancólica: |
— Ah ! tu me quitteras, toi…, tu te marieras !… tu seras comme les autres. | ¡Ah!, tú me dejarás..., te cansarás..., serás como los otros. |
Il demandait : | Él preguntaba: |
— Quels autres ? | ¿:Qué otros? |
— Mais les hommes, enfin, répondait-elle. | Pues los hombres, en fin respondía ella. |
Puis, elle ajoutait en le repoussant d’un geste langoureux : | Después añadía rechazándole con un gesto lánguido: |
— Vous êtes tous des infâmes ! | Sois todos unos infames. |
Un jour qu’ils causaient philosophiquement des désillusions terrestres, elle vint à dire (pour expérimenter sa jalousie ou cédant peut-être à un besoin d’épanchement trop fort) qu’autrefois, avant lui, elle avait aimé quelqu’un, « pas comme toi ! » reprit-elle vite, protestant sur la tête de sa fille qu’il ne s’était rien passé. | Un día que filosofaban sobre desilusiones terrestres, ella llegó a decir, para poner a prueba sus celos o quizás cediendo a una necesidad de expansión demasiado fuerte, que en otro tiempo, antes de él, ella había amado a alguien, «no como a ti», replicó rápidamente, jurando por su hija «que no había pasado nada». |
Le jeune homme la crut, et néanmoins la questionna pour savoir ce qu’il faisait. | El joven la creyó y, sin embargo, la interrogó para saber lo que hacía aquel hombre. |
— Il était capitaine de vaisseau, mon ami. | Era capitán de barco, querido. |
N’était-ce pas prévenir toute recherche, et en même temps se poser très haut, par cette prétendue fascination exercée sur un homme qui devait être de nature belliqueuse et accoutumé, à des hommages ? | ¿:No era esto prevenir toda averiguación y, al mismo tiempo, situarse muy alto, por esta pretendida fascinación ejercida sobre un hombre que debía ser de naturaleza belicosa y acostumbrado a hacerse obedecer? |
Le clerc sentit alors l’infimité de sa position ; il envia des épaulettes, des croix, des titres. Tout cela devait lui plaire : il s’en doutait à ses habitudes dispendieuses. | El pasante sintió entonces lo ínfimo de su posición; tuvo envidia de las charreteras, de las cruces, de los títulos. Todo esto debía de gustarle a ella, él lo sospechaba por su modo de gastar. |
Cependant Emma taisait quantité de ses extravagances, telle que l’envie d’avoir, pour l’amener à Rouen, un tilbury bleu, attelé d’un cheval anglais, et conduit par un groom en bottes à revers. C’était Justin qui lui en avait inspiré le caprice, en la suppliant de le prendre chez elle comme valet de chambre ; et, si cette privation n’atténuait pas à chaque rendez-vous le plaisir de l’arrivée, elle augmentait certainement l’amertume du retour. | Sin embargo, Emma callaba una multitud de extravagancias, tales como el deseo de tener, para llevarla a Rouen, un tílburi azul, tirado por un caballo inglés, y conducido por un cochero, calzado de botas con vueltas. Era Justino quien le había inspirado ese capricho, suplicándole que lo tomase en su casa como criado; y si esta privación no atenuaba en cada cita el placer de la llegada, aumentaba ciertamente la amargura del regreso. |
Souvent lorsqu’ils parlaient ensemble de Paris, elle finissait par murmurer : | A menudo, cuando hablaban juntos de París, ella terminaba murmurando: |
— Ah ! que nous serions bien là pour vivre ! | ¡Ah!, ¡qué bien viviríamos a11í! |
— Ne sommes-nous pas heureux ? reprenait doucement le jeune homme, en lui passant la main sur ses bandeaux. | ¿:No somos felices? replicaba dulcemente el joven pasándole la mano por sus bandós. |
— Oui, c’est vrai, disait-elle, je suis folle ; embrasse-moi ! | Sí, es cierto decía ella , estoy loca; ¡bésame! |
Elle était pour son mari plus charmante que jamais, lui faisait des crèmes à la pistache et jouait des valses après dîner. Il se trouvait donc le plus fortuné des mortels, et Emma vivait sans inquiétude, lorsqu’un soir, tout à coup : | Estaba con su marido más encantadora que nunca, le hacía natillas de pistache y tocaba valses después de cenar. Así que él se sentía entonces el más afortunado de los mortales, y Emma vivía sin preocupación, cuando una noche, de pronto: |
— C’est Mlle Lempereur, n’est-ce pas, qui te donne des leçons ? | ¿:Es la señorita Lempereur, verdad, quien te da lecciones? |
— Oui. | Sí. |
— Eh bien, je l’ai vue tantôt, reprit Charles, chez Mme Liégeard. Je lui ai parlé de toi ; elle ne te connaît pas. | Bueno, la he visto hace poco, en casa de la señora Liégeard. Le hable de ti; no te conoce. |
Ce fut comme un coup de foudre. Cependant elle répliqua d’un air naturel : — Ah ! sans doute, elle aura oublié mon nom ? | Fue como un rayo. Sin embargo, ella replicó con naturalidad: ¡Ah!, ¿:sin duda, había olvidado mi nombre? |
— Mais il y a peut-être à Rouen, dit le médecin, plusieurs demoiselles Lempereur qui sont maîtresses de piano ? | ¿:Pero quizás hay en Rouen dijo el médico varias señoritas Lempereur que son profesoras de piano? |
— C’est possible ! | ¡Es posible! |
Puis, vivement : | Después, vivamente: |
— J’ai pourtant ses reçus, tiens ! regarde. | Sin embargo, tengo sus recibos, ¡toma, mira! |
Et elle alla au secrétaire, fouilla tous les tiroirs, confondit les papiers et finit si bien par perdre la tête, que Charles l’engagea fort à ne point se donner tant de mal pour ces misérables quittances. | Y se fue al secreter, buscó en todos los cajones, confundió los papeles y acabó perdiendo la cabeza de tal modo que Carlos la animó a que no se preocupase tanto por aquellos miserables recibos. |
— Oh ! je les trouverai, dit-elle. | iOh!, los encontraré dijo ella. |
En effet, dès le vendredi suivant, Charles, en passant une de ses bottes dans le cabinet noir où l’on serrait ses habits, sentit une feuille de papier entre le cuir et sa chaussette, il la prit et lut : | En efecto, el viernes siguiente, Carlos, al poner una de sus botas en el cuarto oscuro donde guardaba su ropa, notó una hoja de papel entre el cuero y su calcetín, la cogió y leyó: |
« Reçu, pour trois mois de leçons, plus diverses fournitures, la somme de soixante-cinq francs. | «Recibido, por tres meses de clase y material diverso, la cantidad de sesenta y cinco francos. |
FELICIE L’EMPEREUR, Professeur de musique. »FÉLICIE LEMPEREUR, profesora de música.» | |
— Comment diable est-ce dans mes bottes ? | ¿:Cómo diablos está esto en mis botas? |
— Ce sera, sans doute, répondit-elle, tombé du vieux carton aux factures, qui est sur le bord de la planche. | Sin duda respondió ella , se habrá caído de la vieja caja de las facturas que está a la orilla de la tabla. |
À partir de ce moment, son existence ne fut plus qu’un assemblage de mensonges, où elle enveloppait son amour comme dans des voiles, pour le cacher. | A partir de este momento, su existencia no fue más que una sarta de mentiras en las que envolvía su amor como en velos para ocultarlo. |
C’était un besoin, une manie, un plaisir, au point que, si elle disait avoir passé, hier, par le côté droit d’une rue, il fallait croire qu’elle avait pris par le côté gauche. | Era una necesidad, una manía, un placer, hasta tal punto que, si decía que ayer había pasado por el lado derecho de una calle, había que creer que había sido por el lado izquierdo. |
Un matin qu’elle venait de partir, selon sa coutume, assez légèrement vêtue, il tomba de la neige tout à coup ; et comme Charles regardait le temps à la fenêtre, il aperçut M. Bournisien dans le boc du sieur Tuvache qui le conduisait à Rouen. Alors il descendit confier à l’ecclésiastique un gros châle pour qu’il le remît à Madame, sitôt qu’il arriverait à la Croix-Rouge. À peine fut-il à l’auberge que Bournisien demanda où était la femme du médecin d’Yonville. L’hôtelière répondit qu’elle fréquentait fort peu son établissement. Aussi, le soir, en reconnaissant Mme Bovary dans l’Hirondelle, le curé lui conta son embarras, sans paraître, du reste y attacher de l’importance ; car il entama l’éloge d’un prédicateur qui pour lors faisait merveilles à la cathédrale, et que toutes les dames couraient entendre. | Una mañana que acababa de salir, según su costumbre, bastante ligera de ropa, empezó a nevar de pronto; Carlos, que observaba el tiempo desde la ventana, vio al abate Bournisien que iba para Rouen en el cochecito del señor Tuvache. Entonces bajó para confiar al eclesiástico un grueso chal para que se lo entregara a Madame nada más llegar a la «Croix Rouge». Apenas llegó a la hospedería, Bournisien preguntó por la señora del médico de Yonville. La hostelera contestó que frecuentaba muy poco su establecimiento. Por eso, aquella misma noche, al encontrar a Madame Bovary en «La Golondrina», el cura le contó lo ocurrido, sin al parecer darle importancia, pues se puso a hacer el elogio de un predicador que por entonces hacía maravillas en la catedral y al que iban a oír todas las señoras. |
N’importe s’il n’avait point demandé d’explications, d’autres plus tard pourraient se montrer moins discrets. Aussi jugea-t-elle utile de descendre chaque fois à la Croix-Rouge, de sorte que les bonnes gens de son village qui la voyaient dans l’escalier ne se doutaient de rien. | Pero si el cura no había pedido explicaciones, otros podrían después mostrarse menos discretos. Por lo cual Emma creyó conveniente alojarse siempre en la «Croix Rouge», de modo que las buenas gentes de su pueblo que la veían en la escalera no pudieran sospechar nada. |
Un jour pourtant, M. Lheureux la rencontra qui sortait de l’hôtel de Boulogne au bras de Léon ; et elle eut peur, s’imaginant qu’il bavarderait. Il n’était pas si bête. | Un día, sin embargo, el señor Lheureux la vio salir del «Hôtel de Boulogne» del brazo de León; y Emma tuvo miedo, pensando que el comerciante se iría de la lengua. No era tan tonto como para eso. |
Mais trois jours après, il entra dans sa chambre, ferma la porte et dit : | Pero tres días después entró en el cuarto de Emma, cerró la puerta y dijo: |
— J’aurais besoin d’argent. | Necesito dinero. |
Elle déclara ne pouvoir lui en donner. Lheureux se répandit en gémissements, et rappela toutes les complaisances qu’il avait eues. | Ella declaró que no podía dárselo. Lheureux se deshizo en lamentaciones y le recordó todas las atenciones que había tenido con ella. |
En effet, des deux billets souscrits par Charles, Emma jusqu’à présent n’en avait payé qu’un seul. Quant au second, le marchand, sur sa prière, avait consenti à le remplacer par deux autres, qui même avaient été renouvelés à une fort longue échéance. Puis il tira de sa poche une liste de fournitures non soldées, à savoir : les rideaux, le tapis, l’étoffe pour les fauteuils, plusieurs robes et divers articles de toilette, dont la valeur se montait à la somme de deux mille francs environ. | En efecto, de los dos pagarés firmados por Carlos, Emma, hasta entonces, sólo había pagado uno. En cuanto al segundo, el comerciante, a instancias de ella, había accedido a sustituirlo por otros dos, que a su vez fueron renovados aplazando mucho la fecha de su vencimiento. Después, sacó del bolsillo una lista de artículos no pagados aún, a saber: las cortinas, la alfombra, la tela para las butacas, varios vestidos y varios artículos de tocador, cuyo valor ascendía a unos dos mil francos. |
Elle baissa la tête ; il reprit : | Emma bajó la cabeza; Lheureux añadió: |
— Mais, si vous n’avez pas d’espèces, vous avez du bien. | Pero si usted no dispone de dinero, tiene «bienes». |
Et il indiqua une méchante masure sise à Barneville, près d’Aumale, qui ne rapportait pas grand-chose. Cela dépendait autrefois d’une petite ferme vendue par M. Bovary père, car Lheureux savait tout, jusqu’à la contenance d’hectares, avec le nom des voisins. | Y le indicó una pobre casucha sita en Barneville, cerca de Aumale, que no rentaba gran cosa. Antaño pertenecía a una pequeña granja vendida por el señor Bovary, pues Lheureux lo sabía todo, hasta las hectáreas que medía y el nombre de los colindantes. |
— Moi, à votre place, disait-il, je me libérerais, et j’aurais encore le surplus de l’argent. | Yo, en su lugar, me desprendería de ella, y aún me sobraría dinero. |
Elle objecta la difficulté d’un acquéreur ; il donna l’espoir d’en trouver ; mais elle demanda comment faire pour qu’elle pût vendre. | Emma señaló la dificultad de encontrar comprador; Lheureux le dio esperanzas de encontrarlo; pero ella le preguntó cómo se las arreglaría para poder vender. |
— N’avez-vous pas la procuration ? répondit-il. | ¿:No tiene usted el poder? le replicó él. |
Ce mot lui arriva comme une bouffée d’air frais. | Aquella palabra le llegó como una bocanada de aire fresco. |
— Laissez-moi la note, dit Emma. | Déjeme la cuenta dijo Emma. |
— Oh ! ce n’est pas la peine ! reprit Lheureux. | ¡Oh!, no vale la pena replicó Lheureux. |
Il revint la semaine suivante, et se vanta d’avoir, après force démarches, fini par découvrir un certain Langlois qui, depuis longtemps, guignait la propriété sans faire connaître son prix. | Volvió a la semana siguiente, y presumió de haber conseguido encontrar, después de muchas gestiones, a un tal Langlois, que desde hacía mucho tiempo codiciaba la finca sin ofrecer precio por ella. |
— N’importe le prix ! s’écria-t-elle. | ¡El precio es lo de menos! exclamó Emma. |
Il fallait attendre, au contraire, tâter ce gaillard-là. La chose valait la peine d’un voyage, et, comme elle ne pouvait faire ce voyage, il offrir de se rendre sur les lieux, pour s’aboucher avec Langlois. Une fois revenu, il annonça que l’acquéreur proposait quatre mille francs. | Había que esperar, por el contrario, a tantear a aquel mozo. La cosa valía la pena de un viaje, y como ella no podía hacerlo, él se ofreció para desplazarse hasta a11í y ponerse al habla con Langlois. Una vez de vuelta, dijo que el comprador ofrecía cuatro mil francos. |
Emma s’épanouit à cette nouvelle. | Emma se regocijó al conocer esta noticia. |
— Franchement, ajouta-t-il, c’est bien payé. | Francamente añadió él , está bien pagada. |
Elle toucha la moitié de la somme immédiatement, et, quand elle fut pour solder son mémoire, le marchand lui dit : | Emma cobró la mitad del dinero inmediatamente, y cuando fue a liquidar su cuenta, el comerciante le dijo: |
— Cela me fait de la peine, parole d’honneur, de vous voir vous dessaisir tout d’un coup d’une somme aussi conséquente que celle-là. | Me apena, palabra de honor, verla deshacerse de golpe y porrazo de una cantidad tan importante como ésta. |
Alors, elle regarda les billets de banque ; et, rêvant au nombre illimité de rendez-vous que ces deux mille francs représentaient : | Entonces ella miró los billetes de banco, y pensando en el número ilimitado de citas que representaban aquellos dos mil francos: |
— Comment ! comment ! balbutia-t-elle. | ¡Cómo!, ¡cómo! balbució. |
— Oh ! reprit-il en riant d’un air bonhomme, on met tout ce que l’on veut sur les factures. Est-ce que je ne connais pas les ménages ? | ¡Oh! replicó Lheureux, en tono bonachón , en las facturas se puede meter lo que se quiera. ¿:Acaso no sé yo lo que es gobernar una casa? |
Et il la considérait fixement, tout en tenant à sa main deux longs papiers qu’il faisait glisser entre ses ongles. Enfin, ouvrant son portefeuille, il étala sur la table quatre billets à ordre, de mille francs chacun. | Y la miraba fijamente mientras sostenía en la mano dos largos papeles que hacía resbalar entre sus uñas. Por fin, abriendo su cartera, extendió sobre la mesa cuatro letras de cambio de mil francos cada una. |
— Signez-moi cela, dit-il, et gardez tout. | Firme esto le dijo , y quédese con todo. |
Elle se récria, scandalisée. | Ella protestó escandalizada. |
— Mais, si je vous donne le surplus, répondit effrontément M. Lheureux, n’est-ce pas vous rendre service, à vous ? | Pero si yo le doy el sobrante dijo descaradamente el señor Lheureux , ¿:no le hago un favor? |
Et, prenant une plume, il écrivit au bas du mémoire : « Reçu de Mme Bovary quatre mille francs. » | Y tomando una pluma, escribió al pie de la cuenta: «Recibido de Madame Bovary cuatro mil francos.» |
— Qui vous inquiète, puisque vous toucherez dans six mois l’arriéré de votre baraque, et que je vous place l’échéance du dernier billet pour après le payement ? | ¿:Qué le preocupa si va a cobrar dentro de seis meses el resto de la venta de su barraca, y yo le aplazo el vencimiento de la última letra para después del pago? |
Emma s’embarrassait un peu dans ses calculs, et les oreilles lui tintaient comme si des pièces d’or, s’éventrant de leurs sacs, eussent sonné tout autour d’elle sur le parquet. Enfin Lheureux expliqua qu’il avait un sien ami Vinçart, banquier à Rouen, lequel allait escompter ces quatre billets, puis il remettrait lui-même à Madame le surplus de la dette réelle. | Emma se embrollaba un poco en sus cálculos, le tintineaban los oídos como si alrededor de ella sonaran sobre el suelo monedas de oro que caían de sacos rotos. Finalmente, Lheureux le explicó que un amigo suyo, Vinçart, banquero en Rouen, iba a descontar aquellas cuatro letras y luego él mismo entregaría a Madame el sobrante de la deuda real. |
Mais au lieu de deux mille francs, il n’en apporta que dix-huit cents, car l’ami Vinçart (comme de juste) en avait prélevé deux cents, pour frais de commission et d’escompte. | Pero en lugar de dos mil francos, no le trajo más que mil ochocientos, pues el amigo Vinçart, como es lógico, se había quedado con doscientos por gastos de comisión y de descuento. |
Puis il réclama négligemment une quittance. | Después le reclamó un recibo con un gesto de indiferencia. |
— Vous comprenez…, dans le commerce…, quelquefois… Et avec la date, s’il vous plaît, la date. | Usted comprende..., en el comercio..., a veces..., y con la fecha, por favor, la fecha. |
Un horizon de fantaisies réalisables s’ouvrit alors devant Emma. Elle eut assez de prudence pour mettre en réserve mille écus, avec quoi furent payés, lorsqu’ils échurent, les trois premiers billets ; mais le quatrième, par hasard, tomba dans la maison un jeudi, et Charles, bouleversé, attendit patiemment le retour de sa femme pour avoir des explications. | Ante Emma se abrió un horizonte de fantasías realizables. Tuvo la suficiente prudencia para guardar mil escudos, con los que pagó a su vencimiento las tres primeras letras; pero la cuarta, por casualidad, cayó en casa un jueves, y Carlos, trastornado, aguardó pacientemente a que regresara su mujer para pedirle explicaciones. |
Si elle ne l’avait point instruit de ce billet, c’était afin de lui épargner des tracas domestiques ; elle s’assit sur ses genoux, le caressa, roucoula, fit une longue énumération de toutes les choses indispensables prises à crédit. | Si no le había hablado de aquella letra era para evitarle preocupaciones domésticas; se sentó sobre sus rodillas, le acarició, le arrulló, hizo una larga enumeración de todas las cosas indispensables compradas a crédito. |
— Enfin, tu conviendras que, vu la quantité, ce n’est pas trop cher. | En fin, reconocerás que, para tanta cosa, no resulta demasiado caro. |
Charles, à bout d’idées, bientôt eut recours à qui jura de calmer les choses, si Monsieur lui signait deux billets, dont l’un de sept cents francs, payable dans trois mois. Pour se mettre en mesure, il écrivit à sa mère une lettre pathétique. Au lieu d’envoyer la réponse, elle vint elle-même ; et, quand Emma voulut savoir s’il en avait tiré quelque chose : | Carlos, sin saber qué hacer, recurrió inmediatamente al eterno Lheureux, quien le juró que arreglaría las cosas, si el señor le firmaba dos letras, una de ellas de setecientos francos, pagadera a los tres meses. Para hacer frente a la situación, escribió a su madre una carta patética. En vez de enviarle la contestación, ella se presentó en casa; y cuando Emma quiso saber si le había sacado algo: |
— Oui, répondit-il. Mais elle demande à connaître la facture. | Sí respondió Carlos . Pero quiere ver la factura. |
Le lendemain, au point du jour, Emma courut chez M. Lheureux le prier de refaire une autre note, qui ne dépassât point mille francs ; car pour montrer celle de quatre mille, il eût fallu dire qu’elle en avait payé les deux tiers, avouer conséquemment la vente de l’immeuble, négociation bien conduite par le marchand, et qui ne fut effectivement connue que plus tard. | Al día siguiente, al amanecer, Emma corrió a casa del señor Lheureux para pedirle que le hiciera otra cuenta que no sobrepasara los mil francos, pues para enseñar la de cuatro mil habría que decir que había pagado los dos tercios, confesar, por consiguiente, la venta del inmueble, negociación bien llevada por el comerciante y que no se conoció hasta mucho después. |
Malgré le prix très bas de chaque article, Mme Bovary mère ne manqua point de trouver la dépense exagérée. | A pesar del precio muy barato de cada artículo, la señora Bovary madre no dejó de encontrar el gasto exagerado. |
— Ne pouvait-on se passer d’un tapis ? Pourquoi avoir renouvelé l’étoffe des fauteuils ? De mon temps, on avait dans une maison un seul fauteuil, pour les personnes âgées, — du moins, c’était comme cela chez ma mère, qui était une honnête femme, je vous assure. — Tout le monde ne peut être riche ! Aucune fortune ne tient contre le coulage ! Je rougirais de me dorloter comme vous faites ! et pourtant, moi, je suis vieille, j’ai besoin de soins… En voilà ! en voilà, des ajustements ! des flaflas ! Comment ! de la soie pour doublure, à deux francs !… tandis qu’on trouve du jaconas à dix sous, et même à huit sous qui fait parfaitement l’affaire. Emma, renversée sur la causeuse, répliquait le plus tranquillement possible : | ¿:No podían pasar sin una alfombra?, ¿:por qué tapizar de nuevo los sillones? En mis tiempos, en cada casa había un solo sillón, para las personas mayores, al menos así era en casa de mi madre, que era una mujer honrada, os lo aseguro. ¡No todo el mundo puede ser rico! ¡Ninguna fortuna resiste el despilfarro! ¡Yo me avergonzaría de llevar una vida tan regalada como la vuestra! y, sin embargo, yo soy vieja, necesito cuidados... ¡Hay que ver!, ¡hay que verl, ¡cuántos perifollos!, ¡cuánta ostentación! ¡Pero cómo!, seda para forros, a dos francos... cuando se encuentra chaconada a diez sueldos y hasta a ocho sueldos que cumple perfectamente su cometido. Emma, arrellanada en el canapé, replicaba lo más tranquila posible: |
— Eh ! madame, assez ! assez !… | ¡Eh!, señora, ¡ya está bien!, ¡ya está bien! |
L’autre continuait à la sermonner, prédisant qu’ils finiraient à l’hôpital. D’ailleurs, c’était la faute de Bovary. Heureusement qu’il avait promis d’anéantir cette procuration… | La señora seguía sermoneándola, prediciéndoles que terminarían en el asilo. Además, la culpa era de Bovary. Menos mal que había prometido anular aquel poder. |
— Comment ? | ¿:Cómo? |
— Ah ! il me l’a juré, reprit la bonne femme. | ¡Ah!, me lo ha jurado replicó la buena señora. |
Emma ouvrit la fenêtre, appela Charles, et le pauvre garçon fut contraint d’avouer la parole arrachée par sa mère. | Emma abrió la ventana, llamó a Carlos y el pobre muchacho se vio obligado a confesar la palabra que le había arrancado su madre. |
Emma disparut, puis rentra vite en lui tendant majestueusement une grosse feuille de papier. | Emma desapareció y volvió enseguida tendiéndole majestuosamente una hoja grande de papel. |
— Je vous remercie, dit la vieille femme. | Muchas gracias dijo la vieja señora. |
Et elle jeta dans le feu la procuration. | Y echó al fuego el poder. |
Emma se mit à rire d’un rire strident, éclatant, continu : elle avait une attaque de nerfs. | Emma estalló en una risa estridente, estrepitosa, ininterrumpida; tenía un ataque de nervios. |
— Ah ! mon Dieu ! s’écria Charles. Eh ! tu as tort aussi toi ! tu viens lui faire des scènes !… | ¡Ay, Dios mío! exclamó Carlos . ¡Tú tienes la culpa, vienes aquí a armar escándalo! |
Sa mère, en haussant les épaules, prétendait que tout cela c’étaient des gestes. | Su madre, encogiéndose de hombros, decía que « todo aqueIlo no era más que teatro». |
Mais Charles, pour la première fois se révoltant, prit la défense de sa femme, si bien que Mme Bovary mère voulut s’en aller. Elle partit dès le lendemain, et, sur le seuil, comme il essayait à la retenir, elle répliqua : | Pero Carlos, rebelándose por primera vez, salió en defensa de su mujer, de modo que la señora Bovary madre quiso marcharse. Al día siguiente se fue, y en el umbral de la puerta, como él tratase de retenerla, ella le replicó: |
— Non, non ! Tu l’aimes mieux que moi, et tu as raison, c’est dans l’ordre. Au reste, tant pis ! tu verras !… Bonne santé !… car je ne suis pas près, comme tu dis, de venir lui faire des scènes. | ¡No, no! La quieres más que a mí, y tienes razón, es como debe ser. Pero ¡peor para ti!, ¡ya lo verás! ¡Consérvate bien!..., pues no estoy dispuesta, como tú dices, a venir a armar escándalos. |
Charles n’en resta pas moins fort penaud vis-à-vis d’Emma, celle-ci ne cachant point la rancune qu’elle lui gardait pour avoir manqué de confiance ; il fallut bien des prières avant qu’elle consentît à reprendre sa procuration, et même il l’accompagna chez M. Guillaumin pour lui en faire faire une seconde, toute pareille. | No por eso Carlos dejó de quedar muy avergonzado frente a Emma, pues ella no ocultaba el rencor que le guardaba por su falta de confianza; él tuvo que rogarle mucho para que accediera a tener otro poder, a incluso la acompañó a casa del señor Guillaumin para extendérselo por segunda vez, completamente igual al primero. |
— Je comprends cela, dit le notaire ; un homme de science ne peut s’embarrasser aux détails pratiques de la vie. | Lo comprendo dijo el notario ; un hombre de ciencia no puede perder él tiempo en los detalles prácticos de la vida. |
Et Charles se sentit soulagé par cette réflexion pateline, qui donnait à sa faiblesse les apparences flatteuses d’une préoccupation supérieure. | Y Carlos se sintió aliviado por aquella reflexión lisonjera que daba a su debilidad las halagüeñas apariencias de una preocupación superior. |
Quel débordement, le jeudi d’après, à l’hôtel, dans leur chambre, avec Léon ! Elle rit, pleura, chanta, dansa, fit monter des sorbets, voulut fumer des cigarettes, lui parut extravagante, mais adorable, superbe. | ¡Qué desbordamiento el jueves siguiente, en el hotel, en su habitación, con León! Emma rió, lloró, cantó, bailó, mandó subir sorbetes, quiso fumar cigarrillos, a León le pareció extravagante, pero adorable, soberbia. |
Il ne savait pas quelle réaction de tout son être la poussait davantage à se précipiter sur les jouissances de la vie. Elle devenait irritable, gourmande, et voluptueuse ; et elle se promenait avec lui dans les rues, tête haute, sans peur, disait-elle, de se compromettre. Parfois, cependant, Emma tressaillait à l’idée soudaine de rencontrer Rodolphe ; car il lui semblait, bien qu’ils fussent séparés pour toujours, qu’elle n’était pas complètement affranchie de sa dépendance. | León no sabía qué reacción de todo su ser la impulsaba más a precipitarse en los gozos de la vida. Se volvía irritable, glotona, voluptuosa; y se paseaba con él por las calles con la frente alta, sin miedo, decía ella, de comprometerse. A veces, sin embargo, Emma se estremecía ante la idea súbita de encontrarse con Rodolfo; pues, aunque estuviesen separados para siempre, le parecía que no estaba completamente liberada de su dependencia. |
Un soir, elle ne rentra point à Yonville. Charles en perdait la tête, et la petite Berthe, ne voulant pas se coucher sans sa maman, sanglotait à se rompre la poitrine. Justin était parti au hasard sur la route. M. Homais en avait quitté sa pharmacie. | Una noche no volvió a Yonville, Carlos estaba loco de impaciencia, y la pequeña Berta, que no quería acostarse sin su mamá, sollozaba intensamente. Justino salió sin rumbo, por la carretera. El señor Homais dejó su farmacia. |
Enfin, à onze heures, n’y tenant plus, Charles attela son boc, sauta dedans, fouetta sa bête et arriva vers deux heures du matin à la Croix-Rouge. Personne. Il pensa que le clerc peut-être l’avait vue ; mais où demeurait-il ? Charles, heureusement, se rappela l’adresse de son patron. Il y courut. | Por fin, a las once, no aguantando más, Carlos enganchó su caballo, saltó al pescante, fustigó al animal y hacia las dos de la mañana llegó a la «Croix Rouge». No había nadie. Pensó que el pasante quizá la habría visto; pero ¿:dónde vivía? Afortunadamente, Carlos se acordó de las señas de su patrón. Y a11á se fue, |
Le jour commençait à paraître. Il distingua des panonceaux au-dessus d’une porte ; il frappa. Quelqu’un, sans ouvrir, lui cria le renseignement demandé, tout en ajoutant force injures contre ceux qui dérangeaient le monde pendant la nuit. | Comenzaba a clarear el día. Distinguió unos rótulos por encima de una puerta; llamó. Alguien, sin abrirle, le dio a gritos la información que le pedía, mientras se deshacía en improperios contra los que molestaban a la gente durante la noche. |
La maison que le clerc habitait n’avait ni sonnette, ni marteau, ni portier. Charles donna de grands coups de poing contre les auvents. Un agent de police vint à passer ; alors il eut peur et s’en alla. | La casa donde vivía el pasante no tenía ni campanilla, ni aldabón, ni portero. Carlos dio fuertes puñetazos en los postigos. En aquel momento pasó por allí un policía; entonces Carlos tuvo miedo y se fue. |
— Je suis fou, se disait-il ; sans doute, on l’aura retenue à dîner chez M. Lormeaux. | Estoy loco se decía ; sin duda la habrán invitado a cenar en casa del señor Lormeaux. |
La famille Lormeaux n’habitait plus Rouen. | La familia Lormeaux ya no vivía en Rouen. |
— Elle sera restée à soigner Mme Dubreuil. Eh ! Mme Dubreuil est morte depuis dix mois !… Où est-elle donc ? | Se habrá quedado a cuidar a la señora Dubreuil. ¡Pero si la señora Dubreuil murió hace diez meses!... ¿:Dónde puede estar? |
Une idée lui vint. Il demanda, dans un café, l’Annuaire ; et chercha vite le nom de Mlle Lempereur, qui demeurait rue de la Renelle-des-Maroquiniers, n° 74. | Se le ocurrió una idea. Entró en un café y pidió el Anuario; y buscó rápidamente el nombre de la señorita Lempereur, que vivía en la calle de la Renelle des Maroquiniers, número 74. |
Comme il entrait dans cette rue, Emma parut elle-même à l’autre bout ; il se jeta sur elle plutôt qu’il ne l’embrassa, en s’écriant : | Cuando entraba en esta calle, apareció Emma en persona en el otro extremo; Carlos, más que abrazarla, se echó sobre ella, exclamando: |
— Qui t’a retenue, hier ? | ¿:Quién te retuvo ayer? |
— J’ai été malade. | Estuve enferma. |
— Et de quoi ?… Où ?… Comment ?… | ¿:Y de qué?... ¿:Dónde?... ¿:Cómo?... |
Elle se passa la main sur le front, et répondit : | Emma se pasó la mano por la frente y contestó: |
— Chez Mlle Lempereur. | En casa de la señorita Lempereur. |
— J’en étais sûr ! J’y allais. | ¡Estaba seguro!, a11á iba yo. |
— Oh ! ce n’est pas la peine, dit Emma. Elle vient de sortit tout à l’heure ; mais, à l’avenir, tranquillise-toi. Je ne suis pas libre, tu comprends, si je sais que le moindre retard te bouleverse ainsi. | ¡Ohl, no vale la pena. Acaba de salir hace un momento; pero en lo sucesivo no te preocupes. No me siento libre, ya comprendes, si sé que el menor retraso te trastorna de esta manera. |
C’était une manière de permission qu’elle se donnait de ne point se gêner dans ses escapades. Aussi en profita-t-elle tout à son aise, largement. Lorsque l’envie la prenait de voir Léon, elle partait sous n’importe quel prétexte, et, comme il ne l’attendait pas ce jour-là, elle allait le chercher à son étude. | Era como una especie de permiso que se daba a sí misma para estar más libre en sus escapadas. Y lo aprovechó ampliamente a sus anchas. Cuando sentía deseos de ver a León, se iba con cualquier pretexto, y como él no la esperaba aquel día, era ella quien iba a buscarle al despacho. |
Ce fut un grand bonheur les premières fois ; mais bientôt il ne cacha plus la vérité, à savoir : que son patron se plaignait fort de ces dérangements. | Las primeras veces fue para él una alegría; pero al poco tiempo le dijo la verdad: que su jefe se quejaba mucho de aquellos trastornos. |
— Ah bah ! viens donc, disait-elle. | ¡Bah!, vente le decía ella. |
Et il s’esquivait. | Y él se escapaba del despacho. |
Elle voulut qu’il se vêtît tout en noir et se laissât pousser une pointe au menton, pour ressembler aux portraits de Louis XIII. Elle désira connaître son logement, le trouva médiocre ; il en rougit, elle n’y prit garde, puis lui conseilla d’acheter des rideaux pareils aux siens, et comme il objectait la dépense : | Emma quiso que se vistiera todo de negro y se dejara una perilla, para parecerse a los retratos de Luis XIII. Deseó conocer su alojamiento y lo encontró vulgar; él se sonrojó y ella no le hizo caso, luego le aconsejó que comprara unas cortinas parecidas a las suyas, y como León objetara el gasto: |
— Ah ! ah ! tu tiens à tes petits écus ! dit-elle en riant. | ¡Ah!, ¡ah!, tienes apego a tus dineritos dijo ella riendo. |
Il fallait que Léon, chaque fois, lui racontât toute sa conduite, depuis le dernier rendez-vous. Elle demanda des vers, des vers pour elle, une pièce d’amour en son honneur ; jamais il ne put parvenir à trouver la rime du second vers, et il finit par copier un sonnet dans un keepsake. | León tenía que contarle cada vez todo lo que había hecho desde la última cita. Pidió versos, versos para ella, un poema de amor en honor suyo; León nunca llegó a encontrar la rima del segundo verso, y acabó por copiar un soneto de un keepsake. |
Ce fut moins par vanité que dans le seul but de lui complaire. Il ne discutait pas ses idées ; il acceptait tous ses goûts ; il devenait sa maîtresse plutôt qu’elle n’était la sienne. Elle avait des paroles tendres avec des baisers qui lui emportaient l’âme. Où donc avait-elle appris cette corruption, presque immatérielle à force d’être profonde et dissimulée ? | Lo hizo menos por vanidad que por complacerla. No discutía sus ideas; aceptaba todos sus gustos; él iba convirtiéndose en la verdadera querida de Emma más de lo que ésta lo era de él. Emma tenía para él palabras tiernas y unos besos que le robaban el alma. ¿:Dónde había aprendido aquella corrupción casi inmaterial a fuerza de ser profunda y disimulada? |
III - VI | III- CAPÍTULO VI |
Dans les voyages qu’il faisait pour la voir, Léon souvent avait dîné chez le pharmacien, et s’était cru contraint, par politesse, de l’inviter à son tour. | En los viajes que hacía para verla, León cenaba a menudo en casa del boticario, y por cortesía se creyó obligado a invitarle a su vez. |
— Volontiers ! avait répondu M. Homais ; il faut, d’ailleurs, que je me retrempe un peu, car je m’encroûte ici. Nous irons au spectacle, au restaurant, nous ferons des folies ! | ¡Con mucho gusto! respondió el señor Homais ; además, necesito remozarme un poco, pues aquí me estoy embruteciendo. ¡Iremos al teatro, al restaurante, haremos locuras! |
— Ah ! bon ami ! murmura tendrement Mme Homais, effrayée des périls vagues qu’il se disposait à courir. | ¡Ah!, hijo mío murmuró tiernamente la señora Homais, asustada ante los vagos peligros que su marido se disponía a correr. |
— Eh bien, quoi ? tu trouves que je ne ruine pas assez ma santé à vivre parmi les émanations continuelles de la pharmacie ! Voilà, du reste, le caractère des femmes : elles sont jalouses de la Science, puis s’opposent à ce que l’on prenne les plus légitimes distractions. N’importe, comptez sur moi ; un de ces jours, je tombe à Rouen et nous ferons sauter ensemble les monacos. | Bueno, ¿:y qué?, ¿:no te parece que estoy arruinando bastante mi salud viviendo entre las emanaciones continuas de 1a farmacia? Así son las mujeres: tienen celos de la ciencia, pero luego se oponen a que uno disfrute de las más legítimas distracciones. No importa, cuente conmigo; uno de estos días me dejo caer en Rouen y ya verá cómo hacemos rodar los monises, |
L’apothicaire, autrefois, se fût bien gardé d’une telle expression ; mais il donnait maintenant dans un genre folâtre et parisien qu’il trouvait du meilleur goût, et, comme Mme Bovary, sa voisine, il interrogeait le clerc curieusement sur les mœurs de la capitale, même il parlait argot afin d’éblouir… les bourgeois, disant turne, bazar, chicard, chicandard, Breda-street, et Je me la casse, pour : Je m’en vais. | En otro tiempo el boticario se hubiera guardado muy bien de emplear semejante expresión; pero ahora le daba por hablar en una jerga alocada y parisina que encontraba del mejor gusto; y como Madame Bovary, su vecina, interrogaba con curiosidad al pasante sobre las costumbres de la capital, hasta hablaba argot para deslumbrar... a los burgueses, diciendo turne, bazar, chicard, chicandard, Breda street, y Je me la casse, por: me voy. |
Donc, un jeudi, Emma fut surprise de rencontrer, dans la cuisine du Lion d’or, M. Homais en costume de voyageur, c’est-à-dire couvert d’un vieux manteau qu’on ne lui connaissait pas, tandis qu’il portait d’une main une valise, et, de l’autre, la chancelière de son établissement. Il n’avait confié son projet à personne, dans la crainte d’inquiéter le public par son absence. | Y un jueves, Emma se sorprendió al encontrar en la cocina del «Lion d′Or» al señor Homais vestido de viaje, es decir, con un viejo abrigo que no le habían visto nunca, llevando en una mano una maleta y en la otra el folgo de su establecimiento, No había confiado a nadie su proyecto por miedo a que el público se preocupase por su ausencia. |
L’idée de revoir les lieux où s’était passée sa jeunesse l’exaltait sans doute, car tout le long du chemin il n’arrêta pas de discourir ; puis, à peine arrivé, il sauta vivement de la voiture pour se mettre en quête de Léon ; et le clerc eut beau se débattre, M. Homais l’entraîna vers le grand Café de Normandie, où il entra majestueusement sans retirer son chapeau, estimant fort provincial de se découvrir dans un endroit public. | La idea de volver a ver los lugares donde había pasado su juventud le exaltaba sin duda, pues no paró de charlar en todo el viaje; luego, apenas llegaron, saltó con presteza del coche para ir en busca de León; y por más que el pasante se resistió, el señor Homais se lo llevó al gran café de «Normandie», donde entró majestuosamente sin quitarse el sombrero, creyendo que era muy provinciano descubrirse en un lugar público. |
Emma attendit Léon trois quarts d’heure. Enfin elle courut à son étude, et, perdue dans toute sorte de conjectures, l’accusant d’indifférence et se reprochant à elle-même sa faiblesse, elle passa l’après-midi le front collé contre les carreaux. | Emma esperó a León tres cuartos de hora. Por fin, corrió a su despacho, y, perdida en toda clase de conjeturas, acusándolo de indiferencia y reprochándose a sí misma su debilidad, se pasó la tarde con la frente pegada a la ventana. |
Ils étaient encore à deux heures attablés l’un devant l’autre. La grande salle se vidait ; le tuyau du poêle, en forme de palmier, arrondissait au plafond blanc sa gerbe dorée ; et près d’eux, derrière le vitrage, en plein soleil, un petit jet d’eau gargouillait dans un bassin de marbre où, parmi du cresson et des asperges, trois homards engourdis s’allongeaient jusqu’à des cailles, toutes couchées en pile, sur le flanc. | A las dos, pasante y boticario seguían sentados a la mesa el uno frente al otro. La gran sala se iba quedando vacía; el tubo de la estufa, en forma de palmera, contorneaba en el techo blanco su haz dorado; y cerca de ellos, detrás de la cristalera, a pleno sol, un pequeño surtidor gorgoteaba en una pileta de mármol donde entre berros y espárragos, tres bogavantes aletargados se alargaban hasta un montón de codornices apiladas en el borde del estanque. |
Homais se délectait. Quoiqu’il se grisât de luxe encore plus que de bonne chère, le vin de Pomard, cependant, lui excitait un peu les facultés, et, lorsque apparut l’omelette au rhum, il exposa sur les femmes des théories immorales. Ce qui le séduisait par-dessus tout, c’était le chic. Il adorait une toilette élégante dans un appartement bien meublé, et, quant aux qualités corporelles, ne détestait pas le morceau. | Homais se deleitaba. Aunque se embriagase de lujo más que de buena comida, el vino de Pomard, sin embargo, le excitaba un poco las facultades, y cuando apareció la tortilla al ron expuso teorías inmorales sobre las mujeres. Lo que le seducía, por encima de todo, era el chic. Adoraba un atuendo elegante en una casa bien amueblada, y en cuanto a las cualidades físicas no despreciaba el «buen bocado». |
Léon contemplait la pendule avec désespoir. L’apothicaire buvait, mangeait, parlait. | León miraba el reloj con desesperación. El boticario bebía, comía, hablaba. |
— Vous devez être, dit-il tout à coup, bien privé à Rouen. Du reste, vos amours ne logent pas loin. | Usted debe de encontrarse muy independiente en Rouen le dijo de pronto . Por lo demás, sus amores no están muy lejos. |
Et, comme l’autre rougissait : | Y como el otro se sonrojaba: |
— Allons, soyez franc ! Nierez-vous qu’à Yonville… ? | ¡Vamos, sea franco! éNo me negará que en Yonville...? |
Le jeune homme balbutia. | El joven balbució. |
— Chez Mme Bovary, vous ne courtisiez point… ? | En casa de Madame Bovary, ¿:no cortejaba usted...? |
— Et qui donc ? | ¿:A quién? |
— La bonne ! | ¡A la criada! |
Il ne plaisantait pas ; mais, la vanité l’emportant sur toute prudence, Léon, malgré lui, se récria. D’ailleurs, il n’aimait que les femmes brunes. | No bromeaba; pero pudiendo más la vanidad que la prudencia, León protestó a pesar de todo. Además, sólo le gustaban las morenas. |
— Je vous approuve, dit le pharmacien ; elles ont plus de tempérament. | Le alabo el gusto dijo el farmacéutico ; tienen más temperamento. |
Et, se penchant à l’oreille de son ami, il indiqua les symptômes auxquels on reconnaissait qu’une femme avait du tempérament. Il se lança même dans une digression ethnographique : l’Allemande était vaporeuse, la Française libertine, l’Italienne passionnée. | Y acercándose al oído de su amigo, le indicó los síntomas por los que se conocía que una mujer tenía temperamento. Incluso se lanzó a una digresión etnográfica: la alemana era vaporosa, la francesa libertina, la italiana apasionada. |
— Et les négresses ? demanda le clerc. | ¿:Y las negras? preguntó el pasante. |
— C’est un goût d’artiste, dit Homais. — Garçon ! deux demi-tasses ! | Eso es un gusto de artista dijo Homais . ¡Mozo!, dos medias tazas. |
— Partons-nous ? reprit à la fin Léon s’impatientant. | ¿:Nos vamos? dijo, por fin, León impaciéntandose. |
— Yes. | Yes. |
Mais il voulut, avant de s’en aller, voir le maître de l’établissement et lui adressa quelques félicitations. | Pero antes de irse quiso ver al dueño del establecimiento y felicitarle. |
Alors le jeune homme, pour être seul, allégua qu’il avait affaire. | Entonces el joven, para quedarse solo, alegó que tenía trabajo. |
— Ah ! je vous escorte ! dit Homais. | ¡Ah!, ¡le acompaño! dijo Homais. |
Et, tout en descendant les rues avec lui, il parlait de sa femme, de ses enfants, de leur avenir et de sa pharmacie, racontait en quelle décadence elle était autrefois, et le point de perfection où il l’avait montée. Arrivé devant l’Hôtel de Boulogne, Léon le quitta brusquement, escalada l’escalier, et trouva sa maîtresse en grand émoi. | Y mientras iban calle abajo, le hablaba de su mujer, de sus hijos, del porvenir de éstos y de su farmacia, le contaba la decadencia en que estaba antes y el grado de perfección a que él la había elevado. Delante del «Hôtel de Boulogne», León le dejó bruscamente, corrió por la escalera, y encontró a su amante muy sobresaltada. |
Au nom du pharmacien, elle s’emporta. Cependant, il accumulait de bonnes raisons ; ce n’était pas sa faute, ne connaissait-elle pas M. Homais ? pouvait-elle croire qu’il préférât sa compagnie ? Mais elle se détournait ; il la retint ; et, s’affaissant sur les genoux, il lui entoura la taille de ses deux bras, dans une pose langoureuse toute pleine de concupiscence et de supplication. | A1 oír el nombre del farmacéutico se puso furiosa. Sin embargo, León acumulaba buenas razones; él no tenía la culpa, ¿:acaso no conocía ella al señor Homais?, ¿:cómo podía pensar que prefiriese su compañía? Pero ella trataba de irse; él la retuvo; y, cayendo de rodillas, la abrazó por la cintura, en una actitud lánguida toda llena de concupiscencia y de súplica. |
Elle était debout ; ses grands yeux enflammés le regardaient sérieusement et presque d’une façon terrible. Puis des larmes les obscurcirent, ses paupières roses s’abaissèrent, elle abandonna ses mains, et Léon les portait à sa bouche lorsque parut un domestique, avertissant Monsieur qu’on le demandait. | Emma estaba de pie; sus grandes ojos ardientes le miraban seriamente y casi de un modo terrible. Luego se le nublaron de lágrimas, bajó sus rosados párpados, soltó las manos, y León se las llevaba a su boca cuando apareció un criado avisando que preguntaban por el señor. |
— Tu vas revenir ? dit-elle. | ¿:Vas a volver? le dijo ella. |
— Oui. | Sí. |
— Mais quand ? | Pero ¿:cuándo? |
— Tout à l’heure. | Enseguida. |
— C’est un truc, dit le pharmacien en apercevant Léon. J’ai voulu interrompre cette visite qui me paraissait vous contrarier. Allons chez Bridoux prendre un verre de garus. | Es un truco dijo el farmacéutico al ver a León . He querido interrumpir esa visita que me parecía que le contrariaba. Vamos a casa de Bridoux a tomar una copa de garus(1). |
Léon jura qu’il lui fallait retourner à son étude. Alors l’apothicaire fit des plaisanteries sur les paperasses, la procédure. | León juró que tenía que volver a su despacho. Entonces el boticario bromeó acerca de los legajos, del procedimiento. |
— Laissez donc un peu Cujas et Bartole, que diable ! Qui vous empêche ? Soyez un brave ! Allons chez Bridoux ; vous verrez son chien. C’est très curieux ! | Olvídese un poco del Cujas y del Bartole(2), ¡qué demonio! ¿:Quién se lo impide? ¡Sea valiente! Vamos a casa de Bridoux; verá su perro. ¡Es curiosísimo! |
Et comme le clerc s’obstinait toujours : | Y como el pasante seguía firme en su propósito. |
— J’y vais aussi. Je lirai un journal en vous attendant, ou je feuilleterai un Code. | Iré con usted. Le esperaré leyendo un periódico a hojeando el código. |
Léon, étourdi par la colère d’Emma, le bavardage de M. Homais et peut-être les pesanteurs du déjeuner, restait indécis et comme sous la fascination du pharmacien qui répétait : | León, aturdido por la cólera de Emma, la charlatanería del señor Homais y quizás por la pesadez de la digestión del almuerzo, permanecía indeciso y como fascinado por el farmacéutico que seguía insistiendo: |
— Allons chez Bridoux ! c’est à deux pas, rue Malpalu. | ¡Vamos a casa de Bridoux!, está a dos pasos, en la calle Malpalu. |
Alors, par lâcheté, par bêtise, par cet inqualifiable sentiment qui nous entraîne aux actions les plus antipathiques, il se laissa conduire chez Bridoux ; et ils le trouvèrent dans sa petite cour, surveillant trois garçons qui haletaient à tourner la grande roue d’une machine pour faire de l’eau de Seltz… Homais leur donna des conseils ; il embrassa Bridoux ; on prit le garus. Vingt fois Léon voulut s’en aller ; mais l’autre l’arrêtait par le bras en lui disant : | Entonces, por cobardía, por necedad, por ese incalificable sentimiento que nos arrastra a las acciones menos deseadas, se dejó llevar a casa de Bridoux; y lo encontraron en su pequeño patio, vigilando a tres muchachos que jadeaban dando vueltas a la gran rueda de una máquina para hacer agua de Seltz. Homais les dio consejos; abrazó a Bridoux; tomaron el garus. Veinte veces intentó León marcharse; pero el otro le sujetaba por el brazo diciéndole: |
— Tout à l’heure ! je sors. Nous irons au Fanal de Rouen, voir ces messieurs. Je vous présenterai à Thomassin. | Enseguida, ya nos vamos. Iremos al Fanal de Rouen, a ver a aquellos señores. Le presentaré a Thomassin. |
Il s’en débarrassa pourtant et courut d’un bond jusqu’à l’hôtel. Emma n’y était plus. | Sin embargo, León logró liberarse del boticario y dio un salto hasta el hotel. Emma ya no estaba a11í. |
Elle venait de partir, exaspérée. Elle le détestait maintenant. Ce manque de parole au rendez-vous lui semblait un outrage, et elle cherchait encore d’autres raisons pour s’en détacher : il était incapable d’héroïsme, faible, banal, plus mou qu’une femme, avare d’ailleurs et pusillanime. | Acababa de salir desesperada. Ahora lo detestaba. Aquella falta a la cita le parecía un ultraje y buscaba otras razones para despegarse de él; era incapaz de heroísmo, débil, trivial, más blando que una mujer, además de avaro y pusilánime. |
Puis, se calmant, elle finit par découvrir qu’elle l’avait sans doute calomnié. Mais le dénigrement de ceux que nous aimons toujours nous en détache quelque peu. Il ne faut pas toucher aux idoles : la dorure en reste aux mains. | Luego, calmándose, acabó por descubrir que tal vez lo había calumniado. Pero la denigración de las personas a quienes amamos siempre nos aleja de ellas un poco. No hay que tocar a los ídolos; su dorado se nos queda en las manos. |
Ils en vinrent à parler plus souvent de choses indifférentes à leur amour ; et, dans les lettres qu’Emma lui envoyait, il était question de fleurs, de vers, de la lune et des étoiles, ressources naïves d’une passion affaiblie, qui essayait de s’aviver à tous les secours extérieurs. Elle se promettait continuellement, pour son prochain voyage, une félicité profonde ; puis elle s’avouait ne rien sentir d’extraordinaire. Cette déception s’effaçait vite sous un espoir nouveau, et Emma revenait à lui plus enflammée, plus avide. Elle se déshabillait brutalement, arrachant le lacet mince de son corset, qui sifflait autour de ses hanches comme une couleuvre qui glisse. Elle allait sur la pointe de ses pieds nus regarder encore une fois si la porte était fermée, puis elle faisait d’un seul geste tomber ensemble tous ses vêtements ; — et, pâle, sans parler, sérieuse, elle s’abattait contre sa poitrine, avec un long frisson. | Llegaron a hablar más frecuentemente de cosas indiferentes a su amor; y en las cartas que Emma le enviaba hablaba de flores, de versos, de la luna y de las estrellas, recursos ingenuos de una pasión debilitada que intentaba avivarse con todas las ayudas exteriores. Ella se prometía continuamente, para su próximo viaje, una felicidad profunda; después confesaba no sentir nada extraordinario. Esta decepción se borraba rápidamente bajo una esperanza nueva, y Emma volvía más entusiasmada, más ávida. Se desvestía brutalmente arrancando la cinta delgada de su corsé, que silbaba alrededor de sus caderas como una culebra que se escurre. Iba de puntillas, descalza a mirar otra vez si la puerta estaba cerrada, después con un solo gesto dejaba caer juntos todos sus vestidos; y pálida, sin hablar, seria, se dejaba caer contra el pecho de su amante con un prolongado estremecimiento. |
Cependant, il y avait sur ce front couvert de gouttes froides, sur ces lèvres balbutiantes, dans ces prunelles égarées, dans l’étreinte de ces bras, quelque chose d’extrême, de vague et de lugubre, qui semblait à Léon se glisser entre eux, subtilement, comme pour les séparer. | Sin embargo, había en su frente cubierta de gotas de sudor frío, en sus labios balbucientes, en sus pupilas extraviadas, en sus abrazos, algo extremado, vago y lúgubre, que a León le parecía deslizarse entre los dos sutilmente, como para separarlos. |
Il n’osait lui faire des questions ; mais, la discernant si expérimentée, elle avait dû passer, se disait-il, par toutes les épreuves de la souffrance et du plaisir. Ce qui le charmait autrefois l’effrayait un peu maintenant. D’ailleurs, il se révoltait contre l’absorption, chaque jour plus grande, de sa personnalité. Il en voulait à Emma de cette victoire permanente. Il s’efforçait même à ne pas la chérir ; puis, au craquement de ses bottines, il se sentait lâche, comme les ivrognes à la vue des liqueurs fortes. | León no se atrevía a hacerle preguntas, pero al verla tan experimentada, pensaba que ella había tenido que pasar todas las pruebas del sufrimiento y del placer. Lo que antes le encantaba ahora le asustaba un poco. Además, él se sublevaba contra la absorción, cada vez mayor, de su personalidad. Estaba resentido contra Emma por esta victoria permanente. Incluso se esforzaba por no quererla; después, al oír el crujido de sus botínes, se sentía cobarde, como los borrachos a la vista de los licores fuertes. |
Elle ne manquait point, il est vrai, de lui prodiguer toutes sortes d’attentions, depuis les recherches de table jusqu’aux coquetteries du costume et aux langueurs du regard. Elle apportait d’Yonville des roses dans son sein, qu’elle lui jetait à la figure, montrait des inquiétudes pour sa santé, lui donnait des conseils sur sa conduite, et, afin de le retenir davantage, espérant que le ciel peut-être s’en mêlerait, elle lui passa autour du cou une médaille de la Vierge. Elle s’informait, comme une mère vertueuse, de ses camarades. Elle lui disait : — Ne les vois pas, ne sors pas, ne pense qu’à nous ; aime-moi ! | Ella no dejaba, es cierto, de prodigarle toda clase de atenciones, desde los refinamientos de la mesa hasta las coqueterías del traje y las languideces de la mirada. Traía de Yonville rosas en su seno, y se las echaba a la cara, se preocupaba por su salud, le daba consejos sobre su conducta; y, a fin de retenerlo más, esperando que el cielo tal vez le ayudaría, le puso al cueIlo una medalla de la Virgen. Se informaba, como una madre virtuosa, acerca de las compañías que frecuentaba. Le decía: No los veas, no salgas, no pienses más que en nosotros; ¡ámame! |
Elle aurait voulu pouvoir surveiller sa vie, et l’idée lui vint de le faire suivre dans les rues. Il y avait toujours, près de l’hôtel, une sorte de vagabond qui accostait les voyageurs et qui ne refuserait pas… Mais sa fierté se révolta. | Ella habría querido poder vigilar su vida, y se le ocurrió la idea de hacerle seguir por las calles. Había siempre cerca del hotel una especie de vagabundo que abordaba a los viajeros y que no rehusaría... Pero su orgullo se rebeló. |
— Eh ! tant pis ! qu’il me trompe, que m’importe ! est-ce que j’y tiens ? | ¡Eh!, ¡qué le vamos a hacer!, que me engañe, ¡qué me importa!, ¿:es que me interesa? |
Un jour qu’ils s’étaient quittés de bonne heure, et qu’elle s’en revenait seule par le boulevard, elle aperçut les murs de son couvent ; alors elle s’assit sur un banc, à l’ombre des ormes. Quel calme dans ce temps-là ! comme elle enviait les ineffables sentiments d’amour qu’elle tâchait, d’après des livres, de se figurer ! | Un día que se habían separado temprano y ella volvía sola por el bulevar vio los muros de su convento; se sentó en un banco a la sombra de los olmos. ¡Qué calma la de aquellos tiempos! ¡Cómo añoraba los inefables sentimientos de amor que trataba de imaginarse a través de los libros! |
Les premiers mois de son mariage, ses promenades à cheval dans la forêt, le vicomte qui valsait, et Lagardy chantant, tout repassa devant ses yeux… Et Léon lui parut soudain dans le même éloignement que les autres. | Los primeros meses de su matrimonio, sus paseos a caballo por el bosque, el vizconde que valseaba, y Lagardy cantando, todo volvía a pasar delante de sus ojos... Y de pronto León le pareció tan lejano como los demás. |
— Je l’aime pourtant ! se disait-elle. | Sin embargo, le quiero se decía. |
N’importe ! elle n’était pas heureuse, ne l’avait jamais été. D’où venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanée des choses où elle s’appuyait ?… Mais, s’il y avait quelque part un être fort et beau, une nature valeureuse, pleine à la fois d’exaltation et de raffinements, un cœur de poète sous une forme d’ange, lyre aux cordes d’airain, sonnant vers le ciel des épithalames élégiaques, pourquoi, par hasard, ne le trouverait-elle pas ? Oh ! quelle impossibilité ! Rien, d’ailleurs, ne valait la peine d’une recherche ; tout mentait ! Chaque sourire cachait un bâillement d’ennui, chaque joie une malédiction, tout plaisir son dégoût, et les meilleurs baisers ne vous laissaient sur la lèvre qu’une irréalisable envie d’une volupté plus haute. | ¡No importa!, no era feliz, no lo había sido nunca. ¿:De dónde venía aquella insatisfacción de la vida, aquella instantánea corrupción de las cosas en las que se apoyaba?... Pero si había en alguna parte un ser fuerte y bello, una naturaleza valerosa, llena a la vez de exaltación y de refinamientos, un corazón de poeta bajo una forma de ángel, lira con cuerdas de bronce, que tocara al cielo epitalamios elegiacos, ¿:por qué, por azar, no lo encontraría ella? ¡Oh!, ¡qué dificultad! Por otra parte, nada valía la pena de una búsqueda; ¡todo era mentira! Cada sonrisa ocultaba un bostezo de aburrimiento, cada alegría una maldición, todo placer su hastío, y los mejores besos no dejaban en los labios más que un irrealizable deseo de una voluptuosidad más alta. |
Un râle métallique se traîna dans les airs et, quatre coups se firent entendre à la cloche du couvent. Quatre heures ! et il lui semblait qu’elle était là, sur ce banc, depuis l’éternité. Mais un infini de passions peut tenir dans une minute, comme une foule dans un petit espace. Emma vivait tout occupée des siennes, et ne s’inquiétait pas plus de l’argent qu’une archiduchesse. | Un estertor metálico se arrastró por los aires y en la campana del convento se oyeron cuatro campanadas. ¡Las cuatro! Le parecía que estaba a11í, en aquel banco, desde la eternidad. Pero un infinito de pasiones puede concentrarse en un minuto, como una muchedumbre en un pequeño espacio. |
Une fois pourtant, un homme d’allure chétive, rubicond et chauve, entra chez elle, se déclarant envoyé par M. Vinçart, de Rouen. Il retira les épingles qui fermaient la poche latérale de sa longue redingote verte, les piqua sur sa manche et tendit poliment un papier. | Emma vivía totalmente absorbida por las suyas y no se preocupaba del dinero más que una archiduquesa. Pero una vez un hombre de aspecto enclenque, rubicundo y calvo entró en su casa diciéndose mandado por el señor Vinçart, de Rouen. Retiró los alfileres que cerraban el bolsillo lateral de su larga levita verde, los clavó sobre su manga y alargó cortésmente un papel. |
C’était un billet de sept cents francs, souscrit par elle, et que Lheureux, malgré toutes ses protestations, avait passé à l’ordre de Vinçart. | Era un pagaré de setecientos francos, firmado por ella, y que Lheureux, a pesar de todas sus promesas, había endosado a Vinçart. |
Elle expédia chez lui sa domestique. Il ne pouvait venir. | Emma mandó a la muchacha a casa de Lheureux. Éste dijo que no podía ir. |
Alors, l’inconnu, qui était resté debout, lançant de droite et de gauche des regards curieux que dissimulaient ses gros sourcils blonds, demanda d’un air naïf : | Entonces el desconocido, que había permanecido de pie, dirigiendo a derecha y a izquierda miradas curiosas disimuladas por sus espesas cejas rubias, preguntó con aire ingenuo: |
— Quelle réponse apporter à M. Vinçart ? | ¿:Qué respuesta da al señor Vinçart? |
— Eh bien, répondit Emma, dites-lui… que je n’en ai pas… Ce sera la semaine prochaine… Qu’il attende… oui, la semaine prochaine. | Bueno respondió Emma , dígale... que no tengo... Será la semana que viene... Que espere..., sí, la semana que viene. |
Et le bonhomme s’en alla sans souffler mot. | Y el buen hombre se fue sin decir palabra. |
Mais, le lendemain, à midi, elle reçut un protêt ; et la vue du papier timbré, où s’ étalait à plusieurs reprises et en gros caractères : « Maître Hareng, huissier à Buchy », l’effraya si fort, qu’elle courut en toute hâte chez le marchand d’étoffes. | Pero al día siguiente, a mediodía, Emma recibió un protesto; y a la vista del papel timbrado, donde aparecía varias veces y en grandes caracteres: LICENCIADO HARENG, UJIER EN BUCHY, se asustó tanto, que fue corriendo a toda prisa a casa del tendero. |
Elle le trouva dans sa boutique, en train de ficeler un paquet. | Lo encontró en su tienda atando un paquete. |
— Serviteur ! dit-il, je suis à vous. | ¡Servidor! dijo , estoy con usted. |
Lheureux n’en continua pas moins sa besogne, aidé par une jeune fille de treize ans environ, un peu bossue, et qui lui servait à la fois de commis et de cuisinière. | Lheureux no dejó su tarea, ayudado por una joven de unos trece años, un poco jorobada y que le servía a la vez de dependienta y de cocinera. |
Puis, faisant claquer ses sabots sur les planches de la boutique, il monta devant Madame au premier étage, et l’introduisit dans un étroit cabinet, où un gros bureau en bois de sape supportait quelques registres, défendus transversalement par une barre de fer cadenassée. Contre le mur, sous des coupons d’indienne, on entrevoyait un coffre-fort, mais d’une telle dimension, qu’il devait contenir autre chose que des billets et de l’argent. M. Lheureux, en effet, prêtait sur gages, et c’est là qu’il avait mis la chaîne en or de Mme Bovary, avec les boucles d’oreilles du pauvre père Tellier, qui, enfin contraint de vendre, avait acheté à Quincampoix un maigre fonds d’épicerie, où il se mourait de son catarrhe, au milieu de ses chandelles moins jaunes que sa figure. | Después, arrastrando sus zuecos sobre el entarimado de la tienda, subió delante de Madame al primer piso y la hizo pasar a un estrecho despacho donde en una gran mesa de pino había algunos libros registro protegidos transversalmente por una barra de hierro cerrada con candado. Contra la pared, debajo de unos cortes de «indiana», se entreveía una caja fuerte, pero de tal dimensión que debía contener algo más que pagarés y dinero. El señor Lheureux, en efecto, tenía casa de empeños, y era a11í donde había guardado la cadena de oro de Madame Bovary, junto con los pendientes del pobre tío Tellier, quien, forzado al fin a vender, había comprado en Quincampoix una mísera tienda de alimentación, donde se moría de su catarro crónico, en medio de sus velas, menos amarillentas que su cara. |
Lheureux s’assit dans son large fauteuil de paille, en disant : | Lheureux se sentó en su amplio sillón de paja diciendo: |
— Quoi de neuf ? | ¿:Qué hay de nuevo? |
— Tenez. | Tenga. |
Et elle lui montra le papier. | Y le enseñó el papel. |
— Eh bien, qu’y puis-je ? | Bueno, ¿:qué puedo hacer? |
Alors, elle s’emporta, rappelant la parole qu’il avait donnée de ne pas faire circuler ses billets ; il en convenait. | Entonces Emma se enfureció, recordando la palabra que él le había dado de no endosar aquellos pagarés; él lo reconoció. |
— Mais j’ai été forcé moi-même, j’avais le couteau sur la gorge. | Pero yo mismo me he visto obligado, estaba con el agua al cuello. |
— Et que va-t-il arriver, maintenant ? reprit-elle. | ¿:Y qué va a pasar ahora? replicó ella. |
— Oh ! c’est bien simple : un jugement du tribunal, et puis la saisie… ; bernique ! | ¡Oh!, es muy sencillo, un juicio del tribunal, y después el embargo...; ¡no hay nada que hacer! |
Emma se retenait pour ne pas le battre. Elle lui demanda doucement s’il n’y avait pas moyen de calmer M. Vinçart. | Emma se contenía para no pegarle. Le preguntó suavemente si no había manera de calmar al señor Vinçart. |
— Ah bien, oui ! calmer Vinçart ; vous ne le connaissez guère ; il est plus féroce qu’un Arabe. | ¡Pues sí! Estamos listos, calmar a Vinçart; se ve que usted no lo conoce; es más feroz que un árabe. |
Pourtant il fallait que M. Lheureux s’en mêlât. | Sin embargo, el señor Lheureux tenía que intervenir. |
— Ecoutez donc ! il me semble que, jusqu’à présent, j’ai été assez bon pour vous. | ¡Escuche!, me parece que hasta ahora he sido bastante bueno con usted. |
Et, déployant un de ses registres : | Y abriendo uno de sus registros: |
— Tenez ! | ¡Mire! |
Puis, remontant la page avec son doigt : | Después, recorriendo la página con su dedo: |
— Voyons…, voyons… Le 3 août, deux cents francs… Au 17 juin, cent cinquante… 23 mars, quarante-six… En avril… | Vamos a ver..., vamos a ver... El 3 de agosto, doscientos francos... El 17 de junio siguiente, ciento cincuenta... 23 de marzo, cuarenta y seis... En abril... |
Il s’arrêta, comme craignant de faire quelque sottise. | Se detuvo como temiendo hacer alguna tontería. |
— Et je ne dis rien des billets souscrits par Monsieur, un de sept cents francs, un autre de trois cents ! Quant à vos petits acomptes, aux intérêts, ça n’en finit pas, on s’y embrouille. Je ne m’en mêle plus ! | Y no digo nada de los pagarés firmados por el señor, uno de setecientos francos y otro de trescientos. En cuanto a sus pequeños anticipos, a los intereses, es para no acabar, uno se pierde, ¡ya no quiero saber nada! |
Elle pleurait, elle l’appela même « son bon monsieur Lheureux ». Mais il se rejetait toujours sur ce « mâtin de Vinçart ». D’ailleurs, il n’avait pas un centime, personne à présent ne le payait, on lui mangeait la laine sur le dos, un pauvre boutiquier comme lui ne pouvait faire d’avances. Emma se taisait ; et M. Lheureux, qui mordillonnait les barbes d’une plume, sans doute s’inquiéta de son silence, car il reprit : | Emma lloraba, incluso le llamó «su buen señor Lheureux». Pero él se escudaba siempre en aquel bribón de Vinçart. Por otra parte, él no tenía un céntimo, nadie le pagaba ahora, lo explotaban, un pobre tendero como él no podía hacer anticipos. Emma se callaba, y el señor Lheureux, que mordisqueaba las barbas de una pluma, se sintió, sin duda, preocupado por aquel silencio, pues dijo: |
— Au moins, si un de ces jours j’avais quelques rentrées… Je pourrais… | Si al menos uno de estos días tuviera algunos ingresos... yo podría... |
— Du reste, dit-elle, dès que l’arriéré de Barneville… | Además dijo ella , en cuanto cobre lo de Barueville... |
— Comment ?… | ¿:Cómo?... |
Et, en apprenant que Langlois n’avait pas encore payé, il parut fort surpris. Puis, d’une voix mielleuse : | Y al enterarse de que Langlois no había pagado todavía, pareció muy sorprendido. Después, con una voz melosa: |
— Et nous convenons, dites-vous… ? | Y usted y yo podemos convenir, ¿:dice usted? |
— Oh ! de ce que vous voudrez ! | ¡Oh, lo que usted quiera! |
Alors, il ferma les yeux pour réfléchir, écrivit quelques chiffres, et, déclarant qu’il aurait grand mal, que la chose était scabreuse et qu’il se saignait, il dicta quatre billets de deux cent cinquante francs, chacun, espacés les uns des autres à un mois d’échéance. | Entonces él cerró los ojos para reflexionar, escribió algunas cifras, y declarando que se perjudicaría mucho, que el asunto era escabroso, y que se «sacrificaba», dictó cuatro pagarés de doscientos cincuenta francos cada uno, espaciados los unos de los otros en un mes de vencimiento. |
— Pourvu que Vinçart veuille m’entendre ! Du reste c’est convenu, je ne lanterne pas, je suis rond comme une pomme. | ¡Ojalá Vinçart se digne escucharme! De todos modos, esto está decidido, yo no pierdo el tiempo, soy claro como el agua. |
Ensuite il lui montra négligemment plusieurs marchandises nouvelles, mais dont pas une, dans son opinion, n’était digne de Madame. | Después le enseñó con indiferencia varias mercancías nuevas, ninguna de las cuales, según su parecer, era digna de Madame. |
— Quand je pense que voilà une robe à sept sous le mètre, et certifiée bon teint ! Ils gobent cela pourtant ! On ne leur conte pas ce qui en est, vous pensez bien, voulant par cet aveu de coquinerie envers les autres la convaincre tout à fait de sa probité. | ¡Cuando pienso que tengo aquí un vestido a siete sueldos el metro, y buen tinte garantizado! ¡Sin embargo, hay quien se traga el anzuelo!, a la gente no se le cuenta la verdad, puede usted creerme queriendo por esta confesión de pillería para con los otros convencerla por completo de su probidad. |
Puis il la rappela, pour lui montrer trois aunes de guipure qu’il avait trouvées dernièrement « dans une vendue ». — Est-ce beau ! disait Lheureux ; on s’en sert beaucoup maintenant, comme têtes de fauteuils, c’est le genre. | Después la llamó otra vez para enseñarle tres varas de guipur que había encontrado recientemente. ¡Es bonito! decía Lheureux ; se lleva mucho ahora para cabeceras de sillones, es la moda. |
Et, plus prompt qu’un escamoteur, il enveloppa la guipure de papier bleu et la mit dans les mains d’Emma. | Y más pronto que un escamoteador envolvió la tela de guipur en un papel azul y la puso en manos de Emma. |
— Au moins, que je sache… ? | Al menos, que yo sepa... |
— Ah ! plus tard, reprit-il en lui tournant les talons. | ¡Ah!, después replicó él, dándole la espalda. |
Dès le soir, elle pressa Bovary d’écrire à sa mère pour qu’elle leur envoyât bien vite tout l’arriéré de l’héritage. La belle-mère répondit n’avoir plus rien : la liquidation était close, et il leur restait, outre Barneville, six cents livres de rente, qu’elle leur servirait exactement. | Aquella misma noche Emma instó a Bovary para que escribiera a su madre a fin de que le enviase enseguida todo to que le quedaba de su herencia. La suegra contestó que ya no tenía nada; la liquidación se había cerrado, y les quedaba, además de Barneville, seiscientas libras de renta, que ella les mandaría puntualmente. |
Alors Madame expédia des factures chez deux ou trois clients, et bientôt usa largement de ce moyen, qui lui réussissait. Elle avait toujours soin d’ajouter en post-scriptum : « N’en parlez pas à mon mari, vous savez comme il est fier… Excusez-moi… Votre servante… » Il y eut quelques réclamations ; elle les intercepta. | Entonces Madame extendió facturas a dos o tres clientes, y pronto utilizó ampliamente este procedimiento, que le daba buen resultado. Tenía siempre cuidado de añadir una postdata: «No diga nada a mi marido, ya sabe que es orgulloso... Dispénseme... Su servidora...» Hubo algunas reclamaciones; pero ella las interceptó. |
Pour se faire de l’argent, elle se mit à vendre ses vieux gants, ses vieux chapeaux, la vieille ferraille ; et elle marchandait avec rapacité, — son sang de paysanne la poussant au gain. Puis, dans ses voyages à la ville, elle brocantait des babioles, que M. Lheureux, à défaut d’autres, lui prendrait certainement. Elle s’acheta des plumes d’autruche, de la porcelaine chinoise et des bahuts ; elle empruntait à Félicité, à Mme Lefrançois, à l’hôtelière de la Croix-Rouge, à tout le monde, n’importe où. Avec l’argent qu’elle reçut enfin de Barneville, elle paya deux billets ; les les quinze cents autres francs s’écoulèrent. Elle s’engagea de nouveau, et toujours ainsi ! | Para sacar dinero, empezó a vender sus guantes y sus sombreros viejos, la vieja chatarra; y regateaba con sagacidad, pues su sangre campesina la empujaba a la ganancia. Después, en sus viajes a la ciudad, compraría de ocasión baratijas, que el señor Lheureux, a falta de otras, le tomaría sin duda. Compró plumas de avestruz, porcelana china y arcones; pedía prestado a Felicidad, a la señora Lefrançois, a la hotelera de la «Croix Rouge», a todo el mundo, en cualquier lugar. Con el dinero que por fin recibió de Barneville saldó dos pagarés; los otros mil quinientos francos se fueron. Se volvió a empeñar de nuevo, y ¡siempre igual! |
Parfois, il est vrai, elle tâchait de faire des calculs ; mais elle découvrait des choses si exorbitantes, qu’elle n’y pouvait croire. Alors elle recommençait, s’embrouillait vite, plantait tout là et n’y pensait plus. | Es cierto que a veces trataba de hacer cálculos; pero le salían unas cosas tan exorbitantes que no podía creerlo. Entonces volvía a empezar, se embarullaba enseguida, dejaba todo y ya no pensaba más en ello. |
La maison était bien triste, maintenant ! On en voyait sortir les fournisseurs avec des figures furieuses. Il y avait des mouchoirs traînant sur les fourneaux ; et la petite Berthe, au grand scandale de Mme Homais, portait des bas percés. Si Charles, timidement, hasardait une observation, elle répondait avec brutalité que ce n’était point sa faute ! | La casa estaba muy triste ahora. Se veía salir de ella a los proveedores con unas caras furiosas. Había pañuelos tirados sobre los hornillos; y la pequeña Berta, con gran escándalo de la señora Homais, llevaba las medias rotas. Si Carlos, tímidamente, se atrevía a hacer una observación, ella le respondía bruscamente que no tenía la culpa. |
Pourquoi ces emportements ? Il expliquait tout par son ancienne maladie nerveuse ; et, se reprochant d’avoir pris pour des défauts ses infirmités, il s’accusait d’égoïsme, avait envie de courir l’embrasser. | ¿:Por qué estos arrebatos? El se lo explicaba todo por su antigua enfermedad nerviosa; y reprochándose haber tomado por defectos sus achaques, se acusaba de egoísmo, tenía ganas de correr a besarla. |
— Oh ! non, se disait-il, je l’ennuierais ! | «¡Oh!, no se decía , la molestaría.» |
Et il restait. | Y se paraba. |
Après le dîner, il se promenait seul dans le jardin ; il prenait la petite Berthe sur ses genoux, et, déployant son journal de médecine, essayait de lui apprendre à lire. L’enfant, qui n’étudiait jamais, ne tardait pas à ouvrir de grands yeux tristes et se mettait à pleurer. Alors il la consolait ; il allait lui chercher de l’eau dans l’arrosoir pour faire des rivières sur le sable, ou cassait les branches des troènes pour planter des arbres dans les plates-bandes, ce qui gâtait peu le jardin, tout encombré de longues herbes ; on devait tant de journées à Lestiboudois ! Puis l’enfant avait froid et demandait sa mère. — Appelle ta bonne, disait Charles. Tu sais bien, ma petite, que ta maman ne veut pas qu’on la dérange. | Después de la cena se paseaba solo por el jardín; sentaba a la pequeña Berta sobre las rodillas, y, abriendo su revista de medicina, trataba de enseñarle a leer. La niña, que no estudiaba nunca, no tardaba en abrir unos grandes ojos tristes y se echaba a llorar. Entonces él la consolaba; iba a buscarle agua en la regadera para hacer ríos en la arena, o rompía las ramas de las alheñas para plantar árboles en los arriates, lo cual estropeaba poco el jardín, todo lleno de malezas; ¡se debían tantos jornales a Lestiboudis! Después la niña tenía frío y llamaba a su madre. Llama a la muchacha decía Carlos . Ya sabes, hijita, que mamá no quiere que la molesten. |
L’automne commençait et déjà les feuilles tombaient, — comme il y a deux ans, lorsqu’elle était malade ! — Quand donc tout cela finira-t-il !… Et il continuait à marcher, les deux mains derrière le dos. | Comenzaba el otoño y ya caían las hojas como hacía dos años cuando estaba enferma. ¡Cuándo acabará esto! Y Carlos continuaba caminando con las manos detrás de la espalda. |
Madame était dans sa chambre. On n’y montait pas. Elle restait là tout le long du jour, engourdie, à peine vêtue, et, de temps à autre, faisant fumer des pastilles du sérail qu’elle avait achetées à Rouen, dans la boutique d’un Algérien. Pour ne pas avoir la nuit auprès d’elle, cet homme étendu qui dormait, elle finit, à force de grimaces, par le reléguer au second étage ; et elle lisait jusqu’au matin des livres extravagants où il y avait des tableaux orgiaques avec des situations sanglantes. Souvent une terreur la prenait, elle poussait un cri, Charles accourait. | La señora estaba en su habitación. No subían a ella. Permanecía todo el día abotargada, a medio vestir y, de vez en cuando, quemando pastillas del serrallo que había comprado en Rouen en la tienda de un argelino. Para no tener de noche a su lado a aquel hombre que dormía, acabó, a fuerza de muecas, por relegarlo al segundo piso; y se quedaba hasta la madrugada leyendo libros extravagantes donde había escenas de orgías con situaciones sangrientas. A menudo le asaltaba el terror y lanzaba un grito. Carlos acudía. |
— Ah ! va-t’en ! disait-elle. | ¡Ah!, ¡vete! le decía. |
Ou, d’autres fois, brûlée plus fort par cette flamme intime que l’adultère avivait, haletante, émue, tout en désir, elle ouvrait sa fenêtre, aspirait l’air froid, éparpillait au vent sa chevelure trop lourde, et, regardant les étoiles, souhaitait des amours de prince. Elle pensait à lui, à Léon. Elle eût alors tout donné pour un seul de ces rendez-vous, qui la rassasiaient. | Otras veces, quemada más fuertemente por aquella llama íntima avivada por el adulterio, jadeante, conmovida, ardiente de deseos, abría la ventana, aspiraba el aire frío, soltaba al viento su cabellera demasiado pesada, y, mirando a las estrellas, anhelaba amores de príncipe. Pensaba en él, en León. Entonces habría dado todo por una sola de aquellas citas que la saciaban. |
C’était ses jours de gala. Elle les voulait splendides ! et, lorsqu’il ne pouvait payer seul la dépense, elle complétait le surplus libéralement, ce qui arrivait à peu près toutes les fois. Il essaya de lui faire comprendre qu’ils seraient aussi bien ailleurs, dans quelque hôtel plus modeste ; mais elle trouva des objections. | Eran sus días de gala. Ella quería que fuesen espléndidos, y cuando no podía pagar él solo el gasto, ella completaba el resto liberalmente, lo cual ocurría casi todas las veces. Él trató de hacerle comprender que estarían bien en otro lado, en algún hotel más modesto; pero ella puso objeciones. |
Un jour, elle tira de son sac six petites cuillers en vermeil (c’était le cadeau de noces du père Rouault), en le priant d’aller immédiatement porter cela, pour elle, au mont-de-piété ; et Léon obéit, bien que cette démarche lui déplût. Il avait peur de se compromettre. | Un día sacó del bolso seis cucharillas de plata dorada (era el regalo de boda del señor Rouault), rogándole que fuese inmediatamente a llevar aquello, a nombre de ella, al Monte de Piedad; y León obedeció, aunque esta gestión le desgarraba. Temía comprometerse. |
Puis, en y réfléchissant, il trouva que sa maîtresse prenait des allures étranges, et qu’on n’avait peut-être pas tort de vouloir l’en détacher. | Después, reflexionando, advirtió León que su amante adoptaba unas actitudes extrañas, y que quizás no estuvieran equivocados los que querían separarle de ella. |
En effet, quelqu’un avait envoyé à sa mère une longue lettre anonyme, pour la prévenir qu’il se perdait avec une femme mariée ; et aussitôt la bonne dame, entrevoyant l’éternel épouvantail des familles, c’est-à-dire la vague créature pernicieuse, la sirène, le monstre, qui habite fantastiquement les profondeurs de l’amour, écrivit à maître Dubocage son patron, lequel fut parfait dans cette affaire. Il le tint durant trois quarts d’heure, voulant lui dessiller les yeux, l’avertir du gouffre. Une telle intrigue nuirait plus tard à son établissement. Il le supplia de rompre, et, s’il ne faisait ce sacrifice dans son propre intérêt, qu’il le fît au moins pour lui, Dubocage ! | En efecto, alguien había enviado a su madre una larga carta anónima, para avisarla de su hijo se estaba perdiendo con una mujer casada; y enseguida la buena señora, entreviendo el eterno fantasma de las familias, es decir, la vaga criatura perniciosa, la sirena, el monstruo que habitaba fantásticamente en las profundidades del amor, escribió al notario Dubocage, su patrón, el cual estuvo muy acertado en este asunto. Pasó con él tres cuartos de hora queriendo abrirle los ojos, advertirle del precipicio. Tal intriga dañaría más adelante su despacho. Le suplicó que rompiese, y sino hacía este sacrificio por su propio interés, que lo hiciese al menos por él, ¡Dubocage! |
Léon enfin avait juré de ne plus revoir Emma ; et il se reprochait de n’avoir pas tenu sa parole, considérant tout ce que cette femme pourrait encore lui attirer d’embarras et de discours, sans compter les plaisanteries de ses camarades, qui se débitaient le matin, autour du poêle. D’ailleurs, il allait devenir premier clerc : c’était le moment d’être sérieux. Aussi renonçait-il à la flûte, aux sentiments exaltés, à l’imagination, — car tout bourgeois, dans l’échauffement de sa jeunesse, ne fût-ce qu’un jour, une minute, s’est cru capable d’immenses passions, de hautes entreprises. Le plus médiocre libertin a rêvé des sultanes ; chaque notaire porte en soi les débris d’un poète. | León había jurado, por fin, no volver a ver a Emma; y se reprochaba no haber mantenido su palabra, considerando todo lo que aquella mujer podría todavía acarrearle de líos y habladurías sin contar las bromas de sus compañeros que se despachaban a gusto por la mañana alrededor de la estufa. Además, él iba a ascender a primer pasante de notaría: era el momento de ser serio. Por eso renunciaba a la flauta, a los sentimientos exaltados, a la imaginación, pues todo burgués, en el acaloramiento de la juventud, aunque sólo fuese un día, un minuto, se creía capaz de inmensas pasiones, de altas empresas. El más mediocre libertino soñó con sultanas; cada notario lleva en sí los restos de un poet. |
Il s’ennuyait maintenant lorsque Emma, tout à coup, sanglotait sur sa poitrine ; et son cœur, comme les gens qui ne peuvent endurer qu’une certaine dose de musique, s’assoupissait d’indifférence au vacarme d’un amour dont il ne distinguait plus les délicatesses. | Ahora se aburría cuando Emma, de repente, se ponía a sollozar sobre su pecho; y su corazón, como la gente que no puede soportar más que una cierta dosis de música, se adormecía de indiferencia en el estrépito de un amor cuyas delicadezas ya no distinguía. |
Ils se connaissaient trop pour avoir ces ébahissements de la possession qui en centuplent la joie. Elle était aussi dégoûtée de lui qu’il était fatigué d’elle. Emma retrouvait dans l’adultère toutes les platitudes du mariage. | Se conocían demasiado para gozar de aquellos embelesos de la posesión que centuplican su gozo. Ella estaba tan hastiada de él como él cansado de ella. Emma volvía a encontrar en el adulterio todas las soserías del matrimonio. |
Mais comment pouvoir s’en débarrasser ? Puis, elle avait beau se sentir humiliée de la bassesse d’un tel bonheur, elle y tenait par habitude ou par corruption ; et, chaque jour, elle s’y acharnait davantage, tarissant toute félicité à la vouloir trop grande. Elle accusait Léon de ses espoirs déçus, comme s’il l’avait trahie ; et même elle souhaitait une catastrophe qui amenât leur séparation, puisqu’elle n’avait pas le courage de s’y décider. | Pero ¿:cómo poder desprenderse de él? Por otra parte, por más que se sintiese humillada por la bajeza de tal felicidad, se agarraba a ella por costumbre o por corrupción; y cada día se enviciaba más, agotando toda felicidad a fuerza de quererla demasiado grande. Acusaba a León de sus esperanzas decepcionadas, como si la hubiese traicionado; y hasta deseaba una catástrofe que le obligase a la separación, puesto que no tenía el valor de decidirse a romper. |
Elle n’en continuait pas moins à lui écrire des lettres amoureuses, en vertu de cette idée, qu’une femme doit toujours écrire à son amant. | No dejaba de escribirle cartas de amor, en virtud de esa idea de que una mujer debe seguir escribiendo a su amante. |
Mais, en écrivant, elle percevait un autre homme, un fantôme fait de ses plus ardents souvenirs, de ses lectures les plus belles, de ses convoitises les plus fortes ; et il devenait à la fin si véritable, et accessible, qu’elle en palpitait émerveillée, sans pouvoir néanmoins le nettement imaginer, tant il se perdait, comme un dieu, sous l’abondance de ses attributs. Il habitait la contrée bleuâtre où les échelles de soie se balancent à des balcons, sous le souffle des fleurs, dans la clarté de la lune. Elle le sentait près d’elle, il allait venir et l’enlèverait tout entière dans un baiser. Ensuite elle retombait à plat, brisée ; car ces élans d’amour vague la fatiguaient plus que de grandes débauches. | Pero al escribir veía a otro hombre, a un fantasma hecho de sus más ardientes recuerdos, de sus más bellas lecturas, de sus más ardientes deseos; y, por fin, se le hacía tan verdadero y accesible que palpitaba maravillada, sin poder, sin embargo, imaginarlo claramente, hasta tal punto se perdía como un dios bajo la abundancia de sus atributos. Aquel fantasma habitaba el país azulado donde las escaleras de seda se mecen en balcones, bajo el soplo de las flores, al claro de luna. Ella lo sentía a su lado, iba a venir y la raptaría toda entera en un beso. Después volvía a desplomarse, rota, pues aquellos impulsos de amor imaginario la agotaban más que las grandes orgías. |
Elle éprouvait maintenant une courbature incessante et universelle. Souvent même, Emma recevait des assignations, du papier timbré qu’elle regardait à peine. Elle aurait voulu ne plus vivre, ou continuellement dormir. | Ahora sentía un cansancio incesante y total. A menudo incluso recibía citaciones judiciales, papel timbrado que apenas miraba. Hubiera querido no seguir viviendo o dormir ininterrumpidamente. |
Le jour de la mi-carême, elle ne rentra pas à Yonville ; elle alla le soir au bal masqué. Elle mit un pantalon de velours et des bas rouges, avec une perruque à catogan et un lampion sur l’oreille. Elle sauta toute la nuit au son furieux des trombones ; on faisait cercle autour d’elle ; et elle se trouva le matin sur le péristyle du théâtre parmi cinq ou six masques, débardeuses et matelots, des camarades de Léon, qui parlaient d’aller souper. | El día de la mi carême no volvió a Yonville; por la noche fue al baile de máscaras. Se puso un pantalón de terciopelo y unas medias rojas, una peluca con un lacito en la nuca y un tricornio caído sobre la oreja. Saltó toda la noche al son furioso de los trombones; hacían corro a su alrededor; y por la mañana se encontró en el peristilo del teatro entre cinco o seis máscaras, mujeres de rompe y rasga y marineros, camaradas de León, que hablaban de ir a cenar. |
Les cafés d’alentour étaient pleins. Ils avisèrent sur le port un restaurant des plus médiocres, dont le maître leur ouvrit, au quatrième étage, une petite chambre. | Los cafés de alrededor estaban llenos. Vieron en el puerto un restaurante de los más mediocres, cuyo dueño les abrió, en el cuarto piso, una pequeña habitación. |
Les hommes chuchotèrent dans un coin, sans doute se consultant sur la dépense. Il y avait un clerc, deux carabins et un commis : quelle société pour elle ! Quant aux femmes, Emma s’aperçut au timbre de leurs voix, qu’elles devaient être, presque toutes, du dernier rang. Elle eut peur alors, recula sa chaise et baissa les yeux. | Los hombres cuchicheaban en un rincón, sin duda consultándose sobre el gasto. Había un pasante de notario, dos estudiantes de medicina y un dependiente: ¡qué compañía para ella! En cuanto a las mujeres, Emma se dio cuenta pronto, por el timbre de sus voces, que debían ser casi todas de ínfima categoría. Entonces tuvo miedo, retiró hacia atrás su silla y bajó los ojos. |
Les autres se mirent à manger. Elle ne mangea pas ; elle avait le front en feu, des picotements aux paupières et un froid de glace à la peau. Elle sentait dans sa tête le plancher du bal, rebondissant encore sous la pulsation rythmique des mille pieds qui dansaient. Puis, l’odeur du punch avec la fumée des cigares l’étourdit. Elle s’évanouissait ; on la porta devant la fenêtre. | Los otros se pusieron a comer. Emma no comió; le ardía la frente, le picaban los párpados y sentía un frío glacial en la piel. Dentro de su cabeza seguía retumbando el suelo del baile, bajo las pisadas rítmicas de los mil pies que bailaban. Después, el olor del ponche con el humo de los cigarros la mareó. Se desmayó; la llevaron junto a la ventana. |
Le jour commençait à se lever, et une grande tache de couleur pourpre s’élargissait dans le ciel pâle, du côté de Sainte-Catherine. La rivière livide frissonnait au vent ; il n’y avait personne sur les ponts ; les réverbères s’éteignaient. | Comenzaba a apuntar el día, y una gran mancha de color púrpura se ensanchaba en el cielo pálido por la parte de Santa Catalina. El río, lívido, se agitaba con el viento; no había nadie en los puentes; las farolas se apagaban. |
Elle se ranima cependant, et vint à penser à Berthe, qui dormait là-bas, dans la chambre de sa bonne. Mais une charrette pleine de longs rubans de fer passa, en jetant contre le mur des maisons une vibration métallique assourdissante. | Emma se reanimó entretanto, y llegó a pensar en Berta, que dormía a11á, en la habitación de su criada. Pero pasó una carreta llena de largas cintas de hierro, haciendo contra la pared de las casas una vibración metálica ensordecedora. |
Elle s’esquiva brusquement, se débarrassa de son costume, dit à Léon qu’il lui fallait s’en retourner, et enfin resta seule à l’Hôtel de Boulogne. Tout et elle-même lui étaient insupportables. Elle aurait voulu, s’échappant comme un oiseau, aller se rajeunir quelque part, bien loin, dans les espaces immaculés. | Emma se esquivó bruscamente, se desprendió de su traje, dijo a León que tenía que volver a casa, y por fin quedó sola en el «Hôtel de Boulogne». Todo, incluso ella misma, le era insoportable. Habría querido, escapándose como un pájaro, ir a rejuvenecerse a algún lugar, muy lejos, en los espacios inmaculados. |
Elle sortit, elle traversa le boulevard, la place Cauchoise et le faubourg, jusqu’à une rue découverte qui dominait des jardins. Elle marchait vite, le grand air la calmait : et peu à peu les figures de la foule, les masques, les quadrilles, les lustres, le souper, ces femmes, tout disparaissait comme des brumes emportées. Puis, revenue à la Croix-Rouge, elle se jeta sur son lit, dans la petite chambre du second, où il y avait les images de la Tour de Nesle. À quatre heures du soir, Hivert la réveilla. | Salió, atravesó el bulevar, la plaza Cauchoise y el suburbio, hasta una calle descubierta que dominaba unos jardines. Caminaba deprisa, el aire libre la calmaba; y poco a poco las caras de la muchedumbre, las caretas, las contradanzas, las lámparas, la cena, aquellas mujeres, todo desaparecía como brumas arrebatadas por el viento. Después, volviendo a la «Croix Rouge», se echó en su cama, en la pequeña habitación del segundo, donde colgaban las estampas de la Tour de Nesle. A las cuatro de la tarde la despertó Hivert. |
En rentrant chez elle, Félicité lui montra derrière la pendule un papier gris. Elle lut : | Al entrar en su casa, Felicidad le enseñó detrás del reloj un papel gris. Emma leyó: |
« En vertu de la grosse, en forme exécutoire d’un jugement… » | «En virtud de traslado, en forma ejecutoria de una... sentencia...» |
Quel jugement ? La veille, en effet, on avait apporté un autre papier qu’elle ne connaissait pas ; aussi fut-elle stupéfaite de ces mots : | ¿:Qué sentencia? En efecto, la víspera, habían traído otro papel que ella no conocía; por eso quedó estupefacta ante estas palabras: |
« Commandement de par le roi, la loi et justice, à Mme Bovary… » | «Requiriendo en nombre del rey, la ley y la justicia, a Madame Bovary...» |
Alors, sautant plusieurs lignes, elle aperçut : | Entonces, saltando varias líneas, vio: |
« Dans vingt-quatre heures pour tout délai. » — Quoi donc ? « Payer la somme totale de huit mille francs. » Et même il y avait plus bas : « Elle y sera contrainte par toute voie de droit, et notamment par la saisie exécutoire de ses meubles et effets. » | «En un plazo máximo de» ¿:cómo, pues?, ¿:así? . «Pagar la suma total de ocho mil francos.» E incluso más abajo, se leía: «Será apremiada por toda vía de derecho, y especialmente por el embargo por vía ejecutiva de sus muebles y efectos.» |
Que faire ?… C’était dans vingt-quatre heures ; demain ! Lheureux, pensa-t-elle, voulait sans doute l’effrayer encore ; car elle devina du coup toutes ses manœuvres, le but de ses complaisances. Ce qui la rassurait, c’était l’exagération même de la somme. | ¿:Qué hacer?... Tenía un plazo de veinticuatro horas: ¡mañana! Lheureux, pensó, quería sin duda darle otro susto; pues ella adivinó de pronto todas sus maniobras, el objetivo que buscaba con sus complacencias. Lo que la tranquilizaba era la exageración misma de la cantidad. |
Cependant, à force d’acheter, de ne pas payer, d’emprunter, de souscrire des billets, puis de renouveler ces billets, qui s’enflaient à chaque échéance nouvelle, elle avait fini par préparer au sieur Lheureux un capital, qu’il attendait impatiemment pour ses spéculations. | Sin embargo, a fuerza de comprar, de no pagar, de pedir prestado, de firmar pagarés, de renovar aquellos pagarés, que se inflaban a cada nuevo vencimiento, Emma había terminado proporcionando al tal Lheureux un capital, que él esperaba impacientemente para sus especulaciones. |
Elle se présenta chez lui d’un air dégagé. | Se presentó en casa del tendero con aire desenvuelto. |
— Vous savez ce qui m’arrive ? C’est une plaisanterie sans doute ! | ¿:Sabe lo que me pasa? ¡Seguramente que es una broma! |
— Non. | No. |
— Comment cela ? | ¿:Cómo es eso? |
Il se détourna lentement, et lui dit en se croisant les bras : | Él se volvió lentamente, y le dijo cruzándose los brazos: |
— Pensiez-vous, ma petite dame, que j’allais, jusqu’à la consommation des siècles, être votre fournisseur et banquier pour l’amour de Dieu ? Il faut bien que je rentre dans mes déboursés, soyons justes ! | ¿:Pensaba usted, señora mía, que yo iba, hasta la consumación de los siglos, a ser su proveedor y banquero? ¡Por el amor de Dios! Tengo que recuperar lo que he desembolsado, ¡seamos justos! |
Elle se récria sur la dette. | Ella protestó de la cuantía de la deuda. |
— Ah ! tant pis ! le tribunal l’a reconnue ! il y a jugement ! on vous l’a signifié ! D’ailleurs, ce n’est pas moi, c’est Vinçart. | ¡Ah!, ¡qué le vamos a hacer!, ¡el tribunal lo ha reconocido!, ¡hay una sentencia!, ¡se la han notificado! Además, no soy yo, es Vinçart. |
— Est-ce que vous ne pourriez… ? | ¿:Es que usted no podría...? |
— Oh ! rien du tout. | ¡Oh, nada en absoluto! |
— Mais…, cependant…, raisonnons. | Pero..., sin embargo..., razonemos. |
Et elle battit la campagne ; elle n’avait rien su… c’était une surprise… | Y ella se fue por los cerros de úbeda; no se había enterado de nada..., era una sorpresa... |
— À qui la faute ? dit Lheureux en la saluant ironiquement. Tandis que je suis, moi, à bûcher comme un nègre, vous vous repassez du bon temps. | ¿:De quién es la culpa? dijo Lheureux saludándola irónicamente . Mientras que yo estoy trabajando como un negro, usted se divierte de lo lindo. |
— Ah ! pas de morale ! | ¡Ah!, ¡nada de sermones! |
— Ça ne nuit jamais, répliqua-t-il. | Eso nunca hace daño le replicó él. |
Elle fut lâche, elle le supplia ; et même elle appuya sa jolie main blanche et longue, sur les genoux du marchand. | Ella estuvo cobarde, le suplicó; a incluso apoyó su linda mano blanca y larga sobre las rodillas del comerciante. |
— Laissez-moi donc ! On dirait que vous voulez me séduire ! | ¡Déjeme ya! ¡Parece que quiere seducirme! |
— Vous êtes un misérable ! s’écria-t-elle. | ¡Es usted un miserable! exclamó ella. |
— Oh ! oh ! comme vous y allez ! reprit-il en riant. | ¡Oh!, ¡oh!, ¡qué maneras! replicó riendo. |
— Je ferai savoir qui vous êtes. Je dirai à mon mari… | Ya haré saber quién es usted. Se lo diré a mi marido. |
— Eh bien, moi, je lui montrerai quelque chose, à votre mari ! | Bien, yo le enseñaré algo a su marido... |
Et Lheureux tira de son coffre-fort le reçu de dix-huit cents francs, qu’elle lui avait donné lors de l’escompte Vinçart. | Y Lheureux sacó de su caja fuerte el recibo de mil ochocientos francos que ella le había dado en ocasión del descuento de Vinçart. |
— Croyez-vous, ajouta-t-il, qu’il ne comprenne pas votre petit vol, ce pauvre cher homme ? | ¿:Cree usted añadió él que no se va a dar cuenta de sus pequeños robos ese pobre hombre? |
Elle s’affaissa, plus assommée qu’elle n’eût été par un coup de massue. Il se promenait depuis la fenêtre jusqu’au bureau, tout en répétant : | Emma se desplomó más abatida que si hubiese recibido un mazazo. Él se paseaba desde la ventana a la mesa, sin dejar de repetir: |
— Ah ! je lui montrerai bien… je lui montrerai bien… | ¡Ah!, ya lo creo que lo enseñaré... sí que se lo enseñaré... |
Ensuite il se rapprocha d’elle, et, d’une voix douce : | Después se acercó a ella, y con voz suave: |
— Ce n’est pas amusant, je le sais ; personne, après tout n’en est mort, et, puisque c’est le seul moyen qui vous reste de me rendre mon argent… | No es divertido, lo sé; después de todo nadie se ha muerto por esto, y como es el único medio que le queda de devolverme mi dinero... |
— Mais où en trouverai-je ? dit Emma en se tordant les bras. | ¿:Pero dónde encontrarlo? dijo Emma retorciéndose los brazos. |
— Ah bah ! quand on a comme vous des amis ! | ¡Ah, bah!, ¡cuando, como usted, se tienen amigos! |
Et il la regardait d’une façon si perspicace et si terrible qu’elle en frissonna jusqu’aux entrailles. | Y la miraba de una manera tan penetrante y tan terrible que ella tembló hasta las entrañas. |
— Je vous promets, dit-elle, je signerai… | Se lo prometo dijo ella , firmaré... |
— J’en ai assez, de vos signatures ! | ¡Ya estoy harto de sus firmas! |
— Je vendrai encore… | ¡Volveré a vender...! |
— Allons donc ! fit-il en haussant les épaules, vous n’avez plus rien. | ¡Vamos! dijo él encogiéndose de hombros , ya no le queda nada. |
Et il cria dans le judas qui s’ouvrait sur la boutique : | Y llamó por la mirilla que daba a la tienda. |
— Annette ! n’oublie pas les trois coupons du n° 14. | ¡Anita!, no olvides los tres cupones del número 14. |
La servante parut ; Emma comprit, et demanda « ce qu’il faudrait d’argent pour arrêter toutes les poursuites ». | Apareció la sirviènta; Emma comprendió, y preguntó cuánto dinero necesitaría para detener todas las diligencias. |
— Il est trop tard ! | ¡Es demasiado tarde! |
— Mais, si je vous apportais plusieurs mille francs, le quart de la somme, le tiers, presque tout ? | ¿:Pero si trajera algunos miles de francos, la cuarta parte del total, la tercera, casi todo? |
— Eh ! non, c’est inutile ! | Pues no, ¡es inútil! |
Il la poussait doucement vers l’escalier. | Y la empujaba suavemente hacia la escalera. |
— Je vous en conjure, monsieur Lheureux, quelques jours encore ! | Le conjuro, señor Lheureux, ¡unos días más! |
Elle sanglotait. | Ella sollozaba. |
— Allons, bon ! des larmes ! | Vaya, bueno, ¡lagrimitas! |
— Vous me désespérez ! | ¡Usted me desespera! |
— Je m’en moque pas mal ! dit-il en refermant la porte. | ¡Me trae sin cuidado dijo él volviendo a cerrar la puerta. |
III - VII | III- CAPÍTULO VII |
Elle fut stoïque, le lendemain, lorsque maître Hareng, l’huissier, avec deux témoins, se présenta chez elle pour faire le procès-verbal de la saisie. | Estuvo estoica al día siguiente cuando el Licenciado Hareng, el alguacil, con dos testigos, se presentó en su casa para levantar acta del embargo. |
Ils commencèrent par le cabinet de Bovary et n’inscrivirent point la tête phrénologique, qui fut considérée comme instrument de sa profession ; mais ils comptèrent dans la cuisine les plats, les marmites, les chaises, les flambeaux, et, dans sa chambre à coucher, toutes les babioles de l’étagère. Ils examinèrent ses robes, le linge, le cabinet de toilette ; et son existence, jusque dans ses recoins les plus intimes, fut, comme un cadavre que l’on autopsie, étalée tout du long aux regards de ces trois hommes. | Comenzaron por el despacho de Bovary y no registraron la cabeza frenológica, que fue considerada como «instrumento de su profesión»; pero contaron en la cocina los platos, las ollas, las sillas, los candelabros, y, en su dormitorio, todas las chucherías de la estantería. Examinaron sus vestidos, la ropa interior, el tocador; y su existencia fue apareciendo, hasta en sus rincones más íntimos, como un cadáver al que hacen la autopsia, expuesta, mostrada con todo detalle a las miradas de aquellos tres hombres. |
Me Hareng, boutonné dans un mince habit noir, en cravate blanche, et portant des sous-pieds fort tendus, répétait de temps à autre : | El Licenciado Hareng, enfundado en una fina levita negra, de corbata blanca y con trabillas muy estiradas, repetía de vez en cuando: |
— Vous permettez, madame ? vous permettez ? | ¿:Me permite, señora?, ¿:me permite? |
Souvent, il faisait des exclamations : | Frecuentemente hacía exclamaciones: |
— Charmant !… fort joli ! | ¡Precioso! .... ¡muy bonito! |
Puis il se remettait à écrire, trempant sa plume dans l’encrier de corne qu’il tenait de la main gauche. | Después volvía a escribir mojando su pluma en el tintero de asta que sujetaba con la mano izquierda. |
Quand ils en eurent fini avec les appartements, ils montèrent au grenier. | Cuando terminaron con las habitaciones subieron al desván. |
Elle y gardait un pupitre où étaient enfermées les lettres de Rodolphe. Il fallut l’ouvrir. | Allí guardaba ella un pupitre donde estaban cerradas las cartas de Rodolfo. Hubo que abrirlo. |
— Ah ! une correspondance ! dit Me Hareng avec un sourire discret. Mais permettez ! car je dois m’assurer si la boîte ne contient pas autre chose. | ¡Ah!, una correspondencia dijo el Licenciado Hareng con una sonrisa discreta . Pero permita, pues tengo que comprobar si la caja no contiene algo más. |
Et il inclina les papiers, légèrement, comme pour en faire tomber des napoléons. Alors l’indignation la prit, à voir cette grosse main, aux doigts rouges et mous comme des limaces, qui se posait sur ces pages où son cœur avait battu. | E inclinó los papeles ligeramente, como para hacer caer los napoleones. Entonces ella se indignó viendo aquella gruesa mano, de dedos rojos y blandos como babosas, que se posaba sobre aquellas páginas donde su corazón había latido. |
Ils partirent enfin ! Félicité rentra. Elle l’avait envoyée aux aguets pour détourner Bovary ; et elles installèrent vivement sous les toits le gardien de la saisie, qui jura de s’y tenir. | Por fin se fueron. Volvió Felicidad. Emma la había mandado que estuviese al acecho para desviar a Bovary; a instalaron rápidamente bajo el tejado al guardián del embargo, que juró no moverse de a11í. |
Charles, pendant la soirée, lui parut soucieux. Emma l’épiait d’un regard plein d’angoisse, croyant apercevoir dans les rides de son visage des accusations. Puis, quand ses yeux se reportaient sur la cheminée garnie d’écrans chinois, sur les larges rideaux, sur les fauteuils, sur toutes ces choses enfin qui avaient adouci l’amertume de sa vie, un remords la prenait, ou plutôt un regret immense et qui irritait la passion, loin de l’anéantir. Charles tisonnait avec placidité, les deux pieds sur les chenets. | Aquella noche Carlos le pareció preocupado. Emma lo espiaba con una mirada llena de angustia, creyendo ver acusaciones en las arrugas de su cara. Después, cuando volvía su mirada a la chimenea poblada de pantallas chinas, a las amplias cortinas, a los sillones, en fin, a todas las cosas que habían endulzado la amargura de su vida, le entraba un remordimiento, o más bien una pena inmensa que exacerbaba la pasión, lejos de aniquilarla. Carlos atizaba el fuego plácidamente con los dos pies sobre los morillos de la chimenea. |
Il y eut un moment où le gardien, sans doute s’ennuyant dans sa cachette, fit un peu de bruit. | Hubo un momento en que el guardián, aburrido sin duda en su escondite, hizo un poco de ruido. |
— On marche là-haut ? dit Charles. | ¿:Andan por arriba? dijo Carlos. |
— Non ! reprit-elle, c’est une lucarne restée ouverte que le vent remue. | No contestó ella , es una buhardilla que ha quedado abierta y que mueve el viento. |
Elle partit pour Rouen, le lendemain dimanche, afin d’aller chez tous les banquiers dont elle connaissait le nom. Ils étaient à la campagne ou en voyage. Elle ne se rebuta pas ; et ceux qu’elle put rencontrer, elle leur demandait de l’argent, protestant qu’il lui en fallait, qu’elle le rendrait. Quelques-uns lui rirent au nez ; tous la refusèrent. | A día siguiente, domingo, Emma fue a Rouen a visitar a todos los banqueros cuyo nombre conocía. Estaban en el campo o de viaje. No se desanimó; y a aquéllos que pudo encontrar les pedía dinero, asegurando que le hacía falta, que se lo devolvería. Algunos se le rieron en la cara, todos la rechazaron. |
À deux heures, elle courut chez Léon, frappa contre sa porte. On n’ouvrit pas. Enfin il parut. | A las dos corrió a ver a León, llamó a su puerta. No abrieron. Por fin apareció. |
— Qui t’amène ? | ¿:Qué te trae por aquí? |
— Cela te dérange ? | ¿:Te molesta? |
— Non…, mais… | No..., pero... |
Et il avoua que le propriétaire n’aimait point que l’on reçût « des femmes ». | Y él le confesó que al propietario no le gustaba que se recibiese a «mujeres». |
— J’ai à te parler, reprit-elle. | Entonces cogió su llave. Emma lo detuvo. |
Alors il atteignit sa clef. Elle l’arrêta. | … |
— Oh ! non, là-bas, chez nous. | ¡Oh!, no, allá, en nuestra Casa. |
Et ils allèrent dans leur chambre, à l’Hôtel de Boulogne. | Y fueron a su habitación, en el «Hôtel de Boulogne». |
Elle but en arrivant un grand verre d’eau. Elle était très pâle. Elle lui dit : | Al llegar ella bebió un gran vaso de agua. Estaba muy pálida. Le dijo: |
— Léon, tu vas me rendre un service. | León, me vas a hacer un favor. |
Et, le secouant par ses deux mains, qu’elle serrait étroitement, elle ajouta : | Y sacudiéndolo por las dos manos, que le apretaba fuertemente, añadió: |
— Ecoute, j’ai besoin de huit mille francs ! | ¡Escucha, necesito ocho mil francos! |
— Mais tu es folle ! | ¡Pero tú estás loca! |
— Pas encore ! | ¡Todavía no! |
Et, aussitôt, racontant l’histoire de la saisie, elle lui exposa sa détresse ; car Charles ignorait tout, sa belle-mère la détestait, le père Rouault ne pouvait rien ; mais lui, Léon, il allait se mettre en course pour trouver cette indispensable somme… | Y enseguida, contando la historia del embargo, le expresó su angustia, pues Carlos lo ignoraba todo, su suegra la detestaba, el tío Rouault no podía hacer nada; pero él, León, iba a ponerse en marcha para encontrar aquella cantidad indispensable. |
— Comment veux-tu… ? | ¿:Cómo quieres que...? |
— Quel lâche tu fais ! s’écria-t-elle. | ¡Qué cobarde estás hecho! exclamó ella. |
Alors il dit bêtement : | Entonces él dijo tontamente: |
— Tu t’exagères le mal. Peut-être qu’avec un millier d’écus ton bonhomme se calmerait. | ¡Tú desorbitas las cosas! Quizás con un millar de escudos tu buen hombre se calmaría. |
Raison de plus pour tenter quelque démarche ; il n’était pas possible que l’on ne découvrît point trois mille francs. D’ailleurs, Léon pouvait s’engager à sa place. | Razón de más para intentar alguna gestión, era imposible que no se encontrasen tres mil francos. Además, León podía salir de fiador. |
— Va ! essaye ! il le faut ! cours !… Oh ! tâche ! tâche ! je t’aimerai bien ! | ¡Vete!, ¡prueba!, ¡es preciso!, ¡corre...! ¡Oh!, ¡inténtalo!, ¡prueba!, te querré mucho. |
Il sortit, revint au bout d’une heure, et dit avec une figure solennelle : | Él salió, volvió al cabo de una hora, y dijo con una cara solemne: |
— J’ai été chez trois personnes… inutilement ! | He visitado a tres personas... ¡inútilmente! |
Puis ils restèrent assis l’un en face de l’autre, aux deux coins de la cheminée, immobiles, sans parler. Emma haussait les épaules, tout en trépignant. Il l’entendit qui murmurait : | Después se quedaron sentados, uno en frente del otro, en los dos rincones de la chimenea, inmóviles, sin hablar. Emma se encogía de hombros y pataleaba. Él la oyó murmurar: |
— Si j’étais à ta place, moi, j’en trouverais bien ! | Si estuviera en tu puesto, ya lo creo que los encontraría. |
— Où donc ? | ¿:Dónde? |
— À ton étude ! | En tu despacho. |
Et elle le regarda. | Y se quedó mirándole. |
Une hardiesse infernale s’échappait de ses prunelles enflammées, et les paupières se rapprochaient d’une façon lascive et encourageante ; — si bien que le jeune homme se sentit faiblir sous la muette volonté de cette femme qui lui conseillait un crime. Alors il eut peur, et pour éviter tout éclaircissement, il se frappa le front en s’écriant : | Una audacia infernal se escapaba de sus pupilas encendidas, y los párpados se entornaban de una forma lasciva a incitante, de tal modo que el joven se sintió ablandar bajo la muda voluntad de aquella mujer que le aconsejaba un delito. Entonces tuvo miedo, y para evitar toda explicación, se golpeó la frente exclamando: |
— Morel doit revenir cette nuit ! il ne me refusera pas, j’espère (c’était un de ses amis, le fils d’un négociant fort riche), et je t’apporterai cela demain, ajouta-t-il. | Morel debe volver esta noche, espero que no se me negará (era un amigo suyo, el hijo de un negóciante muy rico), y te traeré eso le dijo él. |
Emma n’eut point l’air d’accueillir cet espoir avec autant de joie qu’il l’avait imaginé. Soupçonnait-elle le mensonge ? Il reprit en rougissant : | Emma no pareció acoger esta esperanza con tanta alegría como él se había imaginado. ¿:Sospechaba el engaño? Él continuó enrojeciendo: |
— Pourtant, si tu ne me voyais pas à trois heures, ne m’attends plus, ma chérie. Il faut que je m’en aille, excuse-moi. Adieu ! | Sin embargo, si no he llegado a las tres, no me esperes, ¡querida! Tengo que irme, perdona, ¡adiós! |
Il serra sa main, mais il la sentit tout inerte. Emma n’avait plus la force d’aucun sentiment. | Le apretó la mano, pero la notó totalmente inerte. Emma ya no tenía fuerza para ningún sentimiento. |
Quatre heures sonnèrent ; et elle se leva pour s’en retourner à Yonville, obéissant comme un automate à l’impulsion des habitudes. | Dieron las cuatro; y ella se levantó para regresar a Yonville obedeciendo como una autómata al impulso de la costumbre. |
Il faisait beau ; c’était un de ces jours du mois de mars clairs et âpres, où le soleil reluit dans un ciel tout blanc. Des Rouennais endimanchés se promenaient d’un air heureux. Elle arriva sur la place du Parvis. On sortait des vêpres ; la foule s’écoulait par les trois portails, comme un fleuve par les trois arches d’un pont, et, au milieu, plus immobile qu’un roc, se tenait le suisse. | Hacía bueno; era uno de esos días del mes de marzo claros y crudos, en que luce el sol en un cielo completamente despejado. Los ruaneses endomingados se paseaban con aire feliz. Llegó a la plaza de la catedral. Salían de las vísperas; la muchedumbre salía por los tres pórticos, como un río por los tres arcos de un puente, y, en medio, más inmóvil que una roca, estaba el guarda de la iglesia. |
Alors elle se rappela ce jour où, tout anxieuse et pleine d’espérances, elle était entrée sous cette grande nef qui s’étendait devant elle moins profonde que son amour ; et elle continua de marcher, en pleurant sous son voile, étourdie, chancelante, près de défaillir. | Entonces recordó aquel día en que, toda ansiosa y llena de esperanzas, había entrado en aquella gran nave que se extendía ante ella menos profunda que su amor; y siguió caminando, llorando bajo su velo, distraída, vacilante, a punto de desfallecer. |
— Gare ! cria une voix sortant d’une porte cochère qui s’ouvrait. | ¡Cuidado! gritó una voz desde la puerta de un coche que se abría. |
Elle s’arrêta pour laisser passer un cheval noir, piaffant dans les brancards d’un tilbury que conduisait un gentleman en fourrure de zibeline. Qui était-ce donc ? Elle le connaissait… La voiture s’élança et disparut. Mais c’était lui, le vicomte ! Elle se détourna : la rue était déserte. Et elle fut si accablée, si triste, qu’elle s’appuya contre un mur pour ne pas tomber. | Emma se paró para dejar pasar un caballo negro, que piafaba entre los varales de un tílburi conducido por un caballero que llevaba un abrigo de marta cibelina. ¿:Quién era? Ella lo conocía... El coche arrancó y desapareció. Pero si era él, ¡el vizconde! Emma se volvió: la calle estaba desierta. Y quedó tan abrumada, tan triste, que se apoyó en una pared para no caer. |
Puis elle pensa qu’elle s’était trompée. Au reste, elle n’en savait rien. Tout, en elle-même et au dehors, l’abandonnait. Elle se sentait perdue, roulant au hasard dans des abîmes indéfinissables ; et ce fut presque avec joie qu’elle aperçut, en arrivant à la Croix-Rouge, ce bon Homais qui regardait charger sur l’Hirondelle une grande boîte pleine de provisions pharmaceutiques. Il tenait à sa main, dans un foulard, six cheminots pour son épouse. | Después pensó que se había equivocado. De todos modos, no sabía nada de esto. Todo en sí misma y fuera de ella la abandonaba. Se sentía perdida, rodando al azar en abismos indefinibles; y al llegar a la «Croix Rouge» casi le dio alegría encontrar al bueno del señor Homais, que miraba cómo cargaban en «La Golondrina» una gran caja llena de productos farmacéuticos. En su mano sostenía, en un pañuelo, seis cheminota para su esposa. |
Mme Homais aimait beaucoup ces petits pains lourds, en forme de turban, que l’on mange dans le carême avec du beurre salé : dernier échantillon des nourritures gothiques, qui remonte peut-être au siècle des croisades, et dont les robustes Normands s’emplissaient autrefois, croyant voir sur la table, à la lueur des torches jaunes, entre les brocs d’hypocras et les gigantesques charcuteries, des têtes de Sarrasins à dévorer. La femme de l’apothicaire les croquait comme eux, héroïquement, malgré sa détestable dentition ; aussi, toutes les fois que M. Homais faisait un voyage à la ville, il ne manquait pas de lui en rapporter, qu’il prenait toujours chez le grand faiseur, rue Massacre. | A la señora Homais le gustaban mucho estos panecillos pesados, en forma de turbante, que se comen en la Cuaresma con mantequilla salada: última muestra de los alimentos góticos que se remonta tal vez al siglo de las cruzadas y de los cuales se llenaban antaño los robustos normandos, creyendo ver sobre la mesa, a la luz de las antorchas amarillas, entre los jarros de hipocrás y los gigantescos embutidos, cabezas de sarracenos que devorar. La mujer del boticario los comía como ellos, heroicamente, a pesar de su detestable dentadura; por eso, todas las veces que el señor Homais hacía un viaje a la ciudad no se olvidaba de llevarle panecillos, que compraba siempre en la fábrica de la calle Massacre. |
— Charmé de vous voir ! dit-il en offrant la main à Emma pour l’aider à monter dans l’Hirondelle. | Encantado de verla dijo tendiendo la mano a Emma para ayudarle a subir a «La Golondrina». |
Puis il suspendit les cheminots aux lanières du filet, et resta nu-tête et les bras croisés, dans une attitude pensive et napoléonienne. Mais, quand l’Aveugle, comme d’habitude, apparut au bas de la côte, il s’écria : | Después colgó los cheminota en las mallas de la red y se quedó con la cabeza descubierta y los brazos cruzados en una actitud pensativa y napoleónica. Pero cuando el ciego, como de costumbre, apareció al pie de la cuesta, Homais exclamó: |
— Je ne comprends pas que l’autorité tolère encore de si coupables industries ! On devrait enfermer ces malheureux, que l’on forcerait à quelque travail ! Le Progrès, ma parole d’honneur, marche à pas de tortue ! nous pataugeons en pleine barbarie ! | No comprendo cómo la autoridad sigue tolerando cosas tan vergonzosas. Deberían encerrar a esos desgraciados y obligarlos a hacer algún trabajo. El progreso, palabra de honor, va a paso de tortuga. Estamos chapoteando en plena barbarie. |
L’Aveugle tendait son chapeau, qui ballottait au bord de la portière, comme une poche de la tapisserie déclouée. | El ciego tendía su sombrero, que se bamboleaba al lado de la puerta del coche como si fuera una bolsa de la tapicería desclavada. |
— Voilà, dit le pharmacien, une affection scrofuleuse ! | ¡Ahí tiene dijo el farmacéutico una afección escrofulosa! |
Et, bien qu’il connût ce pauvre diable, il feignit de le voir pour la première fois, murmura les mots de cornée, cornée opaque, sclérotique, facies, puis lui demanda d’un ton paterne : | Y aunque conocía a aquel pobre diablo, fingió que lo veía por primera vez, murmuró las palabras de «córnea, córnea opaca, esclerótica, facies»; después le preguntó en un tono paternal. |
— Y a-t-il longtemps, mon ami, que tu as cette épouvantable infirmité ? Au lieu de t’enivrer au cabaret, tu ferais mieux de suivre un régime. | ¿:Hace mucho tiempo, amigo mío, que tienes esa espantosa enfermedad? En lugar de emborracharte en la taberna más te valdría seguir un régimen. |
Il l’engageait à prendre de bon vin, de bonne bière, de bons rôtis. L’Aveugle continuait sa chanson ; il paraissait, d’ailleurs, presque idiot. Enfin, M. Homais ouvrit sa bourse. | Le aconsejaba que tomase buen vino, buena cerveza, buenos asados. El ciego continuaba su canción; por otra parte, parecía casi idiota. Por fin, el señor Homais abrió la bolsa. |
— Tiens, voilà un sou, rends-moi deux liards ; et n’oublie pas mes recommandations, tu t’en trouveras bien. | Toma, ahí tienes un sueldo, devuélveme dos ochavos; no olvides mis consejos, te encontrarás mucho mejor. |
Hivert se permit tout haut quelque doute sur leur efficacité. Mais l’apothicaire certifia qu’il le guérirait lui-même, avec une pommade antiphlogistique de sa composition, et il donna son adresse : | Hivert se permitió en voz alta expresar dudas sobre su eficacia. Pero el boticario certificó que le curaría él mismo con una pomada antiflogística compuesta por él, y le dio sus señas: |
— M. Homais, près des halles, suffisamment connu. — Eh bien, pour la peine, dit Hivert, tu vas nous montrer la comédie. | Señor Homais, cerca del mercado, suficientemente conocido. Bueno, en premio dijo Hivert , vas a hacernos la comedia. |
L’Aveugle s’affaissa sur ses jarrets, et, la tête renversée, tout en roulant ses yeux verdâtres et tirant la langue, il se frottait l’estomac à deux mains, tandis qu’il poussait une sorte de hurlement sourd, comme un chien affamé. Emma, prise de dégoût, lui envoya, par-dessus l’épaule, une pièce de cinq francs. C’était toute sa fortune. Il lui semblait beau de la jeter ainsi. | El ciego se desplomó sobre sus piernas, y echando hacia atrás la cabeza al tiempo que giraba sus ojos verdosos y sacaba la lengua, se frotaba el estómago con las dos manos, mientras que daba una especie de aullido sordo, como un perro hambriento. Emma, llena de asco, le envió por encima del hombro una moneda de cinco francos. Era toda su fortuna. Le parecía hermoso arrojarla así. |
La voiture était repartie, quand soudain M. Homais se pencha en dehors du vasistas et cria : | Ya el coche había arrancado de nuevo cuando de pronto el señor Homais se asomó a la ventanilla y gritó: |
— Pas de farineux ni de laitage ! Porter de la laine sur la peau et exposer les parties malades à la fumée de baies de genièvre ! | Nada de farináceos ni de lacticinios. Ropa interior de lana y vapores de bayas de enebro en las partes enfermas. |
Le spectacle des objets connus qui défilaient devant ses yeux peu à peu détournait Emma de sa douleur présente. Une intolérable fatigue l’accablait, et elle arriva chez elle hébétée, découragée, presque endormie. | El espectáculo de los objetos conocidos que desfilaban ante sus ojos poco a poco distraía a Emma de su dolor presente. Una insoportable fatiga la abrumaba, y llegó a su casa alelada, desanimada, casi dormida. |
— Advienne que pourra ! se disait-elle. | ¡Sea lo que Dios quiera! se decía. |
Et puis, qui sait ? pourquoi, d’un moment à l’autre, ne surgirait-il pas un événement extraordinaire ? Lheureux même pouvait mourir. | Y además, ¿:quién sabe?, ¿:por qué de un momento a otro no podría surgir un acontecimiento extraordinario? El mismo Lheureux podía morir. |
Elle fut, à neuf heures du matin, réveillée par un bruit de voix sur la place. Il y avait un attroupement autour des halles pour lire une grande affiche collée contre un des poteaux, et elle vit Justin qui montait sur une borne et qui déchirait l’affiche. Mais, à ce moment, le garde champêtre lui posa la main sur le collet. M. Homais sortit de la pharmacie, et la mère Lefrançois, au milieu de la foule, avait l’air de pérorer. — Madame ! madame ! s’écria Félicité en entrant, c’est une abomination ! | A las nueve de la mañana la despertó un ruido de voces en la plaza. Había una aglomeración alrededor del mercado para leer un gran cartel pegado en uno de los postes, y vio a Justino que subía a un guardacantón y que rompía el cartel. Pero en este momento el guarda rural le puso la mano en el cuello. El señor Homais salió de la farmacia y la señora Lefrançois parecía estar perorando en medio de la muchedumbre. |
Et la pauvre fille, émue, lui tendit un papier jaune qu’elle venait d’arracher à la porte. Emma lut d’un clin d’œil que tout son mobilier était à vendre. | ¡Señora!, ¡señora! exclamó Felicidad al entrar , ¡qué infamia! Y la pobre chica, emocionada, le alargó un papel amarillo que acababa de arrancar en la puerta. Emma leyó en un abrir y cerrar de ojos que todo su mobiliario estaba en venta. |
Alors elles se considérèrent silencieusement. Elles n’avaient, la servante et la maîtresse, aucun secret l’une pour l’autre. Enfin Félicité soupira : | Se miraron en silencio. No tenían, la sirvienta y el ama, ningún secreto la una para la otra. Por fin, Felicidad suspiró: |
— Si j’étais de vous, madame, j’irais chez M. Guillaumin. | Yo en su lugar, señora, iría a ver al señor Guillaumin. |
— Tu crois ?… | ¿:Tú crees? |
Et cette interrogation voulait dire : | Y esta pregunta quería decir: |
— Toi qui connais la maison par le domestique, est-ce que le maître quelquefois aurait parlé de moi ? | Tú que conoces la casa por el criado, ¿:es que el amo ha hablado de mí alguna vez? |
— Oui, allez-y, vous ferez bien. | Sí, vaya, hará bien en ir. |
Elle s’habilla, mit sa robe noire avec sa capote à grains de jais ; et, pour qu’on ne la vît pas (il y avait toujours beaucoup de monde sur la place), elle prit en dehors du village, par le sentier au bord de l’eau. | Se vistió, se puso el traje negro con capota de cuentas de azabache, y para que no la viesen (seguía habiendo mucha gente en la plaza), se encaminó hacia las afueras del pueblo, por el sendero a orilla del agua. |
Elle arriva tout essoufflée devant la grille du notaire ; le ciel était sombre et un peu de neige tombait. | Llegó toda sofocada ante la verja del notario; el cielo estaba oscuro y caía un poco de nieve. |
Au bruit de la sonnette, Théodore, en gilet rouge, parut sur le perron ; il vint lui ouvrir presque familièrement, comme à une connaissance, et l’introduisit dans la salle à manger. | Al ruido de la campanilla, Teodoro, en chaleco rojo, apareció en la escalinata; vino a abrirle casi familiarmente, como a una conocida, y la hizo pasar al comedor. |
Un large poêle de porcelaine bourdonnait sous un cactus qui emplissait la niche, et, dans des cadres de bois noir, contre la tenture de papier chêne, il y avait la Esméralda de Steuben, avec la Putiphar de Schopin. La table servie, deux réchauds d’argent, le bouton des portes en cristal, le parquet et les meubles, tout reluisait d’une propreté méticuleuse, anglaise ; les carreaux étaient décorés, à chaque angle, par des verres de couleur. | Una amplia estufa de porcelana crepitaba bajo un cactus que llenaba la hornacina, y en marcos de madera negra, colgados de la pared empapelada de color roble, estaban la Esmeralda de Steuben con la Putiphar de Shopin. La mesa servida, dos calientaplatos de plata, el pomo de cristal de las puertas, el suelo y los muebles, todo relucía con una limpieza meticulosa, inglesa; los cristales estaban adornados en cada esquina con vidrios de color. |
— Voilà une salle à manger, pensait Emma, comme il m’en faudrait une. | Este sí que es un comedor pensaba Emma , como el que me haría falta a mí. |
Le notaire entra, serrant du bras gauche contre son corps sa robe de chambre à palmes, tandis qu’il ôtait et remettait vite de l’autre main sa toque de velours marron, prétentieusement posée sur le côté droit, où retombaient les bouts de trois mèches blondes qui, prises à l’occiput, contournaient son crâne chauve. | Entró el notario, apretando con el brazo izquierdo contra su cuerpo la bata de casa con palmas bordadas, mientras que con la otra se quitaba y ponía rápidamente un birrete de terciopelo marrón, caído con presunción sobre e1 lado derecho por donde salían las puntas de tres mechones rubios que, recogidos en el occipucio, contorneaban su cabeza calva. |
Après qu’il eut offert un siège, il s’assit pour déjeuner, tout en s’excusant beaucoup de l’impolitesse. | Después de ofrecerle asiento, se sentó a almorzar, pidiéndole muchas disculpas por la descortesía. |
— Monsieur, dit-elle, je vous prierais… | Señor empezó Emma , yo quisiera pedirle... |
— De quoi, madame ? J’écoute. | ¿:Qué, señora? Dígame. |
Elle se mit à lui exposer sa situation. | Emma comenzó a exponerle su situación. |
Maître Guillaumin la connaissait, étant lié secrètement avec le marchand d’étoffes, chez lequel il trouvait toujours des capitaux pour les prêts hypothécaires qu’on lui demandait à contracter. | El señor Guillaumin la conocía, pues estaba en relación con el comerciante de telas, en cuya casa encontraba siempre capitales para los préstamos hipotecarios que se hacían en su notaría. |
Donc, il savait (et mieux qu’elle) la longue histoire de ces billets, minimes d’abord, portant comme endosseurs des noms divers, espacés à de longues échéances et renouvelés continuellement, jusqu’au jour où, ramassant tous les protêts, le marchand avait chargé son ami Vinçart de faire en son nom propre les poursuites qu’il fallait, ne voulant point passer pour un tigre parmi ses concitoyens. | Por tanto, conocía, y mejor que ella, la larga historia de aquellos pagarés, mínimos al principio, que llevaban como endosantes nombres diversos, espaciados a largos vencimientos y renovados continuamente, hasta el día en que recogiendo todos los protestos, el comerciante había encargado a su amigo Vinçart que hiciese en su nombre propio las diligencias necesarias, pues él no quería pasar por un tigre ante sus conciudadanos. |
Elle entremêla son récit de récriminations contre Lheureux, récriminations auxquelles le notaire répondait de temps à autre par une parole insignifiante. Mangeant sa côtelette et buvant son thé, il baissait le menton dans sa cravate bleu de ciel, piquée par deux épingles de diamants que rattachait une chaînette d’or ; et il souriait d’un singulier sourire, d’une façon douceâtre et ambiguë. Mais, s’apercevant qu’elle avait les pieds humides : | Ella entremezcló su relato con recriminaciones contra Lheureux, a las cuales el notario respondía de vez en cuando con una palabra insignificante. Comiendo su chuleta y bebiendo su té, apoyaba el mentón en su corbata azul cielo, atravesada por dos alfileres de diamantes unidos por una cadenita de oro; y sonreía con una sonrisa singular, de una manera dulzona y ambigua. Pero, dándose cuenta de que ella tenía los pies mojados: |
— Approchez-vous donc du poêle… plus haut…, contre la porcelaine. | Acérquese a la estufa... más arriba..., contra la porcelana. |
Elle avait peur de la salir. Le notaire reprit d’un ton galant : | Tenía miedo a ensuciarla. El notario exclamó en tono galante: |
— Les belles choses ne gâtent rien. | Las cosas hermosas no estropean nada. |
Alors elle tâcha de l’émouvoir, et, s’émotionnant elle-même, elle vint à lui conter l’étroitesse de son ménage, ses tiraillements, ses besoins. Il comprenait cela : une femme élégante ! et, sans s’interrompre de manger, il s’était tourné vers elle complètement, si bien qu’il frôlait du genou sa bottine, dont la semelle se recourbait tout en fumant contre le poêle. | Entonces Emma trató de conmoverlo, y, emocionándose ella misma, llegó a contarle las estrecheces de su casa, sus dificultades, sus necesidades. ¡Él comprendía esto!, ¡una mujer elegante!, y, sin parar de comer, se había vuelto completamente hacia ella, de tal modo que le rozaba con su rodilla la botina, cuya suela se curvaba humeando al lado de la estufa. |
Mais, lorsqu’elle lui demanda mille écus, il serra les lèvres, puis se déclara très peiné de n’avoir pas eu autrefois la direction de sa fortune, car il y avait cent moyens fort commodes, même pour une dame, de faire valoir son argent. On aurait pu, soit dans les tourbières de Grumesnil ou les terrains du Havre, hasarder presque à coup sûr d’excellentes spéculations ; et il la laissa se dévorer de rage à l’idée des sommes fantastiques qu’elle aurait certainement gagnées. | Pero cuando Emma le pidió mil escudos, él apretó los labios, después se declaró muy apenado por no haberse hecho cargo antes de la administración de su fortuna, pues había cien medios muy cómodos, incluso para una dama, de hacer producir su dinero. En las turberas de Grumesnil o en los terrenos de El Havre habrían podido hacer, casi seguro, excelentes especulaciones; y la dejó consumirse de rabia ante la idea de las sumas fantásticas que sin duda podría haber ganado. |
— D’où vient, reprit-il, que vous n’êtes pas venue chez moi ? — Je ne sais trop, dit-elle. | ¿:Por qué preguntó el notario no ha venido a verme? No sé muy bien dijo ella. |
— Pourquoi, hein ?… Je vous faisais donc bien peur ? C’est moi, au contraire, qui devrais me plaindre ! À peine si nous nous connaissons ! Je vous suis pourtant très dévoué ; vous n’en doutez plus, j’espère ? | ¿:Por qué, eh?... ¿:Le daba miedo? ¡Soy yo, por el contrario, quien debería quejarse! ¡Si apenas nos conocemos! Sin embargo, le tengo mucho afecto; ¿:ya no lo pone en duda, supongo? |
Il tendit sa main, prit la sienne, la couvrit d’un baiser vorace, puis la garda sur son genou ; et il jouait avec ses doigts délicatement, tout en lui contant mille douceurs. | Alargó su mano, tomó la de Emma, la cubrió con un beso voraz, después la puso sobre su rodilla; y jugaba con sus dedos delicadamente, diciéndole mil piropos. |
Sa voix fade susurrait, comme un ruisseau qui coule ; une étincelle jaillissait de sa pupille à travers le miroitement de ses lunettes, et ses mains s’avançaient dans la manche d’Emma, pour lui palper le bras. Elle sentait contre sa joue le souffle d’une respiration haletante. Cet homme la gênait horriblement. | Su voz sosa susurraba como un arroyo que corre, una chispa brotaba de su pupila a través del reflejo de sus lentes, y sus manos se adentraban en la manga de Emma para palparle el brazo. Emma sentía en su mejilla el aliento de una respiración jadeante. Aquel hombre la molestaba horriblemente. |
Elle se leva d’un bond et lui dit : | Se levantó de un salto y le dijo: |
— Monsieur, j’attends ! | Señor, estoy esperando. |
— Quoi donc ? fit le notaire, qui devint tout à coup extrêmement pâle. | ¿:Qué? dijo el notario, que de pronto se volvió extremadamente pálido: |
— Cet argent. | Ese dinero. |
— Mais… | Pero... |
Puis, cédant à l’irruption d’un désir trop fort : | Después, cediendo a la irrupción de un deseo demasiado fuerte: |
— Eh bien, oui !… | Bueno, pues sí. |
Il se traînait à genoux vers elle, sans égard pour sa robe de chambre. | Se arrastraba de rodillas hacia ella, sin pensar en su bata de casa. |
— De grâce, restez ! je vous aime ! | Por favor, quédese, ¡la quiero! |
Il la saisit par la taille. | La cogió por la cintura. |
Un flot de pourpre monta vite au visage de Mme Bovary. Elle se recula d’un air terrible, en s’écriant : | Una oleada de púrpura subió enseguida a la cara de Madame Bovary. Se echó hacia atrás con un cara de espanto: |
— Vous profitez impudemment de ma détresse, monsieur ! Je suis à plaindre, mais pas à vendre ! | ¡Usted se aprovecha descaradamente de mi desgracia, señor! Soy digna de lástima, pero no me vendo. |
Et elle sortit. | Y salió. |
Le notaire resta fort stupéfait, les yeux fixés sur ses belles pantoufles en tapisserie. C’était un présent de l’amour. Cette vue à la fin le consola. D’ailleurs, il songeait qu’une aventure pareille l’aurait entraîné trop loin. | El notario quedó estupefacto, con los ojos fijos en sus bonitas zapatillas bordadas. Eran un regalo del amor. Aquella contemplación le sirvió, por fin, de consuelo. Además, pensaba que una aventura semejante le habría llevado muy lejos. |
— Quel misérable ! quel goujat !… quelle infamie ! se disait-elle, en fuyant d’un pied nerveux sous les trembles de la route. Le désappointement de l’insuccès renforçait l’indignation de sa pudeur outragée ; il lui semblait que la Providence s’acharnait à la poursuivre, et, s’en rehaussant d’orgueil, jamais elle n’avait eu tant d’estime pour elle-même ni tant de mépris pour les autres. Quelque chose de belliqueux la transportait. Elle aurait voulu battre les hommes, leur cracher au visage, les broyer tous ; et elle continuait à marcher rapidement devant elle, pâle, frémissante, enragée, furetant d’un œil en pleurs l’horizon vide, et comme se délectant à la haine qui l’étouffait. | ¡Qué miserable!, ¡qué grosero!, ¡qué infame! se decía ella, huyendo con paso nervioso bajo los álamos de la carretera. La decepción del fracaso reforzaba la indignación de su pudor ultrajado; le parecía que la Providencia se obstinaba en perseguirla, y realzando su amor propio, nunca había tenido tanta estima por sí misma ni canto desprecio por los demás. Un algo belicoso la ponía fuera de sí. Habría querido pegar a los hombres, escupirles en la cara, triturarlos a todos; y continuaba caminando rápidamente hacia adelante, pálida, temblorosa, furiosa, escudriñando con los ojos en lágrimas el horizonte vacío, y como deleitándose en el odio que la ahogaba. |
Quand elle aperçut sa maison, un engourdissement la saisit. Elle ne pouvait avancer ; il le fallait cependant ; d’ailleurs, où fuir ? | Cuando divisó su casa, se apoderó de ella una especie de embocamiento. No podía seguir caminando; sin embargo, era preciso; por otra parte, ¿:adónde huir? |
Félicité l’attendait sur la porte. | Felicidad la esperaba a la puerta. |
— Eh bien ? | ¿:Y qué? |
— Non ! dit Emma. | ¡No! dijo Emma. |
Et, pendant un quart d’heure, toutes les deux, elles avisèrent les différentes personnes d’Yonville disposées peut-être à la secourir. Mais, chaque fois que Félicité nommait quelqu’un, Emma répliquait : | Y durante un cuarto de hora las dos estuvieron pasando revista a las diferentes personas de Yonville que acaso estarían dispuestas a acudir en su ayuda. Pero cada vez que Felicidad nombraba a alguien. Emma replicaba: |
— Est-ce possible ! Ils ne voudront pas ! — Et monsieur qui va rentrer ! | ¡Es posible! ¡No querrán! ¡Y el señor que va a regresar! |
— Je le sais bien… Laisse-moi seule. | Ya lo sé... Déjame sola. |
Elle avait tout tenté. Il n’y avait plus rien à faire maintenant ; et, quand Charles paraîtrait, elle allait donc lui dire : | Lo había probado todo. Ya no había nada que hacer ahora; y cuando llegara Carlos ella le diría: |
— Retire-toi. Ce tapis où tu marches n’est plus à nous. De ta maison, tu n’as pas un meuble, une épingle, une paille, et c’est moi qui t’ai ruiné, pauvre homme ! | Retírate. Esa alfombra sobre la que caminas ya no es nuestra. De tu casa ya no te queda ni un mueble ni un alfiler ni una paja, y soy yo quien lo ha arruinado, ¡infeliz! |
Alors ce serait un grand sanglot, puis il pleurerait abondamment, et enfin, la surprise passée, il pardonnerait. | Entonces habría un gran sollozo, después él lloraría abundantemente y, por fin, pasada la sorpresa, la perdonaría. |
— Oui, murmurait-elle en grinçant des dents, il me pardonnera, lui qui n’aurait pas assez d’un million à m’offrir pour que je l’excuse de m’avoir connue… Jamais ! jamais ! | Sí murmuraba rechinando los dientes , me perdonará, él, que con un millón que me ofreciera, no tendría bastante para que yo le perdonara el haberme conocido... ¡jamás!, ¡jamás! |
Cette idée de la supériorité de Bovary sur elle l’exaspérait. Puis, qu’elle avouât ou n’avouât pas, tout à l’heure, tantôt, demain, il n’en saurait pas moins la catastrophe ; donc, il fallait attendre cette horrible scène et subir le poids de sa magnanimité. L’envie lui vint de retourner chez Lheureux : à quoi bon ? d’écrire à son père ; il était trop tard ; et peut-être qu’elle se repentait maintenant de n’avoir pas cédé à l’autre, lorsqu’elle entendit le trot d’un cheval dans l’allée. C’était lui, il ouvrait la barrière, il était plus blême que le mur de plâtre. Bondissant dans l’escalier, elle s’échappa vivement par la place ; et la femme du maire, qui causait devant l’église avec Lestiboudois, la vit entrer chez le percepteur. | Esta idea de la superioridad de Bovary sobre ella la exasperaba. Además, confesara o no inmediatamente, luego, mañana, él no dejaría de enterarse de la catástrofe; así que había que esperar esta horrible escena y soportar el peso de su magnanimidad. Le dieron ganas de volver a casa de Lheureux: ¿:para qué?; de escribir a su padre, era demasiado tarde; y tal vez se arrepentía ahora de no haber cedido al otro, cuando oyó el trote de un caballo por la alameda. Era él, abría la barrera, estaba más pálido que el yeso de la pared. Bajando a saltos la escalera, Emma se escapó rápidamente por la plaza; y la mujer del alcalde, que estaba hablando delante de la iglesia con Lestiboudis, la vio entrar en casa del recaudador. |
Elle courut le dire à Mme Caron. Ces deux dames montèrent dans le grenier ; et, cachées par du linge étendu sur des perches, se postèrent commodément pour apercevoir tout l’intérieur de Binet. | Corrió a decírselo a la señora Caron. Las dos señoras subieron al desván; y, escondidas tras la ropa extendida en unas varas, se situaron cómodamente para ver toda la casa de Binet. |
Il était seul, dans sa mansarde, en train d’imiter, avec du bois, une de ces ivoireries indescriptibles, composées de croissants, de sphères creusées les unes dans les autres, le tout droit comme un obélisque et ne servant à rien ; et il entamait la dernière pièce, il touchait au but ! Dans le clair-obscur de l’atelier, la poussière blonde s’envolait de son outil, comme une aigrette d’étincelles sous les fers d’un cheval au galop ; les deux roues tournaient, ronflaient ; Binet souriait, le menton baissé, les narines ouvertes, et semblait enfin perdu dans un de ces bonheurs complets, n’appartenant sans doute qu’aux occupations médiocres, qui amusent l’intelligence par des difficultés faciles, et l’assouvissent en une réalisation au delà de laquelle il n’y a pas à rêver. | Estaba solo en su buhardilla, reproduciendo en madera una de esas tallas de marfil indescriptibles, compuestas de medias lunas, de esferas huecas metidas unas en otras, todo el conjunto erguido como un obelisco y que no servía para nada; ya estaba empezando la última pieza, tocaba al fin. En la penumbra del taller se veía salir de su herramienta un polvillo rubio como un torrente de chispas bajo las herraduras de un caballo al galope; las dos ruedas giraban, zumbaban. Binet sonreía, la barbilla baja, las aletas de la nariz abiertas y parecía finalmente perdido en una de esas felicidades completas que no pertenecen, sin duda, más que a las ocupaciones mediocres, que divierten la inteligencia por dificultades fáciles y la sacian en una realización más allá de la cual no queda sino soñar. |
— Ah ! la voici ! fit Mme Tuvache. | ¡Ah!, ¡a11í está! dijo la señora Tuvache. |
Mais il n’était guère possible, à cause du tour, d’entendre ce qu’elle disait. | Pero el ruido del torno no dejaba oír to que Emma decía. |
Enfin, ces dames crurent distinguer le mot francs, et la mère Tuvache souffla tout bas : | Por fin, aquellas señoras creyeron percibir la palabra «francos» y la tía Tuvache sopló muy despacio: |
— Elle le prie, pour obtenir un retard à ses contributions. | Le pide que le aplace las contribuciones. |
— D’apparence ! reprit l’autre. | ¡Eso parece! replicó la otra. |
Elles la virent qui marchait de long en large, examinant contre les murs les ronds de serviette, les chandeliers, les pommes de rampe, tandis que Binet se caressait la barbe avec satisfaction. | La vieron caminar de un lado para otro mirando en las paredes, los servilleteros, los candelabros, los pomos del pasamanos, mientras que Binet se acariciaba la barba con satisfacción. |
— Viendrait-elle lui commander quelque chose ? dit Mme Tuvache. | ¿:Iría a encargarle algo? dijo la señora Tuvache. |
— Mais il ne vend rien ! objecta sa voisine. | Pero si él no vende nada objetó su vecina. |
Le percepteur avait l’air d’écouter, tout en écarquillant les yeux, comme s’il ne comprenait pas. Elle continuait d’une manière tendre, suppliante. Elle se rapprocha ; son sein haletait ; ils ne parlaient plus. | El recaudador parecía escuchar con los ojos desorbitados, como si no comprendiera; Emma seguía en actitud tierna, suplicante. Se acercó; su pecho jadeaba; ya no hablaban. |
— Est-ce qu’elle lui fait des avances ? dit Mme Tuvache. | ¿:Es que ella le hace insinuaciones? dijo la señora Tuvache. |
Binet était rouge jusqu’aux oreilles. Elle lui prit les mains. | Binet estaba rojo hasta las orejas. Emma le cogió las manos. |
— Ah ! c’est trop fort ! | ¡Ah!, ¡eso ya es demasiado! |
Et sans doute qu’elle lui proposait une abomination ; car le percepteur, — il était brave pourtant, il avait combattu à Bautzen et à Lutzen, fait la campagne de France, et même été porté pour la croix ; — tout à coup, comme à la vue d’un serpent, se recula bien loin en s’écriant : | Y sin duda le proponía una abominación; pero el recaudador era, a pesar de todo, un valiente que había combatido en Bautzen y en Lutzen, hecho la campaña de Francia a incluso le habían «propuesto para la cruz»; de pronto, como a la vista de una serpiente, se apartó muy lejos hacia atrás exclamando: |
— Madame ! y pensez-vous ?… | Señora, qué ocurrencias! |
— On devrait fouetter ces femmes-là ! dit Mme Tuvache. | Habría que azotar a esas mujeres dijo la señora Tuvache. |
— Où est-elle donc ? reprit Mme Caron. | ¿:Dónde está? replicó la señora Caron. |
Car elle avait disparu durant ces mots ; puis, l’apercevant qui enfilait la Grande-Rue et tournait à droite comme pour gagner le cimetière, elles se perdirent en conjectures. | Pues durante aquella conversación Emma había desaparecido; después, viéndola enfilar la Calle Mayor y girar a la derecha como para ir al cementerio, se perdieron en conjeturas. |
— Mère Rolet, dit-elle en arrivant chez la nourrice, j’étouffe !… délacez-moi. | Tía Rolet dijo al llegar a casa de la nodriza , me ahogo..., aflójeme el corsé. |
Elle tomba sur le lit ; elle sanglotait. La mère Rolet la couvrit d’un jupon et resta debout près d’elle. Puis, comme elle ne répondait pas, la bonne femme s’éloigna, prit son rouet et se mit à filer du lin. | Se echó sobre la cama; sollozaba. La tía Rolet la tapó con un refajo y se quedó de pie delante de ella. Después, como no contestaba, la buena mujer se alejó, cogió su rueca y se puso a hilar lino. |
— Oh ! finissez ! murmura-t-elle, croyant entendre le tour de Binet. — Qui la gêne ? se demandait la nourrice. Pourquoi vient-elle ici ? | ¡Oh!, ¡pare de una vez! murmuró ella, creyendo escuchar el torno de Binet. ¿:Quién la incomoda? se preguntaba la nodriza . ¿:Por qué viene aquí? |
Elle y était accourue, poussée par une sorte d’épouvante qui la chassait de sa maison. | Había acudido a11í empujada por una especie de espanto que la echaba de su casa. |
Couchée sur le dos, immobile et les yeux fixes, elle discernait vaguement les objets, bien qu’elle y appliquât son attention avec une persistance idiote. Elle contemplait les écaillures de la muraille, deux tisons fumant bout à bout, et une longue araignée qui marchait au-dessus de sa tête, dans la fente de la poutrelle. Enfin, elle rassembla ses idées. Elle se souvenait… Un jour, avec Léon… Oh ! comme c’était loin… Le soleil brillait sur la rivière et les clématites embaumaient… Alors, emportée dans ses souvenirs comme dans un torrent qui bouillonne, elle arriva bientôt à se rappeler la journée de la veille. | Acostada sobre la espalda, inmóvil y con los ojos fijos, distinguía vagamente los objetos, aunque aplicara su atención a ellos con una persistencia idiota. Contemplaba los desconchados de la pared, dos tizones humeando por las dos puntas y una larga araña que andaba por encima de su cabeza en la rendija de la viga. Por fin, fijó sus ideas. Se acordaba... un día, con León... ¡Oh, qué lejos...! El sol brillaba en el río y las clemátides perfumaban el aire. Entonces, transportada en sus recuerdos como en un torrente que hierve, llegó pronto a recordar la jornada de la víspera. |
— Quelle heure est-il ? demanda-t-elle. | ¿:Qué hora es? preguntó. |
La mère Rolet sortit, leva les doigts de sa main droite du côté que le ciel était le plus clair, et rentra lentement en disant : | Salió la tía Rolet, levantó los dedos de su mano derecha hacia el lado donde el cielo estaba más claro, y volvió despacio diciendo: |
— Trois heures, bientôt. | Pronto serán las tres. |
— Ah ! merci ! merci ! | ¡Ah!, ¡gracias!, ¡gracias! |
Car il allait venir. C’était sûr ! Il aurait trouvé de l’argent. Mais il irait peut-être là-bas, sans se douter qu’elle fût là ; et elle commanda à la nourrice de courir chez elle pour l’amener. | Porque él iba a llegar. Era seguro. Habría encontrado dinero. Pero iría quizás allí, sin sospechar que ella estaba aquí; y pidió a la nodriza que fuese corriendo a su casa para traerlo. |
— Dépêchez-vous ! | ¡Dése prisa! |
— Mais, ma chère dame, j’y vais ! j’y vais ! | Pero, mi querida señora, ya voy, ¡ya voy! |
Elle s’étonnait, à présent, de n’avoir pas songé à lui tout d’abord ; hier, il avait donné sa parole, il n’y manquerait pas ; et elle se voyait déjà chez Lheureux, étalant sur son bureau les trois billets de banque. Puis il faudrait inventer une histoire qui expliquât les choses à Bovary. Laquelle ? | Se extrañaba ahora de no haber pensado en él primeramente; ayer le había dado su palabra, no faltaría a ella; y se veía ya en casa de Lheureux presentando sobre su mesa los tres billetes de banco. Después habría que inventar una historia que explicase las cosas a Bovary. ¿:Cuál? |
Cependant la nourrice était bien longue à revenir. Mais, comme il n’y avait point d’horloge dans la chaumière, Emma craignait de s’exagérer peut-être la longueur du temps. Elle se mit à faire des tours de promenade dans le jardin, pas à pas ; elle alla dans le sentier le long de la haie, et s’en retourna vivement, espérant que la bonne femme serait rentrée par une autre route. Enfin, lasse d’attendre, assaillie de soupçons qu’elle repoussait, ne sachant plus si elle était là depuis un siècle ou une minute, elle s’assit dans un coin et ferma les yeux, se boucha les oreilles. La barrière grinça : elle fit un bond ; avant qu’elle eût parlé, la mère Rolet lui avait dit : | Entretanto la nodriza tardaba mucho en volver. Pero como no había reloj, Emma temía exagerar, tal vez, la duración del tiempo. Se puso a dar paseos por la huerta, paso a paso; siguió el sendero a lo largo del seto y volvió rápidamente pensando que la buena señora habría regresado por otro camino. Por fin, cansada de esperar, asaltada por sospechas que rechazaba, sin saber si estaba allí desde hacía un siglo o un minuto, se sentó en un rincón, cerró los ojos y se tapó los oídos. La barrera chirrió: ella dio un salto; antes de que hubiese hablado, la tía Rolet le dijo: |
— Il n’y a personne chez vous ! | No hay nadie en su casa. |
— Comment ? | ¿:Cómo? |
— Oh ! personne ! Et monsieur pleure. Il vous appelle. On vous cherche. | ¡Nadie! Y el señor está llorando. La llama. La están buscando. |
Emma ne répondit rien. Elle haletait, tout en roulant les yeux autour d’elle, tandis que la paysanne, effrayée de son visage, se reculait instinctivement, la croyant folle. Tout à coup elle se frappa le front, poussa un cri, car le souvenir de Rodolphe, comme un grand éclair dans une nuit sombre, lui avait passé dans l’âme. Il était si bon, si délicat, si généreux ! Et, d’ailleurs, s’il hésitait à lui rendre ce service, elle saurait bien l’y contraindre en rappelant d’un seul clin d’œil leur amour perdu. Elle partit donc vers la Huchette, sans s’apercevoir qu’elle courait s’offrir à ce qui l’avait tantôt si fort exaspérée, ni se douter le moins du monde de cette prostitution. | Emma no respondió nada. Jadeaba dirigiendo miradas a su alrededor mientras que la campesina, asustada de verla así, retrocedía instintivamente creyendo que estaba loca. De pronto se dio una palmada en la frente, lanzó un grito, porque el recuerdo de Rodolfo, como un gran relámpago en una noche oscura, le había llegado al alma. ¡Era tan bueno, tan delicado, tan generoso! Y además, si vacilaba en servirla, ella sabría bien obligarle recordando con un solo guiño de ojo su amor perdido. Salió, pues, hacia la Huchette, sin darse cuenta que corría a ofrecerse a lo que hacía un instante la había exasperado tanto, sin sospechar, ni por asomo, en aquella prostitución. |
III - VIII | III- CAPÍTULO VIII |
Elle se demandait tout en marchant : « Que vais-je dire ? Par où commencerai-je ? » Et à mesure qu’elle avançait, elle reconnaissait les buissons, les arbres, les joncs marins sur la colline, le château là-bas. Elle se retrouvait dans les sensations de sa première tendresse, et son pauvre cœur comprimé s’y dilatait amoureusement. Un vent tiède lui soufflait au visage ; la neige, se fondant, tombait goutte à goutte des bourgeons sur l’herbe. | Por el camino se iba preguntando: ¿:Qué le voy a decir? ¿:Por dónde empezaré?» Y a medida que se acercaba, reconocía los matorrales, los árboles, los juncos marinos sobre la colina, el castillo a11á lejos. Se reencontraba a sí misma en las sensaciones de su primer amor, y su pobre corazón oprimido se ensanchaba tiernamente en él. Un aire tibio le daba en la cara; la nieve, al fundirse, caía gota a gota de las yemas sobre la hierba. |
Elle entra, comme autrefois, par la petite porte du parc, puis arriva à la cour d’honneur, que bordait un double rang de tilleuls touffus. Ils balançaient, en sifflant, leurs longues branches. Les chiens au chenil aboyèrent tous, et l’éclat de leurs voix retentissait sans qu’il parût personne. | Entró, como antaño, por la pequeña puerta del parque, después llegó al patio de honor, que estaba bordeado por una doble fila de tilos frondosos. Balanceaban silbando sus largas ramas. Los perros en la perrera ladraron todos a la vez, y el estrépito de sus voces resonaba sin que apareciese nadie. |
Elle monta le large escalier droit, à balustres de bois, qui conduisait au corridor pavé de dalles poudreuses où s’ouvraient plusieurs chambres à la file, comme dans les monastères ou les auberges. La sienne était au bout, tout au fond, à gauche. Quand elle vint à poser les doigts sur la serrure, ses forces subitement l’abandonnèrent. Elle avait peur qu’il ne fût pas là, le souhaitait presque, et c’était pourtant son seul espoir, la dernière chance de salut. Elle se recueillit une minute, et, retrempant son courage au sentiment de la nécessité présente, elle entra. | Subió la amplia escalera recta, con balaustrada de madera, que conducía al corredor pavimentado de losas polvorientas al que daban varias habitaciones en hilera, como en los monasterios o las posadas. La suya estaba al final, a la izquierda. Cuando llegó a poner los dedos en la cerradura sus fuerzas le abandonaron súbitamente. Temía que no estuviese a11í, casi to deseaba, y ésta era, sin embargo, su única esperanza, la última oportunidad de salvación. Se recogió un minuto, y, armándose de valor ante la necesidad presente, entró. |
Il était devant le feu, les deux pieds sur le chambranle, en train de fumer une pipe. | Rodolfo estaba junto al fuego, los dos pies sobre la chambrana, fumando una pipa. |
— Tiens ! c’est vous ! dit-il en se levant brusquement. | ¡Anda!, ¿:es usted? dijo él levantándose bruscamente. |
— Oui, c’est moi !… je voudrais, Rodolphe, vous demander un conseil. | ¡Sí, soy yo!... Quisiera, Rodolfo, pedirle un consejo. |
Et malgré tous ses efforts, il lui était impossible de desserrer la bouche. | Y a pesar de todos sus esfuerzos, le era imposible abrir la boca. |
— Vous n’avez pas changé, vous êtes toujours charmante ! | ¡No ha cambiado, sigue tan encantadora! |
— Oh ! reprit-elle amèrement, ce sont de tristes charmes, mon ami, puisque vous les avez dédaignés. | ¡Oh! replicó ella amargamente , son tristes encantos, amigo mío, pues usted los ha desdeñado. |
Alors il entama une explication de sa conduite, s’excusant en termes vagues, faute de pouvoir inventer mieux. | Entonces él inició una explicación de su conducta disculpándose vagamente a falta de poder inventar algo mejor. |
Elle se laissa prendre à ses paroles, plus encore à sa voix et par le spectacle de sa personne ; si bien qu’elle fit semblant de croire, ou crut-elle peut-être, au prétexte de leur rupture ; c’était un secret d’où dépendaient l’honneur et même la vie d’une troisième personne. | Emma se dejó impresionar por sus palabras y más aún por su voz y por la contemplación de su persona; de modo que fingió creer, o quizás creyó, en el pretexto de su ruptura; era un secreto del que dependían el honor a incluso la vida de una tercera persona. |
— N’importe ! fit-elle en le regardant tristement, j’ai bien souffert ! | ¡No importa! dijo ella mirándolo tristemente , ¡he sufrido mucho! |
Il répondit d’un ton philosophique : | Él respondió en un aire filosófico: |
— L’existence est ainsi ! | ¡La vida es así! |
— A-t-elle du moins, reprit Emma, été bonne pour vous depuis notre séparation ? — Oh ! ni bonne… ni mauvaise. | ¿:Ha sido, por lo menos replicó Emma , buena para usted después de nuestra separación. ¡Oh!, ni buena... ni mala. |
— Il aurait peut-être mieux valu ne jamais nous quitter. — Oui…, peut-être ! | Quizás habría sido mejor no habernos dejado nunca. ¡Sí..., quizás! |
— Tu crois ? dit-elle en se rapprochant. | ¿:Tú crees? dijo ella acercándose. |
Et elle soupira. | Y suspiró. |
— Ô Rodolphe ! si tu savais… je t’ai bien aimé ! | ¡Oh, Rodolfo!, ¡si supieras!... ¡te he querido mucho! |
Ce fut alors qu’elle prit sa main, et ils restèrent quelque temps les doigts entrelacés, — comme le premier jour, aux Comices ! Par un geste d’orgueil, il se débattait sous l’attendrissement. Mais, s’affaissant contre sa poitrine, elle lui dit : | Entonces ella le cogió la mano y permanecieron algún tiempo con los dedos entrelazados, como el primer día en los comicios. Por un gesto de orgullo, Rodolfo luchaba por no enternecerse. Pero desplomándose sobre su pecho, ella le dijo: |
— Comment voulais-tu que je vécusse sans toi ? On ne peut pas se déshabituer du bonheur ! J’étais désespérée ! j’ai cru mourir ! Je te conterai tout cela, tu verras. Et toi… tu m’as fuie !… | ¿:Cómo qúerías que viviese sin ti? ¡No es posible desacostumbrarse de 1a felicidad! ¡Estaba desesperada!, ¡creí morir! Te contaré todo esto, ya verás. ¡Y tú... has huido de mí!... |
Car, depuis trois ans, il l’avait soigneusement évitée par suite de cette lâcheté naturelle qui caractérise le sexe fort ; et Emma continuait avec des gestes mignons de tête, plus câline qu’une chatte amoureuse : | Pues, desde hacía tres años, él había evitado cuidadosamente encontrarse con ella por esa cobardía natural que caracteriza al sexo fuerte; y Emma continuaba con graciosos gestos de cabeza, más mimosa que una gata en celo: |
— Tu en aimes d’autres, avoue-le. Oh ! je les comprends, va ! je les excuse ; tu les auras séduites, comme tu m’avais séduite. Tu es un homme, toi ! tu as tout ce qu’il faut pour te faire chérir. Mais nous recommencerons, n’est-ce pas ? nous nous aimerons ! Tiens, je ris, je suis heureuse !… parle donc ! | Tú quieres a otras, confiésalo. ¡Oh! ¡Lo comprendo, vamos!, las disculpo; las habrás seducido, como me sedujiste a mí. ¡Tú eres un hombre!, tienes todo lo que hace falta para hacerte querer. Pero nosotros reanudaremos, ¿:verdad?, ¡nos amaremos! iFíjate, me río, soy feliz! ¡Pero habla! |
Et elle était ravissante à voir, avec son regard où tremblait une larme, comme l’eau d’un orage dans un calice bleu. | Y tenía un aspecto encantador, con aquella mirada en la que temblaba una lágrima como el agua de una tormenta en un cáliz azul. |
Il l’attira sur ses genoux, et il caressait du revers de la main ses bandeaux lisses, où, dans la clarté du crépuscule, miroitait comme une flèche d’or un dernier rayon du soleil. Elle penchait le front ; il finit par la baiser sur les paupières, tout doucement, du bout de ses lèvres. | Rodolfo la sentó sobre sus rodillas y acarició con el revés de su mano sus bandós lisos, en los que a la claridad del crepúsculo se reflejaba como una flecha de oro un último rayo de sol. Emma inclinaba la frente; él terminó besándola en los párpados, muy suavemente, con la punta de los labios. |
— Mais tu as pleuré ! dit-il. Pourquoi ? | ¡Pero tú has llorado! le dijo . ¿:Por qué? |
Elle éclata en sanglots. Rodolphe crut que c’était l’explosion de son amour ; comme elle se taisait, il prit ce silence pour une dernière pudeur, et alors il s’écria : | Ella rompió en sollozos, Rodolfo creyó que era la explosión de su amor; como ella se callaba, él interpretó este silencio como un último pudor y entonces exclamó: |
— Ah ! pardonne-moi ! tu es la seule qui me plaise. J’ai été imbécile et méchant ! Je t’aime, je t’aimerai toujours !… Qu’as-tu ? dis-le donc ! | ¡Ah!, ¡perdóname!, tú eres la única que me gusta. ¡He sido un imbécil y un malvado! ¡Te quiero, te querré siempre! ¿:Qué tienes? ¡dímelo! |
Il s’agenouillait. | Y se arrodilló. |
— Eh bien !… je suis ruinée, Rodolphe ! Tu vas me prêter trois mille francs ! | ¡Pues estoy arruinada, Rodolfo! ¡Vas a prestarme mil francos! |
— Mais…, mais…, dit-il en se relevant peu à peu, tandis que sa physionomie prenait une expression grave. | Pero... pero... dijo levantándose poco a poco, mientras que su cara tomaba una expresión grave. |
— Tu sais, continuait-elle vite, que mon mari avait placé toute sa fortune chez un notaire ; il s’est enfui. Nous avons emprunté ; les clients ne payaient pas. Du reste la liquidation n’est pas finie ; nous en aurons plus tard. Mais, aujourd’hui, faute de trois mille francs, on va nous saisir ; c’est à présent, à l’instant même ; et, comptant sur ton amitié, je suis venue. | Tú sabes continuó ella inmediatamente que mi marido había colocado toda su fortuna en casa de un notario, y el notario se ha escapado. Hemos pedido prestado; los clientes no pagaban. Por lo demás, la liquidación no ha terminado; tendremos dinero más adelante. Pero hoy, por falta de tres mil francos, nos van a embargar. Es hoy, ahora mismo y, contando con tu amistad, he venido. |
— Ah ! pensa Rodolphe, qui devint très pâle tout à coup, c’est pour cela qu’elle est venue ! | «¡Ah! pensó Rodolfo, que se puso muy pálido de pronto , ¡por eso has venido!» |
Enfin il dit d’un air calme : | Por fin, dijo en tono tranquilo: |
— Je ne les ai pas, chère madame. | No los tengo, querida señora mía. |
Il ne mentait point. Il les eût eus qu’il les aurait donnés, sans doute, bien qu’il soit généralement désagréable de faire de si belles actions : une demande pécuniaire, de toutes les bourrasques qui tombent sur l’amour, étant la plus froide et la plus déracinante. | No mentía. Si los hubiera tenido seguramente se los habría dado, aunque generalmente sea desagradable hacer tan bellas acciones, pues de todas las borrascas que caen sobre el amor, ninguna lo enfría y lo desarraiga tanto como las peticiones de dinero. |
Elle resta d’abord quelques minutes à le regarder. | A1 principio Emma se quedó mirándole unos minutos. |
— Tu ne les as pas ! | ¡No los tienes! |
Elle répéta plusieurs fois : | Repitió varias veces: |
— Tu ne les as pas !… J’aurais dû m’épargner cette dernière honte. Tu ne m’as jamais aimée ! tu ne vaux pas mieux que les autres ! | No los tienes... Debería haberme ahorrado esta última vergüenza. ¡Nunca me has querido! ¡Eres como los otros! |
Elle se trahissait, elle se perdait. | Emma se traicionaba, se perdía. |
Rodolphe l’interrompit, affirmant qu’il se trouvait « gêné » lui-même. | Rodolfo la interrumpió, afirmando que él mismo se encontraba apurado de dinero. |
— Ah ! je te plains ! dit Emma. Oui, considérablement !… | ¡Ah!, ¡te compadezco! dijo Ernma . ¡Sí, muchísimo!... |
Et, arrêtant ses yeux sur une carabine damasquinée qui brillait dans la panoplie : | Y fijándose en una carabina damasquinada que brillaba en la panoplia: |
— Mais, lorsqu’on est si pauvre, on ne met pas d’argent à la crosse de son fusil ! On n’achète pas une pendule avec des incrustations d’écaille ! continuait-elle en montrant l’horloge de Boulle ; ni des sifflets de vermeil pour ses fouets — elle les touchait ! — ni des breloques pour sa montre ! Oh ! rien ne lui manque ! Jusqu’à un porte-liqueurs dans sa chambre ; car tu t’aimes, tu vis bien, tu as un château, des fermes, des bois ; tu chasses à courre, tu voyages à Paris… Eh ! quand ce ne serait que cela, s’écria-t-elle en prenant sur la cheminée ses boutons de manchettes, que la moindre de ces niaiseries ! on en peut faire de l’argent !… Oh ! je n’en veux pas ! garde-les ! | ¡Pero cuando se está tan pobre no se pone plata en la culata de su escopeta! ¡No se compra un reloj con incrustaciones de concha! continuaba ella señalando el reloj de Boulle ; ni empuñaduras de plata dorada para sus látigos y los tocaba , ni dijes para su reloj. ¡Oh!, ¡nada le falta!, hasta un portalicores en su habitación; porque tú no te privas de nada, vives bien, tienes un castillo, granjas, bosques, vas de montería, viajas a París... ¡Eh!, aunque no fuera más que esto exclamó ella cogiendo sobre la chimenea sus gemelos de camisa , que de la menor de estas boberías ¡se puede sacar dinero!... ¡Oh!, ¡no los quiero, guárdalos! |
Et elle lança bien loin les deux boutons, dont la chaîne d’or se rompit en cognant contre la muraille. | Y le tiró muy lejos los dos gemelos, cuya cadena de oro se rompió al pegar contra la pared. |
— Mais, moi, je t’aurais tout donné, j’aurais tout vendu, j’aurais travaillé de mes mains, j’ aurais mendié sur les routes, pour un sourire, pour un regard, pour t’entendre dire : « Merci ! » Et tu restes là tranquillement dans ton fauteuil, comme si déjà tu ne m’avais pas fait assez souffrir ? Sans toi, sais-tu bien, j’aurais pu vivre heureuse ! Qui t’y forçait ? Était-ce une gageure ? Tu m’aimais cependant, tu le disais… Et tout à l’heure encore… Ah ! il eût mieux valu me chasser ! J’ai les mains chaudes de tes baisers, et voilà la place, sur le tapis, où tu jurais à mes genoux une éternité d’amour. Tu m’y as fait croire : tu m’as, pendant deux ans, traînée dans le rêve le plus magnifique et le plus suave !… Hein ! nos projets de voyage, tu te rappelles ? Oh ! ta lettre, ta lettre ! elle m’a déchiré le cœur !… Et puis, quand je reviens vers lui, vers lui, qui est riche, heureux, libre ! pour implorer un secours que le premier venu rendrait, suppliante et lui rapportant toute ma tendresse, il me repousse, parce que ça lui coûterait trois mille francs ! | Pero yo te lo habría dado todo, habría vendido todo, habría trabajado con mis manos, habría mendigado por las carreteras, por una sonrisa, por una mirada, por oírte decir: «¡Gracias!» ¿:Y tú te quedas ahí tranquilamente en tu sillón, como si no me hubieras hecho ya sufrir bastante? ¡Sin ti, entérate bien, habría podido vivir feliz! ¿:Quién te obligaba? ¿:Era una apuesta? Sin embargo, me querías, lo decías... Y todavía, hace un momento... ¡Ah!, ¡hubieras hecho mejor despidiéndome! Tengo las manos calientes de tus besos, y ahí está sobre la alfombra el sitio donde me jurabas de rodillas un amor eterno. Me lo hiciste creer: ¡durante dos años me has arrastrado en el sueño más magnífico y más dulce!... Y mientras, proyectos de viaje, ¿:te acuerdas? ¡Oh!, ¡tu carta, tu carta, me desgarró el corazón!... ¡Y después, cuando vuelvo a él, a él, que es rico, feliz, libre, para implorar una ayuda que prestaría el primero que llegara, suplicándole y ofreciéndole toda mi ternura, me rechaza, porque le costaría tres mil francos! |
— Je ne les ai pas ! répondit Rodolphe avec ce calme parfait dont se recouvrent, comme d’un bouclier, les colères résignées. | ¡No los tengo! respondió Rodolfo con esa calma perfecta con que se protegen como si fuera un escudo las cóleras resignadas. |
Elle sortit. Les murs tremblaient, le plafond l’écrasait ; et elle repassa par la longue allée, en trébuchant contre les tas de feuilles mortes que le vent dispersait. Enfin elle arriva au saut-de-loup devant la grille ; elle se cassa les ongles contre la serrure, tant elle se dépêchait pour l’ouvrir. Puis, cent pas plus loin, essoufflée, près de tomber, elle s’arrêta. Et alors, se détournant, elle aperçut encore une fois l’impassible château, avec le parc, les jardins, les trois cours, et toutes les fenêtres de la façade. Elle resta perdue de stupeur, et n’ayant plus conscience d’elle-même que par le battement de ses artères, qu’elle croyait entendre s’échapper comme une assourdissante musique qui emplissait la campagne. Le sol sous ses pieds était plus mou qu’une onde, et les sillons lui parurent d’immenses vagues brunes, qui déferlaient. Tout ce qu’il y avait dans sa tête de réminiscences, d’idées, s’échappait à la fois, d’un seul bond, comme les mille pièces d’un feu d’artifice. Elle vit son père, le cabinet de Lheureux, leur chambre là-bas, un autre paysage. La folie la prenait, elle eut peur, et parvint à se ressaisir, d’une manière confuse, il est vrai ; car elle ne se rappelait point la cause de son horrible état, c’est-à-dire la question d’argent. Elle ne souffrait que de son amour, et sentait son âme l’abandonner par ce souvenir, comme les blessés, en agonisant, sentent l’existence qui s’en va par leur plaie qui saigne. | Emma salió. Las paredes temblaban, el techo la aplastaba; y volvió a pasar por la larga avenida tropezando en los montones de hojas caídas que dispersaba el viento. Por fin, llegó al foso delante de la verja; se rompió las uñas queriendo abrir deprisa. Después, cien pasos más adelante, sin aliento, a punto de caer, se paró. Y entonces, volviendo la vista, percibió otra vez el impasible castillo, con el parque, los jardines, los tres patios y todas las ventanas de la fachada. Se quedó estupefacta, y sin más conciencia de sí misma que el latido de sus arterias; le parecía oír como una ensordecedora música que se le escapaba y llenaba los campos. El suelo se hundía bajo sus pies, y los surcos le parecieron inmensas olas oscuras que se estrellaban. Todas las reminiscencias, todas las ideas que había en su cabeza se escapaban a la vez, de un solo impulso, como las mil piezas de un fuego de artificio. Vio a su padre, el despacho de Lheureux, la habitación de los dos, a11á lejos, un paisaje diferente. Era presa de un ataque de locura, tuvo miedo y llegó a serenarse, aunque hay que decir de una manera confusa, porque no recordaba la causa de su horrible estado, es decir, el problema del dinero. No sufría más que por su amor, y sentía que su alma la abandonaba por este recuerdo, como los heridos que agonizan sienten que la vida se les va por la herida que les sangra. |
La nuit tombait, des corneilles volaient. | Caía la noche, volaban las cornejas. |
Il lui sembla tout à coup que des globules couleur de feu éclataient dans l’air comme des balles fulminantes en s’aplatissant, et tournaient, tournaient, pour aller se fondre sur la neige, entre les branches des arbres. Au milieu de chacun d’eux, la figure de Rodolphe apparaissait. Ils se multiplièrent, et ils se rapprochaient, la pénétraient ; tout disparut. Elle reconnut les lumières des maisons, qui rayonnaient de loin dans le brouillard. | Le pareció de pronto que unas bolitas color de fuego estallaban en el aire como balas fulminantes que se aplastaban, y giraban, giraban, para it a derretirse en la nieve entre las ramas de los árboles. En medio de cada uno de ellas aparecía la cara de Rodolfo. Se multiplicaron y se acercaban, la penetraban; todo desapareció. Reconoció las luces de las casas que brillaban de lejos en la niebla. |
Alors sa situation, telle qu’un abîme, se représenta. Elle haletait à se rompre la poitrine. Puis, dans un transport d’héroïsme qui la rendait presque joyeuse, elle descendit la côte en courant, traversa la planche aux vaches, le sentier, l’allée, les halles, et arriva devant la boutique du pharmacien. | Entonces su situación se le presentó de nuevo, como un abismo. Jadeaba hasta partirse el pecho. Después, en un arrebato de heroísmo que la volvía casi alegre, bajó la cuesta corriendo, atravesó la pasarela de las vacas, el sendero, la avenida, el mercado y llegó a la botica. |
Il n’y avait personne. Elle allait entrer ; mais, au bruit de la sonnette, on pouvait venir ; et, se glissant par la barrière, retenant son haleine, tâtant les murs, elle s’avança jusqu’au seuil de la cuisine, où brûlait une chandelle posée sur le fourneau. Justin, en manches de chemise, emportait un plat. | No había nadie. Iba a entrar, pero al sonar la campanilla podía venir alguien, y deslizándose por la valla, reteniendo el aliento, tanteando las paredes, llegó hasta el umbral de la cocina, en la que ardía una vela colocada sobre el fogón. Justino, en mangas de camisa, llevaba una bandeja. |
— Ah ! ils dînent. Attendons. | ¡Ah!, están cenando. Esperemos. |
Il revint. Elle frappa contre la vitre. Il sortit. | Justino regresó. Ella golpeó el cristal. Él salió. |
— La clef ! celle d’en haut, où sont les… | ¡La llave!, la de arriba, donde están los... |
— Comment ? | ¿:Cómo? |
Et il la regardait, tout étonné par la pâleur de son visage, qui tranchait en blanc sur le fond noir de la nuit. Elle lui apparut extraordinairement belle, et majestueuse comme un fantôme ; sans comprendre ce qu’elle voulait, il pressentait quelque chose de terrible. | Y la miraba, todo asombrado por la palidez de su cara. ... |
Mais elle reprit vivement, à voix basse, d’une voix douce, dissolvante : | … |
— Je la veux ! donne-la-moi. | ¡La quiero!, ¡dámela! |
Comme la cloison était mince, on entendait le cliquetis des fourchettes sur les assiettes dans la salle à manger. | Como el tabique era delgado, se oía el ruido de los tenedores contra los platos en el comedor. |
Elle prétendit avoir besoin de tuer les rats qui l’empêchaient de dormir. | Decía que las necesitaba para matar las ratas que no le dejaban dormir. |
— Il faudrait que j’avertisse Monsieur. | Tendría que decírselo al señor. |
— Non ! reste ! | ¡No!, ¡quédate aquí! |
Puis, d’un air indifférent : | Después, con aire indiferente: |
— Eh ! ce n’est pas la peine, je lui dirai tantôt. Allons, éclaire-moi ! | ¡Bah!, no vale la pena, se lo diré luego. ¡Vamos, alúmbrame! |
Elle entra dans le corridor où s’ouvrait la porte où s’ouvrait la porte du laboratoire. Il y avait contre la muraille une clef étiquetée capharnaüm. | Y entró en el pasillo adonde daba la puerta del laboratorio. Había en la pared una llave con la etiqueta Capharnaüm. |
— Justin ! cria l’apothicaire, qui s’impatientait. | ¡Justino! gritó el boticario, que estaba impaciente. |
— Montons ! | ¡Subamos! |
Et il la suivit. | Y él la siguió. |
La clef tourna dans la serrure, et elle alla droit vers la troisième tablette, tant son souvenir la guidait bien, saisit le bocal bleu, en arracha le bouchon, y fourra sa main, et, la retirant pleine d’une poudre blanche, elle se mit à manger à même. | Giró la llave en la cerradura, y Emma fue directamente al tercer estante, hasta tal punto la guiaba bien su recuerdo, tomó el bote azul, le arrancó la tapa, metió en él la mano, y, retirándola llena de un polvo blanco, se puso a comer a11í con la misma mano. |
— Arrêtez ! s’écria-t-il en se jetant sur elle. | ¡Quieta! exclamó él echándose encima de ella. |
— Tais-toi ! on viendrait… | ¡Cállate!, pueden venir. |
Il se désespérait, voulait appeler. | Él se desesperaba, quería llamar. |
— N’en dis rien, tout retomberait sur ton maître ! | ¡No digas nada de esto, le echarían la culpa a tu amo! |
Puis elle s’en retourna subitement apaisée, et presque dans la sérénité d’un devoir accompli. | Después se volvió, súbitamente apaciguada, y casi con la serenidad de un deber cumplido. |
Quand Charles, bouleversé par la nouvelle de la saisie, était rentré à la maison, Emma venait d’en sortir. Il cria, pleura, s’évanouit, mais elle ne revint pas. Où pouvait-elle être ? Il envoya Félicité chez Homais, chez M. Tuvache, chez Lheureux, au Lion d’or, partout ; et, dans les intermittences de son angoisse, il voyait sa considération anéantie, leur fortune perdue, l’avenir de Berthe brisé ! Par quelle cause ?… pas un mot ! Il attendit jusqu’à six heures du soir. Enfin, n’y pouvant plus tenir, et imaginant qu’elle était partie pour Rouen, il alla sur la grande route, fit une demi-lieue, ne rencontra personne, attendit encore et s’en revint. | Cuando Carlos, trastornado por la noticia del embargo, entró en casa, Emma acababa de salir. Gritó, lloró, se desmayó, pero Emma no volvía. ¿:Dónde podía estar? Mandó a Felicidad a casa de Homais, a casa de Tuvache, a la de Lheureux, al «Lion d′Or», a todos los sitios; y, en las intermitencias de su angustia, veía su consideración aniquilada, su fortuna perdida, el porvenir de Berta roto. ¿:Por qué causa?..., ¡ni una palabra! Esperó hasta las seis de la tarde. Por fin, no pudiendo aguantar más, a imaginando que ella había salido para Rouen, fue por la carretera principal, anduvo media legua, no encontró a nadie, aguardó un rato y regresó. |
Elle était rentrée. — Qu’y avait-il ?… Pourquoi ?… Explique-moi !… | Emma había vuelto. … |
Elle s’assit à son secrétaire, et écrivit une lettre qu’elle cacheta lentement, ajoutant la date du jour et l’heure. | Se sentó ante su escritorio y escribió una carta que cerró despacio, añadiendo la fecha del día y la hora. |
Puis elle dit d’un ton solennel : | Después dijo con un tosco aire solemne: |
— Tu la liras demain ; d’ici là, je t’en prie, ne m’adresse pas une seule question !… Non, pas une ! | La leerás mañana; hasta entonces, te lo ruego, no me hagas ni una sola pregunta: |
— Mais… | Pero... |
— Oh ! laisse-moi ! | ¡Oh, déjame! |
Et elle se coucha tout du long sur son lit. | Y se acostó a todo lo largo de su cama. |
Une saveur âcre qu’elle sentait dans sa bouche la réveilla. Elle entrevit Charles et referma les yeux. | Un sabor acre que sentía en su boca la despertó. Entrevió a Carlos y volvió a cerrar los ojos. |
Elle s’épiait curieusement, pour discerner si elle ne souffrait pas. Mais non ! rien encore. Elle entendait le battement de la pendule, le bruit du feu, et Charles, debout près de sa couche, qui respirait. | La espiaba curiosamente para comprobar si no sufría. Pero ¡no!, nada todavía. Oía el tic tac del péndulo, el ruido del fuego, y a Carlos que respiraba al lado de su cama. |
— Ah ! c’est bien peu de chose, la mort ! pensait-elle ; je vais m’endormir, et tout sera fini ! | «¡Ah, es bien poca cosa, la muerte! pensaba ella ; voy a dormirme y todo habrá terminado.» |
Elle but une gorgée d’eau et se tourna vers la muraille. | Bebió un trago de agua y se volvió de cara a la pared. |
Cet affreux goût d’encre continuait. | Aquel horrible sabor a tinta continuaba. |
— J’ai soif !… oh ! j’ai bien soif ! soupira-t-elle. | ¡Tengo sed!, ¡oh!, tengo mucha sed suspiró. |
— Qu’as-tu donc ? dit Charles, qui lui tendait un verre. | ¿:Pues qué tienes? dijo Carlos, que le ofrecía un vaso. |
— Ce n’est rien !… Ouvre la fenêtre…, j’étouffe ! | ¡No es nada!... Abre la ventana... ¡me ahogo! |
Et elle fut prise d’une nausée si soudaine, qu’elle eut à peine le temps de saisir son mouchoir sous l’oreiller. | Y le sobrevino una náusea tan repentina, que apenas tuvo tiempo de coger su pañuelo bajo la almohada. |
— Enlève-le ! dit-elle vivement ; jette-le ! | ¡Recógelo! dijo rápidamente ; ¡tíralo! |
Il la questionna ; elle ne répondit pas. Elle se tenait immobile, de peur que la moindre émotion ne la fît vomir. Cependant, elle sentait un froid de glace qui lui montait des pieds jusqu’au cœur. | Carlos la interrogó; ella no contestó nada. Se mantenía inmóvil por miedo a que la menor emoción la hiciese vomitar. Entretanto, sentía un frío de hielo que le subía de los pies al corazón. |
— Ah ! voilà que ça commence ! murmura-t-elle. | ¡Ah!, ¡ya comienza esto! murmuró ella. |
— Que dis-tu ? | ¿:Qué dices? |
Elle roulait sa tête avec un geste doux plein d’angoisse, et tout en ouvrant continuellement les mâchoires, comme si elle eût porté sur sa langue quelque chose de très lourd. À huit heures, les vomissements reparurent. | Movía la cabeza con un gesto suave lleno de angustia, al tiempo que abría continuamente las mandíbulas, como si llevara sobre su lengua algo muy pesado. A las ocho reaparecieron los vómitos. |
Charles observa qu’il y avait au fond de la cuvette une sorte de gravier blanc, attaché aux parois de la porcelaine. | Carlos observó que en el fondo de la palangana había una especie de arenilla blanca pegada a las paredes de porcelana. |
— C’est extraordinaire ! c’est singulier ! répéta-t-il. | ¡Es extraordinario!, ¡es raro! repitió. |
Mais elle dit d’une voix forte : | Pero ella dijo con una voz fuerte: |
— Non, tu te trompes ! | ¡No, te equivocas! |
Alors, délicatement et presque en la caressant, il lui passa la main sur l’estomac. Elle jeta un cri aigu. Il se recula tout effrayé. | Entonces, delicadamente y casi acariciándola, le pasó la mano sobre el estómago. Emma dio un grito agudo. Carlos se retiró todo asustado. |
Puis elle se mit à geindre, faiblement d’abord. Un grand frisson lui secouait les épaules, et elle devenait plus pâle que le drap où s’enfonçaient ses doigts crispés. Son pouls inégal était presque insensible maintenant. | Después empezó a quejarse, al principio débilmente. Un gran escalofrío le sacudía los hombros, y se ponía más pálida que la sábana donde se hundían sus dedos crispados. Su pulso desigual era casi insensible ahora. |
Des gouttes suintaient sur sa figure bleuâtre, qui semblait comme figée dans l’exhalaison d’une vapeur métallique. Ses dents claquaient, ses yeux agrandis regardaient vaguement autour d’elle, et à toutes les questions elle ne répondait qu’en hochant la tête ; même elle sourit deux ou trois fois. Peu à peu, ses gémissements furent plus forts. Un hurlement sourd lui échappa ; elle prétendit qu’elle allait mieux et qu’elle se lèverait tout à l’heure. Mais les convulsions la saisirent ; elle s’écria : | Unas gotas de sudor corrían por su cara azulada, que parecía como yerta en la exhalación de un vapor metálico. Sus dientes castañeteaban, sus ojos dilatados miraban vagamente a su alrededor, y a todas las preguntas respondía sólo con un movimiento de cabeza; incluso sonrió dos o tres veces. Poco a poco sus gemidos se hicieron más fuertes, se le escapó un alarido sordo; creyó que iba mejor y que se levantaría enseguida. Pero presa de grandes convulsiones, exclamó: |
— Ah ! c’est atroce, mon Dieu ! | ¡Ah!, ¡esto es atroz, Dios mío! |
Il se jeta à genoux contre son lit. | Carlos cayó de rodillas ante su lecho. |
— Parle ! qu’as-tu mangé ? Réponds, au nom du ciel ! | ¡Habla!, ¿:qué has comido? ¡Contesta, por el amor de Dios! |
Et il la regardait avec des yeux d’une tendresse comme elle n’en avait jamais vu. | Y la miraba con unos ojos de ternura como ella no había visto nunca. |
— Eh bien, là…, là !… dit-elle d’une voix défaillante. | Bueno, pues a11á..., a11á... dijo con una voz desmayada. |
Il bondit au secrétaire, brisa le cachet et lut tout haut Qu’on n’accuse personne… Il s’arrêta, se passa la main sur les yeux, et relut encore. | Carlos saltó al escritorio, rompió el sello y leyó muy alto: «Que no acusen a nadie.» Se detuvo, pasó la mano por los ojos, y volvió a leer. |
— Comment !… Au secours ! à moi ! Et il ne pouvait que répéter ce mot : « Empoisonnée ! empoisonnée ! » Félicité courut chez Homais, qui s’exclama sur la place ; Mme Lefrançois l’entendit au Lion d’or, quelques-uns se levèrent pour l’apprendre à leurs voisins, et toute la nuit le village fut en éveil. | ¡Cómo!... ¡Socorro!, ¡a mi! Y no podía hacer otra cosa que repetir esta palabra: «¡Envenenada!, ¡envenenada!» Felicidad corrió a casa de Homais, quien repitió a gritos aquella exclamación, la señora Lefrançois la oyó en el «Lion d′Or», algunos se levantaron para decírselo a sus vecinos, y toda la noche el pueblo estuvo en vela. |
Éperdu, balbutiant, près de tomber, Charles tournait dans la chambre. Il se heurtait aux meubles, s’arrachait les cheveux, et jamais le pharmacien n’avait cru qu’il pût y avoir de si épouvantable spectacle. | Loco, balbuciente, a punto de desplomarse, Carlos daba vueltas por la habitación. Se pegaba contra los muebles, se arrancaba los cabellos, y el farmacéutico nunca había creído que pudiese haber un espectáculo tan espantoso. |
Il revint chez lui pour écrire à M. Canivet et au docteur Larivière. Il perdait la tête ; il fit plus de quinze brouillons. Hippolyte partit à Neufchâtel, et Justin talonna si fort le cheval de Bovary, qu’il le laissa dans la côte du bois Guillaume, fourbu et aux trois quarts crevé. | Volvió a casa para escribir al señor Canivet y al doctor Lariviére. Perdía la cabeza; hizo más de quince borradores. Hipólito fue a Neufchâtel, y Justino espoleó tan fuerte el caballo de Bovary, que lo dejó en la cuesta del Bois Guillaume rendido y casi reventado. |
Charles voulut feuilleter son dictionnaire de médecine ; il n’y voyait pas, les lignes dansaient. — Du calme ! dit l’apothicaire. Il s’agit seulement d’administrer quelque puissant antidote. Quel est le poison ? | Carlos quiso hojear su diccionario de medicina; no veía, las líneas bailaban. ¡Calma! dijo el boticario . Se trata sólo de administrar algún poderoso antídoto. ¿:Cuál es el veneno? |
Charles montra la lettre. C’était de l’arsenic. | Carlos enseñó la carta. Era arsénico. |
— Eh bien, reprit Homais, il faudrait en faire l’analyse. | Bien replicó Homais , habría que hacer un análisis. |
Car il savait qu’il faut, dans tous les empoisonnements, faire une analyse ; et l’autre, qui ne comprenait pas, répondit : | Pues sabía que es preciso, en todos los envenenamientos, hacer un análisis; y el otro, que no comprendía, respondió: |
— Ah ! faites ! faites ! sauvez-la… | ¡Ah!, ¡hágalo!, ¡hágalo!, ¡sálvela! |
Puis, revenu près d’elle, il s’affaissa par terre sur le tapis, et il restait la tête appuyée contre le bord de sa couche, à sangloter. | Después, volviendo al lado de ella, se desplomó en el suelo sobre la alfombra y permanecía con la cabeza apoyada en la orilla de la cama sollozando. |
— Ne pleure pas ! lui dit-elle. Bientôt je ne te tourmenterai plus ! | ¡No llores! le dijo ella . ¡Pronto dejaré de atormentarte! |
— Pourquoi ? Qui t’a forcée ? | ¿:Por qué? ¿:Quién te ha obligado? |
Elle répliqua : | Ella replicó. |
— Il le fallait, mon ami. | Era preciso, querido. |
— N’étais-tu pas heureuse ? Est-ce ma faute ? J’ai fait tout ce que j’ai pu pourtant ! | ¿:No eras feliz? ¿:Es culpa mía? Sin embargo, ¡he hecho todo to que he podido! |
— Oui…, c’est vrai…, tu es bon, toi ! | Sí..., es verdad..., ¡tú sí que eres bueno! |
Et elle lui passait la main dans les cheveux, lentement. La douceur de cette sensation surchargeait sa tristesse ; il sentait tout son être s’écrouler de désespoir à l’idée qu’il fallait la perdre, quand, au contraire, elle avouait pour lui plus d’amour que jamais ; et il ne trouvait rien ; il ne savait pas, il n’osait, l’urgence d’une résolution immédiate achevant de le bouleverser. | Y le pasaba la mano por los cabellos lentamente. La suavidad de esta sensación le aumentaba su tristeza; sentía que todo su ser se desplomaba de desesperanza ante la idea de que había que perderla, cuando, por el contrario, ella manifestaba amarlo más que nunca; y no encontraba nada; no sabía, no se atrevía, pues la urgencia de una resolución inmediata acababa de trastornarle. |
Elle en avait fini, songeait-elle, avec toutes les trahisons, les bassesses et les innombrables convoitises qui la torturaient. Elle ne haïssait personne, maintenant ; une confusion de crépuscule s’abattait en sa pensée, et de tous les bruits de la terre Emma n’entendait plus que l’intermittente lamentation de ce pauvre cœur, douce et indistincte, comme le dernier écho d’une symphonie qui s’éloigne. | Ella pensaba que había terminado con todas las traiciones, las bajezas y los innumerables apetitos que la torturaban. Ahora no odiaba a nadie, un crepúsculo confuso se abatía en su pensamiento, y de todos los ruidos de la tierra no oía más que la intermitente lamentación de aquel pobre corazón, suave e indistinta, como el último eco de una sinfonía que se aleja. |
— Amenez-moi la petite, dit-elle en se soulevant du coude. | Traedme a la niña dijo incorporándose sobre el codo. |
— Tu n’es pas plus mal, n’est-ce pas ? demanda Charles. | ¿:No te encuentras peor, verdad? preguntó Carlos. |
— Non ! non ! | ¡No!, ¡no! |
L’enfant arriva sur le bras de sa bonne, dans sa longue chemise de nuit, d’où sortaient ses pieds nus, sérieuse et presque rêvant encore. Elle considérait avec étonnement la chambre tout en désordre, et clignait des yeux, éblouie par les flambeaux qui brûlaient sur les meubles. Ils lui rappelaient sans doute les matins du jour de l’an ou de la mi-carême, quand, ainsi réveillée de bonne heure à la clarté des bougies, elle venait dans le lit de sa mère pour y recevoir ses étrennes, car elle se mit à dire : | La niña llegó en brazos de su muchacha, con su largo camisón, de donde salían su pies descalzos, seria y casi soñando todavía. Observaba con extrañeza la habitación toda desordenada, y pestañeaba deslumbrada por las velas que ardían sobre los muebles. Le recordaban, sin duda, las mañanas de Año Nuevo o de la mitad de la Cuaresma cuando, despertada temprano a la luz de las velas, venía a la cama de su madre para recibir allí sus regalos, pues empezó a decir: |
— Où est-ce donc, maman ? | ¿:Dónde está mamá? |
Et comme tout le monde se taisait : | Y como todo el mundo se callaba: |
— Mais je ne vois pas mon petit soulier ! | ¡Pero yo no veo mi zapatito! |
Félicité la penchait vers le lit, tandis qu’elle regardait toujours du côté de la cheminée. | Felicidad la inclinaba hacia la cama, mientras que ella seguía mirando hacia la chimenea. |
— Est-ce nourrice qui l’aurait pris ? demanda-t-elle. | ¿:Lo habrá cogido la nodriza? preguntó. |
Et, à ce nom, qui la reportait dans le souvenir de ses adultères et de ses calamités, Mme Bovary détourna sa tête, comme au dégoût d’un autre poison plus fort qui lui remontait à la bouche. Berthe, cependant, restait posée sur le lit. | Y al oír este nombre, que le recordaba sus adulterios y sus calamidades, Madame Bovary volvió su cabeza, como si sintiera repugnancia de otro veneno más fuerte que le subía a la boca. Berta, entretanto, seguía posada sobre la cama. |
— Oh ! comme tu as de grands yeux, maman ! comme tu es pâle ! comme tu sues !… Sa mère la regardait. | ¡Oh!, ¡qué ojos grandes tienes, mamá!, ¡qué pálida estás!, ¡cómo sudas! Su madre la miraba. |
— J’ai peur ! dit la petite en se reculant. | ¡Tengo miedo! dijo la niña echándose atrás. |
Emma prit sa main pour la baiser ; elle se débattait. | Emma le cogió la mano para besársela; la niña forcejeaba. |
— Assez ! qu’on l’emmène ! s’écria Charles, qui sanglotait dans l’alcôve. | ¡Basta!, ¡que la lleven! exclamó Carlos, que sollozaba en la alcoba. |
Puis les symptômes s’arrêtèrent un moment ; elle paraissait moins agitée ; et, à chaque parole insignifiante, à chaque souffle de sa poitrine un peu plus calme, il reprenait espoir. Enfin, lorsque Canivet entra, il se jeta dans ses bras en pleurant. | Después cesaron los síntomas un instance; parecía menos agitada; y a cada palabra insignificante, a cada respiración un poco más tranquila, Carlos recobraba esperanzas. Por fin, cuando entró Canivet, se echó en sus brazos llorando. |
— Ah ! c’est vous ! merci ! vous êtes bon ! Mais tout va mieux. Tenez, regardez-la… | ¡Ah!, ¡es usted!, ¡gracias!, ¡qué bueno es! Pero está mejor. ¡Fíjese, mírela! |
Le confrère ne fut nullement de cette opinion, et, n’y allant pas, comme il le disait lui-même, par quatre chemins, il prescrivit de l’émétique, afin de dégager complètement l’estomac. | El colega no fue en absoluto de esta opinión, y yendo al grano, como él mismo decía, prescribió un vomitivo, a fin de vaciar completamente el estómago. |
Elle ne tarda pas à vomir du sang. Ses lèvres se serrèrent davantage. Elle avait les membres crispés, le corps couvert de taches brunes, et son pouls glissait sous les doigts comme un fil tendu, comme une corde de harpe près de se rompre. Puis elle se mettait à crier, horriblement. Elle maudissait le poison, l’invectivait, le suppliait de se hâter, et repoussait de ses bras roidis tout ce que Charles, plus agonisant qu’elle, s’efforçait de lui faire boire. Il était debout, son mouchoir sur les lèvres, râlant, pleurant, et suffoqué par des sanglots qui le secouaient jusqu’aux talons ; Félicité courait çà et là dans la chambre ; Homais, immobile, poussait de gros soupirs, et M. Canivet, gardant toujours son aplomb, commençait néanmoins à se sentir troublé. — Diable !… cependant… elle est purgée, et, du moment que la cause cesse… | Emma no tardó en vomitar sangre. Sus labios se apretaron más. Tenía los miembros crispados, el cuerpo cubierto de manchas oscuras, y su pulso se escapaba como un hilo tenso, como una cuerda de arpa a punto de romperse. Después empezaba a gritar horriblemente. Maldecía el veneno, decía invectivas, le suplicaba que se diese prisa, y rechazaba con sus brazos rígidos todo to que Carlos, más agonizante que ella, se esforzaba en hacerle beber. Él permanecía de pie, con su pañuelo en los labios, como en estertores, llorando y sofocado por sollozos que to sacudían hasta los talones. Felicidad recorría la habitación de un lado para otro; Homais, inmóvil, suspiraba profundamente y el señor Canivet, conservando siempre su aplomo, empezaba, sin embargo, a sentirse preocupado. ¡Diablo!... sin embargo está purgada, y desde el memento en que cesa la causa... |
— L’effet doit cesser, dit Homais ; c’est évident. | El efecto debe cesar dijo Homais ; ¡esto es evidence! |
— Mais sauvez-la ! exclamait Bovary. | Pero ¡sálvela! exclamaba Bovary. |
Aussi, sans écouter le pharmacien, qui hasardait encore cette hypothèse : « C’est peut-être un paroxysme salutaire », Canivet allait administrer de la thériaque, lorsqu’on entendit le claquement d’un fouet ; toutes les vitres frémirent, et, une berline de poste qu’enlevaient à plein poitrail trois chevaux crottés jusqu’aux oreilles, débusqua d’un bond au coin des halles. C’était le docteur Larivière. | Por lo que, sin escuchar al farmacéutico, que aventuraba todavía esta hipótesis: «Quizás es un paroxismo saludable», Canivet iba a administrar triaca cuando oyó el chasquido de un látigo; todos los cristales temblaron, y una berlina de posta que iba a galope tendido tirada por tres caballos enfangados hasta las orejas irrumpió de un salto en la esquina del mercado. Era el doctor Larivière. |
L’apparition d’un dieu n’eût pas causé plus d’émoi. Bovary leva les mains, Canivet s’arrêta court, et Homais retira son bonnet grec bien avant que le docteur fût entré. | La aparición de un dios no hubiese causado más emoción. Bovary levantó las manos, Canivet se paró en seco y Homais se quitó su gorro griego mucho antes de que entrase el doctor Larivière. |
Il appartenait à la grande école chirurgicale sortie du tablier de Bichat, à cette génération, maintenant disparue, de praticiens philosophes qui, chérissant leur art d’un amour fanatique, l’exerçaient avec exaltation et sagacité ! Tout tremblait dans son hôpital quand il se mettait en colère, et ses élèves le vénéraient si bien, qu’ils s’efforçaient, à peine établis, de l’imiter le plus possible ; de sorte que l’on retrouvait sur eux, par les villes d’alentour, sa longue douillette de mérinos et son large habit noir, dont les parements déboutonnés couvraient un peu ses mains charnues, de fort belles mains, et qui n’avaient jamais de gants, comme pour être plus promptes à plonger dans les misères. Dédaigneux des croix, des titres et des académies, hospitalier, libéral, paternel avec les pauvres et pratiquant la vertu sans y croire, il eût presque passé pour un saint si la finesse de son esprit ne l’eût fait craindre comme un démon. Son regard, plus tranchant que ses bistouris, vous descendait droit dans l’âme et désarticulait tout mensonge à travers les allégations et les pudeurs. Et il allait ainsi, plein de cette majesté débonnaire que donnent la conscience d’un grand talent, de la fortune, et quarante ans d’une existence laborieuse et irréprochable. | Pertenecía a la gran escuela quirúrgica del profesor Bichat, a aquella generación, hoy desaparecida, de médicos filósofos que, enamorados apasionadamente de su profesión, la ejercían con competencia y acierto. Todo temblaba en su hospital cuando montaba en cólera, y sus alumnos lo veneraban de tal modo que se esforzaban, apenas se establecían, en imitarle lo más posible; de manera que en las ciudades de los alrededores se les reconocía por vestir un largo chaleco acolchado de merino y una amplia levita negra, cuyas bocamangas desabrochadas tapaban un poco sus manos carnosas, unas manos muy bellas, que nunca llevaban guantes, como para estar más prontas a penetrar en las miserias. Desdeñoso de cruces, títulos y academias, hospitalario, liberal, paternal con los pobres y practicando la virtud sin creer en ella, habría pasado por un santo si la firmeza de su talento no lo hubiera hecho temer como a un demonio. Su mirada, más cortante que sus bisturíes, penetraba directamente en el alma y desarticulaba toda mentira a través de los alegatos y los pudores. Y así andaba por la vida lleno de esa majestad bonachona que dan la conciencia de un gran talento, la fortuna y cuarenta años de una vida laboriosa a irreprochable. |
Il fronça les sourcils dès la porte, en apercevant la face cadavéreuse d’Emma, étendue sur le dos, la bouche ouverte. Puis, tout en ayant l’air d’écouter Canivet, il se passait l’index sous les narines et répétait : | Frunció el ceño desde la puerta al percibir el aspecto cadavérico de Emma, tendida sobre la espalda, con la boca abierta. Después, aparentando escuchar a Canivet, se pasaba el índice bajo las aletas de la nariz y repetía: |
— C’est bien, c’est bien. | Bueno, bueno. |
Mais il fit un geste lent des épaules. Bovary l’observa : ils se regardèrent ; et cet homme, si habitué pourtant à l’aspect des douleurs, ne put retenir une larme qui tomba sur son jabot. Il voulut emmener Canivet dans la pièce voisine. Charles le suivit. | Pero hizo un gesto lento con los hombros. Bovary lo observó: se miraron; y aquel hombre, tan habituado, sin embargo, a ver los dolores, no pudo retener una lágrima que cayó sobre la chorrera de su camisa. Quiso llevar a Canivet a la habitación contigua. Carlos lo siguió. |
— Elle est bien mal, n’est-ce pas ? Si l’on posait des sinapismes ? je ne sais quoi ! Trouvez donc quelque chose, vous qui en avez tant sauvé ! | Está muy mal, ¿:verdad? ¿:Si le pusiéramos unos sinapismos?, ¡qué sé yo! ¡Encuentre algo, usted que ha salvado a tantos! |
Charles lui entourait le corps de ses deux bras, et il le contemplait d’une manière effarée, suppliante, à demi pâmé contre sa poitrine. | Carlos le rodeaba el cuerpo con sus dos brazos, y lo contemplaba de un modo asustado, suplicante, medio abatido contra su pecho. |
— Allons, mon pauvre garçon, du courage ! Il n’y a plus rien à faire. | Vamos, muchacho, ¡ánimo! Ya no hay nada que hacer. |
Et le docteur Larivière se détourna. | Y el doctor Larivière apartó la vista. |
— Vous partez ? | ¿:Se marcha usted? |
— Je vais revenir. | Voy a volver. |
Il sortit comme pour donner un ordre au postillon, avec le sieur Canivet, qui ne se souciait pas non plus de voir Emma mourir entre ses mains. | Salió como para dar una orden a su postillón con el señor Canivet, que tampoco tenía interés por ver morir a Emma entre sus manos. |
Le pharmacien les rejoignit sur la place. Il ne pouvait, par tempérament, se séparer des gens célèbres. Aussi conjura-t-il M. Larivière de lui faire cet insigne honneur d’accepter à déjeuner. | El farmacéutico se les unió en la plaza. No podia, por temperamento, separarse de la gente célebre. Por eso conjuró al señor Larivière que le hiciese el insigne honor de aceptar la invitación de almorzar. |
On envoya bien vite prendre des pigeons au Lion d’or, tout ce qu’il y avait de côtelettes à la boucherie, de la crème chez Tuvache, des œufs chez Lestiboudois, et l’apothicaire aidait lui-même aux préparatifs, tandis que Mme Homais disait, en tirant les cordons de sa camisole : | Inmediatamente marcharon a buscar pichones al «Lion d′Or»; todas las chuletas que había en la carnicería, nata a casa de Tuvache, huevos a casa de Lestiboudis, y el boticario en persona ayudaba a los preparativos mientras que la señora Homais decía, estirando los cordones de su camisola: |
— Vous ferez excuse, monsieur ; car dans notre malheureux pays, du moment qu’on n’est pas prévenu la veille… | Usted me disculpará, señor, pues en nuestro pobre país si no se avisa la víspera... |
— Les verres à patte !!! souffla Homais. | ¡Las copas! sopló Homais. |
— Au moins, si nous étions à la ville, nous aurions la ressource des pieds farcis. | Al menos si estuviéramos en la ciudad tendríamos la solución de las manos de cerdo rellenas. |
— Tais-toi !… À table, docteur ! | ¡Cállate!... ¡A la mesa, doctor! |
Il jugea bon, après les premiers morceaux, de fournir quelques détails sur la catastrophe : | Le pareció bien, después de los primeros bocados, dar algunos detalles sobre la catástrofe: |
— Nous avons eu d’abord un sentiment de siccité au pharynx, puis des douleurs intolérables à l’épigastre, superpurgation, coma. | Al principio se presentó una sequedad en la faringe, después dolores insoportables en el epigastrio, grandes evacuaciones. |
— Comment s’est-elle donc empoisonnée ? | ¿:Y cómo se ha envenenado? |
— Je l’ignore, docteur, et même je ne sais pas trop où elle a pu se procurer cet acide arsénieux. | No lo sé, doctor, y ni siquiera sé muy bien dónde ha podido procurarse ese ácido arsenioso. |
Justin, qui apportait alors une pile d’assiettes, fut saisi d’un tremblement. | Justino, que llegaba entonces con una pila de platos, empezó a temblar. |
— Qu’as-tu ? dit le pharmacien. | ¿:Qué tienes? dijo el farmacéutico. |
Le jeune homme, à cette question, laissa tout tomber par terre, avec un grand fracas. | El joven ante esta pregunta dejó caer todo por el suelo con un gran estrépito. |
— Imbécile ! s’écria Homais, maladroit ! lourdaud ! fichu âne ! | ¡Imbécil! exclamó Homais , ¡zopenco!, ¡pedazo de burro! |
Mais, soudain, se maîtrisant : | Pero de repente, recobrándose: |
— J’ai voulu, docteur, tenter une analyse, et primo, j’ai délicatement introduit dans un tube… | He querido, doctor, intentar un análisis, y en primer lugar he metido delicadamente en su tubo... |
— Il aurait mieux valu, dit le chirurgien, lui introduire vos doigts dans la gorge. | Mejor habría sido dijo el cirujano meterle los dedos en la garganta. |
Son confrère se taisait, ayant tout à l’heure reçu confidentiellement une forte semonce à propos de son émétique, de sorte que ce bon Canivet, si arrogant et verbeux lors du pied-bot, était très modeste aujourd’hui ; il souriait sans discontinuer, d’une manière approbative. | Su colega se callaba, pues hacía un momento había recibido confidencialmente una fuerte reprimenda a propósito de su vomitivo, de suerte que este bueno de Canivet, tan arrogante y locuaz cuando lo del pie zopo, estaba ahora muy modesto; sonreía continuamente, con gesso de aprobación. |
Homais s’épanouissait dans son orgueil d’amphitryon, et l’affligeante idée de Bovary contribuait vaguement à son plaisir, par un retour égoïste qu’il faisait sur lui-même. Puis la présence du Docteur le transportait. Il étalait son érudition, il citait pêle-mêle les cantharides, l’upas, le mancenillier, la vipère. | Homais se esponjaba en su orgullo de anfitrión, y el recuerdo de la aflicción de Bovary contribuía vagamente a su placer por una compensación egoísta que se hacía a sí mismo. Además, la presencia del doctor le entusiasmaba. Hacía gala de su erudición, citaba todo mezclando las cantáridas, el upas, el manzanillo, la víbora. |
— Et même j’ai lu que différentes personnes s’étaient trouvées intoxiquées, docteur, et comme foudroyées par des boudins qui avaient subi une trop véhémente fumigation ! Du moins, c’était dans un fort beau rapport, composé par une de nos sommités pharmaceutiques, un de nos maîtres, l’illustre Cadet de Gassicourt ! | E incluso he leído que varias personas se habían intoxicado, doctor, como fulminadas por embutidos que habían sufrido un ahumado muy fuerte. Al menos esto constaba en un excelente informe, compuesto por una de nuestras eminencias farmacéuticas, uno de nuestros maestros, el ilustre Cadet de Gassicourt. |
Mme Homais réapparut, portant une de ces vacillantes machines que l’on chauffe avec de l’esprit-de-vin ; car Homais tenait à faire son café sur la table, l’ayant d’ailleurs torréfié lui-même, porphyrisé lui-même, mixtionné lui-même. | La señora Homais reapareció trayendo una de esas vacilantes máquinas que se calientan con espíritu de vino; porque Homais tenía a gala hacer el café sobre la mesa, habiéndolo tostado, molido y mezclado él mismo. |
— Saccharum, docteur, dit-il en offrant du sucre. | Sacharum, doctor dijo ofreciéndole azúcar. |
Puis il fit descendre tous ses enfants, curieux d’avoir l’avis du chirurgien sur leur constitution. Enfin, M. Larivière allait partir, quand Mme Homais lui demanda une consultation pour son mari. Il s’épaississait le sang à s’endormir chaque soir après le dîner. | Después mandó bajar a todos sus hijos, pues deseaba conocer la opinión del cirujano sobre su constitución. Por fin, el señor Larivière se iba a marchar cuando la señora Homais le pidió una consulta para su marido. La sangre se le espesaba de tal modo que se quedaba dormido todas las noches después de cenar. |
— Oh ! ce n’est pas le sens qui le gêne. | ¡Oh!, no es le sens lo que le molesta. |
Et, souriant un peu de ce calembour inaperçu, le docteur ouvrit la porte. Mais la pharmacie regorgeait de monde, et il eut grand-peine à pouvoir se débarrasser du sieur Tuvache, qui redoutait pour son épouse une fluxion de poitrine, parce qu’elle avait coutume de cracher dans les cendres ; puis de M. Binet, qui éprouvait parfois des fringales, et de Mme Caron, qui avait des picotements ; de Lheureux, qui avait des vertiges ; de Lestiboudois, qui avait un rhumatisme ; de Mme Lefrançois, qui avait des aigreurs. Enfin les trois chevaux détalèrent, et l’on trouva généralement qu’il n’avait point montré de complaisance. | Y sonriendo un poco por este juego de palabras inadvertido, el doctor abrió la puerta. Pero la farmacia rebosaba de gente y le costó mucho trabajo deshacerse del señor Tuvache, que temía que su esposa tuviera una pleuresía, porque tenía costumbre de escupir en las cenizas; después, del señor Binet, que a veces tenía unas hambres atroces, y de la señora Caron, que sentía picores; de Lheureux, que tenía vértigos; de Lestiboudis, que tenía reúma; de la señora Lefrançois, que tenía acidez. Por fin, los tres caballos arrancaron, y todo el mundo coincidió en que el doctor no se había mostrado complaciente. |
L’attention publique fut distraite par l’apparition de M. Bournisien, qui passait sous les halles avec les saintes huiles. Homais, comme il le devait à ses principes, compara les prêtres à des corbeaux qu’attire l’odeur des morts ; la vue d’un ecclésiastique lui était personnellement désagréable, car la soutane le faisait rêver au linceul, et il exécrait l’une un peu par épouvante de l’autre. | La atención pública se distrajo por la aparición del señor Bournisien, que atravesaba el mercado con los santos óleos. Homais, consecuente con sus principios, comparó a los curas con los cuervos a los que atrae el olor de los muertos; la vista de un eclesiástico le era personalmente desagradable, pues la sotana le hacía pensar en el sudario y detestaba la una un poco por el terror del otro. |
Néanmoins, ne reculant pas devant ce qu’il appelait sa mission, il retourna chez Bovary en compagnie de Canivet, que M. Larivière, avant de partir, avait engagé fortement à cette démarche ; et même, sans les représentations de sa femme, il eût emmené avec lui ses deux fils, afin de les accoutumer aux fortes circonstances, pour que ce fût une leçon, un exemple, un tableau solennel qui leur restât plus tard dans la tête. | Sin embargo, sin retroceder ante lo que él llamaba «su misión», volvió a casa de Bovary en compañía de Canivet, a quien el señor Larivière, antes de marchar, le había encargado con interés que hiciera aquella visita; a incluso, si no hubiera sido por su mujer, se habría llevado consigo a sus dos hijos, a fin de acostumbrarlos a los momentos fuertes, para que fuese una lección, un ejemplo, un cuadro solemne que les quedase más adelante en la memoria. |
La chambre, quand ils entrèrent, était toute pleine d’une solennité lugubre. Il y avait sur la table à ouvrage, recouverte d’une serviette blanche, cinq ou six petites boules de coton dans un plat d’argent, près d’un gros crucifix, entre deux chandeliers qui brûlaient. Emma, le menton contre sa poitrine, ouvrait démesurément les paupières ; et ses pauvres mains se traînaient sur les draps, avec ce geste hideux et doux des agonisants qui semblent vouloir déjà se recouvrir du suaire. Pâle comme une statue, et les yeux rouges comme des charbons, Charles, sans pleurer, se tenait en face d’elle, au pied du lit, tandis que le prêtre, appuyé sur un genou, marmottait des paroles basses. | Cuando entraron, la habitación estaba toda llena de una solemnidad lúgubre. Sobre la mesa de labor, cubierta con un mantel blanco, había cinco o seis bolas de algodón en una bandeja de plata, cerca de un crucifijo entre dos candelabros encendidos. Emma, con la cabeza reclinada .sobre el pecho, abría desmesuradamente los párpados, y sus pobres manos se arrastraban bajo las sábanas, con ese gesto repelente y suave de los agonizantes, que parecen querer ya cubrirse con el sudario. Pálido como una estatua, y con los ojos rojos como brasas, Carlos, sin llorar, se mantenía frente a ella, al pie de la cama, mientras que el sacerdote, apoyado sobre una rodilla, mascullaba palabras en voz baja. |
Elle tourna sa figure lentement, et parut saisie de joie à voir tout à coup l’étole violette, sans doute retrouvant au milieu d’un apaisement extraordinaire la volupté perdue de ses premiers élancements mystiques, avec des visions de béatitude éternelle qui commençaient. | … |
Le prêtre se releva pour prendre le crucifix ; alors elle allongea le cou comme quelqu’un qui a soif, et, collant ses lèvres sur le corps de l’Homme-Dieu, elle y déposa de toute sa force expirante le plus grand baiser d’amour qu’elle eût jamais donné. Ensuite il récita le Misereatur et l’Indulgentiam, trempa son pouce droit dans l’huile et commença les onctions : d’abord sur les yeux, qui avaient tant convoité toutes les somptuosités terrestres ; puis sur les narines, friandes de brises tièdes et de senteurs amoureuses ; puis sur la bouche, qui s’était ouverte pour le mensonge, qui avait gémi d’orgueil et crié dans la luxure ; puis sur les mains, qui se délectaient aux contacts suaves, et enfin sur la plante des pieds, si rapides autrefois quand elle courait à l’assouvissance de ses désirs, et qui maintenant ne marcheraient plus. | El sacerdote se levantó para tomar el crucifijo, entonces ella alargó el cuello como alguien que tiene sed, y, pegando sus labios sobre el cuerpo del Hombre Dios, depositó en él con toda su fuerza de moribunda el más grande beso de amor que jamás hubiese dado. Después el sacerdote recitó el Mirereatur, y el Indulgentiam, mojó su pulgar derecho en el óleo y comenzó las unciones, primeramente en los ojos que tanto habían codiciado todas las pompas terrestres; después en las ventanas de la nariz, ansiosas de tibias brisas y de olores amorosos; después en la boca, que se había abierto para la mentira, que había gemido de orgullo y gritado de lujuria; después en las manos, que se deleitaban en los contactos suaves y, finalmente en la planta de los pies, tan rápidos en otro tiempo cuando corría a saciar sus deseos, y que ahora ya no caminarían más. |
Le curé s’essuya les doigts, jeta dans le feu les brins de coton trempés d’huile, et revint s’asseoir près de la moribonde pour lui dire qu’elle devait à présent joindre ses souffrances à celles de Jésus-Christ et s’abandonner à la miséricorde divine. | El cura se secó los dedos, echó al fuego los restos de algodon mojados de aceite y volvió a sentarse cerca de la moribunda para decirle que ahora debía unir sus sufrimientos a los de Jesucristo y encomendarse a la misericordia divina. |
En finissant ses exhortations, il essaya de lui mettre dans la main un cierge bénit, symbole des gloires célestes dont elle allait tout à l’heure être environnée. Emma, trop faible, ne put fermer les doigts, et le cierge, sans M. Bournisien, serait tombé à terre. | Terminadas sus exhortaciones, trató de ponerle en la mano un cirio bendito, símbolo de las glorias celestiales de las que pronto iba a estar rodeada. Emma, demasiado débil, no pudo cerrar los dedos, y el cirio, a no ser por el señor Bournisien, se habría caído al suelo. |
Cependant elle n’était plus aussi pâle, et son visage avait une expression de sérénité, comme si le sacrement l’eût guérie. | Sin embargo, ya no estaba tan pálida, y su cara tenía una expresión de serenidad, como si el Sacramento la hubiese curado. |
Le prêtre ne manqua point d’en faire l’observation ; il expliqua même à Bovary que le Seigneur, quelquefois, prolongeait l’existence des personnes lorsqu’il le jugeait convenable pour leur salut ; et Charles se rappela un jour où, ainsi près de mourir, elle avait reçu la communion. | El sacerdote no dejó de hacer la observación: explicó incluso a Bovary que el Señor, a veces, prolongaba la vida de las personas cuando lo juzgaba conveniente para su salvación; y Carlos recordó un día en que también cerca de la muerte, ella había recibido la Comunión. |
— Il ne fallait peut-être pas se désespérer, pensa-t-il. | «Quizá no había que desesperarse pensó él.» |
En effet, elle regarda tout autour d’elle, lentement, comme quelqu’un qui se réveille d’un songe ; puis, d’une voix distincte, elle demanda son miroir, et elle resta penchée dessus quelque temps, jusqu’au moment où de grosses larmes lui découlèrent des yeux. Alors elle se renversa la tête en poussant un soupir et retomba sur l’oreiller. | En efecto, Emma miró a todo su alrededor, lentamente, como alguien que despierta de un sueño; después, con una voz clara, pidió su espejo y permaneció inclinada encima algún tiempo, hasta el momento en que le brotaron de sus ojos gruesas lágrimas sobre la almohada. |
Sa poitrine aussitôt se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche ; ses yeux, en roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui s’éteignent, à la croire déjà morte, sans l’effrayante accélération de ses côtes, secouées par un souffle furieux, comme si l’âme eût fait des bonds pour se détacher. Félicité s’agenouilla devant le crucifix, et le pharmacien lui-même fléchit un peu les jarrets, tandis que M. Canivet regardait vaguement sur la place. Bournisien s’était remis en prière, la figure inclinée contre le bord de la couche, avec sa longue soutane noire qui traînait derrière lui dans l’appartement. Charles était de l’autre côté, à genoux, les bras étendus vers Emma. Il avait pris ses mains et il les serrait, tressaillant à chaque battement de son cœur, comme au contrecoup d’une ruine qui tombe. À mesure que le râle devenait plus fort, l’ecclésiastique précipitait ses oraisons ; elles se mêlaient aux sanglots étouffés de Bovary, et quelquefois tout semblait disparaître dans le sourd murmure des syllabes latines, qui tintaient comme un glas de cloche. | Enseguida su pecho empezó a jadear rápidamente. La lengua toda entera le salió por completo fuera de la boca; sus ojos, girando, palidecían como dos globos de lámpara que se apagan; se la creería ya muerta, si no fuera por la tremenda aceleración de sus costillas, sacudidas por un jadeo furioso, como si el alma diera botes para despegarse. Felicidad se arrodilló ante el crucifijo y el farmacéutico incluso dobló un poco las corvas, mientras que el señor Canivet miraba vagamente hacia la plaza. Bournisien se había puesto de nuevo en oración, con la cara inclinada hacia la orilla de la cama, con su larga sotana negra que le arrastraba por la habitación. Carlos estaba al otro lado, de rodillas, con los brazos extendidos hacia Emma. Había cogido sus manos y se estremecía a cada latido de su corazón como a la repercusión de una ruina que se derrumba. A medida que el estertor se hacía más fuerte, el eclesiástico aceleraba sus oraciones; se mezclaban a los sollozos ahogados de Bovary y a veces todo parecía desaparecer en el sordo murmullo de las sílabas latinas, que sonaban como el tañido fúnebre de una campana. |
Tout à coup, on entendit sur le trottoir un bruit de gros sabots, avec le frôlement d’un bâton ; et une voix s’éleva, une voix rauque, qui chantait : | De pronto se oyó en la acera un ruido de gruesos zuecos con e1 roce de un bastón, y se oyó una voz ronca que cantaba: |
Souvent la chaleur d’un beau jour Fait rêver fillette à l’amour. | Souvent la chaleur d′un beau jour Fait réver fillette à l′amour |
Emma se releva comme un cadavre que l’on galvanise, les cheveux dénoués, la prunelle fixe, béante. | Emma se incorporó como un cadáver que se galvaniza, con los cabellos sueltos, la mirada fija y la boca abierta. |
Pour amasser diligemment Les épis que la faux moissonne, Ma Nanette va s’inclinant Vers le sillon qui nous les donne. | Pour amasser diligemment Muchas veces el calor de un día bueno le hace a la niña soñar con el amor. Para recoger con presteza las espigas segadas por la hoz mi Nanette se va inclinando hacia el surco que nos las da.Les épis que la faux moissonne, Ma Nanette va s′inclinant Vers le sillon qui nous les donne. |
— L’Aveugle s’écria-t-elle. | ¡El ciego! exclamó. |
Et Emma se mit à rire, d’un rire atroce, frénétique, désespéré, croyant voir la face hideuse du misérable, qui se dressait dans les ténèbres éternelles comme un épouvantement. | Y Emma se echó a reír, con una risa atroz, frenética, desesperada, creyendo ver la cara espantosa del desgraciado que surgía de las tinieblas eternas como un espanto. |
Il souffla bien fort ce jour-là Et le jupon court s’envola ! | ill souffla bien fort ce jour là. Et le jupon court s′envola! Sopló un viento muy fuerte aquel día y la falda corta se echó a volar |
Une convulsion la rabattit sur le matelas. Tous s’approchèrent. Elle n’existait plus. | Una convulsión la derrumbó de nuevo sobre el colchón. Todos se acercaron. Ya había dejado de existir. |
III - IX | III - CAPÍTULO IX |
Il y a toujours après la mort de quelqu’un comme une stupéfaction qui se dégage, tant il est difficile de comprendre cette survenue du néant et de se résigner à y croire. Mais, quand il s’aperçut pourtant de son immobilité, Charles se jeta sur elle en criant : | Siempre hay detrás de la muerte de alguien como una estupefacción que se desprende, tan difícil es comprender esta llegada inesperada de la nada y resignarse a creerlo. Pero cuando se dio cuenta de su inmovilidad, Carlos se echó sobre ella gritando: |
— Adieu ! adieu ! | ¡Adiós!, ¡adiós! |
Homais et Canivet l’entraînèrent hors de la chambre. | Homais y Canivet le sacaron fuera de la habitación. |
— Modérez-vous ! | ¡Tranquilícese! |
— Oui, disait-il en se débattant, je serai raisonnable, je ne ferai pas de mal. Mais laissez-moi ! je veux la voir ! c’est ma femme ! | Sí decía debatiéndose , seré razonable, no haré daño. Pero déjenme. ¡Quiero verla!, ¡es mi mujer! |
Et il pleurait. | Y lloraba. |
— Pleurez, reprit le pharmacien, donnez cours à la nature, cela vous soulagera ! | Llore dijo el farmacéutico , dé rienda suelta a la naturaleza, eso le aliviará. |
Devenu plus faible qu’un enfant, Charles se laissa conduire en bas, dans la salle, et M. Homais bientôt s’en retourna chez lui. | Carlos, sintiéndose más débil que un niño, se dejó llevar abajo, a la sala, y el señor Homais pronto se volvió a su casa. |
Il fut sur la place accosté par l’Aveugle, qui, s’étant traîné jusqu’à Yonville dans l’espoir de la antiphlogistique, demandait à chaque passant où demeurait l’apothicaire. | En la plaza fue abordado por el ciego, quien habiendo llegado a Yonville con la esperanza de la pomada antiflogística, preguntaba a cada transeúnte dónde vivía el boticario, |
— Allons, bon ! comme si je n’avais pas d’autres chiens à fouetter ! Ah ! tant pis, reviens plus tard ! | ¡Vamos, hombre!, ¡como si no tuviera otra cosa que hacer! Ten paciencia, vuelve más tarde. |
Et il entra précipitamment dans la pharmacie. | Y entró precipitadamente en la farmacia. |
Il avait à écrire deux lettres, à faire une potion calmante pour Bovary, à trouver un mensonge qui pût cacher l’empoisonnement et à le rédiger en article pour le Fanal, sans compter les personnes qui l’attendaient, afin d’avoir des informations ; et, quand les Yonvillais eurent tous entendu son histoire d’arsenic qu’elle avait pris pour du sucre, en faisant une crème à la vanille, Homais, encore une fois, retourna chez Bovary. | Tenía que escribir dos cartas, preparar una poción calmante para Bovary, inventar una mentira que pudiese ocultar el envenenamiento y preparar un artículo para El Fanal, sin contar las personas que le esperaban para recibir noticias; y, cuando los yonvillenses escucharon el relato del arsénico que había tomado por azúcar, al hacer una crema de vainilla, Homais volvió de nuevo a casa de Bovary. |
Il le trouva seul (M. Canivet venait de partir), assis dans le fauteuil, près de la fenêtre, et contemplant d’un regard idiot les pavés de la salle. | Lo encontró solo (el señor Canivet acababa de marcharse), sentado en el sillón, cerca de la ventana y contemplando con una mirada idiota los adoquines de la calle. |
— Il faudrait à présent, dit le pharmacien, fixer vous-même l’heure de la cérémonie. | Ahora dijo el farmacéutico usted mismo tendría que fijar la hora de la ceremonia. |
— Pourquoi ? quelle cérémonie ? | ¿:Por qué?, ¿:qué ceremonia? |
Puis d’une voix balbutiante et effrayée : | Después con voz balbuciente y asustada: |
— Oh ! non, n’est-ce pas ? non, je veux la garder. | ¡Oh!, no, ¿:verdad?, no, quiero conservarla. |
Homais, par contenance, prit une carafe sur l’étagère pour arroser les géraniums. | Homais, para disimular, tomó una jarra del aparador para regar los geranios. |
— Ah ! merci, dit Charles, vous êtes bon ! | ¡Ah!, gracias dijo Carlos , ¡qué bueno es usted! |
Et il n’acheva pas, suffoquant sous une abondance de souvenirs que ce geste du pharmacien lui rappelait. | Y no acabó su frase, abrumado por el aluvión de recuerdos que este gesto del farmacéutico le evocaba. |
Alors, pour le distraire, Homais jugea convenable de causer un peu horticulture ; les plantes avaient besoin d’humidité. Charles baissa la tête en signe d’approbation. — Du reste, les beaux jours maintenant vont revenir. | Entonces, para distraerle, Homais creyó conveniente hablar un poco de horticultura; las plantas necesitaban humedad. Carlos bajó la cabeza en señal de aprobación. Además, ahora van a volver los días buenos. |
— Ah ! fit Bovary. | ¡Ah! dijo Bovary. |
L’apothicaire, à bout d’idées, se mit à écarter doucement les petits rideaux du vitrage. | El boticario, agotadas sus ideas, se puso a separar suavemente los visillos de la vidriera. |
— Tiens, voilà M. Tuvache qui passe. | ¡Mire!, a11í va el señor Tuvache. |
Charles répéta comme une machine : | Carlos repitió como una máquina. |
— M. Tuvache qui passe. | Allí va el señor Tuvache. |
Homais n’osa lui reparler des dispositions funèbres ; ce fut l’ecclésiastique qui parvint à l’y résoudre. | Homais no se atrevió a hablarle otra vez de los preparativos fúnebres; fue el eclesiástico quien vino a11í a resolverlo. |
Il s’enferma dans son cabinet, prit une plume, et, après avoir sangloté quelque temps, il écrivit : | Carlos se encerró en su gabinete, tomó una pluma, y, después de haber sollozado algún tiempo, escribió. |
« Je veux qu’on l’enterre dans sa robe de noces, avec des souliers blancs, une couronne. On lui étalera les cheveux sur les épaules ; trois cercueils, un de chêne, un d’acajou, un de plomb. Qu’on ne me dise rien, j’aurai de la force. On lui mettra par-dessus tout une grande pièce de velours vert. Je le veux. Faites-le. » | «Quiero que la entierren con su traje de boda, con unos zapatos blancos, una corona. Le extenderán el pelo sobre los hombros; tres ataúdes, uno de roble, uno de caoba, uno de plomo. Que nadie me diga nada, tendré valor. Le pondrán por encima de todo una gran pieza de terciopelo verde. Esta es mi voluntad. Que se cumpla.» |
Ces messieurs s’étonnèrent beaucoup des idées romanesques de Bovary, et aussitôt le pharmacien alla lui dire : | Aquellos señores se extrañaron mucho de las ideas novelescas de Bovary, y enseguida el farmacéutico fue a decirle: |
— Ce velours me parait une superfétation. La dépense, d’ailleurs… | Ese terciopelo me parece una redundancia. Además, el gasto... |
— Est-ce que cela vous regarde ? s’écria Charles. Laissez-moi ! vous ne l’aimiez pas ! Allez-vous-en ! | ¿:Y a usted qué le importa? exclamó Carlos . ¡Déjeme en paz!, ¡usted no la quería! ¡Márchese! |
L’ecclésiastique le prit par-dessous le bras pour lui faire faire un tour de promenade dans le jardin. Il discourait sur la vanité des choses terrestres. Dieu était bien grand, bien bon ; on devait sans murmure se soumettre à ses décrets, même le remercier. Charles éclata en blasphèmes. | El eclesiástico lo tomó por el brazo para hacerle dar un paseo por la huerta. Hablaba sobre la vanidad de las cosas terrestres. Dios era muy grande, muy bueno; debíamos someternos sin rechistar a sus decretos, incluso darle gracias. Carlos prorrumpió en blasfemias. |
— Je l’exècre, votre Dieu ! | ¡Detesto al Dios de ustedes! |
— L’esprit de révolte est encore en vous, soupira l’ecclésiastique. | El espíritu de rebelión no le ha dejado todavía suspiró el eclesiástico. |
Bovary était loin. Il marchait à grands pas, le long du mur, près de l’espalier, et il grinçait des dents, il levait au ciel des regards de malédiction ; mais pas une feuille seulement n’en bougea. | Bovary estaba lejos. Caminaba a grandes pasos, a lo largo de la pared, cerca del espaldar, y rechinaba los dientes, levantaba al cielo miradas de maldición, pero ni una sola hoja se movió. |
Une petite pluie tombait. Charles, qui avait la poitrine nue, finit par grelotter ; il rentra s’asseoir dans la cuisine. | Caía una fría lluvia, Carlos, que tenía e1 pecho descubierto, comenzó a tiritar; entró a sentarse en la cocina. |
À six heures, on entendit un bruit de ferraille sur la place : c’était l’Hirondelle qui arrivait ; et il resta le front contre les carreaux, à voir descendre les uns après les autres tous les voyageurs. Félicité lui étendit un matelas dans le salon ; il se jeta dessus et s’endormit. | A las seis se oyó un ruido de chatarra en la plaza: era «La Golondrina» que llegaba; y Carlos permaneció con la frente pegada a los cristales viendo bajar a los viajeros unos detrás de otros. Felicidad le extendió un colchón en el salón, Carlos se echó encima y se quedó dormido. |
Bien que philosophe, M. Homais respectait les morts. Aussi, sans garder rancune au pauvre Charles, il revint le soir pour faire la veillée du cadavre, apportant avec lui trois volumes, et un portefeuille afin de prendre des notes. | Aunque filósofo, el señor Homais respetaba a los muertos. Por eso, sin guardar rencor al pobre Carlos, volvió por la nothe a velar el cadáver, llevando consigo tres libros y un portafolios para tomar notas. |
M. Bournisien s’y trouvait, et deux grands cierges brûlaient au chevet du lit, que l’on avait tiré hors de l’alcôve. | El señor Bournisien se encontraba a11í, y dos grandes cirios ardían en la cabecera de la cama, que habían sacado fuera de la alcoba. |
L’apothicaire, à qui le silence pesait, ne tarda pas à formuler quelques plaintes sur cette « infortunée jeune femme » ; et le prêtre répondit qu’il ne restait plus maintenant qu’à prier pour elle. | El boticario, a quien pesaba el silencio, no tardó en formular algunas quejas sobre aquella infortunada mujer joven, y el sacerdote respondió que ahora sólo quedaba rezar por ella. |
— Cependant, reprit Homais, de deux choses l’une : ou elle est morte en état de grâce (comme s’exprime l’Église), et alors elle n’a nul besoin de nos prières ; ou bien elle est décédée impénitente (c’est, je crois, l’expression ecclésiastique), et alors… | Sin embargo replicó Homais , una de dos: o ha muerto en estado de gracia, como dice la Iglesia, y entonces no tiene ninguna necesidad de nuestras oraciones, o bien ha muerto impenitente, esta es, yo creo, la expresión eclesiástica, y entonces . . |
Bournisien l’interrompit, répliquant d’un ton bourru qu’il n’en fallait pas moins prier. | Bournisien le interrumpió, replicando en un tono desabrido, que no dejaba de ser necesario el rezar. |
— Mais, objecta le pharmacien, puisque Dieu connaît tous nos besoins, à quoi peut servir la prière ? | Pero objetó el farmacéutico ya que Dios conoce todas nuestras necesidades, ¿:para qué puede servir la oración? |
— Comment ! fit l’ecclésiastique, la prière ! Vous n’êtes donc pas chrétien ? | ¡Cómo! dijo el eclesiástico , ¡la oración! ¿:Luego usted no es cristiano? |
— Pardonnez ! dit Homais. J’admire le christianisme. Il a d’abord affranchi les esclaves, introduit dans le monde une morale… | ¡Perdón! dijo Homais . Admiro el cristianismo. Primero liberó a los esclavos, introdujo en el mundo una moral... |
— Il ne s’agit pas de cela ! Tous les textes… | ¡No se trata de eso! Todos los textos... |
— Oh ! oh ! quant aux textes, ouvrez l’histoire ; on sait qu’ils ont été falsifiés par les jésuites. | ¡Oh!, ¡oh!, en cuanto a los textos, abra la historia; se sabe que han sido falsificados por los jesuitas. |
Charles entra, et, s’avançant vers le lit, il tira lentement les rideaux. | Entró Carlos, y, acercándose a la cama, corrió lentamente las coronas: |
Emma avait la tête penchée sur l’épaule droite. Le coin de sa bouche, qui se tenait ouverte, faisait comme un trou noir au bas de son visage ; les deux pouces restaient infléchis dans la paume des mains ; une sorte de poussière blanche lui parsemait les cils, et ses yeux commençaient à disparaître dans une pâleur visqueuse qui ressemblait à une toile mince, comme si des araignées avaient filé dessus. Le drap se creusait depuis ses seins jusqu’à ses genoux, se relevant ensuite à la pointe des orteils ; et il semblait à Charles que des masses infinies, qu’un poids énorme pesait sur elle. | Emma tenía la cabeza inclinada sobre el hombro derecho. La comisura de su boca, que seguía abierta, hacía como un agujero negro en la parte baja de la cara; los dos pulgares permanecían doblados hacia la palma de las manos; una especie de polvo blanco le salpicaba las cejas, y sus ojos comenzaban a desaparecer en una palidez viscosa que semejaba una tela delgada, como si las arañas hubiesen tejido a11í encima. La sábana se hundía desde los senos hasta las rodillas, volviendo después a levantarse en la punta de los pies; y a Carlos le parecía que masas infinitas, que un peso enorme pesaba sobre ella. |
L’horloge de l’église sonna deux heures. On entendait le gros murmure de la rivière qui coulait dans les ténèbres, au pied de la terrasse. M. Bournisien, de temps à autre, se mouchait bruyamment, et Homais faisait grincer sa plume sur le papier. | El reloj de la iglesia dio las dos. Se oía el gran murmullo del río que corría en las tinieblas al pie de la terraza. El señor Bournisien de vez en cuando se sonaba ruidosamente y Homais hacía rechinar su pluma sobre el papel. |
— Allons, mon bon ami, dit-il, retirez-vous, ce spectacle vous déchire ! | Vamos, mi buen amigo dijo , retírese, este espectáculo le desgarra. |
Charles une fois parti, le pharmacien et le curé recommencèrent leurs discussions. | Una vez que salió Carlos, el farmacéutico y el cura reanudaron sus discusiones. |
— Lisez Voltaire ! disait l’un ; lisez d’Holbach, lisez l’Encyclopédie ! | ¡Lea a Voltaire! decía uno ; lea a D′Holbach, lea la Enciclopedia. |
— Lisez les Lettres de quelques juifs portugais ! disait l’autre ; lisez la Raison du christianisme, par Nicolas, ancien magistrat ! | Lea las Cartas de algunos judíos portugueses decía el otro ; lea la Razón del cristianismo, por Nicolás, antiguo magistrado. |
Ils s’échauffaient, ils étaient rouges, ils parlaient à la fois sans s’écouter ; Bournisien se scandalisait d’une telle audace ; Homais s’émerveillait d’une telle bêtise ; et ils n’étaient pas loin de s’adresser des injures, quand Charles, tout à coup, reparut. Une fascination l’attirait. Il remontait continuellement l’escalier. | Se acaloraban, estaban rojos, hablaban a un tiempo, sin escucharse; Bournisien se escandalizaba de semejante audacia; Homais se maravillaba de semejante tontería; y no les faltaba mucho para insultarse cuando, de pronto, reapareció Carlos. Una fascinación le atraía. Subía continuamente la escalera. |
Il se posait en face d’elle pour la mieux voir, et il se perdait en cette contemplation, qui n’était plus douloureuse à force d’être profonde. | Se ponía enfrente de Emma para verla mejor, y se perdía en esta contemplación, que ya no era dolorosa a fuerza de ser profunda. |
Il se rappelait des histoires de catalepsie, les miracles du magnétisme ; et il se disait qu’en le voulant extrêmement, il parviendrait peut-être à la ressusciter. Une fois même il se pencha vers elle, et il cria tout bas : « Emma ! Emma ! » Son haleine, fortement poussée, fit trembler la flamme des cierges contre le mur. | Recordaba historias de catalepsia, los milagros del magnetismo, y se decía que, queriéndolo con fuerza, quizás llegara a resucitarla. Incluso una vez se inclinó hacia ella, y dijo muy bajo: «¡Emma! ¡Emma!» Su aliento, fuertemente impulsado, hizo temblar la llama de los cirios contra la pared. |
Au petit jour, Mme Bovary mère arriva ; Charles en l’embrassant, eut un nouveau débordement de pleurs. Elle essaya, comme avait tenté le pharmacien, de lui faire quelques observations sur les dépenses de l’enterrement. Il s’emporta si fort qu’elle se tut, et même il la chargea de se rendre immédiatement à la ville pour acheter ce qu’il fallait. | Al amanecer llegó la señora Bovary madre; Carlos, al abrazarla, se desbordó de nuevo en llanto. Ella trató, como ya lo había hecho el farmacéutico, de hacerle algunas observaciones sobre los gastos del entierro. Carlos se excitó tanto que su madre se calló, a incluso le encargó que fuese inmediatamente a la ciudad para comprar lo que hacía falta. |
Charles resta seul toute l’après-midi : on avait conduit Berthe chez Mme Homais ; Félicité se tenait en haut, dans la chambre, avec la mère Lefrançois. | Carlos se quedó solo toda la tarde: habían llevado a Berta a casa de la señora Homais; Felicidad seguía arriba, en la habitación, con la tía Lefrançois. |
Le soir, il reçut des visites. Il se levait, vous serrait les mains sans pouvoir parler, puis l’on s’asseyait auprès des autres, qui faisaient devant la cheminée un grand demi-cercle. La figure basse et le jarret sur le genou, ils dandinaient leur jambe, tout en poussant par intervalles un gros soupir ; et chacun s’ennuyait d’une façon démesurée ; c’était pourtant à qui ne partirait pas. | Por la tarde recibió visitas. Se levantaba, estrechaba las manos sin poder hablar, después se sentaban unos junto a los otros formando un gran semicírculo delante de la chimenea. Con la cabeza baja y las piernas cruzadas, balanceaba una de ellas dando un suspiro de vez en cuando. Y todos se aburrían enormemente, pero nadie se decidía a marcharse. |
Homais, quand il revint à neuf heures (on ne voyait que lui sur la place depuis deux jours), était chargé d’une provision de camphre, de benjoin et d’herbes aromatiques. Il portait aussi un vase plein de chlore, pour bannir les miasmes. À ce moment, la domestique, Mme Lefrançois et la mère Bovary tournaient autour d’Emma, en achevant de l’habiller ; et elles abaissèrent le long voile raide, qui la recouvrit jusqu’à ses souliers de satin. | Cuando Homais volvió a las nueve (no se veía más que a él en la plaza desde hacía dos días), venía cargado de una provisión de alcanfor, de benjuí y de hierbas aromáticas. Llevaba también un recipiente lleno de cloro para alejar los miasmas. En aquel momento, la criada, la señora Lefrançois y la señora Bovary madre daban vueltas alrededor de Emma terminando de vestirla, y bajaron el largo velo rígido que le tapó hasta sus zapatos de raso. |
Félicité sanglotait : | Felicidad sollozaba: |
— Ah ! ma pauvre maîtresse ! ma pauvre maîtresse ! | ¡Ah!, ¡mi pobre ama!, ¡mi pobre ama! |
— Regardez-la, disait en soupirant l’aubergiste, comme elle est mignonne encore ! Si l’on ne jurerait pas qu’elle va se lever tout à l’heure. | ¡Mírela decía suspirando la mesonera , qué preciosa está todavía! Se diría que va a levantarse inmediatamente. |
Puis elles se penchèrent, pour lui mettre sa couronne. | Después se inclinaron para ponerle la corona. |
Il fallut soulever un peu la tête, et alors un flot de liquides noirs sortit, comme un vomissement, de sa bouche. | Hubo que levantarle un poco la cabeza, y entonces un chorro de líquido negro salió de su boca como un vómito. |
— Ah ! mon Dieu ! la robe, prenez garde ! s’écria Mme Lefrançois. Aidez-nous donc ! disait-elle au pharmacien. Est-ce que vous avez peur, par hasard ? | ¡Ah! ¡Dios mío!, ¡el vestido, tened cuidado! exclamó la señora Lefrançois . ¡Ayúdenos! le decía al farmacéutico . ¿:Acaso tiene miedo? |
— Moi, peur ? répliqua-t-il en haussant les épaules. Ah bien, oui ! J’en ai vu d’autres à l’Hôtel-Dieu, quand j’étudiais la pharmacie ! Nous faisions du punch dans l’amphithéâtre aux dissections ! Le néant n’épouvante pas un philosophe ; et même, je le dis souvent, j’ai l’intention de léguer mon corps aux hôpitaux, afin de servir plus tard à la Science. | ¿:Miedo yo? replicó encogiéndose de hombros . ¡Pues sí! ¡He visto a tantos en el Hospital cuando estudiaba farmacia! ¡Hacíamos ponche en el anfiteatro de las disecciones! La nada no espanta a un filósofo; a incluso, lo digo muchas veces, tengo la intención de legar mi cuerpo a los hospitales para que sirva después a la ciencia. |
En arrivant, le curé demanda comment se portait Monsieur ; et, sur la réponse de l’apothicaire, il reprit : | Al llegar el cura preguntó cómo estaba el señor, y a la respuesta del boticario, replicó. |
— Le coup, vous comprenez, est encore trop récent ! | ¡El golpe, como comprende, está todavía muy reciente! |
Alors Homais le félicita de n’être pas exposé, comme tout le monde, à perdre une compagne chérie ; d’où s’ensuivit une discussion sur le célibat des prêtres. | Entonces Homais le felicitó por no estar expuesto, como todo el mundo, a perder una compañía querida; de donde se siguió una discusión sobre el celibato de los sacerdotes. |
— Car, disait le pharmacien, il n’est pas naturel qu’un homme se passe de femmes ! On a vu des crimes… | Porque decía el farmacéutico ¡no es natural que un hombre se arregle sin mujeres!, se han visto crímenes... |
— Mais, sabre de bois ! s’écria l’ecclésiastique, comment voulez-vous qu’un individu pris dans le mariage puisse garder, par exemple, le secret de la confession ? | Pero ¡caramba! exclamó el eclesiástico , ¿:cómo quiere usted que un individuo casado sea capaz de guardar, por ejemplo, el secreto de la confesión? |
Homais attaqua la confession. Bournisien la défendit ; il s’étendit sur les restitutions qu’elle faisait opérer. Il cita différentes anecdotes de voleurs devenus honnêtes tout à coup. Des militaires, s’étant approchés du tribunal de la pénitence, avaient senti les écailles leur tomber des yeux. Il y avait à Fribourg un ministre… | Homais atacó la confesión, Bournisien la defendió, se extendió sobre las restituciones que hacía operar. Citó diferentes anécdotas de ladrones que de pronto se habían vuelto honrados, militares que habiéndose acercado al tribunal de la penitencia habían notado que se les caían las vendas de los ojos. Había en Friburgo un ministro... |
Son compagnon dormait. Puis, comme il étouffait un peu dans l’atmosphère trop lourde de la chambre, il ouvrit la fenêtre, ce qui réveilla le pharmacien. | Su compañero dormía. Después, como se ahogaba un poco en la atmósfera demasiado pesada de la habitación, abrió la ventana to cual despertó al farmacéutico. |
— Allons, une prise ! lui dit-il. Acceptez, cela dissipe. | Vamos, ¡un polvito de rapé! le dijo . Tómelo, le despabilará. |
Des aboiements continus se traînaient au loin, quelque part. | En algún lugar, a lo lejos, se oían unos alaridos ininterrumpidos. |
— Entendez-vous un chien qui hurle ? dit le pharmacien. | ¿:Oye usted ladrar un perro? dijo el farmacéutico. |
— On prétend, qu’ils sentent les morts, répondit l’ecclésiastique. C’est comme les abeilles : elles s’envolent de la ruche au décès des personnes. Homais ne releva pas ces préjugés, car il s’était rendormi. | Se dice que olfatean a los muertos respondió . Es como las abejas: escapan de la colmena cuando muere una persona. Homais no hizo ninguna observación sobre estos prejuicios, pues se había dormido. |
M. Bournisien, plus robuste, continua quelque temps à remuer tout bas les lèvres ; puis, insensiblement, il baissa le menton, lâcha son gros livre noir et se mit à ronfler. | El señor Bournisien, más robusto, continuó algún tiempo moviendo los labios muy despacio; después, insensiblemente, inclinó la cabeza, dejó caer su gordo libro negro y empezó a roncar. |
Ils étaient en face l’un de l’autre, le ventre en avant, la figure bouffie, l’air renfrogné, après tant de désaccord se rencontrant enfin dans la même faiblesse humaine ; et ils ne bougeaient pas plus que le cadavre à côté d’eux, qui avait l’air de dormir. | Estaban uno enfrente del otro, con el vientre hacia fuera, la cara abotargada, el aire ceñudo, coincidiendo después de tanto desacuerdo en la misma debilidad humana; y no se movían más que el cadáver que estaba a su lado, que parecía dormir. |
Charles, en entrant, ne les réveilla point. C’était la dernière fois. Il venait lui faire ses adieux. | Cuando Carlos volvió a entrar, no los despertó. Era la última vez. Venía a decirle adiós. |
Les herbes aromatiques fumaient encore, et des tourbillons de vapeur bleuâtre se confondaient au bord de la croisée avec le brouillard qui entrait. Il y avait quelques étoiles, et la nuit était douce. | Las hierbas aromáticas seguían humeando, y unos remolinos de vapor azulado se confundían en el horde de la ventana con la niebla que entraba. Había algunas estrellas y la noche estaba templada. |
La cire des cierges tombait par grosses larmes sur les draps du lit. Charles les regardait brûler, fatiguant ses yeux contre le rayonnement de leur flamme jaune. | La cera de los cirios caía en gruesas lágrimas sobre las sábanas. Carlos miraba cómo ardían, cansándose los ojos contra el resplandor de su llama amarilla. |
Des moires frissonnaient sur la robe de satin, blanche comme un clair de lune. Emma disparaissait dessous ; et il lui semblait que, s’épandant au dehors d’elle-même, elle se perdait confusément dans l’entourage des choses, dans le silence, dans la nuit, dans le vent qui passait, dans les senteurs humides qui montaient. | Temblaban unos reflejos en el vestido de raso, blanco como un claro de luna. Emma desaparecía debajo, y a Carlos le parecía que, esparciéndose fuera de sí misma, se perdía confusamente en las cosas que la rodeaban, en el silencio, en la noche, en el viento que pasaba, en los olores húmedos que subían. |
Puis, tout à coup, il la voyait dans le jardin de Tostes, sur le banc, contre la haie d’épines, ou bien à Rouen dans les rues, sur le seuil de leur maison, dans la cour des Bertaux. Il entendait encore le rire des garçons en gaieté qui dansaient sous les pommiers ; la chambre était pleine du parfum de sa chevelure, et sa robe lui frissonnait dans les bras avec un bruit d’étincelles. C’était la même, celle-là ! | Después, de pronto, la veía en el jardín de Tostes, en el banco, junto al seto de espinos, en el umbral de su casa, en el patio de Les Bertaux. Seguía oyendo la risa de los chicos alegres que bailaban bajo los manzanos; la habitación estaba llena del perfume de su cabellera y su vestido le temblaba en los brazos con un chisporroteo; y era el mismo, aquel vestido. |
Il fut longtemps à se rappeler ainsi toutes les félicités disparues, ses attitudes, ses gestes, le timbre de sa voix. Après un désespoir, il en venait un autre, et toujours, intarissablement, comme les flots d’une marée qui déborde. | Estuvo mucho tiempo así recordando todas las felicidades desaparecidas: su actitud, sus gestos, el timbre de su voz. Después de una desesperación venía otra, y siempre, inagotablemente, cómo las olas de una marea que se desborda. |
Il eut une curiosité terrible : lentement, du bout des doigts, en palpitant, il releva son voile. Mais il poussa un cri d’horreur qui réveilla les deux autres. Ils l’entraînèrent en bas, dans la salle. | Sintió una terrible curiosidad: despacio, con la punta de los dedos, palpitante, le levantó el velo. Pero lanzó un grito de horror que despertó a los que dormían. Lo llevaron abajo, a la sala. |
Puis Félicité vint dire qu’il demandait des cheveux. | Después vino Felicidad a decir que el señor quería un mechón de pelo de la señora. |
— Coupez-en ! répliqua l’apothicaire. Et, comme elle n’osait, il s’avança lui-même, les ciseaux à la main. Il tremblait si fort, qu’il piqua la peau des tempes en plusieurs places. Enfin, se raidissant contre l’émotion, Homais donna deux ou trois grands coups au hasard, ce qui fit des marques blanches dans cette belle chevelure noire. | ¡Córtelo! replicó el boticario. Y como ella no se atrevía, se adelantó él mismo, con las tijeras en la mano. Temblaba tanto, que picó la piel de las sienes en varios sitios. Por fin, venciendo la emoción, Homais dio dos o tres grandes tijeretazos al azar, lo cual dejó marcas blancas en aquella hermosa cabellera negra. |
Le pharmacien et le curé se replongèrent dans leurs occupations, non sans dormir de temps à autre, ce dont ils s’accusaient réciproquement à chaque réveil nouveau. Alors M. Bournisien aspergeait la chambre d’eau bénite et Homais jetait un peu de chlore par terre. | El farmacéutico y el cura volvieron a sumergirse en sus ocupaciones, no sin dormir de vez en cuando, de to cual se acusaban recíprocamente cada vez que volvían a despertar. Entonces el señor Bournisien rociaba la habitación con agua bendita y Homais echaba un poco de cloro en el suelo. |
Félicité avait eu soin de mettre pour eux, sur la commode, une bouteille d’eau-de-vie, un fromage et une grosse brioche. Aussi l’apothicaire, qui n’en pouvait plus, soupira, vers quatre heures du matin : | Felicidad había tenido la precaución de poner para ellos, sobre la cómoda, una botella de aguardiente, un queso y un gran bizcocho. Por eso el boticario, que no podía más, suspiró hacia las cuatro de la mañana: |
— Ma foi, je me sustenterais avec plaisir ! | ¡La verdad es que de buena gana me tomaría algo! |
L’ecclésiastique ne se fit point prier ; il sortit pour aller dire sa messe, revint ; puis ils mangèrent et trinquèrent, tout en ricanant un peu, sans savoir pourquoi, excités par cette gaieté vague qui vous prend après des séances de tristesse ; et, au dernier petit verre, le prêtre dit au pharmacien, tout en lui frappant sur l’épaule : | El eclesiástico no se hizo rogar; salió para ir a decir misa, volvió, después comieron y bebieron, bromeando un poco, sin saber por qué, animados por esa alegría vaga que nos invade después de sesiones de tristeza; y a la última copa, el cura dijo al farmacéutico, dándole palmadas en el hombro: |
— Nous finirons par nous entendre ! | ¡Acabaremos por entendernos! |
Ils rencontrèrent en bas, dans le vestibule, les ouvriers qui arrivaient. Alors Charles, pendant deux heures, eut à subir le supplice du marteau qui résonnait sur les planches. Puis on la descendit dans son cercueil de chêne, que l’on emboîta dans les deux autres ; mais, comme la bière était trop large, il fallut boucher les interstices avec la laine d’un matelas. Enfin, quand les trois couvercles furent rabotés, cloués, soudés, on l’exposa devant la porte ; on ouvrit toute grande la maison, et les gens d’Yonville commencèrent à affluer. | Abajo, en el vestíbulo, encontraron a los carpinteros que llegaban. Entonces Carlos, durante dos horas, tuvo que soportar el suplicio del martillo que resonaba sobre las tablas. Después la depositaron en su ataúd de roble que metieron en los otros dos; pero como el ataúd era demasiado ancho, hubo que rellenar los intersticios con la lana de un colchón. Por fin, una vez cepilladas, clavadas y soldadas las tres tapas, la expusieron delante de la puerta; se abrió de par en par la casa y empezó el desfile de los vecinos de Yonville. |
Le père Rouault arriva. Il s’évanouit sur la place en apercevant le drap noir. | Llegó el padre de Emma. Se desmayó en la plaza al ver el paño negro. |
III - X | III- CAPÍTULO X |
Il n’avait reçu la lettre du pharmacien que trente-six heures après l’événement ; et, par égard pour sa sensibilité, M. Homais l’avait rédigée de telle façon qu’il était impossible de savoir à quoi s’en tenir. | No había recibido la carta del farmacéutico hasta treinta y seis horas después del acontecimiento; y en atención a su sensibilidad, el señor Homais la había redactado de tal manera que era imposible saber a qué atenerse. |
Le bonhomme tomba d’abord comme frappé d’apoplexie. Ensuite il comprit qu’elle n’était pas morte. Mais elle pouvait l’être… Enfin il avait passé sa blouse, pris son chapeau, accroché un éperon à son soulier et était parti ventre à terre ; et, tout le long de la route, le père Rouault, haletant, se dévora d’angoisses. Une fois même, il fut obligé de descendre. Il n’y voyait plus, il entendait des voix autour de lui, il se sentait devenir fou. | El buen hombre cayó al principio como en un ataque de apoplejía. Después pensó que ella no había muerto. Pero podía estarlo... Por fin se puso la blusa, cogió el sombrero, sujetó una espuela a la bota y salió a galope tendido, y a todo to largo de la carretera el tío Rouault, jadeante, se consumía de angustia. Una vez, incluso, se vio obligado a bajar. Ya no veía, oía voces a su alrededor, tenía la sensación de volverse loco. |
Le jour se leva. Il aperçut trois poules noires qui dormaient dans un arbre ; il tressaillit, épouvanté de ce présage. Alors il promit à la sainte Vierge trois chasubles pour l’église, et qu’il irait pieds nus depuis le cimetière des Bertaux jusqu’à la chapelle de Vassonville. | Se hizo de día. Vio tres gallinas negras que dormían en un árbol; se estremeció espantado por este presagio. Entonces prometió a la Santísima Virgen tres casullas para la iglesia y que iría descalzo desde el cementerio de Les Bertaux hasta la capilla de Vassonville. |
Il entra dans Maromme en hélant les gens de l’auberge, enfonça la porte d’un coup d’épaule, bondit au sac d’avoine, versa dans la mangeoire une bouteille de cidre doux, et renfourcha son bidet, qui faisait feu des quatre fers. | Entró en Maromme llamando desde lejos a la gente de la posada, derribó la puerta de un empujón, dio un salto sobre el saco de avena, echó en el pesebre una botella de sidra dulce, volvió a montar en su caballo que sacaba chispas con sus cuatro herraduras. |
Il se disait qu’on la sauverait sans doute ; les médecins découvriraient un remède, c’était sûr. Il se rappela toutes les guérisons miraculeuses qu’on lui avait contées. | Se decía a sí mismo que sin duda la salvarían; los médicos descubrirían un remedio, estaba seguro. Recordó todas las curaciones milagrosas que le habían contado. |
Puis elle lui apparaissait morte. Elle était là, devant lui, étendue sur le dos, au milieu de la route. Il tirait la bride et l’hallucination disparaissait. | Después se le apareció muerta. Estaba allí, tendida sobre la espalda, en medio de la carretera. Tiraba de las riendas y la alucinación desaparecía. |
À Quincampoix, pour se donner du cœur, il but trois cafés l’un sur l’autre. | En Quincampoix, para animarse, tomó tres cafés uno detrás de otro. |
Il songea qu’on s’était trompé de nom en écrivant. Il chercha la lettre dans sa poche, l’y sentit, mais il n’osa pas l’ouvrir. | Pensó que se habían equivocado de nombre al escribirle. Buscó la carta en el bolsillo, la palpó, pero no se atrevió a abrirla. |
Il en vint à supposer que c’était peut-être une farce, une vengeance de quelqu’un, une fantaisie d’homme en goguette ; et, d’ailleurs, si elle était morte, on le saurait ? Mais non ! la campagne n’avait rien d’extraordinaire : le ciel était bleu, les arbres se balançaient ; un troupeau de moutons passa. Il aperçut le village ; on le vit accourant tout penché sur son cheval, qu’il bâtonnait à grands coups, et dont les sangles dégouttelaient de sang. | Llegó a suponer que quizás era una «broma», una venganza de alguien, una ocurrencia de algún juerguista, y, por otra parte, si su hija hubiera muerto ¿:se sabría? ¡Pues no!, el campo no tenía nada de extraordinario: el cielo estaba azul, los árboles se balanceaban, pasó un rebaño de corderos. Vio el pueblo, le vieron galopar deprisa inclinado sobre el caballo, al que daba grandes latigazos y cuyas cinchas goteaban sangre. |
Quand il eut repris connaissance, il tomba tout en pleurs dans les bras de Bovary : | Cuando volvió en sí, cayó envuelto en llanto en brazos de Bovary: |
— Ma fille ! Emma ! mon enfant ! expliquez-moi… ? | ¡Mi hija! ¡Emma!, ¡mi niña!, ¡explíqueme! |
Et l’autre répondait avec des sanglots : | Y Carlos respondió sollozando: |
— Je ne sais pas, je ne sais pas ! c’est une malédiction ! L’apothicaire les sépara. | ¡No sé, no sé!, ¡es una maldición! El boticario los separó. |
— Ces horribles détails sont inutiles. J’en instruirai monsieur. Voici le monde qui vient. De la dignité, fichtre ! de la philosophie ! | Estos horribles detalles son inútiles. Ya informaré al señor. Está llegando gente. Un poco de dignidad, ¡caramba!, un poco de resignación. |
Le pauvre garçon voulut paraître fort, et il répéta plusieurs fois : | Bovary quiso parecer fuerte y repitió varias veces: |
— Oui…, du courage ! | iSí!..., ¡valor! |
— Eh bien, s’écria le bonhomme, j’en aurai, nom d’un tonnerre de Dieu ! Je m’en vas la conduire jusqu’au bout. | Bueno exclamó el buen hombre , lo tendré, ¡rayos y truenos! Voy a acompañarla hasta el fin. |
La cloche tintait. Tout était prêt. Il fallut se mettre en marche. | Doblaba la campana. Todo estaba dispuesto. Hubo que ponerse en marcha. |
Et, assis dans une stalle du chœur, l’un près de l’autre, ils virent passer devant eux et repasser continuellement les trois chantres qui psalmodiaient. Le serpent soufflait à pleine poitrine. M. Bournisien, en grand appareil, chantait d’une voix aiguë ; il saluait le tabernacle, élevait les mains, étendait les bras. Lestiboudois circulait dans l’église avec sa latte de baleine ; près du lutrin, la bière reposait entre quatre rangs de cierges. Charles avait envie de se lever pour les éteindre. | Y sentados en una silla del coro, uno al lado del otro, vieron pasar y volver a pasar delante de ellos continuamente a los tres chantres que salmodiaban. El serpentón soplaba a pleno pulmón. El señor Bournisien, revestido de ornamentos fúnebres, cantaba con voz aguda; se inclinaba ante el sagrario, elevaba las manos, extendía los brazos. Lestiboudis circulaba por la iglesia con su varilla de ballena; cerca del facistol reposaba el ataúd entre cuatro filas de cirios. A Carlos le daban ganas de levantarse para apagarlos. |
Il tâchait cependant de s’exciter à la dévotion, de s’élancer dans l’espoir d’une vie future où il la reverrait. Il imaginait qu’elle était partie en voyage, bien loin, depuis longtemps. Mais, quand il pensait qu’elle se trouvait là-dessous, et que tout était fini, qu’on l’emportait dans la terre, il se prenait d’une rage farouche, noire, désespérée. Parfois il croyait ne plus rien sentir ; et il savourait cet adoucissement de sa douleur, tout en se reprochant d’être un misérable. | Trataba, sin embargo, de animarse a la devoción, de elevarse en la esperanza de una vida futura en donde la volvería a ver. Imaginaba que ella había salido de viaje, muy lejos, desde hacía tiempo. Pero cuando pensaba que estaba a11í abajo y que todo había terminado, que la llevaban a la tierra, se apoderaba de él una rabia feroz, negra, desesperada. A veces creía no sentir nada más, y saboreaba este alivio de su dolor reprochándose al mismo tiempo ser un miserable. |
On entendit sur les dalles comme le bruit sec d’un bâton ferré qui les frappait à temps égaux. Cela venait du fond, et s’arrêta court dans les bas-côtés de l’église. Un homme en grosse veste brune s’agenouilla péniblement. C’était Hippolyte, le garçon du Lion d’or. Il avait mis sa jambe neuve. | Se oyó sobre las losas como el ruido seco de una barra de hierro que las golpeaba rítmicamente. Venía del fondo y se paró en seco en una nave lateral de la iglesia. Un hombre con gruesa chaqueta oscura se arrodilló penosamente. Era Hipólito, el mozo del «Lion de d′Or». Se había puesto su pierna nueva. |
L’un des chantres vint faire le tour de la nef pour quêter, et les gros sous, les uns après les autres, sonnaient dans le plat d’argent. | Uno de los chantres vino a dar la vuelta a la nave para hacer la colecta y las grandes monedas sonaban, unas detrás de otras, en la bandeja de plata. |
— Dépêchez-vous donc ! Je souffre, moi ! s’écria Bovary tout en lui jetant avec colère une pièce de cinq francs. | ¡Dense prisa! ¡Estoy que ya no puedo más! exclamó Bovary al tiempo que echaba encolerizado una moneda de cinco francos. |
L’homme d’église le remercia par une longue révérence. | El eclesiástico le dio las gracias con una larga reverencia. |
On chantait, on s’agenouillait, on se relevait, cela n’en finissait pas ! Il se rappela qu’une fois, dans les premiers temps, ils avaient ensemble assisté à la messe, et ils s’étaient mis de l’autre côté, à droite, contre le mur. La cloche recommença. Il y eut un grand mouvement de chaises. Les porteurs glissèrent leurs trois bâtons sous la bière, et l’on sortit de l’église. | Cantaban, se arrodillaban, se volvían a levantar, aquello no terminaba. Recordó que una vez, en los primeros tiempos de su matrimonio, habían asistido juntos a misa y se habían puesto en el otro lado, a la derecha, contra la pared. La campana empezó de nuevo, hubo un gran movimiento de sillas. Los portadores pasaron las tres varas bajo el féretro y salieron de la iglesia. |
Justin alors parut sur le seuil de la pharmacie. Il y rentra tout à coup, pâle, chancelant. | Entonces apareció Justino en el umbral de la farmacia. De pronto se volvió a meter dentro, pálido, vacilante. |
On se tenait aux fenêtres pour voir passer le cortège. Charles, en avant, se cambrait la taille. Il affectait un air brave et saluait d’un signe ceux qui, débouchant des ruelles ou des portes, se rangeaient dans la foule. | La gente se asomaba a las ventanas para ver pasar el cortejo. Carlos, en cabeza, iba muy erguido. Parecía sereno y saludaba con un gesto a los que, saliendo de las callejuelas o de las puertas, se incorporaban a la muchedumbre. |
Les six hommes, trois de chaque côté, marchaient au petit pas et en haletant un peu. Les prêtres, les chantres et les deux enfants de chœur récitaient le De profundis ; et leurs voix s’en allaient sur la campagne, montant et s’abaissant avec des ondulations. Parfois ils disparaissaient aux détours du sentier ; mais la grande croix d’argent se dressait toujours entre les arbres. Les femmes suivaient, couvertes de mantes noires à capuchon rabattu ; elles portaient à la main un gros cierge qui brûlait, et Charles se sentait défaillir à cette continuelle répétition de prières et de flambeaux, sous ces odeurs affadissantes de cire et de soutane. Une brise fraîche soufflait, les seigles et les colzas verdoyaient, des gouttelettes de rosée tremblaient au bord du chemin, sur les haies d’épines. Toutes sortes de bruits joyeux emplissaient l’horizon : le claquement d’une charrette roulant au loin dans les ornières, le cri d’un coq qui se répétait ou la galopade d’un poulain que l’on voyait s’enfuir sous les pommiers. Le ciel pur était tacheté de nuages roses ; des lumignons bleuâtres se rabattaient sur les chaumières couvertes d’iris ; Charles, en passant, reconnaissait les cours. Il se souvenait de matins comme celui-ci, où, après avoir visité quelque malade, il en sortait, et retournait vers elle. | Los seis hombres, tres de cada lado, caminaban a paso corto y algo jadeantes. Los sacerdotes, los chantres y los dos niños de coro recitaban el De profundis, y sus voces se esparcían por el campo subiendo y bajando con ondulaciones. A veces desaparecían en los recodos del sendero, pero la gran cruz de plata seguía irguiéndose entre los árboles. Seguían las mujeres, tapadas con negros mantones con la capucha bajada; llevaban en la mano un gran cirio ardiendo, y Carlos se sentía desfallecer en aquella continua repetición de oraciones y de antorchas bajo esos olores empalagosos de cera y de sotana. Soplaba una brisa fresca, verdeaban los centenos y las colzas, unas gotitas de rocío temblaban al borde del camino sobre los setos de espinos. Toda suerte de ruidos alegres llenaba el horizonte: el crujido lejano de una carreta a lo largo de las roderas, el grito de un gallo que se repetía o el galope de un potro que se veía desaparecer bajo los manzanos. El cielo claro estaba salpicado de nubes rosadas; la luz azulada de las velas refejaba sobre las chozas cubiertas de lirios; Carlos, al pasar, reconocía los corrales. Se acordaba de mañanas como ésta, en que, después de haber visitado a un enfermo, salía de la casa y volvía hacia Emma. |
Le drap noir, semé de larmes blanches, se levait de temps à autre en découvrant la bière. Les porteurs fatigués se ralentissaient, et elle avançait par saccades continues, comme une chaloupe qui tangue à chaque flot. | El paño negro, sembrado de lentejuelas blancas, se levantaba de vez en cuando descubriendo el féretro. Los portadores, cansados, acortaban el paso, y el féretro avanzaba en continuas sacudidas, cabeceando como una chalupa a merced de las olas. |
On arriva. | Llegaron al cementerio. |
Les hommes continuèrent jusqu’en bas, à une place dans le gazon où la fosse était creusée. | Los portadores siguieron hasta el fondo, a un lugar en el césped donde estaba cavada la fosa. |
On se rangea tout autour ; et, tandis que le prêtre parlait, la terre rouge, rejetée sur les bords, coulait par les coins, sans bruit, continuellement. | Formaron círculo en torno a ella; y mientras que el sacerdoto hablaba, la tierra roja, echada sobre los bordes, corría por las esquinas, sin ruido, continuamente. |
Puis, quand les quatre cordes furent disposées, on poussa la bière dessus. Il la regarda descendre. Elle descendait toujours. Enfin, on entendit un choc ; les cordes en grinçant remontèrent. Alors Bournisien prit la bêche que lui tendait Lestiboudois ; de sa main gauche, tout en aspergeant de la droite, il poussa vigoureusement une large pelletée ; et le bois du cercueil, heurté par les cailloux, fit ce bruit formidable qui nous semble être le retentissement de l’éternité. | Después, una vez dispuestas las cuatro cuerdas, empujaron el féretro encima. Él la vio bajar, bajar lentamente. Por fin se oyó un choque, las cuerdas volvieron a subir chirriando. Entonces el señor Bournisien tomó la pala que le ofrecía Lestiboudis; con su mano izquierda echó con fuerza una gran paletada de tierra, mientras que con la derecha asperjía la sepultura; y la madera del ataúd, golpeada por los guijarros, hizo ese ruido formidable que nos parece ser el de la resonancia de la eternidad. |
L’ecclésiastique passa le goupillon à son voisin. C’était M. Homais. Il le secoua gravement, puis le tendit à Charles, qui s’affaissa jusqu’aux genoux dans la terre, et il en jetait à pleines mains tout en criant : « Adieu ! » Il lui envoyait des baisers ; il se traînait vers la fosse pour s’y engloutir avec elle. | El eclesiástico pasó el hisopo a su vecino. Era el señor Homais. Lo sacudió gravemente, y se lo pasó a su vez a Carlos, quien se hundió hasta las rodillas en tierra, y la echaba a puñados mientras exclamaba: «Adiós.» Le enviaba besos; se arrastraba hacia la fosa para sepultarse con ella. |
On l’emmena ; et il ne tarda pas à s’apaiser, éprouvant peut-être, comme tous les autres, la vague satisfaction d’en avoir fini. | Se lo llevaron; y no tardó en apaciguarse, experimentando quizás, como todos los demás, la vaga satisfacción de haber terminado. |
Le père Rouault, en revenant, se mit tranquillement à fumer une pipe ; ce que Homais, dans son for intérieur, jugea peu convenable. Il remarqua de même que M. Binet s’était abstenu de paraître, que Tuvache « avait filé » après la messe, et que Théodore, le domestique du notaire, portait un habit bleu, « comme si l’on ne pouvait pas trouver un habit noir, puisque c’est l’usage, que diable ! » Et pour communiquer ses observations, il allait d’un groupe à l’autre. On y déplorait la mort d’Emma, et surtout Lheureux, qui n’avait point manqué de venir à l’enterrement. | El tío Rouault, al volver, se puso tranquilamente a fumar una pipa, lo cual Homais, en su fuero interno, juzgó poco adecuado. Observó igualmente que el señor Binet se había abstenido de aparecer, que Tuvache se «había largado» después de la misa, y que Teodoro, el criado del notario, llevaba un traje azul, «como si no se pudiera encontrar un traje negro, ya que es la costumbre, ¡qué diablo!». Y para comunicar sus observaciones, iba de corro en corro. Todos lamentaban la muerte de Emma, y sobre todo Lheureux, que no había faltado al entierro. |
— Cette pauvre petite dame ! quelle douleur pour son mari ! | ¡Pobre señora!, ¡qué dolor para su marido! |
L’apothicaire reprenait : | El boticario decía: |
— Sans moi, savez-vous bien, il se serait porté sur lui-même à quelque attentat funeste ! | Sepan ustedes que, si no fuera por mí, podría haber atentado contra su propia vida. |
— Une si bonne personne ! Dire pourtant que je l’ai encore vue samedi dernier dans ma boutique ! | ¡Una persona tan buena! ¡Y decir que todavía la vi el sábado pasado en mi tienda! |
— Je n’ai pas eu le loisir, dit Homais, de préparer quelques paroles que j’aurais jetées sur sa tombe. | No he tenido tiempo dijo Homais de preparar unas palabras que hubiera pronunciado sobre su tumba. |
En rentrant, Charles se déshabilla, et le père Rouault repassa sa blouse bleue. Elle était neuve, et, comme il s’était, pendant la route, souvent essuyé les yeux avec les manches, elle avait déteint sur sa figure ; et la trace des pleurs y faisait des lignes dans la couche de poussière qui la salissait. | De regreso, en casa, Carlos se cambió de ropa, y el tío Rouault volvió a ponerse la blusa azul. Estaba nueva, y como durante el viaje se había secado muchas veces los ojos con las mangas, había desteñido en su cara; y la huella de las lágrimas hacía unas líneas en la capa de polvo que la ensuciaba. |
Mme Bovary mère était avec eux. Ils se taisaient tous les trois. Enfin le bonhomme soupira : | La señora Bovary madre estaba con ellos. Los tres estaban callados. Por fin, el buen hombre suspiró. |
— Vous rappelez-vous, mon ami, que je suis venu à Tostes une fois, quand vous veniez de perdre votre première défunte. Je vous consolais dans ce temps-là ! Je trouvais quoi dire ; mais à présent… | ¿:Se acuerda, amigo mío, que fui a Tostes una vez, cuando usted acababa de perder a su primera difunta? En aquel tiempo le consolaba. Encontraba algo que decirle; pero ahora... |
Puis, avec un long gémissement qui souleva toute sa poitrine : | Después, con un largo gemido que le levantó todo el pecho: |
— Ah ! c’est la fin pour moi, voyez-vous ! J’ai vu partir ma femme…, mon fils après…, et voilà ma fille, aujourd’hui ! | ¡Ah!, para mí se acabó todo. ¡Ya ve usted! He visto morir a mi mujer..., después a mi hijo..., y ahora, hoy, a mi hija. |
Il voulut s’en retourner tout de suite aux Bertaux, disant qu’il ne pourrait pas dormir dans cette maison-là. Il refusa même de voir sa petite-fille. | Quiso volverse enseguida a Les Bertaux diciendo que no podría dormir en aquella casa. Ni siquiera quiso ver a su nieta. |
— Non ! Non ! ça me ferait trop de deuil. Seulement, vous l’embrasserez bien ! Adieu !… vous êtes un bon garçon ! Et puis, jamais je n’oublierai ça, dit-il en se frappant la cuisse, n’ayez peur ! vous recevrez toujours votre dinde. | ¡No!, ¡no!, sería una despedida demasiado dolorosa. Pero le dará muchos besos. ¡Adiós!, ¡usted es un buen muchacho! Y, además, jamás olvidaré esto dijo golpeándose el muslo ; no se preocupe, seguirá recibiendo su pavo. |
Mais, quand il fut au haut de la côte, il se détourna, comme autrefois il s’était détourné sur le chemin de Saint-Victor, en se séparant d’elle. Les fenêtres du village étaient tout en feu sous les rayons obliques du soleil, qui se couchait dans la prairie. Il mit sa main devant ses yeux ; et il aperçut à l’horizon un enclos de murs où des arbres, çà et là, faisaient des bouquets noirs entre des pierres blanches, puis il continua sa route, au petit trot, car son bidet boitait. | Pero cuando llegó al alto de la cuesta volvió su mirada como antaño la había vuelto en el camino de San Víctor, al separarse de ella. Las ventanas del pueblo estaban todas resplandecientes bajo los rayos oblicuos del sol que se ponía en la pradera. Se puso la mano ante los ojos y percibió en el horizonte un cercado de tapias donde había unos bosquecillos de árboles negros diseminados entre piedras blancas, después continuó su camino a trote corto, pues su caballo cojeaba. |
Charles et sa mère restèrent le soir, malgré leur fatigue, fort longtemps à causer ensemble. Ils parlèrent des jours d’autrefois et de l’avenir. Elle viendrait habiter Yonville, elle tiendrait son ménage, ils ne se quitteraient plus. Elle fut ingénieuse et caressante, se réjouissant intérieurement à ressaisir une affection qui depuis tant d’années lui échappait. Minuit sonna. Le village, comme d’habitude, était silencieux, et Charles, éveillé, pensait toujours à elle. | Aquella noche Carlos y su madre, a pesar del cansancio, se quedaron mucho tiempo hablando juntos. Hablaron de los días pasados y del porvenir. Ella vendría a vivir a Yonville, regiría la casa, ya no se separarían. Estuvo hábil y cariñosa, alegrándose interiormente de recuperar un afecto que se le escapaba desde hacía tantos años. Dieron las doce. El pueblo, como de costumbre, estaba en silencio, y Carlos, despierto, seguía pensando en ella. |
Rodolphe, qui, pour se distraire, avait battu le bois toute la journée, dormait tranquillement dans son château ; et Léon, là-bas, dormait aussi. | Rodolfo, que para distraerse había pateado el bosque todo el día, dormía tranquilamente en su castillo, y León, a11á lejos, dormía igualmente. |
Il y en avait un autre qui, à cette heure-là, ne dormait pas. | Había otro que a aquella hora no dormía. |
Sur la fosse, entre les sapins, un enfant pleurait agenouillé, et sa poitrine, brisée par les sanglots, haletait dans l’ombre, sous la pression d’un regret immense, plus doux que la lune et plus insondable que la nuit. La grille tout à coup craqua. C’était Lestiboudois ; il venait chercher sa bêche qu’il avait oubliée tantôt. Il reconnut Justin escaladant le mur, et sut alors à quoi s’en tenir sur le malfaiteur qui lui dérobait ses pommes de terre. | Sobre la fosa, entre los abetos, un muchacho lloraba arrodillado, y su pecho, deshecho en sollozos, jadeaba en la sombra bajo el agobio de una pena inmensa más dulce que la luna y más insondable que la noche. De pronto crujió la verja. Era Lestiboudis; venía a buscar su azadón que había olvidado poco antes. Reconoció a Justino que escalaba la tapia, y entonces supo a qué atenerse sobre el sinvergüenza que le robaba las patatas. |
III - XI | III - CAPÍTULO XI |
Charles, le lendemain, fit revenir la petite. Elle demanda sa maman. On lui répondit qu’elle était absente, qu’elle lui rapporterait des joujoux. Berthe en reparla plusieurs fois ; puis, à la longue, elle n’y pensa plus. La gaieté de cette enfant navrait Bovary, et il avait à subir les intolérables consolations du pharmacien. | A día siguiente, Carlos mandó que le trajeran a la niña. La niña le preguntó por su mamá. Le dijeron que estaba ausente, que le traería juguetes. Berta volvió a hablar de ella varias veces; después, con el tiempo, se fue olvidando. La alegría de esta niña desconsolaba a Bovary, quien, además, tenía que soportar los intolerables consuelos del farmacéutico. |
Les affaires d’argent bientôt recommencèrent, M. Lheureux excitant de nouveau son ami Vinçart, et Charles s’engagea pour des sommes exorbitantes ; car jamais il ne voulut consentir à laisser vendre le moindre des meubles qui lui avaient appartenu. Sa mère en fut exaspérée. Il s’indigna plus fort qu’elle. Il avait changé tout à fait. Elle abandonna la maison. | Pronto volvieron los problemas de dinero, pues el señor Lheureux azuzó de nuevo a su amigo Vinçart, y Carlos se empeñó en sumas exorbitantes; porque jamás quiso dar permiso para vender el menor de los objetos que le había pertenecido. Su madre se desesperó por esto. Carlos se indignó más que ella. Había cambiado por completo. La madre abandonó la casa. |
Alors chacun se mit à profiter. Mlle Lempereur réclama six mois de leçons, bien qu’Emma n’en eût jamais pris une seule (malgré cette facture acquittée qu’elle avait fait voir à Bovary) : c’était une convention entre elles deux ; le loueur de livres réclama trois ans d’abonnement ; la mère Rolet réclama le port d’une vingtaine de lettres ; et, comme Charles demandait des explications, elle eut la délicatesse de répondre : | Entonces todo el mundo empezó a aprovecharse. La señorita Lempereur reclamó seis meses de lecciones, aunque Emma jamás había tomado ni una sola, a pesar de aquella factura pagada que había mostrado a Bovary: era un acuerdo entre ellas dos; el que alquilaba libros reclamó tres años de suscripción; la tía Rolet reclamó el porte de una veintena de cartas, y como Carlos pedía explicaciones, ella tuvo que decirle: |
— Ah ! je ne sais rien ! c’était pour ses affaires. | ¡Ah!, ¡yo no sé nada!, eran cosas suyas. |
À chaque dette qu’il payait, Charles croyait en avoir fini. Il en survenait d’autres, continuellement. | A cada deuda que pagaba, Carlos creía haber terminado, pero continuamente aparecían otras. |
Il exigea l’arriéré d’anciennes visites. On lui montra les lettres que sa femme avait envoyées. Alors il fallut faire des excuses. | Reclamó a sus pacientes el pago de visitas atrasadas. Le enseñaron las cartas que su mujer había enviado. Entonces hubo que pedir disculpas. |
Félicité portait maintenant les robes de Madame ; non pas toutes, car il en avait gardé quelques-unes, et il les allait voir dans son cabinet de toilette, où il s’enfermait ; elle était à peu près de sa taille, souvent Charles, en l’apercevant par derrière, était saisi d’une illusion, et s’écriait : | Felicidad llevaba ahora los vestidos de la señora; no todos, pues Carlos había guardado algunos, a iba a verlos a su tocador, donde se encerraba; ambas eran más o menos de la misma estatura; a menudo, Carlos, viéndola por detrás, era presa de una ilusión y exclamaba: |
— Oh ! reste ! reste ! | ¡Oh!, ¡quédate!, ¡quédate! |
Mais, à la Pentecôte, elle décampa d’Yonville, enlevée par Théodore, et en volant tout ce qui restait de la garde-robe. | Pero por Pentecostés, Felicidad desapareció de Yonville, raptada por Teodoro, y llevándose todo lo que quedaba del guardarropa. |
Ce fut vers cette époque que Mme veuve Dupuis eut l’honneur de lui faire part du « mariage de M. Léon Dupuis, son fils, notaire à Yvetot, avec Mlle Léocadie Lebœuf, de Bondeville. » Charles, parmi les félicitations qu’il lui adressa, écrivit cette phrase : | Fue por entonces cuando la señora viuda Dupuis tuvo el honor de participarle «el casamiento del señor León Dupuis, notario de Yvetot, con la señorita Leocadia Leboeuf, de Bondeville». En la felicitación que le envió Carlos escribió esta frase: |
« Comme ma pauvre femme aurait été heureuse ! » | «¡Cuánto se habría alegrado mi pobre mujer!» |
Un jour qu’errant sans but dans la maison, il était monté jusqu’au grenier, il sentit sous sa pantoufle une boulette de papier fin. Il l’ouvrit et il lut : « Du courage, Emma ! du courage ! Je ne veux pas faire le malheur de votre existence. » C’était la lettre de Rodolphe, tombée à terre entre des caisses, qui était restée là, et que le vent de la lucarne venait de pousser vers la porte. Et Charles demeura tout immobile et béant à cette même place où jadis, encore plus pâle que lui, Emma, désespérée, avait voulu mourir. Enfin, il découvrit un petit R au bas de la seconde page. Qu’était-ce ? Il se rappela les assiduités de Rodolphe, sa disparition soudaine et l’air contraint qu’il avait eu en le rencontrant depuis, deux ou trois fois. Mais le ton respectueux de la lettre l’illusionna. | Un día en que, deambulando por casa sin ningún objeto, había subido al desván, notó bajo su pantufla una bolita de papel fino. Abrió y leyó: «¡Ánimo, Emma!, ¡ánimo! No quiero hacer la desgracia de su existencia.» Era la carta de Rodolfo, caída al suelo entre cajas, que había quedado allí y que el viento de la buhardilla acababa de empujar hacia la puerta. Y Carlos se quedó inmóvil y con la boca abierta en el mismo sitio en que antes, aun más pálida que él, Emma, desesperada, había querido morir. Por fin, descubrió una R pequeña al final de la segunda página. ¿:Qué era esto? Recordó las asiduidades de Rodolfo, su desaparición repentina y el aire forzado que había mostrado al volver a verla después dos o tres veces. Pero el tono respetuoso de la carta le ilusionó. |
— Ils se sont peut-être aimés platoniquement, se dit-il. | «Quizás se han amado platónicamente se dijo.» |
D’ailleurs, Charles n’était pas de ceux qui descendent au fond des choses ; il recula devant les preuves, et sa jalousie incertaine se perdit dans l’immensité de son chagrin. | Además, Carlos no era de esos que penetran hasta el fondo de las cosas; retrocedió ante las pruebas, y sus celos inciertos se perdieron en la inmensidad de su pena. |
On avait dû, pensait-il, l’adorer. Tous les hommes, à coup sûr, l’avaient convoitée. Elle lui en parut plus belle ; et il en conçut un désir permanent, furieux, qui enflammait son désespoir et qui n’avait pas de limites, parce qu’il était maintenant irréalisable. | Han debido de adorarla, pensó. Todos los hombres, sin duda alguna, la desearon. Le pareció por esto más hermosa; y concibió un deseo permanente, furioso, que inflamaba su desesperación y que no tenía límites, porque ahora era irrealizable. |
Pour lui plaire, comme si elle vivait encore, il adopta ses prédilections, ses idées ; il s’acheta des bottes vernies, il prit l’usage des cravates blanches. Il mettait du cosmétique à ses moustaches, il souscrivit comme elle des billets à ordre. Elle le corrompait par delà le tombeau. | Para agradarle, como si siguiese viviendo, adoptó sus predilecciones, sus ideas; se compró unas botas de charol, empezó a ponerse corbatas blancas. Ponía cosmético en sus bigotes, firmó como ella pagarés. Emma lo corrompía desde el otro lado de la tumba. |
Il fut obligé de vendre l’argenterie pièce à pièce, ensuite il vendit les meubles du salon. Tous les appartements se dégarnirent ; mais la chambre, sa chambre à elle, était restée comme autrefois. Après son dîner, Charles montait là. Il poussait devant le feu la table ronde, et il approchait son fauteuil. Il s’asseyait en face. Une chandelle brûlait dans un des flambeaux dorés. Berthe, près de lui, enluminait des estampes. | Tuvo que vender la cubertería de plata pieza a pieza, después vendió los muebles del salón. Todas las habitaciones se desamueblaron; pero su habitación, la de Emma, quedó como antaño. Después de la cena, Carlos subía a11í. Empujaba hacia la chimenea la mesa redonda y acercaba su sillón. Se sentaba enfrente. Ardía una vela en uno de los candelabros dorados. Berta, al lado de su padre, coloreaba imágenes. |
Il souffrait, le pauvre homme, à la voir si mal vêtue, avec ses brodequins sans lacet et l’emmanchure de ses blouses déchirée jusqu’aux hanches, car la femme de ménage n’en prenait guère de souci. Mais elle était si douce, si gentille, et sa petite tête se penchait si gracieusement en laissant retomber sur ses joues roses sa bonne chevelure blonde, qu’une délectation infinie l’envahissait, plaisir tout mêlé d’amertume comme ces vins mal faits qui sentent la résine. Il raccommodait ses joujoux, lui fabriquait des pantins avec du carton, ou recousait le ventre déchiré de ses poupées. Puis, s’il rencontrait des yeux la boîte à ouvrage, un ruban qui traînait ou même une épingle restée dans une fente de la table, il se prenait à rêver, et il avait l’air si triste, qu’elle devenait triste comme lui. | El pobre hombre sufría al verla mal vestida, con sus botas sin cordones y la sisa de sus blusas rota hasta las caderas, pues la asistenta apenas se preocupaba de ella. Pero la niña era tan dulce, tan simpática, y su cabecita se inclinaba tan graciosamente dejando caer sobre sus mejillas rosadas su abundante cabellera rubia, que un deleite infinito le invadía, placer todo mezclado de amargura como esos vinos mal elaborados que huelen a resina. Carlos le arreglaba sus juguetes, le hacía muñecos de cartón o recosía el vientre roto de sus muñecas. Y cuando sus ojos tropezaban con la caja de la costura, con una cinta que arrastraba o incluso con un alfiler que había quedado en una ranura de la mesa, se quedaba pensativo, y parecía tan triste, que la niña se entristecía con él. |
Personne à présent ne venait les voir ; car Justin s’était enfui à Rouen, où il est devenu garçon épicier, et les enfants de l’apothicaire fréquentaient de moins en moins la petite, M. Homais ne se souciant pas, vu la différence de leurs conditions sociales, que l’intimité se prolongeât. | Ahora nadie venía a verlos, pues Justino se había fugado a Rouen, donde se empleó en una tienda de ultramarinos, y los hijos del boticario visitaban cada vez menos a la niña, sin que el señor Homais se preocupase, teniendo en cuenta la diferen′cia de sus condiciones sociales, por prolongar la intimidad. |
L’Aveugle, qu’il n’avait pu guérir avec sa pommade, était retourné dans la côte du Bois-Guillaume, où il narrait aux voyageurs la vaine tentative du pharmacien, à tel point que Homais, lorsqu’il allait à la ville, se dissimulait derrière les rideaux de l’Hirondelle, afin d’éviter sa rencontre. Il l’exécrait ; et, dans l’intérêt de sa propre réputation, voulant s’en débarrasser à toute force, il dressa contre lui une batterie cachée, qui décelait la profondeur de son intelligence et la scélératesse de sa vanité. Durant six mois consécutifs, on put donc lire dans le Fanal de Rouen des entrefilets ainsi conçus : | El ciego, a quien no había podido curar con su pomada, había vuelto a la cuesta del Bois Guillaume, donde contaba a los viajeros el vano intento del farmacéutico, a tal punto que Homais, cuando iba a la ciudad, se escondía detrás de las cortinas de «La Golondrina» para evitar encontrarle. Lo detestaba, y por interés de su propia reputación, queriendo deshacerse de él a todo trance, puso en marcha un plan sercreto, que revelaba la profundidad de su inteligencia y la perfidia de su vanidad. Durante seis meses consecutivos se pudo leer en el Fanal de Rouen sueltos de este género: |
« Toutes les personnes qui se dirigent vers les fertiles contrées de la Picardie auront remarqué sans doute, dans la côte du Bois-Guillaume, un misérable atteint d’une horrible plaie faciale. Il vous importune, vous persécute et prélève un véritable impôt sur les voyageurs. Sommes-nous encore à ces temps monstrueux du moyen âge, où il était permis aux vagabonds d’étaler par nos places publiques la lèpre et les scrofules qu’ils avaient rapportées de la croisade ? » | «Todas las personas que se dirigen hacia las fértiles tierras de la Picardía habrán observado sin duda, en la cuesta del Bois Guillaume, a un desgraciado afectado de una horrible llaga en la cara. Importuna, acosa y hasta cobra un verdadero impuesto a los viajeros. ¿:Acaso estamos todavía en aquellos monstruosos tiempos de la Edad Media, en los que se permitía a los vagabundos exhibir por nuestras plazas públicas la lepra y las escrófulas que habían traído de la cruzada?» |
Ou bien : | O bien: |
« Malgré les lois contre le vagabondage, les abords de nos grandes villes continuent à être infestés par des bandes de pauvres. On en voit qui circulent isolément, et qui, peut-être, ne sont pas les moins dangereux. À quoi songent nos édiles ? » | «A pesar de las leyes contra el vagabundeo, las proximidades de nuestras grandes ciudades continúan infestadas de bandas de mendigos. Algunos circulan aisladamente y, quizás, no son los menos peligrosos. ¿:En qué piensan nuestros ediles?» |
Puis Homais inventait des anecdotes : | Después Homais inventaba anécdotas: |
« Hier, dans la côte du Bois-Guillaume, un cheval ombrageux… » Et suivait le récit d’un accident occasionné par la présence de l’Aveugle. | «Ayer, en la cuesta del Bois Guillaume, un caballo espantadizo...» |
Il fit si bien, qu’on l’incarcéra. Mais on le relâcha. Il recommença, et Homais aussi recommença. C’était une lutte. Il eut la victoire ; car son ennemi fut condamné à une reclusion perpétuelle dans un hospice. | Y seguía el relato de un accidente ocasionado por la presencia del ciego. La campaña resultó tan bien que encarcelaron al ciego. Pero lo soltaron. Volvió a empezar, y Homais también recomenzó. Era una lucha. Venció Homais, pues su enemigo fue condenado a una reclusión perpetua en un asilo. |
Ce succès l’enhardit ; et dès lors il n’y eut plus dans l’arrondissement un chien écrasé, une grange incendiée, une femme battue, dont aussitôt il ne fît part au public, toujours guidé par l’amour du progrès et la haine des prêtres. Il établissait des comparaisons entre les écoles primaires et les les frères ignorantins, au détriment de ces derniers, rappelait la Saint-Barthélemy à propos d’une allocation de cent francs faite à l’église, et dénonçait des abus, lançait des boutades. C’était son mot. Homais sapait ; il devenait dangereux. | Este éxito lo envalentonó, y desde entonces no hubo en el distrito un perro aplastado, un granero incendiado, una mujer golpeada, de lo que no diese inmediato conocimiento al público, siempre guiándose por el amor al progreso y el odio a los sacerdotes. Establecía comparaciones entre las escuelas primarias y los hermanos de San Juan de Dios, en detrimento de estos últimos, recordaba la noche de San Bartolomé a propósito de una asignación de cien francos hecha a la iglesia, y denunciaba abusos, tenía salidas de tono. Era su estilo. Homais minaba; se hacía peligroso. |
Cependant il étouffait dans les limites étroites du journalisme, et bientôt il lui fallut le livre, l’ouvrage ! Alors il composa une Statistique générale du canton d’Yonville, suivie d’observations climatologiques, et la statistique le poussa vers la philosophie. Il se préoccupa des grandes questions : problème social, moralisation des classes pauvres, pisciculture, caoutchouc, chemins de fer, etc. Il en vint à rougir d’être un bourgeois. Il affectait le genre artiste, il fumait ! Il s’acheta deux statuettes chic Pompadour, pour décorer son salon. | Sin embargo, se ahogaba en los estrechos límites del periodismo, y pronto sintió necesidad del libro, de la obra literaria. Entonces compuso una Estadistica general del cantón de Yonville, seguida de observaciones climatológicas; y la estadística le llevó a la filosofía. Se preocupó de las grandes cuestiones: problema social, moralización de las clases pobres, piscicultura, caucho, ferrocarriles, etc. Llegó a avergonzarse de ser burgués. Se daba aires de artista, fumaba. Se compró dos estatuitas chic Pompadour para decorar su salón. |
Il n’abandonnait point la pharmacie ; au contraire ! il se tenait au courant des découvertes. Il suivait le grand mouvement des chocolats. C’est le premier qui ait fait venir dans la Seine-Inférieure du cho-ca et de la revalentia. Il s’éprit d’enthousiasme pour les chaînes hydro-électriques Pulvermacher ; il en portait une lui-même ; et, le soir, quand il retirait son gilet de flanelle, Mme Homais restait tout éblouie devant la spirale d’or sous laquelle il disparaissait, et sentait redoubler ses ardeurs pour cet homme plus garrotté qu’un Scythe et splendide comme un mage. | No salía de la farmacia; al contrario, se mantenía al corriente de los descubrimientos. Seguía el gran movimiento de los chocolates. Fue el primero que trajo al Sena Inferior cho ca y revalencia. Se entusiasmó por las cadenas hidroeléctricas Pulvermacher; él mismo llevaba una, y por la noche, cuando se quitaba su chaleco de franela, la señora Homais quedaba totalmente deslumbrada ante la dorada espiral bajo la cual desaparecía su marido y sentía redoblar sus ardores por aquel hombre más amarrado que un escita y deslumbrante como un mago. |
Il eut de belles idées à propos du tombeau d’Emma. Il proposa d’abord un tronçon de colonne avec une draperie, ensuite une pyramide, puis un temple de Vesta, une manière de rotonde… ou bien « un amas de ruines ». Et, dans tous les plans, Homais ne démordait point du saule pleureur, qu’il considérait comme le symbole obligé de la tristesse. | Tuvo bellas ideas a propósito de la tumba de Emma. Primeramente propuso una columna truncada con un ropaje, después una pirámide, después un templo de Vesta, una especie de rotonda..., o bien «un montón de ruinas». Y en todos los proyectos, Homais se aferraba a la idea del sauce llorón, al que consideraba como símbolo obligado de la tristeza. |
Charles et lui firent ensemble un voyage à Rouen, pour voir des tombeaux, chez un entrepreneur de sépultures, – accompagnés d’un artiste peintre, un nommé Vaufrilard, ami de Bridoux, et qui, tout le temps, débita des calembours. Enfin, après avoir examiné une centaine de dessins, s’être commandé un devis et avoir fait un second voyage à Rouen, Charles se décida pour un mausolée qui devait porter sur ses deux faces principales « un génie tenant une torche éteinte ». | Carlos y él hicieron juntos un viaje a Rouen para ver sepulturas en un taller de marmolista, acompañados de un artista pintor, un tal Vaufrylard, amigo de Bridoux, y que pasó todo el tiempo contando chistes. Por fin, después de examinar un centenar de dibujos, pedir presupuesto y de hacer un segundo viaje a Rouen, Carlos se decidió por un mausoleo que debía llevar sobre sus dos caras principales «un genio sosteniendo una antorcha apagada». |
Quant à l’inscription, Homais ne trouvait rien de beau comme : Sta viator, et il en restait là ; il se creusait l’imagination ; il répétait continuellement : Sta viator… Enfin, il découvrit : amabilem conjugem calcas ! qui fut adopté. | En cuanto a la inscripción, Homais no encontraba nada tan bonito como: Sta, Viator, y no pasaba de ahí; se devanaba los sesos, repetía continuamente: Sta, Viator... Por fin, descubrió: amabilem conjugem calcas!; que fue adoptada. |
Une chose étrange, c’est que Bovary, tout en pensant à Emma continuellement, l’oubliait ; et il se désespérait à sentir cette image lui échapper de la mémoire au milieu des efforts qu’il faisait pour la retenir. Chaque nuit pourtant, il la rêvait ; c’était toujours le même rêve : il s’approchait d’elle ; mais, quand il venait à l’étreindre, elle tombait en pourriture dans ses bras. | Una cosa extraña es que Bovary, sin dejar de pensar en Emma continuamente, la olvidaba; y se desesperaba al sentir que esta imagen se le escapaba de la memoria en medio de los esfuerzos que hacía para retenerla. Cada noche, sin embargo, soñaba con ella; era siempre el mismo sueño: se acercaba a ella, pero cuando iba a abrazarla, se le caía deshecha en podredumbre entre sus brazos. |
On le vit pendant une semaine entrer le soir à l’église. M. Bournisien lui fit même deux ou trois visites, puis l’abandonna. D’ailleurs, le bonhomme tournait à l’intolérance, au fanatisme, disait Homais ; il fulminait contre l’esprit du siècle, et ne manquait pas, tous les quinze jours, au sermon, de raconter l’agonie de Voltaire, lequel mourut en dévorant ses excréments, comme chacun sait. | Lo vieron durante una semana entrar por la tarde en la iglesia. El señor Bournisien le hizo incluso dos o tres visitas, después lo abandonó. Por otra parte, el cura volvía a la intolerancia, al fanatismo, decía Homais; anatematizaba el espíritu del siglo, y no se olvidaba, cada quince días, en el sermón, de contar la agonía de Voltaire, el cual murió devorando sus excrementos, como sabe todo el mundo. |
Malgré l’épargne où vivait Bovary, il était loin de pouvoir amortir ses anciennes dettes. Lheureux refusa de renouveler aucun billet. La saisie devint imminente. Alors il eut recours à sa mère, qui consentit à lui laisser prendre une hypothèque sur ses biens, mais en lui envoyant force récriminations contre Emma ; et elle demandait, en retour de son sacrifice, un châle échappé aux ravages de Félicité. Charles le lui refusa. Ils se brouillèrent. | A pesar de la estrechez en que vivía Bovary, estaba lejos de poder amortizar sus antiguas deudas. Lheureux se negó a renovar ningún pagaré. El embargo se hizo inminente. Entonces recurrió a su madre, que consintió en dejarle hipotecar sus bienes, pero haciendo muchos reproches a Emma, y le pidió, en correspondencia a su sacrificio, un chal salvado de las devastaciones de Felicidad. Carlos se lo negó. Se enfadaron. |
Elle fit les premières ouvertures de raccommodement, en lui proposant de prendre chez elle la petite, qui la soulagerait dans sa maison. Charles y consentit. Mais, au moment du départ, tout courage l’abandonna. Alors, ce fut une rupture définitive, complète. | La madre dio los primeros pasos para la reconciliación proponiéndole llevarse consigo a la niña, que le ayudaría en la casa. Carlos aceptó. Pero en el momento de partir no tuvo fuerzas para dejarla. Entonces fue la ruptura definitiva, completa. |
À mesure que ses affections disparaissaient, il se resserrait plus étroitement à l’amour de son enfant. Elle l’inquiétait cependant ; car elle toussait quelquefois, et avait des plaques rouges aux pommettes. | A medida que sus amistades desaparecían, se estrechaban más los lazos de amor con su hija. Sin embargo, la niña le preocupaba, pues a veces tosía y tenía placas rojas en los pómulos. |
En face de lui s’étalait, florissante et hilare, la famille du pharmacien, que tout au monde contribuait à satisfaire. Napoléon l’aidait au laboratoire, Athalie lui brodait un bonnet grec, Irma découpait des rondelles de papier pour couvrir les confitures, et Franklin récitait tout d’une haleine la table de Pythagore. Il était le plus heureux des pères, le plus fortuné des hommes. | Frente a él se mostraba, floreciente y risueña, la familia del farmacéutico, a la que todo sonreía en la vida. Napoleón ayudaba a su padre en el laboratorio, Atalía le bordaba un gorro griego, Irma recortaba redondeles de papel para tapar las confituras, y Franklin recitaba de un tirón la tabla de Pitágoras. Era el más feliz de los padres, el más afortunado de los hombres. |
Erreur ! une ambition sourde le rongeait : Homais désirait la croix. Les titres ne lui manquaient point : | ¡Error!, una ambición sorda le roía: Homais deseaba la cruz. No le faltaban títulos, se decía: |
I° S’être, lors du choléra, signalé par un dévouement sans bornes ; 2° avoir publié, et à mes frais, différents ouvrages d’utilité publique, tels que… (et il rappelait son mémoire intitulé : Du cidre, de sa fabrication et de ses effets ; plus, des observations sur le puceron laniger, envoyées à l’Académie ; son volume de statistique, et jusqu’à sa thèse de pharmacien) ; sans compter que je suis membre de plusieurs sociétés savantes (il l’était d’une seule). | Primero, haberse destacado por una entrega sin límites cuando el cólera. Segundo, haber publicado y por mi cuenta diferentes obras de utilidad pública, tales como... (y recordaba su memoria titulada De la sidra, de su fabricación y de sus efectos además, observaciones sobre el pulgón lamígero, enviadas a la Academia; su volumen de estadística y hasta su tesis de farmacéutico); sin contar que soy miembro de varias sociedades científicas (lo era de una sola). |
— Enfin, s’écriait-il, en faisant une pirouette, quand ce ne serait que de me signaler aux incendies ! | ¡Por fin exclamaba haciendo una pirueta , aunque sólo fuera por haberme distinguido en los incendios! |
Alors Homais inclina vers le Pouvoir. Il rendit secrètement à M. le préfet de grands services dans les élections. Il se vendit enfin, il se prostitua. Il adressa même au souverain une pétition où il le suppliait de lui faire justice ; il l’appelait notre bon roi et le comparait à Henri IV. | Entonces Homais se inclinó hacia el poder. Hizo secretamente al señor prefecto varios servicios en las elecciones. Finalmente, se vendió, se prostituyó. Incluso dirigió al soberano una petición en que le suplicaba que le hiciera justicia; le llamaba nuestro buen rey y lo comparaba a Enrique IV. |
Et chaque matin, l’apothicaire se précipitait sur le journal pour y découvrir sa nomination ; elle ne venait pas. Enfin, n’y tenant plus, il fit dessiner dans son jardin un gazon figurant l’étoile de l’honneur, avec deux petits tordillons d’herbe qui partaient du sommet pour imiter le ruban. Il se promenait autour, les bras croisés, en méditant sur l’ineptie du gouvernement et l’ingratitude des hommes. | Y cada mañana el boticario se precipitaba sobre el periódico para descubrir en él su nombramiento, pero éste no aparecía. Por fin, no aguantando más, hizo dibujar en su jardín un césped figurando la estrella del honor, con dos pequeños rodetes de hierba que partían de la cima para imitar la cinta. Se paseaba alrededor con los brazos cruzados, meditando sobre la ineptitud del gobierno y la ingratitud de los hombres. |
Par respect, ou par une sorte de sensualité qui lui faisait mettre de la lenteur dans ses investigations, Charles n’avait pas encore ouvert le compartiment secret d’un bureau de palissandre dont Emma se servait habituellement. Un jour, enfin, il s’assit devant, tourna la clef et poussa le ressort. Toutes les lettres de Léon s’y trouvaient. Plus de doute, cette fois ! Il dévora jusqu’à la dernière, fouilla dans tous les coins, tous les meubles, tous les tiroirs, derrière les murs, sanglotant, hurlant, éperdu, fou. Il découvrit une boîte, la défonça d’un coup de pied. Le portrait de Rodolphe lui sauta en plein visage, au milieu des billets doux bouleversés. | Por respeto, o por una especie de sensualidad que le hacía proceder con lentitud en sus investigaciones, Carlos no había abierto todavía el compartimento secreto de un despacho de palisandro que Emma utilizaba habitualmente. Pero un día se sentó delante, giró la llave y pulsó el muelle. Todas las cartas de León estaban a11í. ¡Ya no había duda esta vez! Devoró hasta la última, buscó por todos los rincones, en todos los muebles, por todos los cajones, detrás de las paredes, sollozando, gritando, perdido, loco. Descubrió una caja, la deshizo de una patada. El retrato de Rodolfo le saltó en plena cara, en medio de las cartas de amor revueltas. |
On s’étonna de son découragement. Il ne sortait plus, ne recevait personne, refusait même d’aller voir ses malades. Alors on prétendit qu’il s’enfermait pour boire. | La gente se extrañó de su desánimo. Ya no salía, no recibía a nadie, incluso se negaba a visitar a sus enfermos. Entonces pensaron que se encerraba para beber. |
Quelquefois pourtant, un curieux se haussait par-dessus la haie du jardin, et apercevait avec ébahissement cet homme à barbe longue, couvert d’habits sordides, farouche, et qui pleurait tout haut en marchant. | Pero a veces algún curioso se subía por encima del seto de la huerta y veía con estupefacción a aquel hombre de barba larga, suciamente vestido, huraño y llorando fuertemente mientras paseaba solo. |
Le soir, dans l’été, il prenait avec lui sa petite fille et la conduisait au cimetière. Ils s’en revenaient à la nuit close, quand il n’y avait plus d’éclairé sur la place que la lucarne de Binet. | Por la tarde, en verano, tomaba consigo a su hijita y la llevaba al cementerio. Regresaban de noche cerrada, cuando no quedaba en la plaza más luz que la de la buhardilla de Binet. |
Cependant la volupté de sa douleur était incomplète, car il n’avait autour de lui personne qui la partageât ; et il faisait des visites à la mère Lefrançois afin de pouvoir parler d’elle. Mais l’aubergiste ne l’écoutait que d’une oreille, ayant comme lui des chagrins, car M. Lheureux venait enfin d’établir les Favorites du commerce, et Hivert, qui jouissait d’une grande réputation pour les commissions, exigeait un surcroît d’appointements et menaçait de s’engager « à la concurrence ». | Sin embargo, la voluptuosidad de su dolor era incompleta porque no tenía alrededor de él a nadie con quien compartirla; y hacía visitas a la tía Lefrançois para poder hablar de ella. Pero la posadera le escuchaba a medias, pues, como él, estaba apenada, ya que el señor Lheureux acababa de abrir las «Favorites du Commerce», a Hivert, que gozaba de gran reputación como recadero, exigía un aumento de sueldo y amenazaba con pasarse ua la competencia». |
Un jour qu’il était allé au marché d’Argueil pour y vendre son cheval, – dernière ressource, – il rencontra Rodolphe. | Un día en que Carlos había ido a la feria de Argueil para vender su caballo, su último recurso, encontró a Rodolfo. |
Ils pâlirent en s’apercevant. Rodolphe, qui avait seulement envoyé sa carte, balbutia d’abord quelques excuses, puis s’enhardit et même poussa l’aplomb (il faisait très chaud, on était au mois d’août), jusqu’à l’inviter à prendre une bouteille de bière au cabaret. | A1 verse palidecieron. Rodolfo, que sólo había enviado su tarjeta, balbució primeramente algunas excusas, después se animó a incluso llegó al descaro (hacía mucho calor, era el mes de agosto) de invitarle a tomar una botella de cerveza en la taberna. |
Accoudé en face de lui, il mâchait son cigare tout en causant, et Charles se perdait en rêveries devant cette figure qu’elle avait aimée. Il lui semblait revoir quelque chose d’elle. C’était un émerveillement. Il aurait voulu être cet homme. | Sentado frente a él, masticaba su cigarro sin dejar de charlar, y Carlos se perdía en ensoñaciones ante aquella cara que ella había amado. Le parecía volver a ver algo de ella. Era una maravilla. Habría querido ser aquel hombre. |
L’autre continuait à parler culture, bestiaux, engrais, bouchant avec des phrases banales tous les interstices où pouvait se glisser une allusion. Charles ne l’écoutait pas ; Rodolphe s’en apercevait, et il suivait sur la mobilité de sa figure le passage des souvenirs. Elle s’empourprait peu à peu, les narines battaient vite, les lèvres frémissaient ; il y eut même un instant où Charles, plein d’une fureur sombre, fixa ses yeux contre Rodolphe qui, dans une sorte d’effroi, s’interrompit. Mais bientôt la même lassitude funèbre réapparut sur son visage. | El otro continuaba hablando de cultivos, ganado, abonos, tapando con frases banales todos los intersticios por donde pudiera deslizarse alguna alusión. Carlos no le escuchaba; Rodolfo se daba cuenta, y seguía en la movilidad de su cara el paso de los recuerdos. Aquel rostro se iba enrojeciendo poco a poco, las aletas de la nariz latían de prisa, los labios temblaban; hubo incluso un instante en que Carlos, lleno de un furor sombrío, clavó sus ojos en Rodolfo quien, en una especie de espanto, se quedó callado. Pero pronto reapareció en su cara el mismo cansancio fúnebre. |
— Je ne vous en veux pas, dit-il. | No le guardo rencor dijo. |
Rodolphe était resté muet. Et Charles, la tête dans ses deux mains, reprit d’une voix éteinte et avec l’accent résigné des douleurs infinies : | Rodolfo se había quedado mudo. Y Carlos, sujetando la cabeza con sus dos manos, replicó con una voz apagada y con el acento resignado de los dolores infinitos. |
— Non, je ne vous en veux plus ! | … |
Il ajouta même un grand mot, le seul qu’il ait jamais dit : | Incluso añadió una gran frase, la única que jamás había dicho: |
— C’est la faute de la fatalité ! | ¡Es culpa de la fatalidad! |
Rodolphe, qui avait conduit cette fatalité, le trouva bien débonnaire pour un homme dans sa situation, comique même, et un peu vil. | Rodolfo, que había sido el agente de aquella fatalidad, reconoció un buenazo en aquel hombre en tal situación, incluso cómico y un poco vil. |
Le lendemain, Charles alla s’asseoir sur le banc, dans la tonnelle. Des jours passaient par le treillis ; les feuilles de vigne dessinaient leurs ombres sur le sable, le jasmin embaumait, le ciel était bleu, des cantharides bourdonnaient autour des lis en fleur, et Charles suffoquait comme un adolescent sous les vagues effluves amoureuses qui gonflaient son cœur chagrin. | A1 día siguiente, Carlos fue a sentarse en el banco, en el cenador. A través del emparrado se filtraban unos rayos de sol, las hojas de viña dibujaban sus sombras sobre la arena, el jazmín perfumaba el aire, el cielo estaba azul, zumbaban las cantáridas alrededor de los lirios en flor, y Carlos se ahogaba como un adolescente bajo los vagos efluvios amorosos que llenaban su corazón apenado. |
À sept heures, la petite Berthe, qui ne l’avait pas vu de tout l’après-midi, vint le chercher pour dîner. | A las siete, la pequeña Berta, que no lo había visto en toda la tarde, fue a buscarlo para cenar. |
Il avait la tête renversée contre le mur, les yeux clos, la bouche ouverte, et tenait dans ses mains une longue mèche de cheveux noirs. | Tenía la cabeza vuelta hacia la pared, los ojos cerrados, la boca abierta, y sostenía en sus manos un largo mechón de cabellos negros. |
— Papa, viens donc ! dit-elle. | ¡Papá, ven! le dijo la niña. |
Et, croyant qu’il voulait jouer, elle le poussa doucement. Il tomba par terre. Il était mort. | Y creyendo que quería jugar, lo empujó suavemente. Cayó al suelo. Estaba muerto. |
Trente-six heures après, sur la demande de l’apothicaire, M. Canivet accourut. Il l’ouvrit et ne trouva rien. | Treinta y seis horas después, a petición del boticario, acudió el señor Canivet. Lo abrió y no encontró nada. |
Quand tout fut vendu, il resta douze francs soixante et quinze centimes qui servirent à payer le voyage de Mlle Bovary chez sa grand-mère. La bonne femme mourut dans l’année même ; le père Rouault étant paralysé, ce fut une tante qui s’en chargea. Elle est pauvre et l’envoie, pour gagner sa vie, dans une filature de coton. | Cuando se vendió todo, quedaron doce francos setenta y cinco céntimos que sirvieron para pagar el viaje de la señorita Bovary a casa de su abuela. La buena mujer murió el mismo año; como el tío Rouault estaba paralítico, fue una tía la que se encargó de la huérfana. Es pobre y la envía, para ganarse la vida, a una hilatura de algodón. |
Depuis la mort de Bovary, trois médecins se sont succédé à Yonville sans pouvoir y réussir, tant M. Homais les a tout de suite battus en brèche. Il fait une clientèle d’enfer ; l’autorité le ménage et l’opinion publique le protège. | Desde la muerte de Bovary se han sucedido tres médicos en Yonville sin poder salir adelante, hasta tal punto el señor Homais les hizo la vida imposible. Hoy tiene una clientela enorme; la autoridad le considera y la opinión pública le protege. |
Il vient de recevoir la croix d’honneur. | Acaban de concederle la cruz de honor. |
FIN | FIN |